Notre courant, Démocratie révolutionnaire, soutient la plateforme « Actualité et urgence de la révolution », constituée par L’Etincelle et AetR, avec laquelle nous nous retrouvons sur la défense du NPA, d’un fonctionnement démocratique et sur deux points essentiels : la nécessité de rompre avec la politique d’alliance avec la Nupes pour engager une politique visant à l’unité des révolutionnaires. L’état de nos discussions et de nos relations n’ont malheureusement pas permis de construire une plate-forme commune. Nous le regrettons. Mais le congrès est le cadre tout désigné de ces discussions indépendamment et par-delà les plateformes.
C’est pourquoi nous avons choisi de participer à ce débat, sans constituer de plateforme, en soumettant à la discussion et au vote des AG préparatoires au congrès 3 motions qui pointent des thèmes qui sont au cœur de la discussion sur la période et nos tâches :
- Contre la folie guerrière de Poutine, contre les USA et l’Otan, fauteurs de guerre, pour une paix démocratique respectant le droit des peuples, solidarité internationaliste des travailleur.ses
- La lutte contre l’extrême-droite, partie intégrante de la lutte contre l’offensive d’un capitalisme en décomposition, une lutte globale
- Faire vivre la démocratie, refonder le NPA, reconstruire le lien programme et stratégie révolutionnaires pour œuvrer à notre unité
Nous militons pour qu’à l’issue du congrès puisse se constituer une nouvelle direction sur la base d’une orientation d’indépendance à l’égard du nouveau populisme de gauche, réformiste de la Nupes et soucieuse du respect du droit de tendance et de fraction, capable d’associer, ainsi que de respecter le droit à l’expérimentation. Le réarmement du NPA sera l’œuvre de ses militant.es.
Galia (91), Henri (65), Isabelle (33), Laurent (33), Yvan (91), membres du CPN
Motion 1 : contre la folie guerrière de poutine, contre les USA et l’Otan, fauteurs de guerre, pour une paix démocratique respectant le droit des peuples, solidarité internationaliste des travailleurs
La folle escalade guerrière de Poutine combinée à celle des vieilles puissances impérialistes regroupées dans l’Otan sous la houlette des USA constitue une dramatique illustration des tendances à l’œuvre dans le capitalisme financiarisé mondialisé.
Nous sommes confrontés à une situation inédite produit du développement du capitalisme qui atteint ses limites historiques. Devenu pléthorique, le capital étouffe sous son propre poids, ne trouvant plus les moyens de satisfaire sa boulimie de profits. L’exploitation du travail humain ne produit plus assez de plus-value au regard des investissements qu’elle exige, le marché se rétrécit tandis que la masse de capitaux explose à travers l’intervention des États et des banques centrales. Les gains de productivité ne répondent plus aux besoins du capital qui n’a d’autre choix que d’extorquer toujours plus de plus-value absolue par la surexploitation, la violence, le pillage, une concurrence généralisée, le militarisme et la guerre.
L’ère de l’impérialisme décrite par Lénine, il y a plus de cent ans, est révolue. Le capitalisme n’est plus en mesure de répondre à sa crise d’accumulation, de valorisation et de reproduction du capital par une politique d’expansion géographique, de conquête militaire de nouveaux territoires et de nouveaux marchés. Il a globalisé la concurrence, il est à bout de souffle, de plus en plus parasitaire et prédateur, destructeur, générateur d’un état de guerre permanent.
Si la Chine et les pays dits émergents intégrés au marché mondial lui ont permis de trouver un nouveau souffle en lui fournissant des millions d’esclave salariés jusqu’à la crise de 2008-2009, aujourd’hui ces puissances contestent l’hégémonie américaine. Elles remettent en question le monde unipolaire que voudraient perpétuer les USA -America great again- en associant leurs alliés à leur offensive dans le cadre de l’Otan qui constitue ainsi le principal facteur de guerre.
La concurrence entre les capitaux se joue de plus en plus sur le terrain militaire soit directement par la guerre soit par la montée du militarisme, la course aux armements comme instrument dans la compétition économique, une compétition acharnée pour augmenter les profits à laquelle le monde du travail, les classes populaires, les peuples paient un tribut de plus en plus lourd. Le droit des nations est bafoué par ceux-là mêmes qui prétendent le défendre pour justifier leur militarisme.
Dans leur monde capitaliste, tout obéit à la logique des rapports de force, de domination. Le vernis démocratique que les puissances les plus riches essaient de donner à leur propre politique pour imposer leur domination est une illusion, un masque derrière lequel se cache la violence réactionnaire du dollar et de l’armée, de Wall street et du Pentagone.
