A l’issue de l’ultimatum posé par Rajoy, le président du gouvernement catalan, Puigdemont, a répondu jeudi 19 que « Si le gouvernement de l’Etat persiste à empêcher le dialogue et poursuivre la répression, le Parlement de Catalogne pourra procéder, s’il l’estime opportun, au vote d’une déclaration formelle d’indépendance qu’il n’a pas votée le 10 octobre ».

A quoi Rajoy a répondu que « le gouvernement continuera les démarches prévues par l’article 155 de la Constitution pour restaurer la légalité en Catalogne », puisque, à son sens, Puigdemont n’a pas répondu à la question de savoir si, le 10, il avait ou pas déclaré l’indépendance. Le gouvernement espagnol se réunira samedi pour discuter des mesures à prendre…

Le premier fait semblant de ne pas répondre à l’injonction, tout en y répondant… Le second fait semblant de ne pas comprendre. Bien décidé à aller jusqu’au bout de ce qu’il appelle « restaurer la légalité », il poursuit l’escalade des « réponses » apportées à chaque étape de la crise : interdiction du referendum, répression sauvage du 1er octobre, ultimatum posé à Puigdemont après la mascarade de la fausse déclaration d’indépendance, menace de l’application du « 155 », arrestation de Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, respectivement dirigeants de l’ANC et d’Omnium cultural, deux organisations indépendantistes, lancement de la procédure de mise en œuvre du « 155 »…

Il est impossible de savoir comment va se terminer cet affrontement, qui va bien au-delà du jeu de poker-menteur auquel se livrent les gouvernements espagnol et catalan, et oppose des dizaines de milliers de manifestants indépendantistes et démocratiques aux forces de l’ordre massivement mobilisées par Madrid et aux nationalistes espagnols qui se mobilisent à leur tour.

Dans cet affrontement, nous sommes bien évidemment totalement solidaires de toutes celles et ceux qui se battent pour le respect de leurs droits démocratiques, le droit à l’autodétermination. Mais cette solidarité nous oblige à nous poser la question des perspectives politiques que porte réellement le mouvement indépendantiste catalan, de ses limites du point de vue des intérêts de la classe ouvrière et des classes populaires.

Le vrai visage de l’indépendantisme à la Puigdemont

La politique menée par Puigdemont et les partis indépendantistes qui se partagent la majorité au parlement de Catalogne reposait sur le pari que face à la mobilisation massive des partisans de l’indépendance, le gouvernement central n’oserait pas répondre, par la répression, aux incartades du gouvernement catalan contre la constitution espagnole et qu’il serait alors possible de « négocier » des améliorations du statut d’autonomie.

Il voulait répondre ainsi aux attentes d’une frange de la bourgeoisie catalane, patrons d’entreprises locales qui voient dans les causes de leurs difficultés économiques le fait que les « richesses » de la Catalogne serviraient à entretenir les régions pauvres de l’Espagne. Interrogé par La Dépêche (aout 2017), le patron d'une entreprise de services pharmaceutiques explique les raisons de son indépendantisme : « La dépendance de Madrid est un boulet pour notre économie : la fiscalité est injuste, le droit du travail est obsolète et nos infrastructures sont mauvaises ». Lorsqu’un patron, même catalan, dit que le droit du travail est obsolète, il y a tout à craindre que les « modernisations » qu’il a en tête n’aillent pas dans le sens des intérêts de ses travailleurs… Quant à la fiscalité, il précise : « Chaque année 8 % de notre PIB disparaît […] Je n'ai rien contre la solidarité nationale. Mais dans le cas de l'Espagne, ce n'est pas de la solidarité mais du gaspillage. Regardez le taux de chômage de l'Andalousie : il est entre 25 et 30 % depuis les années 80 malgré tout l'argent qu'ils reçoivent ! »

Quelle « république » ?

La Déclaration Unilatérale d’Indépendance lue par Puigdemont le 10 octobre avant d’être « reportée » dans les secondes qui ont suivi nous donne une idée du genre de république que la bourgeoisie catalane promet au reste du « peuple catalan ». On y apprend en introduction que « La justice et les droits humains individuels et collectifs intrinsèques, fondements essentiels qui donnent la légitimité historique et la tradition juridique et institutionnelle de la Catalogne, sont la base de la constitution de la République catalane. La nation catalane, sa langue et sa culture ont mille ans d'histoire ». Que « Pendant des siècles, la Catalogne a été dotée et a bénéficié de ses propres institutions qui ont exercé l'autonomie avec plénitude, avec la Generalitat comme la plus grande expression des droits historiques de la Catalogne »…

La suite est dans la même veine, creuse et pompeuse, mais le cadre est bien posé. Ce retour millénaire, c’est la référence à la Catalogne de la bourgeoisie marchande qui s’était enrichie à travers le commerce en Méditerranée, à l’instar de Venise et quelques autres, faisant de la Catalogne, effectivement, un des pays les plus avancés de l’Europe médiévale et des débuts de la Renaissance. Du moins pour ses classes dominantes, dont les touristes peuvent visiter les palais, les musées à la gloire de cette « Catalogne millénaire ». Beaucoup moins pour les exploités et les peuples dont ces bourgeoisies ont pillé le travail pour accumuler leur richesse, bâtir leurs palais et leurs cathédrales.

Le problème central du mouvement pour l’indépendance nationale de la Catalogne est là. Il masque les rapports sociaux, détourne la colère populaire du combat pour l’émancipation de classe vers l’impasse d’une illusoire émancipation nationale. Le fait qu’il soit porté par des foules immenses, généreuses, ouvertes, regroupant essentiellement la petite bourgeoisie intellectuelle, les étudiants qui croient trouver dans l’indépendantisme le moyen de sortir d’une société qui ne leur offre aucun avenir et qui, de surcroit, réprime leur droit légitime à parler leur langue, à vivre leur culture, à transmettre leur histoire, ne change rien à l’affaire.

Bien au contraire, c’est une impasse politique qui leur est proposée, une illusion entretenue par la démagogie du gouvernement catalan et par les puissantes organisations nationalistes, comme l’ANC et l’Omnium cultural, ou encore la CUP. Il n’y a aucune « fierté catalane » à tirer, pour les exploités d’aujourd’hui, les travailleurs de Catalogne, de ce « passé millénaire » que les indépendantistes voudraient prolonger aujourd’hui dans une illusoire « république catalane » qui croit cacher sa nature de classe derrière des formules grandiloquentes.

Alignement derrière l’indépendantisme ou indépendance de classe ?

C’est pourtant par un « Vive la république catalane ! » que s’achevait la déclaration du Bureau exécutif de la 4ème Internationale au lendemain de la journée de grève générale du 3 octobre. Les positions prises par ces camarades, d’autres au sein du NPA, du courant Anticapitalistas de Podemos s’inscrivent, avec des nuances, dans cette même logique : un soutien, certes critique à l’égard de Puigdemont et de la bourgeoisie catalaniste, mais s’alignant sans conditions sur le mouvement pour l’indépendance, pour l’institution d’une « république », le tout parfois baptisé « révolution démocratique ».

Quant à la classe ouvrière, elle est invitée à s’aligner derrière les revendications indépendantistes, comme en témoigne cet extrait d’un article écrit par un militant d’Anticapitalistas et intitulé : « 1er octobre : le jour qui ébranla la Catalogne et l’Espagne ». Il écrit, à propos du mouvement : « Du point de vue de sa composition sociale, comme cela a été largement commenté, sa base s’enracine dans les classes moyennes et la jeunesse […]. Sa principale faiblesse est l’absence d’une partie de la base sociale de la gauche en direction de laquelle l’indépendantisme pur et simple n’a développé aucune politique active… » La classe ouvrière se trouve ainsi reléguée, sans être nommée, au rang de « base sociale de la gauche », c’est-à-dire d’électeur. Et ce que ce camarade regrette c’est que « l’indépendantisme pur et simple » n’ait pas « développé de politique active » vis-à-vis de cette « base sociale » !

La « principale faiblesse » du mouvement est exactement à l’opposé : dans l’incapacité pour la classe ouvrière et ses organisations d’offrir à la révolte des « classes moyennes et de la jeunesse » une véritable perspective politique plutôt que de se fourvoyer dans une impasse dont les conséquences pourraient être dramatiques.

Les « leçons » de Trotsky sur l’Espagne et la Catalogne des années 1930

Cet alignement de la IVème internationale nous invite à revenir aux nombreux écrits de son fondateur sur l’Espagne révolutionnaire des années 30 (courriers militants, articles, livres…).

Trotsky ne se pose pas la question de la légitimité dans l’absolu des revendications d’indépendance de la Catalogne. Il se place du point de vue de la politique que doivent porter les « communistes » : affirmer leur soutien au droit à l’autodétermination du peuple catalan si c’est une volonté majoritaire de ce peuple, tout en mettant en avant le mot d’ordre de constitution d’une « Fédération ibérique de républiques socialistes ». Ce qui est prioritaire, c’est le programme de la classe ouvrière, la révolution sociale, et la façon dont elle peut gagner à ce programme les autres couches sociales opprimées.

Pour Trotsky, la revendication d’indépendance de la Catalogne était « progressiste ». Elle répondait aux intérêts d’une bourgeoisie industrielle et d’une petite bourgeoisie dont le développement était freiné par la tutelle d’une Espagne encore semi-féodale. Mais le mouvement indépendantiste catalan, tout comme le reste de la bourgeoisie industrielle espagnole, était incapable de mener à bien sa révolution démocratique, tandis que la crise économique, sociale et politique à laquelle l’Espagne était soumise mettait à l’ordre du jour une révolution sociale, portée par une grande effervescence du mouvement ouvrier et de la paysannerie. Il existait, en Catalogne, au Pays Basque, dans les Asturies, etc. un véritable mouvement ouvrier, révolutionnaire, combatif, organisé dans des organisations de masse, luttant pour ses propres revendications de classe, parfois les armes à la main. La classe ouvrière de Catalogne, peu influencée par les thèses catalanistes, organisée à la CNT et à l’UGT, menait depuis des années des luttes violentes avec la bourgeoisie et les Etats aussi bien espagnol que catalan.

C’est cette réalité sociale et politique que Trotsky décrivait dès 1930 (Les tâches des communistes en Espagne), expliquant que le mouvement ouvrier révolutionnaire devait mettre à son programme, en plus de ses propres revendications, la résolution des tâches démocratiques, dont la question nationale qui concernait la Catalogne, mais aussi le Maroc, ainsi que la réforme agraire et la laïcisation de l’Etat. Et loin d’attendre que l’auto-organisation des masses émerge du « mouvement », il insistait pour que les militants communistes militent tout de suite pour la constitution de « conseils ouvriers ».

La démarche de Trotsky, qui s’appuyait sur ses propres thèses de la révolution permanente, était claire : lutte indépendante de la classe ouvrière de toutes les régions d’Espagne pour renverser le pouvoir de la féodalité et de la grande bourgeoisie aussi bien espagnole que catalane et instituer son propre pouvoir ; gagner, dans et pour cette lutte, l’alliance de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et des peuples opprimés en mettant en avant la satisfaction de leurs revendications démocratiques, pour constituer une « Fédération ibérique de républiques socialistes » qui répondrait aux légitimes aspirations de chacun des peuples d’Espagne à parler leur langue, vivre leur culture, apprendre leur histoire… et en comprendre le contenu de classe !

C’est le combat qu’il allait mener, sans craindre d’être à contre-courant, pour tenter d’orienter la politique des militants de l’opposition communiste alors que commençait une période révolutionnaire qui allait passer par de multiples épisodes avant que Franco ne tente son coup d’état de juillet 1936. Franco voulait ainsi mettre un coup d’arrêt à la révolution qui s’était déclarée depuis le début de l’année et que la république de front populaire récemment élue était incapable de contrôler. L’enjeu politique était concentré dans le slogan « révolution sociale ou fascisme » que portaient les militants révolutionnaires marxistes (trotskistes, POUM) et libertaires (CNT). Pour eux, la victoire contre Franco passait par la victoire de la révolution sociale.

Ils ont trouvé face à eux le PSOE, le PCE stalinien et les républicains aussi bien catalans qu’espagnols pour qui il fallait d’abord vaincre le fascisme, pour le « socialisme, on verrait plus tard »… Et c’est dans les rues de Barcelone, en mai 1937, que la révolution a été vaincue par les « républicains », avant que ces derniers, qui s’étaient ainsi coupés de leurs forces vives, ne soient écrasés par Franco moins de deux ans plus tard.

Le fascisme l’avait emporté mais derrière Franco, la Phalange, la liquidation de l’indépendance de la Catalogne, la répression terrible du mouvement ouvrier et démocratique qui a suivi, il y avait la victoire d’une classe sociale, la grande bourgeoisie espagnole.

(Voir en fin d’article quelques liens vers des ouvrages concernant la révolution espagnole)

80 ans plus tard, le monde a changé…

L’Espagne a profondément changé, elle est devenue un pays totalement intégré au monde capitaliste. Un de ses patrons est classé parmi les 8 personnes les plus riches du monde. Son agriculture s’est industrialisée… En Espagne le capitalisme règne partout en maître même si son degré de développement, de rentabilité, n’est pas le même selon les « autonomies ». Les relations entre l’Etat central et la Catalogne ne se posent plus dans les mêmes termes qu’en 1930. Il ne s’agit plus aujourd’hui de s’émanciper d’une tutelle semi-féodale, mais de soutenir une fraction de la bourgeoisie contre un Etat central considéré comme facteur d’injustice, d’inégalités entre autonomies, de « gaspillages »…

La révolte catalane est une nouvelle expression du rejet de cet Etat, de ce « régime de 78 », de sa politique entièrement vouée aux intérêts de la grande bourgeoisie, par une large fraction de la population, du monde du travail. Ce régime, la royauté constitutionnelle en vigueur actuellement en Espagne, est née en 1978, à la mort de Franco, à l’issue d’une « transition » réalisée par le parti de droite issu du franquisme, main dans la main avec le PSOE, le Parti communiste espagnol et Juan Carlos, le roi désigné par Franco. Ce processus consistait en une restauration de la royauté, qui avait été abolie en 1931, au début de la période révolutionnaire. Alors que la mort de Franco avait suscité l’immense espoir populaire que les comptes seraient réglés avec ces années de dictature, que l’on allait voir renaitre cette république liquidée par Franco, la transition assurait en fait l’impunité des crimes du franquisme, le recyclage de ses cadres politiques dans ce qui deviendra le Parti Populaire, la restauration de la royauté…

Tout comme De Gaulle en France à l’issue de la 2ème guerre mondiale, main dans la main avec la SFIO et le PCF, avait assuré en douceur la « transition » du régime de Pétain à la IVème république en gardant à quelques exceptions près le même appareil d’Etat, la « transition » espagnole de 1978 assurait et assumait aussi, à travers la droite réactionnaire dont l’héritier est aujourd’hui le Parti Populaire, une continuité de l'Etat espagnol, franquisme inclus.

Cette « transition » est en crise depuis plusieurs années. Mais, tant sur le terrain des droits démocratiques que sur celui des droits sociaux, la réponse ne pourra venir que de la capacité des travailleurs à unifier le mécontentement pour renverser le régime.

Avec la mondialisation, les grandes institutions financières se sont affranchies des frontières et s’imposent à l’ensemble du système capitaliste, ainsi qu’aux Etats. On en a eu une démonstration en Grèce avec le dictat imposé à Tsipras par les serviteurs de la finance mondialisée que sont l’UE, la BCE et le FMI. On vient d’en avoir une nouvelle avec le départ de Catalogne des sièges financiers de bon nombre de grandes banques et entreprises, comme CaixaBank. Les travailleurs de Catalogne comme d’ailleurs continueront à leur fournir la plus-value de leur travail, mais les impôts qu’elles paieront n’iront pas dans les caisses de la république catalane, si elle voit le jour, mais continueront de tomber dans celles de l’Etat espagnol. Ainsi s’achève le rêve illusoire de la bourgeoisie indépendantiste de « la région la plus riche d’Espagne »…

Rajoy, en bon serviteur de la finance mondialisée, tout en matraquant les masses en révolte, veut maintenant faire manger leur chapeau aux dirigeants de l’Etat catalan, tout comme l’UE, la BCE et le FMI ont fait manger son chapeau à Tsipras, et pour les mêmes raisons : montrer à tous qui sont les véritables maîtres du monde, la finance mondialisé et les Etats qui la servent.

Tout cela a nettement refroidi les enthousiasmes indépendantistes de toute une partie de la bourgeoisie catalaniste, qui a compris que « leur » république ne verra très probablement pas le jour. Puigdemont, son représentant, jongle avec des formules emberlificotées pour tenter vainement de ne pas perdre la face devant son électorat. Mas, son prédécesseur, a déjà tranché, il faut accepter le dictat de Madrid, ensuite on essaiera de trouver des arrangements, entre gens responsables. Les organisations indépendantistes autour desquelles se rassemble le mouvement populaire pour l’indépendance, poursuivent, elles, les appels à manifestations, exigent la libération des leaders indépendantistes emprisonnés, la déclaration d’indépendance tout de suite, la mise en route d’un processus constituant…

… mais pas la nécessité de défendre, plus que jamais, l’indépendance de classe des travailleurs

L’escalade politique et répressive du pouvoir central, qui exacerbe en retour les mobilisations populaires, est un choix délibéré de l’Etat espagnol. Il veut aller jusqu’au bout d’un affrontement qu’il sait inévitable avec des classes populaires poussées à la révolte par la crise, le chômage, les reculs démocratiques, l’arbitraire, la corruption qui s’affiche au sommet du pouvoir (y compris en Catalogne, cf. l’ancien président indépendantiste Mas…), les inégalités sociales qui touchent toute la société.

Cette colère s’était exprimée dans la rue dans toute l’Espagne avec le mouvement des Indignés, puis dans les urnes avec Podemos. Elle a pris aujourd’hui la forme de la crise catalane, qui fédère toute une vague de solidarité qui dépasse largement les milieux indépendantistes et la Catalogne elle-même. La crise catalane constitue ainsi un nouveau point de fixation de la contestation sociale en Espagne, ce qui rend le pouvoir central d’autant plus déterminé à le vaincre. Il peut compter, dans cette tâche, sur le soutien entier de l’UE et des Etats européens, tout comme du PSOE et de Ciudadanos.

Quelle que soit l’issue de l’affrontement qui se prépare, et qu’il ait lieu ou pas, rien ne sera réglé des causes profondes de cette crise, qui vont bien au-delà des relations entre deux Etats et trouvent leur origine dans les rapports sociaux d’une société plus que jamais divisée en deux classes aux intérêts diamétralement opposés et où les frontières sont devenues définitivement obsolètes, sinon pour les intérêts de certains capitalistes.

La classe ouvrière se trouve certes aujourd’hui désarmée, désorganisée par des années de recul du mouvement ouvrier, de collaboration de classe, au point que toute une partie du mouvement révolutionnaire l’a rayée non seulement de son vocabulaire, mais aussi de ses raisonnements. Elle n’en constitue pas moins toujours la seule classe capable de porter par ses mobilisations, son organisation, la seule issue possible à une crise dont la situation en Catalogne n’est qu’une expression particulière. A condition que le mouvement anticapitaliste et révolutionnaire, tirant de nouvelles leçons d’Espagne, renoue avec les principes de la lutte des classes, du marxisme, sans craindre d’aller à contre-courant de mouvements comme ceux de la jeunesse catalane. Ce qui n’empêche en aucune façon de se montrer solidaire de ses aspirations, solidaires face à la répression. La question n’est pas de s’adapter, mais de tenter de trouver, dans ce mouvement, par le débat démocratique, une voie pour que se reconstitue une conscience de classe, pour que la classe ouvrière retrouve sa place à la tête du combat pour l’émancipation des travailleurs et des peuples.

Trotsky fixait à la révolution espagnole qui se préparait en 1930 l’objectif de constituer une « Fédération ibérique des républiques socialistes » comme structure permettant à chaque peuple vivant dans la péninsule ibérique de trouver sa place. Le cadre de l’Espagne est aujourd’hui dépassé. C’est dans le cadre d’une « Europe socialiste des travailleurs et des peuples », débarrassée de l’exploitation, que les prolétaires, qu'ils soient ou non catalans, basques ou andalous pourront coopérer au bien-être et à l'épanouissement de toutes et tous.

Daniel Minvielle

 

Quelques ouvrages et textes sur la révolution espagnole des années 1930

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