Jeudi 25 avril, Macron s’est mis en scène à la Sorbonne, pour tenter, en vain, de décoller dans les sondages des élections européennes. Il a posé au grand défenseur de l’Europe de la guerre et de l’Europe forteresse, « l’Europe puissance » ! Il appelle ainsi à « une défense crédible » centrée autour du « pilier européen de l’Otan », pour assurer la sécurité d’une Europe « encerclée » par des « puissances régionales désinhibées », telles que la Russie et l’Iran.

Le ton est donné, celui d’un discours xénophobe de défense du monde occidental, regroupant les Etats-Unis et la vieille Europe, contre le reste du monde. Une politique belliciste, au cœur de la guerre par procuration en Ukraine et du soutien de ces grandes puissances à la guerre génocidaire de Netanyahou à Gaza.

Alors que l’armée israélienne s’apprête à lancer l’offensive sur Rafah, le pouvoir multiplie les accusations d’antisémitisme à l’encontre de tous ceux qui expriment leur solidarité envers le peuple palestinien. Le secrétaire de l’UD CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut, a été condamné à un an de prison avec sursis et 5 000 € d’amende pour « apologie du terrorisme ». Et la police de Darmanin s’en prend aussi à Anasse Kazib, la journaliste Siham Assbague, Rima Hassan, Mathilde Panot, les étudiant·es de Solidaires EHESS,…

A Sciences Po, la direction a décidé de faire intervenir la police mercredi, qui a délogé brutalement les étudiants qui occupaient la cour de l’école en solidarité avec les Palestiniens. Vendredi, la préfecture a envoyé ses flics évacuer les manifestants devant l’école pendant que des étudiants occupaient le site. Cette action de solidarité a déclenché un véritable délire médiatique, accusant les manifestants d’antisémitisme et de dégrader « l’image de la France » … A croire que le mouvement d’occupation des campus américains et son écho international inquiètent tout ce beau monde !

Après s’être fait élire en appelant à un « front républicain » face à Le Pen, Macron met en œuvre avec Attal la politique de la droite extrême et de l’extrême droite. Ainsi se constitue, de fait et au-delà des rivalités et ambitions électorales, un front réactionnaire au nom de la défense du monde occidental « encerclé », c’est à dire des vieilles puissances impérialistes, dans une surenchère de propagande xénophobe et raciste qui vise à faire taire le monde du travail et la jeunesse.

Démagogie à tout va contre la jeunesse

N’hésitant pas à instrumentaliser les drames provoqués par des affrontements entre jeunes, produit avant tout de la violence sociale et de l’abandon des quartiers populaires, Attal attise les peurs et les fantasmes contre la jeunesse.

Incapable de répondre aux urgences sociales, il appelle au « sursaut d’autorité » en dénonçant « l’addiction à la violence » d’une partie de la jeunesse et les parents « défaillants », contre lesquels il annonce un « contrat de droits et d’obligations » ainsi que des sanctions. Il prévoit aussi la création d’une « commission éducative », un conseil de discipline dès le primaire, ainsi que le 8h-18h dans tous les collèges des quartiers populaires dès la rentrée prochaine, en comptant bien là aussi faire pression sur les enseignants, les culpabiliser comme il le fait avec les parents.

Quant à la « défaillance » de l’Etat dans ces quartiers, celle des services publics et de l’école dénoncée en particulier par le mouvement dans l’Education en Seine-Saint-Denis, là, pas « de droits et d’obligations » ! Attal soutient sans réserve la politique de Le Maire pour imposer l’austérité au nom de la lutte contre les déficits engendrés par les subventions au patronat.

Macron et Attal entendent réaliser un consensus réactionnaire en organisant une concertation de 8 semaines sur « la violence des jeunes » avec les différents partis du parlement, pour laquelle Le Pen s'est déjà proposée pour lui envoyer le programme du RN pour « rétablir l’autorité » !

La machine à surenchères tourne à plein, à l’image de Darmanin qui soutient les mesures de couvre-feu contre les mineurs prises à Béziers par Ménard et prochainement à Nice par Estrosi.

A Mayotte, Le Pen double Darmanin sur sa droite

En février, alors que les collectifs anti-immigration organisaient des blocages à Mayotte, Darmanin était venu promettre une révision constitutionnelle pour inscrire la fin du droit du sol à Mayotte. Après l’opération Wambushu 1 de démantèlement de bidonvilles et d’expulsions vers les Comores, il vient de lancer la suite la semaine dernière : l’opération « place nette », avec l’objectif de raser 1300 cases de migrants pour satisfaire les « collectifs citoyens ».

Mais c’est au final Le Pen qui rafle la mise de ce milieu de notables et politiciens locaux qui utilisent les migrants comme boucs-émissaires face à la misère et à l’abandon des pouvoirs publics et de l’Etat, incapables d’alimenter la population en eau potable !

Flattant les préjugés les plus xénophobes, elle a dénoncé l’immigration, le « chaos », la volonté du gouvernement de vouloir « la séparation de Mayotte avec sa mère patrie ». Elle s’en est prise aux autorités comoriennes, « qui mènent une guerre démographique avec la complicité de nos dirigeants ». Tout est bon pour flatter les fantasmes du « grand remplacement » par les Comoriens, alors que c’est l’Etat français qui a imposé la partition des Comores en 1974 pour s’approprier Mayotte !

Le RN ne s’est pas « dédiabolisé ». Il déverse toujours la même haine raciste et xénophobe. Ce sont les classes dominantes, le patronat qui sont prêts à lui confier le pouvoir, à lui ou à une coalition dont la politique de Macron définit déjà l’orientation. Ils anticipent la crise sociale et politique inévitable en réponse à leur politique et sont prêts à tout pour dévoyer la colère des masses ou pour la réprimer. Ils laissent libre cours à leurs chroniqueurs et leurs médias aux mains de Bolloré and co, pour se déchaîner contre la jeunesse, contre les grévistes ou les migrants et pour défendre leur politique militariste et nationaliste. Et, sans vergogne, ils propulsent Bardella comme ils propulsèrent Macron en 2017 alors que Attal, clone de Bardella lancé par Macron, voudrait bien s’imposer… La droite extrême et l’extrême droite ne manquent pas d’ambitieux arrivistes.

S’unir dans la lutte pour la liberté d’expression et nos droits démocratiques indissociable de la lutte pour en finir avec le capitalisme

L'ensemble de la société est sous la pression réactionnaire engendrée par la régression sociale, le tout sécuritaire et répressif, la pression de la guerre et du militarisme, le nationalisme. La faillite du capitalisme exacerbe les tensions sociales et politiques tant au niveau national, qu’européen et mondial.

Deux mouvements opposés sont à l’œuvre : d’un côté la réaction et de l’autre le rassemblement du monde du travail, de la jeunesse, des femmes. Les grèves sur les salaires continuent un peu partout dans le pays, des collectifs et des interpros continuent de prendre des initiatives, de tisser des liens et des convergences. Les manifestations féministes témoignent d’un renouveau de la contestation. Une large fraction de la jeunesse prend conscience de l’impasse dans laquelle l’entraîne le capitalisme à travers les guerres, la violence sociale, idéologique et morale de l’État, de sa police des esprits, la catastrophe écologique en cours.

Ces révoltes multiples sont porteuses de la seule perspective démocratique si elles réussissent à se rassembler contre la montée de l’extrême-droite sous toutes ses formes et pour en finir avec cette société d’exploitation. La démocratie, la liberté sont incompatibles avec la domination capitaliste.

Combattre la montée réactionnaire ce n'est pas faire de l'incantation ou la morale, mais prendre le mal à la racine, les rapports d’exploitation et d’oppression que les classes dominantes cherchent à perpétuer en utilisant le poison des préjugés xénophobes et racistes pour dresser les opprimés les uns contre les autres, dévoyer la colère. Attal et Bardella mènent un même combat à leur service.

Les combattre, c'est combattre le capitalisme, la guerre, en défendant un programme démocratique et révolutionnaire pour unir nos forces dans l’objectif de prendre en main l’organisation et le fonctionnement de la société.

Face au front réactionnaire à l’œuvre, nous avons besoin de construire l’unité contre la répression et pour les droits démocratiques, l’unité de classe autour du drapeau rouge de la révolution socialiste, à l’occasion du 1er mai et dans nos luttes quotidiennes.

Laurent Delage

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn