« je continuerai à vous servir », tels étaient les vœux de Macron, adressés avec « optimisme » à lui-même et à la réussite de sa politique au service... des classes dominantes. Boniments et mensonges pour justifier la poursuite de sa police sanitaire qu’illustrent les dernières mesures annoncées pour faire face à la propagation du virus Omicron. Elles jouent sur les inquiétudes et la peur, expression de la panique du pouvoir lui-même. Le ridicule le dispute au mépris. La transformation du passe sanitaire en passe vaccinal rend de fait la vaccination obligatoire alors que Macron avait prétendu y être opposé. Pour tenter de masquer sa propre incurie il fait des non vaccinés des boucs émissaires responsables de la propagation du virus alors que si le vaccin protège de la maladie rien ne dit qu’il empêche réellement sa propagation.

Cette attitude punitive est d’autant plus insupportable que le refus de lever les brevets ralentit considérablement la vaccination à l’échelle internationale et favorise l’apparition des variants comme Omicron. Seule 7 % de la population de l’Afrique est protégée.

La seule réponse des classes dirigeantes est le vaccin pour le plus grand profit de Big Pharma et se barricader derrière les frontières, la soumission aux multinationales et le nationalisme vaccinal au mépris des intérêts de l’humanité, qui exigent l’accès aux soins et aux médicaments, comme un droit universel…

A l’opposé, ce qui devrait être à la base d’une politique de santé est sacrifié, à tous les niveaux, à la loi du fric et du profit alors que c’est bien d’un service public de santé cohérent dont la population a besoin tout particulièrement face à la pandémie. Depuis plus de vingt ans tous les gouvernements qui se sont succédé ont mené la même politique sacrifiant les hôpitaux, le système de santé aux intérêts privés, petits et grands. Le comble a été atteint par Macron qui, en pleine pandémie, a poursuivi cette politique provoquant dans les hôpitaux une crise sans précédent qu’il prétend résoudre par une prime de 100 euros seulement pour les infirmières des seuls services de réa, une provocation !

Le cynisme sans borne de ce gouvernement s’affiche sans gêne avec le culot et l’arrogance de Macron qui n’a pas fini de surprendre dans son zèle à servir les classes dominantes et les riches comme à rivaliser avec l’extrême droite pour gagner la présidentielle et poursuivre son sale boulot.

La débauche de la finance

Si, pour le monde du travail, cette fin d’année est dominée par l’inquiétude et la colère, c’est champagne à flot sur les marchés financiers. Les indices boursiers mondiaux sont repartis à l'assaut de leurs records. A la Bourse de Paris, le CAC 40 a atteint un nouveau pic historique.

Cette explosion des marchés financiers n’est en rien un signe de santé contrairement à ce que prétendent les commentateurs subjugués par les puissants. Cette fébrilité est au contraire le symptôme d’une maladie profonde, incurable, la sénilité.

Ainsi, les grandes entreprises cotées dépensent des milliards pour racheter massivement leurs propres actions dans le seul but de doper leur cours de Bourse pour arroser les actionnaires qui empochent les milliards ainsi dépensés.

Ces milliards qui vont dans les poches des actionnaires proviennent des largesses des banques centrales et des États injectées massivement dans l’économie que les financiers jouent sur les marchés ! Partout dans le monde les services de santé sont en ruine et les États préfèrent financer le capital au prix d’un endettement massif, le capital qui spécule en bourse ou sur les matières premières alimentaires, l’énergie, rançonnant les populations par la hausse des prix, l’inflation. Et ils se détournent des investissements productifs trop peu rentables à leurs yeux.

A court terme, cette politique inhérente à l’économie de marché est criminelle. A plus ou moins long terme, elle entraîne l’humanité vers une catastrophe inéluctable si jamais le prolétariat ne prenait pas les affaires en main.

Leur guerre contre le monde du travail et les populations

C’est bien une lutte décisive qui s’engage au niveau de la planète entre le capital et le travail. Les patrons emportés dans cette folie financière et spéculative ne font et ne feront aucun cadeau pas plus que les États qui les servent. Il n’y a pas de retour en arrière possible pour eux, ils sont condamnés à la fuite en avant tant pour tenter vainement d’éviter le krach que pour maîtriser la dette et l’inflation.

C’est dans ce seul but de sauver un système failli que sont lancées les réformes qui s’attaquent directement à la protection sociale et aux dispositifs de protection minimum dont peuvent encore bénéficier les chômeurs et les précaires.

Si le recours au chômage partiel a contribué à contenir la montée du chômage, les plus exposés à la précarité et à la pauvreté ont cumulé les difficultés pendant la crise sanitaire. Les travailleurs à bas salaires ont été les premiers de corvée parmi les plus exposés aux risques sanitaires, les plus précaires ont souvent perdu leur emploi. Les chômeurs ou allocataires de minima sociaux ont été confrontés à l’insuffisance de leur revenu de remplacement ou de leurs garanties de revenu. Et les jeunes précaires de 18 à 25 ans, n’ayant généralement pas accès aux garanties de revenu, connaissent des situations souvent dramatiques.

