Macron en Israël le 24 octobre, en soutien au gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou, a lancé un appel à « bâtir une coalition régionale et internationale contre les groupes terroristes qui nous menacent tous… à ce que la coalition internationale contre Daech puisse lutter aussi contre le Hamas ». Dupe de son rôle et habité par le souvenir de la grandeur passée de la France, il a enfilé le costume trop grand de dirigeant international, se posant comme leader de la lutte contre le terrorisme, avec cette proposition de mobiliser la coalition internationale créée en 2014 par les puissances occidentales contre l’Etat Islamique, pour aujourd’hui lutter contre le Hamas. Une agressivité belliciste qui, faute de retenir l’attention des dirigeants occidentaux, assurait de son soutien inconditionnel l’Etat sioniste qui a commencé le massacre de la population de Gaza.

« Nous partageons un même deuil », a répété Macron aux dirigeants israéliens, après avoir rencontré les familles des otages et victimes françaises, justifiant le « droit à se défendre » d’Israël, sans un mot pour les victimes palestiniennes.

Sa tournée des dirigeants arabes, de Mahmoud Abbas en Cisjordanie au roi de Jordanie puis au président égyptien Sissi pour répéter derrière Biden qu’il faut à tout prix éviter l’escalade qui pourrait embraser toute la région, se voulait l’expression d’une « diplomatie équilibrée ». Mais ladite diplomatie de Macron a été accueillie à Ramallah par des manifestations de colère, comme dans d’autres capitales arabes où des manifestations ont eu lieu devant les ambassades françaises pour dénoncer la politique colonialiste guerrière de la France.

De nombreux pays appellent à un cessez-le-feu, en Occident comme dans le monde arabe et jusqu’au secrétaire général de l’ONU Guterres, mais Macron ne l’a même pas réclamé, alors que sa visite intervenait au lendemain des « vingt-quatre heures les plus meurtrières depuis le début de la guerre » à Gaza, selon le Hamas.

Soucieux que la France prenne sa place aux côtés d’Israël et des USA dans leur guerre d’extermination de Gaza, il veut ici imposer à l’ensemble des travailleurs et de la population un état de guerre qui favorise et renforce l’hystérie raciste, xénophobe et sécuritaire du bloc réactionnaire que relaient à longueur de journée les médias aux ordres. La répression s’abat sur toutes celles et ceux qui osent affirmer leur soutien au peuple palestinien et refusent cette criminalisation. Une fois encore le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a interdit la manifestation de solidarité avec le peuple palestinien appelée samedi 29 à Paris, qui malgré l’interdiction a réuni des milliers de participants, non « pour une question de maintien de l’ordre », comme il l’a précisé, mais bien pour délit d’opinion, le NPA ainsi que d’autres organisations qui appelaient à manifester laissant selon lui « à penser [que les manifestations sont] en soutien au Hamas ».

Surenchères guerrières de la droite et de l’extrême-droite

Le débat qui s’est déroulé lundi 23 octobre au Parlement a été le théâtre des surenchères hystériques de la droite et de l’extrême-droite, alors que Borne n’avait pas d’autre choix que de tempérer les propos va-t-en-guerre de Macron en faisant mine de se préoccuper du sort des populations de Gaza, parlant vaguement de couloir humanitaire et de solution politique, qui ne peut avoir de réalité dans l’escalade guerrière en cours. Elle a évoqué la solution à deux Etats, qui serait la position officielle de la France, cynique et hypocrite quand, depuis les accords d’Oslo de 1993, cette solution des « deux Etats » n’a cessé d’être bafouée par Israël qui a poursuivi la colonisation des territoires, rendant aujourd’hui impossible l’existence d’un Etat palestinien.

La droite et l’extrême-droite se sont emparées du débat pour l’instrumentaliser et déverser leur haine raciste et xénophobe, Ciotti appelant à renforcer le soutien à Israël « contre la barbarie ». « Depuis le 7 octobre, notre pays donne le sentiment d’être hésitant », a déclaré la députée LR Michèle Tabarot, pour qui « ce n’est pas le temps de la paix aujourd’hui ». Marine Le Pen s’est opposée fermement à un cessez-le-feu et a réaffirmé sa volonté d’interdire « les idéologies islamistes sur notre sol », mettant en parallèle l’attaque du Hamas et l’assassinat de Dominique Bernard à Arras par un jeune russe « radicalisé », fidèle à son discours xénophobe et aux amalgames qui font de tous les jeunes des banlieues populaires des musulmans suspects de terrorisme.

Se désolidarisant de ce concert belliciste réactionnaire, les députés LFI dont Mathilde Panot, qui n’a pu parler que dans le brouhaha haineux venant des rangs de la droite, de l’extrême-droite et d’une partie des macronistes, ont été l’objet d’attaques violentes, accusés de faire l’« apologie du terrorisme » et de vouloir « mettre le feu à la France », Borne se disant « scandalisée par [son] obstination à ne pas condamner le Hamas ».

La lutte contre la guerre, pour la solidarité des peuples, la lutte contre notre propre Etat

Les appels à la « désescalade, à la modération et au droit à la vie des populations civiles » portés à l’Assemblée par le député Modem Jean-Louis Bourlanges, ne sont que des vœux pieux pour masquer le silence sur les crimes et le terrorisme de l’Etat d’Israël.

Les voix de la gauche qui revendiquent une paix, impossible sans l’intervention des travailleurs palestiniens et israéliens contre leurs dirigeants pour instaurer leur propre pouvoir démocratique, ne dénoncent que les « crimes abjects » commis par les « terroristes islamistes du Hamas », dixit le socialiste Boris Vallaud, ou voudraient, comme le communiste Jean-Paul Lecoq que « La France, membre du Conseil des Nations unies, [pose] en urgence des actes forts pour que nous trouvions au plus vite le chemin de la paix ». Sans perspectives d’émancipation à offrir aux travailleurs et aux populations exploitées, intégrés à l’ordre social capitaliste, ils s’en remettent au « respect du droit international », le droit des grandes puissances occidentales, responsables de la domination coloniale du peuple palestinien.

Les travailleur·se·s et la jeunesse qui luttent pour la paix, la démocratie et la justice sociale, qui refusent la guerre de Macron, au service des classes dominantes et des puissances occidentales pour leur domination sur le monde, ne peuvent compter que sur eux-mêmes, sur leur solidarité internationaliste. Le nationalisme et les frontières, qui dressent les travailleurs et les peuples les uns contre les autres sont une impasse, le nationalisme criminel de l’Etat d’Israël comme celui des dirigeants bourgeois du Hamas, qui ont contribué à creuser un fossé sanglant entre les travailleurs palestiniens et israéliens.

Notre drapeau est celui de la solidarité des travailleurs et des peuples, le drapeau rouge de l’internationalisme. Notre combat pour la paix, pour que soit mis fin au massacre des Palestiniens, contre la guerre au Moyen-Orient comme en Ukraine et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est indissociable de la lutte contre Macron et notre propre gouvernement, contre leur union nationale, indissociable de la lutte pour nos droits démocratiques, sociaux et économiques, pour un monde sans frontières, débarrassé de l’exploitation et des guerres.

Christine Héraud

 

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn