Macron aura eu beau accaparer les trois jours de fin de campagne sur les médias, mobiliser Biden et Zelensky, il n’aura pu éviter, même si nous n’avons encore que des estimations, la déroute de sa majorité, déroute d’autant plus cinglante que les abstentionnistes restent majoritaires au sein des classes populaires, parmi les femmes et la jeunesse. Et ce soir encore il continue sa campagne...A l’opposé, tout ce que cette société fondée sur les privilèges et les inégalités compte de conservateurs, de bourgeois craintifs et réactionnaires s’est mobilisé pour soutenir les partis de l’ordre. Et si Macron est lourdement sanctionné et ne leur inspire plus confiance pour faire face au désordre engendré par leur propre système, à l’image des Bolloré and co, ils se sont mobilisés en faveur de la droite extrême et de l’extrême droite.

La gauche bourgeoise et nationaliste peut se féliciter du score du va-t-en guerre Glucksmann ou LFI qui a rencontré un écho au sein des classes populaires, mais ils ne peuvent masquer leur impuissance à faire face à la vague d’extrême droite alors que celle-ci est, pour une large part, la conséquence de leurs reniements et de leur intégration à l’ordre établi, aux institutions qui servent celui-ci qu’elles soient nationales ou européennes.

Le discrédit de la droite et de la gauche gouvernementale avait accouché de Macron prétendant faire barrage à Le Pen pour finir par rivaliser avec elle en faisant sa politique. D’Attal à Bardella, il n’y a plus qu’un pas...

Comment se dénouera la crise politique et parlementaire qu’accentuent ces élections, nous verrons, mais il est certain que si le monde du travail n’intervient pas directement, l’ensemble des partis institutionnels évolueront encore plus à droite vers un consensus militariste, xénophobe et raciste au nom de la défense du monde occidental, de sa domination dont Biden, Macron and co ont célébré la puissance lors de la commémoration du débarquement du 6 juin 1944 afin de préparer l’opinion aux guerres à venir.

Ces élections ne changeront rien pour les populations, elles sont cependant un avertissement. L’affrontement entre les classes dominantes, leurs États et les travailleur·ses, les populations pour les plier à leur volonté, à leurs objectifs et rivalités économiques et militaires, en faire accepter les conséquences dramatiques, les guerres et le coût écologique est en route. Seul le soulèvement des travailleur.ses, des classes populaires pourra les mettre en échec.

Le capitalisme en marche vers la généralisation de la guerre et le krach, leur monde archaïque et dépassé doit céder la place

« Ici, sur les côtes de Normandie, la bataille entre la liberté et la tyrannie allait se décider » a déclaré Biden lors de la commémoration du débarquement, thème abondamment repris par Macron qui a fait l’éloge de « l’esprit de sacrifice » des milliers de soldats qui y ont trouvé la mort, des milliers de pertes humaines qui rejoignaient les cohortes des millions de vies sacrifiées durant cette deuxième boucherie impérialiste que fut la deuxième guerre mondiale, dont plus de 20 millions en URSS. Guerre pour la liberté ? Non ! Guerre pour la défense des intérêts rivaux des brigands impérialistes, guerre pour le repartage du monde et des colonies, guerre pour décider qui dirigerait le monde. Et c’est au nom de cette liberté d’exploiter les travailleurs et de piller les peuples que l’Angleterre, la France, les USA menèrent ensuite, pendant 30 ans, leurs sales guerres coloniales pour perpétuer l’asservissement, l’esclavage des peuples, leur droit au pillage du monde. Cette liberté, c’était aussi la ségrégation raciale aux USA ou en Afrique du Sud et la France aujourd’hui n’a toujours pas abdiqué de son rôle de puissance coloniale et fait la guerre aux kanak ou à Mayotte.

Et c’est au nom de cette même « liberté » que Biden et Macron ont autorisé les généraux ukrainiens à utiliser les missiles de fabrication américaine ou française pour frapper l’intérieur du territoire russe, ce qu’ils refusaient jusque-là. Macron a annoncé la livraison de « Mirages 2000-5, qui permettront à l'Ukraine de protéger son ciel. [...] Des pilotes ukrainiens seront formés en France dès cet été » ainsi qu’une brigade de 4500 soldats ukrainiens. « On passe à un nouveau stade », dit Macron, un nouveau stade dans cette longue guerre engagée par les grandes puissances occidentales après l’effondrement de l’URSS, une guerre sans fin pour les territoires et les richesses qui les oppose au tyran Poutine et qui se combine avec la guerre économique et les tensions militaires avec la Chine.