Le chômage touche 7,6 % de la population active au quatrième trimestre 2021. Selon Pôle emploi, la précarité augmente. Au total, 6,34 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi. Et aujourd’hui la relative reprise économique permet de justifier la remise en route de la réforme du chômage alors que celui-ci va s’aggraver en conséquence de la stagnation et de la réorganisation de l’économie mondiale par les multinationales.

La montée de la révolte et des luttes pour les salaires

Malgré l’effet de sidération du virus et la police sanitaire du gouvernement la colère et la révolte réussissent à briser l’étouffoir auquel la politique des directions syndicales apporte sa contribution.

Depuis début décembre bien des syndicalistes, des équipes militantes, des travailleurs expriment cette colère et cette révolte. Au-delà de la crise sanitaire, de la poursuite des licenciements, la flambée des prix pousse partout les salariés à exiger des augmentations d’autant que s’ouvrent les NAO. Ces mouvements touchent en premier lieu les secteurs les plus fragiles, en particulier la grande distribution qui engrange des profits gigantesques, qui se sont encore accrus avec la crise sanitaire, alors que les salariés y sont particulièrement mal payés. Ils font tache d’huile. En plus de Carrefour et Fnac, grèves aussi chez Auchan et Lidl, maintenant à Cora, grèves des sage-femmes mais aussi chez les infirmiers anesthésistes, grève des éboueurs de Toulouse, Marseille mais aussi grèves des cheminots, RER, Transiliens, grèves des territoriaux, des travailleurs sociaux, grèves dans les transports urbains à Haguenau, Strasbourg, Metz, Moulins, grèves à la SAM, Chronopost, RSI, DPD, sans-fac de Nanterre. C’est aussi Dassault Aviation, STEF, Enedis, Alstom, Michelin, Framatome, Eiffage, Arcelor Mittal, Constellium (Issoire), Naval Group (Cherbourg), Sanofi...

Les hospitaliers n’ont pas cessé de revendiquer y compris dans des cliniques privées, ambulanciers et autres « premières lignes » du médico-social se mettent en mouvement. Cette semaine le personnel des urgences du CHU de Rouen a entamé une grève illimitée pour protester contre la dégradation de ses conditions de travail et le manque de moyens humains et matériels.

Cette montée du mécontentement a obligé les directions des confédérations syndicales à ressortir leur vieille routine de la journée d’action pour le 27 janvier, sans perspective, un moyen de canaliser la combativité, de l’encadrer pour mieux tenter de l’étouffer. La pression du mécontentement pourrait bien briser cette routine...

«  Du passé faisons table rase ! »

Au-delà et indépendamment des objectifs des appareils, nombreux sont celles et ceux qui veulent rompre avec leur passivité pour contribuer à exprimer la révolte qui est au cœur des grèves économiques, lui donner une expression politique pour affirmer la nécessité de s’attaquer à la dictature de la finance pour avoir les moyens de satisfaire les besoins élémentaires du monde du travail.

La révolte sociale qui monte est amenée à se politiser dans le contexte de faillite globale du capitalisme comme des États. Aider à cette politisation est bien l’enjeu de la campagne des révolutionnaires, donner conscience que la bataille qui s’engage ici comme dans le monde est un affrontement de classe nécessaire et inéluctable entre les capitalistes, leurs États et les classes exploitées porteur d’un autre mode de production, d’un autre ordre social dans la continuité de la lutte pour le socialisme et le communisme.

Construire ensemble cette conscience implique de s’émanciper des défaites du passé et des forces politiques qui en ont été responsables par leurs trahisons et leurs reniements. Cette gauche de gouvernement, les Mitterrand, les Jospin et autres Valls comme celles et ceux qui, aujourd’hui, sont nostalgiques de l’époque où la gauche gérait les affaires de la bourgeoisie contre les travailleurs, quand Mélenchon était ministre de Jospin !

Comme de ceux qui ont défendu la bureaucratie contre-révolutionnaire de l’ex-URSS qui, il y a trente ans, s’effondrait étouffée par la dictature, première étape de la débâcle finale du stalinisme, les travailleurs, les opprimés n’ayant plus la capacité, après des décennies de dictature, de retrouver la force qui leur avait permis de conquérir le pouvoir en 1917 pour balayer la bureaucratie parasite et reconquérir la démocratie.

La page est tournée, une nouvelle époque a commencé. « Du passé faisons table rase ! », ces paroles de l’hymne des travailleurs, L’internationale, résume la réponse du mouvement ouvrier, des classes populaires à toutes les forces réactionnaires qui voudraient perpétuer le vieil ordre social qui conduit l’humanité à la catastrophe, à tous les défenseurs de la république bourgeoise qui depuis des décennies fait la guerre aux travailleurs et aux peuples.

Les travailleurs ont besoin d’une claire conscience des conséquences et des objectifs de leurs luttes à l’époque du capitalisme sénile. C’est là le contenu même de la nouvelle phase de la campagne présidentielle qui commence, de cette bataille politique qui n’a d’autre sens pour nous que d’aider aux prises de conscience, à l’organisation en parti du monde du travail.

Tous nos vœux de réussite pour cette entreprise enthousiasmante qui ne sera pas un long fleuve tranquille…

Yvan Lemaitre

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