Macron s’est résolu à s’exprimer sur son affaire Macron-Benalla en commençant par ironiser contre la presse, déclarant qu'« Alexandre Benalla n'a jamais détenu les codes nucléaires, Alexandre Benalla n'a jamais occupé un appartement de 300 m2, Alexandre Benalla n'a jamais eu un salaire de 10 000 euros, Alexandre Benalla n'est pas mon amant. » Une ironie bien à l’image du principal protagoniste de l’affaire, Macron-Benalla, le Janus au double visage, l’imposteur imbu de son pouvoir tout autant que de lui-même et, « dans le même temps », le voyou tout autant avide de pouvoir et de reconnaissance, sans principe ni loi, la petite frappe prête à tous les mauvais coups.

« Ce qu’il s’est passé le 1er Mai a été pour moi une trahison », prétend-t-il visant les exactions de son double assez stupide pour faire les basses besognes d’un policier tout en sachant qu’il était filmé.

Pour le reste, Macron-Benalla assume tout, sûr de son impunité, pour résumer, je suis président et je vous emmerde. Et, provocateur, « Qu’ils viennent me chercher. Je réponds au peuple français ! »

Il faut dire que l’opposition qui, à droite comme à gauche, a entonné la même chanson de la défense des institutions, de « la vertu d’Etat », de la police légale sans même dénoncer ses exactions, ne le fait guère trembler !

L’imposteur, le voyou et… les menteurs

Macron n’aura plus, le moment venu, qu’à choisir si besoin en fonction des conclusions des commissions d’enquête, de l’IGPN ou de la justice les boucs-émissaires qui assumeront juridiquement les responsabilités. Il aura le choix tant il y a dans cette affaire de hauts responsables qui n’ont rien voulu voir ni entendre. Et d’ores et déjà serait en route une réorganisation des services internes et du cabinet de l’Elysée « pour que ça ne puisse pas se reproduire » !

On ne saura probablement jamais quelle était exactement « la mission » confiée par Macron, alors en Australie, à son « chargé de mission » préféré. On imagine cependant aisément au regard de l’état d’esprit de la police ce 1er Mai, la violence et les manœuvres déployées pour provoquer incidents et bavures, que sa mission en rapport avec les autorités de la gendarmerie et de la préfecture était de veiller à l’exécution de ces violences, exactions et manœuvres voulues par le pouvoir pour tenter de discréditer la manifestation. On imagine aussi aisément l’état d’esprit créé par Macron lui-même pour que son sbire se croie autorisé à se comporter de façon aussi brutale que stupide.

Et c’est bien là, au-delà des frasques et mensonges du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, ou du préfet de police de Paris, Michel Delpuech, et d’autres, le fond de l’affaire, le scandale.

« Fondamentalement, ces événements résultent de dérives individuelles inacceptables, condamnables sur fond de copinage malsain », se sent obligé de déclarer Delpuech. Non, il ne s’agit pas de dérive ou de copinage mais d’un fonctionnement de l’Etat et de la police, d’une politique décidée par Macron.

Au final, elle se retourne contre lui, tant mieux. C’est un coup politique qui le fragilise et il revient à toutes celles et ceux qui étaient dans la rue ce 1er Mai, celles et ceux qui durant des semaines ont affronté le gouvernement et sa police, une victoire morale et politique différée.

C’est ce qui inquiète le patronat. « Comment, dans ces conditions, peut-on lire dans La Tribune, désirer pouvoir engager des réformes importantes quand la confiance, mesurée très imparfaitement par la cote de popularité, baisse si dangereusement ? » Et d’espérer « que le chef de l’État puisse retrouver des ressources dans la capacité de la résilience, dont il a fait preuve dans le passé, pour tourner rapidement cette page malheureuse qui contraste étonnamment avec celle caractérisée par l’esprit qui a régné une semaine avant avec le faste de la fête nationale du 14 juillet et surtout la victoire des Bleus à Moscou le 15 juillet, image magnifique d’une France qui se retrouve unie ! »

Leurs espoirs reposent sur leur confiance dans l’Etat de la bourgeoisie sauf que cette affaire révèle aussi les difficultés que rencontre Macron au sein même de cet Etat. Ces difficultés ne sont pas étrangères à la mise sur la place publique de faits qu’il avait réussi à étouffer jusqu’au 18 juillet. Elles ne sont pas étrangères aux dérobades des plus hauts responsables même ministres, à l’attitude de policiers ou gendarmes. Faut-il rappeler que celui qui a manifesté la plus grande mansuétude à l’égard d’un malfrat avait, à peine arrivé au pouvoir, obligé le chef d’État-major général des armées, le général de Villiers, à démissionner. Il ne manque pas dans les sphères dirigeantes d’anciens amis de Hollande ou de Sarkozy qui n’ont aucune raison de faire de cadeau à Macron-Benalla.

Une brèche a été ouverte par les luttes

« La résilience » souhaitée par la bourgeoisie signifie, à n’en pas douter, un durcissement du pouvoir à tous les niveaux, l’accélération de la politique de Macron pour se doter d’un réel parti, populiste, en lien avec l’Etat, des milliers de petits Macron-Benalla, de petits chefs ou flics pour encadrer la population, imposer les réformes.

Certes, Macron va marquer le pas, le temps d’un été pour ensuite reprendre l’offensive. Rien ne dit qu’il puisse enrayer le profond discrédit qui l’atteint ni la crise de confiance dans ses propres rangs y compris parmi ses plus proches.

Le terrible silence des organisations syndicales qui ont sans mot dire participé au sommet social du 17 juillet où l’imposteur a fait semblant de vouloir les écouter, ce dont Martinez a cru bon de se féliciter, est un bien mauvais signal. Comment pourraient-elles être assez aveugles ou compromises dans le dialogue social pour espérer être payées en retour ?

Il est pourtant clair que la seule façon d’enrayer les plans de Macron et de la bourgeoise qui le soutient ne viendra pas de l’opposition parlementaire mais de la capacité du monde du travail à reprendre l’offensive, y compris sur le terrain politique pour opposer aux plans de la bourgeoisie pour sauvegarder profits et privilèges son propre plan pour mettre fin à la régression sociale et démocratique, balayer les Macron-Benalla et conquérir le pouvoir afin de mettre en œuvre une politique au service de l’ensemble de la population.

Yvan Lemaitre

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