Face aux dirigeants du monde qui préparent la guerre : quelle politique pour les révolutionnaires ?

François Minvielle (33, Comité Bordeaux-Nord), Démocratie révolutionnaire

La fuite en avant de la PFB défendant sur tous les tons une scission du NPA rend bien difficile dans les AG et le BI des échanges sur les évolutions du capitalisme financier mondialisé, son pourrissement, la montée du militarisme et de la guerre.

Cette discussion est pourtant indispensable entre révolutionnaires pour répondre à la folie destructrice du capitalisme et formuler une politique qui trouve l’écoute des jeunes et des travailleurs qui assistent à ces évolutions, entre impuissance, colère, révolte...

Le 9 novembre, devant un parterre de haut gradés, Macron a présenté la « Revue nationale stratégique 2022 », document qui fixe la stratégie militaire de l’Etat pour les années à venir dans un « nouveau contexte stratégique... la question de notre souveraineté et de notre résistance dans un monde interdépendant prend un tour nouveau. »

La bourgeoisie et l’État français emboîtent le pas au Pentagone pour qui « le danger le plus profond et le plus grave pour la sécurité nationale des États-Unis, ce sont les efforts coercitifs et de plus en plus agressifs de la Chine ».

La Revue désigne elle-aussi la Chine comme le danger principal qui veut « supplanter les États-Unis comme première puissance mondiale ». Elle veut préparer toute la société à « une compétition exacerbée avec la République populaire de Chine ». Elle prévoit une évolution « de la compétition à la confrontation stratégique », c’est-à-dire de la concurrence vers la guerre.

Après « l’invasion de l’Ukraine par la Russie ... un glissement stratégique », le document évoque les tensions autour de Taïwan, les concurrences en Afrique, Moyen orient, Océan indien, le positionnement de la Chine par rapport à la Russie, la possibilité qu’elle gagne en influence auprès des pays dits émergents, la « désinhibition de puissances globales et régionales », etc. : un passage en revue des différentes crises susceptibles de dégénérer en conflit et qui justifie que l’État se prépare au « passage à une économie de guerre ».

Depuis des années, des hauts gradés exigent publiquement d’avantage de moyens pour l’armée. Aujourd’hui, ils appellent à s’adapter au changement stratégique. De Villiers, ancien chef d’Etat-major, revendiquait récemment le passage d’une armée d’opérations extérieures limitées, à une armée pour faire face à « une guerre de haute intensité ».

Dans le même sens, la Revue annonce le renforcement des alliances dans l’OTAN et l’augmentation des budgets militaires. Des 2 % du PIB pour les armées promis par Macron pour 2025 (environ 1,7 % aujourd’hui), on pourrait aller vers 2,5 %, alors que le budget s’élève déjà à 43,9 milliards d’euros, 11,5 milliards de plus qu’en 2017.

Et la Revue insiste sur la nécessité de l’union nationale, « une France unie et résiliente », pour faire supporter la facture et embrigader l’opinion pour la guerre, « promouvoir durablement l’esprit de défense dans la société et l’Etat », avec « la montée en puissance du service national universel » pour la jeunesse.

Les USA et leurs alliés mènent une propagande militariste et guerrière. Ils prétendent défendre la démocratie contre la Chine, « le seul compétiteur qui a l’intention de reformater l’ordre international » (rapport de l’administration US). Biden a rencontré Xi Jinping avant le G20 pour « gérer la compétition » a-t-il prétendu et faire un peu baisser les tensions... avant que la logique de la concurrence les exacerbe à nouveau.

Quelle appréciation avons-nous de cette situation ? Quels moyens nous donnons-nous pour faire entendre sans ambiguïté notre opposition à toute union nationale, à la propagande guerrière ? Pour faire comprendre le lien entre le durcissement de l’exploitation, la faillite du système, la montée du militarisme ? Et pour faire partager que la seule issue pour les classes populaires, pour la paix, le droit des peuples, passe par la lutte de classe et l’internationalisme.

Commencer à répondre à ces questions implique de préserver une indépendance de classe plutôt que de s’adapter à l’opinion des milieux de la gauche populiste associée aux scories de la vieille gauche libérale. LFI comme la NUPES se revendiquent de la souveraineté et de la défense nationale, ayant tous fait leurs preuves à la tête de l’État (Mélenchon ministre pendant la guerre en Afghanistan, PS, PC, EELV...). Le « soutien à la résistance ukrainienne » qui ne voit que l’odieuse agression de Poutine et ignore l’évidence, la responsabilité directe des USA et de l’Otan dans la guerre, leurs objectifs bellicistes, entretient la confusion et mêle nos voix au concert national dominant. Toute politique contre la guerre suppose une totale indépendance vis-à-vis de l’opinion dominante et face à notre propre État et notre propre bourgeoisie.

C’est le sens de la motion 1 que Démocratie révolutionnaire soumet à la discussion et au vote du congrès. Engager le débat sur notre politique face à la guerre, c’est aussi plus largement engager le débat sur la période, nos tâches, actualiser la perspective internationaliste et révolutionnaire dans un manifeste qui définisse ce qui nous rassemble dans le même parti. C’est le sens de notre troisième motion.

 

Devenir la section française de la IV ou « la perspective de la constitution d’une nouvelle internationale » ? Deux orientations en contradiction

Yvan Lemaitre (91- CE-CPN)

Dans leur texte, les camarades de la pf B écrivent au sujet du travail international :« Enfin, afin d’élargir nos débats aux expériences qui ont lieu dans le monde entier, nous avons besoin de fortifier nos liens avec la IVe Internationale, de renforcer et collectiviser notre participation à ses activités, en particulier dans la jeunesse, de nous enrichir de ses débats et élaborations, mais aussi de discuter des formes de ce travail commun, et d’initier un processus de discussion quant à la formalisation de nos relations avec la IV. » En un mot, de rapports privilégiés qui, de fait, existaient depuis le début du NPA, la fraction animée par les membres de la IV voudraient faire du NPA la section française de la IV. D’une certaine façon, comme ils le disent et redisent au sujet de leur volonté de « séparation », ce ne serait qu’entériner une réalité de fait. Sans aucun doute et nous abordons là la question des choix politiques qui ont conduit à la crise actuelle, ce qui renvoie au congrès de la IV et à celui du NPA de 2018. Le premier a souligné avec force la pertinence de la stratégie dite des partis larges qui, de fait, était rentrée en contradiction avec les projet du NPA de rassemblement des anticapitaliste et des révolutionnaires. Le second a mis en place une minorité de direction qui n’a pas dissimulé ses objectifs tant du point de vue de l’orientation que de sa détermination à mener la lutte politique et organisationnelle contre les autres fractions. Le CCR, rattaché à un autre courant issu de la IV, militant pour sa reconstruction, en a été la première cible.

Les camarades appliquent méthodiquement leur plan visant et à « la séparation » et à faire du NPA la section française de la IV. Les deux volets d’une même orientation dont le contenu se résume à la politique dite « de la gauche de combat ».

Il est clair que cette démarche conduit à la liquidation du projet du NPA, si ce n’est du NPA lui-même. Pour mémoire et pour bien des camarades qui n’ont pas participé à la fondation du NPA, il est écrit dans ses principes fondateurs : « Notre parti cherche à se lier à toutes les forces qui, dans le monde entier, luttent avec le même objectif. C’est pourquoi le NPA engagera le dialogue et des collaborations politiques avec les autres forces anticapitalistes et révolutionnaires dans le monde dans la perspective de la constitution d’une nouvelle internationale. »

Le projet actuel de la PfB est en opposition avec l’orientation du NPA à ses origines qui s’était traduite, dans ses débuts, par un réel travail visant à établir ces liens de coopération et d’échange, non sans succès, sans réussir cependant, il ne s’agit pas de se bluffer, à surmonter les divisions et les réflexes sectaires mais néanmoins en engageant un processus qui avait valu au NPA un réel crédit et rayonnement. De toute évidence, Le NPA représentait alors une démarche inédite au sein du mouvement révolutionnaire.

Et c’est cet acquis qu’il faut aujourd’hui défendre !

Le recul provoqué par le départ de la Gauche anticapitaliste a engagé un processus inverse, le repli des camarades de la IV sur eux-mêmes jusqu’à la situation absurde qui domine ce congrès.

Il nous faut préserver la démarche initiale du congrès fondateur. Nos camarades de la PfC écrivent : « Dans ce cadre, écrivent-ils, les liens historiques entre le NPA et la IVème internationale, ex-SU, sont importants. Il s’agit de les renforcer mais au-delà, de renforcer et chercher à établir des liens avec l’ensemble des courants révolutionnaires internationaux, d’accumuler les expériences, les comparer, les confronter, donner corps à la pratique révolutionnaire et à la démocratie ouvrière. » Oui bien sûr, nous devons préserver les liens et la coopération avec la IV, sans exclusive et en toute clarté sur les divergences que nous avons avec son orientation.

Notre travail international ne peut se limiter à l’échange d’expérience et aux coopérations pour insister sur la discussion politique sur la période et nos tâches communes. Cela est vrai sur la question des rapports avec les courants populistes de gauche, voire l’expérience de Podemos en Espagne, la politique des partis larges, et notre propre stratégie de construction d’un parti, la question de l’extrême droite, de l’offensive réactionnaire qui est une des caractéristiques dominantes de la situation et aussi et peut-être surtout la question de la guerre en Ukraine, du militarisme de l’offensive bellicistes des USA et de leurs alliés, de l’Otan. Ces trois points sont l’objet des 3 motions défendus par Démocratie révolutionnaire.

Force est de constater que la position de l’ex-SU, développée par la PfB, est l’objet de divergences importantes. Faire porter la responsabilité de la guerre au seul Poutine et à « l’impérialisme russe », représenter la guerre par procuration que mènent les USA et l’Otan comme une guerre de libération nationale, l’Ukraine comme un pays indépendant alors qu’elle est dominée par les oligarques qui la pillent, Zelensky qui sert ces prédateurs et les grandes puissances impérialistes qui financent et arment son État et son armée, ne participe pas d’une politique de classe internationaliste.

Cette orientation des camarades de la IV reste prisonnière de l’opinion de la gauche dite radicale étroitement dépendante de la Nupes. Elle n’affronte pas l’opinion dominante entretenue par la propagande officielle. Rompre avec ces confusions opportunistes et ce sectarisme sur sa gauche implique pour nos camarades de renouer avec l’indépendance politique vis à vis de la gauche.

 

Fin du mois, fin du monde, la catastrophe écologique élément de la déroute globale du capitalisme qui exige une réponse globale, internationaliste

Bruno Bajou (NPA33) - DR

Dans le cadre de la préparation du congrès, toutes les plateformes soulignent à quel point la question écologique est un enjeu crucial. Un des intertitres de la plateforme B est même « écosocialisme ou barbarie : l’actualité de la révolution ». Cependant, bien souvent, l’écologie est posée comme une question à part, ramenée aux « nouvelles expériences dans la lutte des classes » qu’il faudrait intégrer comme le féminisme et les luttes antiracistes et aussi la justification de la recherche permanente d’unité avec d’autres courants, parfois éloignés de la lutte des classes... Si nous sommes bien évidemment partie prenante de tous ces combats, reste la difficulté, et donc l’enjeu du débat entre nous, à prendre la mesure du tournant de la période. Car la crise écologique n’est pas une dimension secondaire, à part, de la faillite globale du capitalisme dont elle est au contraire une composante essentielle, de par sa dimension mondiale, de par l’ampleur de ses conséquences comme de par les évolutions de conscience, les ruptures que provoque l’incurie des classes dominantes.

L’augmentation du nombre et de l’intensité des catastrophes liées à l’accélération du réchauffement climatique confirme l’importance des enjeux de cette crise, et cela rend d’autant plus insupportable et révoltant le cynisme des chefs d’Etat et des multinationales qui s’étale à l’occasion de la COP27 qui se tient dans l’Egypte du dictateur Sissi.

Comme cela souligne aussi l’hypocrisie de tous les partis politiques institutionnels de la NUPES, d’EELV à la FI, qui cherchent à s’appuyer sur les légitimes inquiétudes et colères que suscite le réchauffement climatique pour recycler les mêmes illusions réformistes sur la possibilité d’y faire face avec un bon gouvernement de gauche. Et le fait que nous côtoyons leurs militants dans les mobilisations ne change rien à l’impasse que représente cette politique qui n’envisage d’issue à la crise écologique que dans le cadre du capitalisme et de ses institutions.

La crise écologique n’est pas déconnectée de la faillite actuelle du capitalisme mondialisé et du contexte de guerre, d’aggravation des rivalités économiques, de montée du militarisme, de spéculation sur les prix des énergies, qu’elle entraîne.

Ce n’est pas un problème à part qui justifierait de discuter en urgence de solutions spécifiques, locales, indépendamment de la lutte des classes. La crise écologique n’échappe pas à la réalité de la guerre sociale que les classes dominantes mènent avec de plus en plus de violence et c’est sur ce terrain que nous devons la poser. C’est ce qui nous différencie des courants de l‘écologie politique même les plus radicaux, qui ne se situant pas sur le terrain des luttes sociales, restent le plus souvent prisonniers d’une critique morale de la société de consommation, du productivisme.

Dans le contexte de crise globale, d’instabilité économique et financière, de guerre économique permanente, de montée du militarisme, de guerre, la question de la crise écologique rejoint la question sociale et politique. C’est un seul et même combat, une même lutte des classes contre la domination des classes exploiteuses, contre la mainmise des multinationales sur toute la vie sociale, contre les Etats qui en servent les intérêts, contre le militarisme conséquence de leurs rivalités.

Parce que la crise écologique est une des manifestations des limites historiques que le développement du capitalisme a atteint, il n’y a pas d’autre issue pour la résoudre que de rompre avec cette logique infernale de la course au profit capitaliste.

Pas d’autres issues que de construire une autre façon de produire et d’échanger, ce qui veut dire changer de mode de production, remettre en cause la propriété capitaliste et la domination des multinationales et pour cela, s’organiser pour la transformation révolutionnaire de la société.

C’est ce qui donne toute sa radicalité à la question écologique. Non pas dans une surenchère de revendications ou de modes d’action qui semble être ce qu’il y a de plus radical dans le mouvement écologiste mais dans le lien que nous faisons entre les causes profondes de la crise écologique et les contradictions du capitalisme qui ont conduit à sa faillite globale.

« Coopérer ou périr » a lancé le secrétaire de l’ONU à la COP27, la première condition pour cette indispensable coopération est de rompre avec l’ordre social actuel, en prenant directement, collectivement, le contrôle de la marche de la société pour imposer d’autres choix sociaux. C’est bien pour cela que seul le monde du travail est à même d’ouvrir cette perspective, comme une réponse globale qui s’inscrit pleinement dans la lutte internationale contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, pour une transformation révolutionnaire de la société. Et pour cela il a besoin de son propre parti, en rupture avec tout forme de recomposition à gauche, d’union avec les partis de la gauche populiste ou les Verts libéraux.

 

3 motions de Démocratie révolutionnaire en soutien et complément de la PfC

Démocratie révolutionnaire

Les camarades du Regroupement des 3-4 octobre, la pfB, semblent s’enfermer dans leur fuite en avant scissionniste. Ils l’écrivent et le disent et redisent dans les AG, « il faut se séparer » ! Ils prétendent donner des leçons d’ouverture et de travail de masse, en réalité ils se comportent en fraction sectaire contre leurs propres camarades de parti et opportuniste qui croit avoir trouvé la pierre philosophale, « une gauche de combat », la politique unitaire…

Ils savent que leur politique est vouée à l’échec. Mais, plutôt que de s’atteler à élaborer collectivement une politique confiante en nos idées, dans le marxisme, dans la révolte qui couve au sein du monde du travail, de la jeunesse, dans les luttes de femmes, ils cherchent un cadre auquel se raccrocher, LFI, la NUPES, la politique inaugurée par Philippe avec Bordeaux en lutte lors des municipales de 2020.

Cette crise majeure de notre organisation menacée d’éclatement après que le CCR a été poussé à la scission et que l’ancienne majorité a rompu avec LO participe de celle du mouvement révolutionnaire qui ne cesse de se balkaniser, conséquence de nos difficultés à formuler une stratégie, un programme, une politique qui répondent aux besoins de la nouvelle période, prisonnier de notre passé, des références à un trotskysme hors de l’histoire. Le capitalisme plonge l’humanité dans une régression généralisée et les révolutionnaires poursuivent inlassablement leur travail d’autodestruction.

Mettre en échec cette fuite en avant nous impose de nous rassembler, nous unir tout en menant la discussion que nous ne pouvons plus repousser sur la période et les tâches seule voie pour sortir de cette logique mortifère.

