Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants du monde et qui a déjà recueilli plus d’un million de signatures en ligne, Greta Thunberg, Vanessa Nakate et trois autres jeunes militantes lancent cet avertissement : « "Trahison." C'est ainsi que les jeunes du monde entier décrivent l'échec de nos gouvernements à réduire les émissions de carbone. Et ce n'est pas une surprise. (…) C'est le code rouge pour la Terre. Des millions de personnes souffriront alors que notre planète sera dévastée - un avenir terrifiant qui sera créé, ou évité, par les décisions que vous prenez ». L’indignation et la révolte qui grandissent face à cette « trahison » sont plus que légitimes, elles se sont exprimées dans les manifestations de ce week-end partout à travers le monde. Cette protestation indispensable ne se limite pas à une dénonciation, elle appelle un programme, une politique, capables de répondre à la catastrophe climatique en cours et plus généralement à l’impuissance, la déroute de la classe capitaliste qui apparaît plus que jamais au grand jour.

La COP 26 ne fait que confirmer cette incurie des gouvernants. Au-delà de leurs discours hypocrites qui se répètent de COP en COP, ils sont incapables de mettre en œuvre le moindre plan d’ensemble coordonné à l’échelle de la planète pour réduire les émissions de CO2. La réalité ce sont des tractations entre États à travers lesquelles chacun défend les intérêts de ses multinationales du nucléaire, du gaz, du charbon ou des énergies renouvelables, dans une cynique opération de greenwashing du capitalisme.

Ils voudraient faire croire que le marché, la concurrence, la course à la compétitivité pourraient permettre de prendre en compte l’intérêt collectif ou la préservation de l’environnement... quand il ne s’agit que d’un affrontement entre des multinationales concurrentes et les États à leur service dans une fuite en avant qui ne répond qu’à une logique de classe irresponsable d’accumulation de profits.

Le rebond de la pandémie en Chine, en Allemagne comme dans certains départements français est la conséquence de cette même irresponsabilité face à la crise sanitaire… Les États ont été incapables de mettre en place une véritable politique de santé publique à l’échelle du monde. Pas question de lever les brevets sur les vaccins, pas question de réquisitionner les sites de production, là aussi la concurrence, les lois du marché, l’intérêt privé de quelques multinationales sont restés le seul cadre pour gérer la pandémie et l’occasion pour Big Pharma de fabuleux profits.

Le Cac40 bat des records, les profits et les grandes fortunes explosent, les spéculations aussi au détriment des populations

Alors que les manifestations catastrophiques de la crise climatique se multiplient, que la pandémie est loin d’être contrôlée, les fortunes des milliardaires les plus riches continuent de s’accroître…

Symbole de cette économie capitaliste de plus en plus parasitée par la finance, le Cac40 continue de s’envoler à la Bourse de Paris, dépassant ces derniers jours tous les records d’avant la pandémie. Selon « l’Observatoire des multinationales », toutes ces entreprises du Cac40 ont profité des aides publiques liées à la pandémie de Covid19, tout en supprimant près de 30 000 emplois en France et en versant près de 51 milliards d’euros à leurs actionnaires.

Ces records, qui alimentent les profits et les dividendes des plus grandes fortunes, sont en même temps responsables, du fait des spéculations sur les matières premières et l’énergie, d’une hausse des prix qui touche dramatiquement l’ensemble des populations. Ces spéculations, l’envolée des prix, la course à la compétitivité et le flux tendu ont provoqué à l’échelle du monde une désorganisation des chaînes de production qui touche l’ensemble de l’économie mondiale, provoquant des pénuries qui aggravent la situation, révélant toute l’irrationalité du capitalisme du point de vue des intérêts de l’ensemble de la société.

Plus que jamais cette logique d’accumulation des profits qui est le moteur du capitalisme apparaît pour ce qu’elle est, une machine à drainer toutes les richesses pour une classe minoritaire dans une fuite en avant permanente qui rend le système instable et de plus en plus parasitaire, prédateur, accentuant l’exploitation sociale et le pillage des ressources naturelles... Jusqu’à la prochaine crise financière, le krach inévitable tant l’envolée des profits, l’accumulation sans limite de capital, l’endettement généralisé des États rentrent en conflit avec l’économie, la production de biens réels nécessaires à la satisfaction des besoins humains.

Une faillite globale du capitalisme conséquence d’une logique de classe irresponsable

La pandémie comme la crise écologique ont été l’accélérateur de la débâcle de ce mode de production condamné qui soumet à sa logique d’accumulation du capital la production et l’échange de tout ce qui est vital pour l’ensemble de la société.

Toute la vie sociale est ainsi parasitée par les multinationales, paralysée par la soumission des États à leurs intérêts privés. Malgré tous les progrès de la science et de la technique, l’ensemble de l’humanité se retrouve dans l’incapacité d’agir en fonction de ses intérêts, condamnée à subir une course aux profits au détriment de l’intérêt collectif.

Deux logiques sociales s’opposent… la défense des intérêts d’une minorité qui accapare les richesses au nom de la propriété privée capitaliste, et celle des intérêts de ceux qui font tourner collectivement par leur travail la société et qui n’ont d’autres intérêts à défendre que ceux du plus grand nombre.

Les solutions pour faire face aux enjeux de la crise écologique globale comme à l’explosion des inégalités sociales se heurtent aux intérêts des multinationales, à la propriété capitaliste ainsi qu’aux frontières nationales et aux rivalités entre États.

La concurrence capitaliste accentue les tensions internationales qui alimentent la montée du militarisme

La mondialisation financière, arène d’une concurrence féroce entre les multinationales, a entraîné une exacerbation des tensions internationales et une montée du militarisme.

La globalisation de la concurrence capitaliste a déstabilisé tous les rapports internationaux et exacerbe les tensions entre puissances rivales, vieilles puissances impérialistes comme les États-Unis et l’Europe ou nouvelles puissances montantes comme la Chine.

Instabilité économique et financière, guerres commerciales pour accaparer richesses naturelles, matières premières et contrôler les routes commerciales ont entraîné la multiplication des conflits militaires locaux, un état de guerre permanent, une course aux armements suicidaire.

Alors que plus que jamais la coopération entre les peuples serait nécessaire pour mobiliser toutes les ressources scientifiques et techniques pour faire face aux enjeux de la crise écologique, cette montée du militarisme, comme ces frontières qui aujourd’hui se hérissent de murs et de barbelés sont une aberration, un gaspillage mortifère et une menace permanente contre les populations et la planète.

Une montée de forces réactionnaires, produit de la décomposition sociale et politique du capitalisme

Cette faillite globale du capitalisme, la fuite en avant des classes dominantes, leur réflexe de classe minoritaire et parasite qui anticipe les inévitables explosions sociales, entraînent un renforcement des politiques sécuritaires contre le monde du travail et la jeunesse qui alimentent la montée de toutes les forces réactionnaires.

Les États sont l’instrument de cette offensive globale des classes dominantes contre les droits sociaux, contre les services publics, faisant exploser le chômage, la précarité, la misère. Alors que leur politique a mené toute la société dans la catastrophe sociale, économique, écologique, ils ne savent que surenchérir dans une logique de « maintien de l’ordre » pour continuer à imposer à tous la machine à profit et à dividendes. En multipliant les lois sécuritaires, en s’appuyant sur les forces de répression que sont la police et l’armée, leur politique sécuritaire et répressive ne fait que retourner la violence d’Etat contre celles et ceux qui sont les premières victimes de la violence économique et sociale.

Plus la crise globale du capitalisme se renforce, plus les classes dominantes et les politiciens à leur service cultivent et flattent les préjugés réactionnaires pour justifier les inégalités, l’oppression, l’exploitation, contribuant à les renforcer et les banaliser.

C’est cette logique mortifère qui a préparé le terrain à la montée de l’extrême droite et des préjugés réactionnaires qu’elle véhicule et qui sont repris de plus en plus ouvertement par les différents partis, de droite comme de gauche, au nom de la défense des institutions, des valeurs républicaines.

C’est cette même logique qui est en route aujourd’hui et qui s’exprime dans le cadre de la campagne présidentielle.

Les luttes et surenchères au sein du bloc réactionnaire de LREM au RN en passant par LR et Zemmour, pour savoir qui prendra la tête de l’offensive des classes dominantes contre la population poussent à l’extrême la logique politique des classes dominantes : défendre cet ordre social injuste et inégalitaire en prétendant résoudre les drames que leur société d’exploitation engendre en les aggravant par la violence d’État.

Leur démagogie réactionnaire joue de toutes les peurs face à la catastrophe sociale pour diviser, dominer les esprits et enfermer les victimes de leur politique dans le piège du racisme, du sécuritaire, du nationalisme, en désignant un ennemi bouc émissaire, immigré, délinquant voire terroriste...

Face aux forces réactionnaires, une politique de classe internationaliste pour changer le monde

Cette menace de l’extrême droite, de la montée des forces réactionnaires provoque inquiétude et colère légitime notamment dans la jeunesse, consciente du danger mortel que cela représente pour l’avenir.

Mais ce danger n’est pas une question à part qui appellerait une réponse spécifique et justifierait une unité de principe avec des partis politiques qui hier, aujourd’hui comme demain n’ont d’autres objectifs que de revenir aux affaires et sont incapables d’apporter des réponses à la faillite du capitalisme, prisonniers du cadre institutionnel.

Le combat contre ce danger mortel s’inscrit dans la lutte contre la faillite globale du capitalisme, contre les classes dominantes et les politiciens à leur service. C’est un combat pour défendre les intérêts sociaux, démocratiques de l’ensemble des travailleurs, quelles que soient leur origine, leur couleur de peau, qu’ils aient ou non une religion, par-delà les frontières, un combat de classe internationaliste pour changer le monde.

Ce combat ne peut être mené qu’en toute indépendance des institutions et de ceux qui les défendent et notamment de cette gauche gouvernementale qui essaie de nous faire croire qu’elle pourrait être un rempart contre l’extrême droite, ultime argument pour essayer de faire oublier son total discrédit, sa totale intégration au système qu’elle aspire à gérer.

Celles et ceux qui n’attendent rien de cette farce électorale des élections présidentielles ont raison. C’est un jeu de dupe, antidémocratique. Quel que soit le gouvernement qui en sortira, il poursuivra la même politique au service des classes dominantes. Les élections peuvent cependant servir de tribune pour dénoncer cette mascarade et mener la bataille politique et d’idées pour regrouper les forces de celles et ceux que cette société révolte, exprimer la colère face à l’impasse du capitalisme et formuler une politique qui inscrive l’ensemble des luttes contre les conséquences de la faillite du capitalisme dans la perspective d’une transformation révolutionnaire de la société. C’est pourquoi le mouvement révolutionnaire dont nous regrettons la division, présente des candidats, notre camarade Philippe Poutou pour le NPA, Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière et Anasse Kazib pour Révolution permanente.

Toutes et tous nous avons intérêt à ne pas laisser le terrain politique aux politiciens bourgeois, à y intervenir pour défendre nos propres intérêts de classe, défendre des idées démocratiques, progressistes, internationalistes, à porter une perspective anticapitaliste et révolutionnaire, à nous organiser, nous coordonner pour agir.

En finir avec la propriété privée capitaliste, c'est nécessaire, construire une société fondée sur la coopération des travailleurs et des peuples, le socialisme, c'est possible

Face à la menace de la droite extrême, du militarisme, face à la catastrophe sociale, écologique c’est un combat global qu’il s’agit de mener et qui s’inscrit dans la compréhension des bouleversements en cours. Car les ravages entraînés par l’impasse du capitalisme sont porteurs de révoltes, de l’émergence de nouvelles exigences démocratiques, sociales, féministes, écologiques qui s’expriment dans les mobilisations des exploité·e·s et des opprimé·e·s à travers le monde.

Nous sommes entrés dans une époque de transformation de la société dont l’issue est ouverte… soit leur monde d'après qui sera pire que celui d'avant, soit construire le nôtre en nous appuyant sur toutes les possibilités ouvertes par les progrès scientifiques et techniques, comme sur les aspirations démocratiques, sur la nouvelle conscience de classe qui émerge.

Pour assurer à toutes et tous une vie digne du XXIème siècle, il est nécessaire d’en finir avec ce parasitisme des multinationales et de la finance, avec la propriété privée capitaliste, ce qui implique de les exproprier comme de fermer les bourses et les marchés financiers, de prendre le contrôle de l’ensemble de l’appareil de production, sous le contrôle de leurs salariés comme de l’ensemble de la population.

L’issue à la faillite globale du capitalisme est de changer de mode de production et d’échange pour imposer une planification démocratique de l’économie afin de la mettre au service de la satisfaction des besoins de tous dans le respect de notre environnement.

Face à la « trahison » des gouvernants, nous voulons prendre nos affaires en main, construire notre avenir en agissant pour celui de l’humanité, devenir les acteurs conscients du vaste combat pour en finir avec ce vieux monde failli, pour la transformation révolutionnaire de la société, pour une société démocratique pleinement intégrée dans son environnement, pour le socialisme.

Bruno Bajou

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