Zelensky était là pour faire son job d’agent recruteur au nom des USA et de l’Otan contre la Russie : « Les Alliés ont défendu la liberté de l'Europe à l'époque, et les Ukrainiens le font aujourd'hui. L'unité a prévalu à l'époque et la véritable unité peut prévaloir aujourd'hui ».

L’escalade militaire des États-Unis, de la France et de l’Otan non seulement intensifie une guerre fratricide payée au prix fort par les populations russes et ukrainiennes, mais amène le monde un pas plus près d’une conflagration militaire générale.

Ce sont les mêmes qui font mine de vouloir un cessez-le-feu à Gaza. Biden a même proposé un plan annoncé comme étant celui d’Israël que Netanyahou a aussitôt rejeté pour poursuive leur guerre génocidaire à Rafah, au centre de Gaza, en Cisjordanie et en annonçant une offensive d’envergure contre le Liban. Au nom de la liberté de se défendre et de la défense de l’Occident !

L’offensive militariste et belliciste est le complément de l’offensive anti-ouvrière et de la guerre économique. L’État quel que soit le parti aux affaires continuera à présenter la facture de la dette aux classes populaires, alors que les groupes capitalistes dont les marchands de canons profitent de ses largesses. Cette offensive globale conduit à un effondrement financier et économique, un krach du capitalisme mondialisé.

Le Pen-Bardella, ce n’est pas le fascisme mais la logique de l’effondrement capitaliste, de la guerre y conduit

Il serait erroné de prendre l’excuse souvent avancée pour justifier le vote RN -ils n’ont jamais gouverné, autant essayer- au premier degré pour en relativiser la portée comme si ce vote n’était pas un vote xénophobe et raciste, anti-migrants. La progression de l’extrême droite et des idées réactionnaires, la banalisation du militarisme et du bellicisme, les guerres portent une logique qui renforce les préjugés les plus obscurantistes et violents, antidémocratiques et antisociaux, la logique de la politique de réarmement engagée par Macron qui vise à mettre le pays au pas.

C’est bien là la véritable menace qu’exprime la progression de l’extrême-droite, ici et dans toute l’Europe. Les Bardella et autres se plieront comme Meloni en Italie aux exigences du patronat pour faire la politique de Macron en pire mais la politique des partis institutionnels, leur nationalisme, le protectionnisme, le bellicisme y compris de gauche ont mis en route un processus mortifère dont les classes dirigeantes et leur personnel politique peuvent jouer en fonction de leurs propres intérêts, voire qui demain pourrait les emporter elles-mêmes bien plus loin qu’elles ne l’auraient voulu.

Et nul besoin de se demander pour qui sonnera le glas. Lorsque les démagogues apprentis sorciers perdront le contrôle de leur propre politique, que la machine capitaliste, militaire, raciste et nationaliste s’emballera, les victimes toutes désignées, appelées au sacrifice seront les travailleurs quelle que soit leur origine ou couleur de peau, une nouvelle fois sacrifiés sur l’autel chancelant du profit.

Le piège des institutions et du mirage électoral,
contre les partis du capital, le parti démocratique et internationaliste des travailleurs

Au regard de cette menace, les charlatans qui ont cherché à vendre au monde du travail les vieux produits frelatés de l’union de la gauche, des manœuvres et alliances parlementaires, des négociations politiciennes au gré des rapports de force entre fractions parlementaires pour le pouvoir et les places, loin d’être un recours paralysent les forces démocratiques du monde du travail.

Cette campagne est pour eux une nouvelle défaite. Si LFI sauve la mise, son radicalisme politique ne peut faire illusion, elle reste prisonnière du cadre parlementaire, institutionnel, du nationalisme.

Les luttes d’émancipation sont incompatibles avec le nationalisme et le respect de la propriété privée, de l’État et des frontières.

La faillite de la dite gauche de gouvernement, l’impasse qu’elle représente rend d’autant plus révoltant le gâchis du mouvement révolutionnaire et de ses différentes fractions. Même si, à l’heure où nous écrivons, nous n’avons pas une appréciation précise de nos résultats, il est clair que le volontarisme et le dynamisme militant ne suffisent pas à compenser les divisions et le sectarisme, les illusions que porte la recherche d’une reconnaissance électorale. Il n’est plus possible de fermer les yeux et de ne pas s’interroger sur les moyens de faire face à la nouvelle situation sociale, politique, économique et militaire pour répondre aux besoins du monde du travail.

Indépendamment des scores électoraux des différentes listes révolutionnaires, pour les courants qui se retrouvent dans le pôle du NPA-révolutionnaires, plutôt que d’espérer encore jouer des ambiguïtés du NPA en reprenant le slogan « Nos vies valent plus que leurs profits » de la campagne d’Olivier Besancenot et de la LCR en 2002 et en laissant entendre dans Révolutionnaires qu’une candidature commune avait été proposée à LO et au PT, ce qui est faux, il eût été plus juste, nécessaire, de mettre en pratique la politique que nous avions proposée d’unité des révolutionnaires pour faire campagne pour et avec la liste présentée par Lutte ouvrière.

La politique de LO n’est en rien une justification. Toute la question qui est posée au mouvement révolutionnaire pourrait se résumer à trouver les moyens de débloquer les clivages sectaires. La candidature du NPA-R les renforçait.

Ni Dieu ni César ni tribun, producteurs sauvons nous nous-mêmes…

Comment peut-on imaginer que de scissions en ruptures ou exclusions le mouvement révolutionnaire serait à même d’exprimer, de représenter, de porter les aspirations du monde du travail ? Comment imaginer que les conceptions qui conduisent à un tel affaiblissement puissent d’une façon ou d’une autre être efficaces ? Comment devant le bilan du mouvement révolutionnaire ne pas s’interroger pour tenter de travailler collectivement à trouver une issue ? Dire qu’il y a urgence serait un euphémisme tellement les conceptions fondées sur un parti dit d’avant-garde ou de type « bolchévique », bien plus centralisé que démocratique et qui ne tolère pas en son sein de véritables discussions et débats, sont étrangères à toute conception marxiste.

Aider, participer à la naissance d’un mouvement révolutionnaire de masse de contestation du capitalisme, implique une rupture avec ces conceptions pour renouer avec le marxisme.

L’émancipation sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, des prises de conscience qui surgiront des confrontations, des crises, des luttes et soulèvements produits par la marche même du capitalisme à la faillite. Chaque moment devrait être pour nous l’occasion d’avancer vers le regroupement, l’unité de notre camp social et politique pour avancer dans la construction d’un parti des travailleurs plutôt que chacun appelle à rejoindre son « parti » dépositaire du « communisme révolutionnaire ».

Le mouvement porteur de la perspective du socialisme et du communisme se structurera en marchant, consciemment, en fonction de ses forces, de ses différents courants, de ses propres besoins et objectifs, du mouvement international dans lequel il s’inscrit, en fonction de son propre agenda et non celui de la bourgeoisie et de ses élections antidémocratiques.

Le ciment de ce mouvement, sa discipline ainsi que sa démocratie, c’est le sentiment et la conscience de participer à un mouvement collectif d’émancipation qui répond tout autant aux besoins de l’humanité, à une nécessité historique inscrite dans l’évolution des sociétés humaines qu’à ses propres besoins humains de liberté, de solidarité d’intelligence, de capacité à prendre sa place dans un combat collectif de libération sociale et politique.

Les mobilisations sociales, les soulèvements de la terre, le mouvement international de solidarité avec le peuple palestinien, la lutte contre la guerre en Ukraine et ailleurs, les luttes contre les violences sexistes et le patriarcat sont autant de moments de ce mouvement qui s’inscrit au cœur même de l’évolution des luttes de classes sous leurs formes diverses qui se combinent et se renforcent réciproquement et à travers lesquels se forge le programme de la liquidation du mode de production capitaliste pour l’émergence d’une nouvelle ère socialiste débarrassée de la propriété privée et des frontières, fondée sur la coopération des travailleurs et des peuples.

Démocratie Révolutionnaire

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