La première grande question à laquelle nous sommes confrontés est celle de la guerre, notre première motion : « Contre la folie guerrière de Poutine, contre les USA et l’Otan, fauteurs de guerre, pour une paix démocratique respectant le droit des peuples, solidarité internationaliste des travailleurs. »

La dénonciation de l’agression réactionnaire et barbare de Poutine doit s’accompagner d’une dénonciation de la politique des USA et de leurs alliés, l’Otan, dont l’État français, qui mènent une guerre par procuration contre la Russie avec en ligne de mire la Chine. Nous ne pouvons laisser le moindre doute sur notre opposition à la propagande belliciste qui façonne l’opinion à la militarisation du monde, aux objectifs militaires des USA et de l’Otan. La lutte pour le droit des nations à disposer d’elles-mêmes dépend de la capacité des exploités à s’unir par-delà les frontières. La dénonciation de la guerre se combine avec la dénonciation de l’offensive des classes dominantes, la régression sociale, l’inflation, la menace de récession comme de la catastrophe écologique. La faillite du capitalisme ne peut connaître d’autre issue progressiste que l’intervention directe des travailleurs et des peuples pour la paix, la démocratie, les droits sociaux.

Cette question rejoint celle de la lutte contre l’extrême droite et la montée des idées réactionnaires, notre deuxième motion : « La lutte contre l’extrême-droite, partie intégrante de la lutte contre l’offensive d’un capitalisme en décomposition, une lutte globale »

Cette lutte ne peut se réduire à des proclamations antifascistes, antiracistes ou à la recherche d’un introuvable front unique. Elle s’inscrit dans la lutte de classe pour armer les consciences, porter et populariser un programme qui s’adresse aux plus larges masses, prolétariennes, populaires y compris à la petite bourgeoise écrasée par l’offensive capitaliste. L’offensive réactionnaire est le complément de l’offensive économique et sociale. Y répondre participe d’un même mouvement social et politique, une bataille de masse pour rendre crédibles les mesures d’urgence qu’exige la situation, un programme de transition pour imposer le contrôle des travailleurs vers la conquête de la démocratie, du pouvoir vers le socialisme.

Une telle orientation pour répondre à la déroute du capitalisme financiarisé mondialisé qui exacerbe les tensions entre les classes et les nations, pose la question de la construction d’un parti pour la conquête du pouvoir par les travailleurs eux-mêmes et de la place du NPA dans ce combat. C’est l’objet de notre troisième motion : Refonder le NPA, faire vivre la démocratie, reconstruire le lien programme et stratégie révolutionnaires pour oeuvrer à notre unité

Sur ce chemin, il n’y a pas de raccourci. Le populisme de gauche de LFI, le nouveau réformisme axe du regroupement de la vieille gauche intégrée au libéralisme, la Nupes, est une impasse. Il n’y a pas de place pour le réformisme à l’heure du capitalisme financiarisé mondialisé. Les rapports de classes se tendent à l’extrême, la politique « pour une gauche de combat » est une impasse. L’heure est à la construction d’un parti de classe qui ouvre une perspective à celles et ceux qui ont rompu ou rompent avec la gauche, les jeunes qui s’engagent en politique, les luttes des femmes, le combat des migrants, un parti internationaliste s’inscrivant dans une stratégie révolutionnaire.

Le NPA doit prendre toute sa place dans ce combat. Pour cela il faut le refonder. Le rassemblement autour de la PfC est une étape vers la constitution d’une nouvelle direction empêchant la liquidation du NPA pour mettre en œuvre une orientation révolutionnaire combinée à des pratiques démocratiques. Une étape aussi, comme cela est écrit dans le texte de la PfC, vers l’élaboration d’un manifeste qui définisse ce qui nous regroupe et fonde notre parti, composante ouverte et unitaire de l’ensemble du mouvement révolutionnaire.

 

« Centralisme démocratique » ou démocratie, vivante, révolutionnaire ?

Galia Trépère 91, CPN, DR

La PFB justifie son offensive contre les fractions par le respect du « centralisme démocratique », une formule de contenu très variable qui mériterait précisions et redéfinitions au regard des significations que lui a données l’histoire. Bien sûr en y faisant référence, les camarades ne pensent pas à la monstrueuse caricature qu’en ont faite les partis staliniens. Bien évidemment. Cependant le mouvement trotskyste lui-même, bien que né de la lutte contre ces caricatures, n’a pas échappé à ces pratiques d’exclusion au nom du centralisme démocratique. On le voit, la notion mériterait d’être revisitée et questionnée plutôt que d’être ainsi reprise comme une évidence qui plus est pour une fois encore limiter… la démocratie !

La B propose « de discuter de mesures d’urgence visant à rétablir un fonctionnement fondé sur le centralisme démocratique ». En réalité des mesures qui conduiraient à la liquidation du droit de fraction. Elles définissent un tout autre parti que ce qu’était le NPA à sa fondation. Ainsi cette règle « le tract hebdo est l’éditorial utilisé par défaut pour tous les bulletins diffusés par les comités, sur lesquels les seules coordonnées de contact sont celles du NPA. Il peut être ajusté à la marge localement, le verso permet de diffuser des informations locales ou adaptées au lieu de distribution. »

Cette injonction va à l’encontre d’un des points essentiels de nos statuts : « Le comité est l’organisme de base du NPA ». « Le comité gère librement ses activités dans le cadre des orientations nationales et locales fixées par les congrès. Il dispose d’une autonomie d’adaptation de ces orientations aux réalités locales. »

Un des acquis du NPA est justement d’avoir rompu avec ces pratiques bien peu démocratiques de la plupart des courants révolutionnaires. Notre courant Démocratie révolutionnaire les a bien connues dans Lutte ouvrière quand nous en avons été exclus en mars 1997 parce que nous étions en désaccord avec le repli sectaire de LO dont la direction avait choisi d’abandonner une politique de mise en œuvre de l’appel à la construction d’un parti des travailleurs lancée par Arlette Laguiller au soir du premier tour de l’élection présidentielle en avril 95.

Nous écrivions alors : « Notre exclusion et la façon dont elle s’est déroulée, qui révèlent l’incapacité de la direction à créer les conditions d’une discussion large et ouverte exprime des problèmes politiques plus généraux. Le formalisme organisationnel est le pendant d’un formalisme politique. Il y a ce que l’on dit et ce que l’on fait, tout est vidé de contenu réel, le centralisme démocratique comme notre programme. Cela s’exprime dans les diverses façons de présenter le plan d’urgence, plan à géométrie variable, ou l’appel au parti d’Arlette, objectif politique, militant immédiat ou simple appel propagandiste… »[1]

Dix ans plus tard, ce fut le tour de nos camarades de L’Etincelle.

Nous nous sommes pleinement engagés dans la majorité de la LCR qui a lancé le projet du NPA, dans la continuité de notre rupture avec les pratiques de LO, pour engager un processus démocratique d’unité des anticapitalistes et révolutionnaires. Nous n’avons nullement l’intention de revenir en arrière !

La majorité accuse les fractions et les somme de se dissoudre en faisant comme si elle n’était pas elle-même une fraction, qui mène la politique de la IV des « partis larges », mettant l’ensemble des camarades au pied du mur de ses décisions unilatérales comme Philippe l’a fait à Bordeaux et en Nouvelle Aquitaine, en particulier lors des régionales, puis la direction en Occitanie ou en appelant à voter pour les candidats de la NUPES aux législatives y compris contre des candidat.es du NPA désigné.es unanimement par leur fédé.

C’est cette politique qui tend les relations, renforce les divisons.

Sans doute, l’existence de fractions pérennes voire concurrentes représente-t-elle une limite à une élaboration et une politique de construction collectives mais la responsabilité en incombe en premier lieu à la majorité qui veut bannir la gauche du parti et est incapable d’organiser le débat démocratique nécessaire pour appréhender les coordonnées de la nouvelle période. Elle voudrait tourner ainsi la page des années durant lesquelles la direction du NPA avait le souci d’associer et de dépasser les divisions. A l’opposé, l’enjeu de ce congrès est de relancer cette dynamique démocratique ce qui veut dire, vue la profondeur de notre crise, d’engager un processus de refondation du NPA. Il est difficile d’imaginer comment cela pourrait se faire sans un large débat, à l’image de celui qui avait prévalu lors de la fondation du NPA, un large débat entre tou.tes ses militant.es et ouvert vers l’extérieur, vers les autres organisations révolutionnaires telles que LO et les CCR, un débat pour définir les bases politiques, la compréhension de la période et des tâches qui nous réunissent.

Au lieu de vieilles formules et de règlements administratifs, parions sur la confiance et la solidarité que créent l’engagement commun pour les idées de la révolution et une démocratie vivifiante. Un parti, bien plus qu’une démocratie formelle, c’est avant tout une compréhension commune de la période et des tâches.

 

[1] http://vdt.npa-dr.org/brochures/pagebroch.html - Fausses raisons d’une exclusion, vraies raisons d’une rupture. Nos perspectives – mars 1997.

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