Et c’est bien en obéissant à la logique de ces rapports mafieux qui régissent les rapports entre les États qu’a agi Biden, poussant la Russie à la faute sans jamais lui offrir la moindre porte de sortie, au risque d’une folle escalade militaire en instrumentalisant le nationalisme ukrainien et les ambitions de Zelensky contre l’hystérie guerrière grand russe. Il a, en toute conscience, mené un bras de fer diplomatico-militaire pour « mettre la Russie à genoux ». C’est le même scénario qui est en train de se dérouler autour de la question du statut de Taïwan contre la Chine.
Les travailleurs, les peuples n’ont d’autres moyens pour contrecarrer cette terrible logique, la menace de guerre nucléaire, dont personne n’a la maîtrise ni le contrôle, qu’une politique de classe totalement indépendante de toute défense de « l’État national », de tout nationalisme, chauvinisme, xénophobie et fondée sur la solidarité, la fraternisation des peuples, leur coopération. Nous combattons toute union nationale.
Notre tâche est de développer dans le monde du travail et la jeunesse la compréhension du lien inextricable entre la guerre et l’exploitation, entre le militarisme et l’inflation, entre le capital, la guerre économique et la crise écologique. Se battre contre la vie chère et la guerre est un même combat de classe qui pose la question de la conquête du pouvoir, de la démocratie par et pour les exploité.es en vue de la réorganisation socialiste de l’économie fondée sur la coopération des peuples.
Nous dénonçons la propagande belliciste qui voudrait façonner l’opinion à l’idéologie et aux objectifs militaires des USA et de l’Otan avec en ligne de mire la Chine. Nous lions la lutte pour le droit des nations à disposer d’elles-mêmes à la lutte des travailleur.ses contre la guerre par-delà les frontières, pour le socialisme, le communisme.
Motion 2 : la lutte contre l’extrême-droite, partie intégrante de la lutte contre l’offensive d’un capitalisme en décomposition, une lutte globale
La montée des idées réactionnaires a deux origines essentielles : la décomposition du capitalisme et un effondrement des partis de gauche, qui ont participé pleinement à l’offensive libérale de ces dernières années.
Le capitalisme est hors de contrôle, pris entre l’inflation et la dette qui explose avec l’augmentation des taux d’intérêts. Qu’importent la récession et le chômage, la bourgeoisie se prépare à frapper dur pour tenter de sauver ses profits, son système, contre les classes populaires, y compris les couches petites bourgeoises perdantes de la mondialisation.
Partout, cette offensive économique et sociale des classes dominantes s’accompagne d’une offensive idéologique réactionnaire contre les acquis démocratiques qui leur ont été imposés en instrumentalisant les inquiétudes et les peurs d’une fraction des classes populaires et du monde du travail désarmés, sans perspective.
Ici, anticipant le développement de la lutte de classe, toutes les forces de droite se disputent le terrain, de Le Pen à Macron en passant par Ciotti, Darmanin et autres. Ils se nourrissent d’une idéologie de classe qui ne connaît pas les barrières entre droite, droite extrême et extrême droite.
Le RN n’est pas un parti « à part », « hors système ». L’extrême-droite est un courant profondément ancré dans l’histoire de la bourgeoisie, de son appareil d’État et de son armée. Il prospère aujourd’hui sur la décomposition du capitalisme, la paupérisation des classes populaires, le déclassement des classes moyennes et les peurs, les frustrations, les préjugés nationalistes, chauvins, xénophobes instrumentalisés par les classes dominantes et leurs serviteurs.
Face à cette offensive réactionnaire, il est illusoire de combattre l’extrême-droite par des appels incantatoires à « l’unité », au nom du front unique alors que les partis de gauche portent une lourde responsabilité dans sa montée, ou par des proclamations antifascistes, des dénonciations morales, sans une politique pour intervenir dans les luttes de classes réelles, combattant les idées réactionnaires en même temps que le système qui les engendre. Et sans une rupture de fond avec la gauche « populiste » de Mélenchon qui défend la patrie, la République, ses institutions, son État, son armée et sa police.
La politique des appels unitaires est piégée par la défense des « valeurs de la République » de cette gauche moulée dans les institutions, comme ils le sont par la politique de défense de la « République » et du « dialogue social » des directions syndicales.
Alors que l’extrême droite fait son fonds de commerce de « la défense de notre mode de vie » menacé par les étrangers ou que Macron déclare qu’il va falloir « payer le prix de la liberté », nous défendons fermement les idées internationalistes en combattant l’égoïsme national sous toutes ses formes.
Nous ne combattrons pas l’extrême-droite, comme les profonds reculs sociaux en cours, sans une politique pour intervenir politiquement dans les luttes de classes réelles, combattant les idées réactionnaires en même temps que le système qui les engendre.
C’est sur ce terrain que nous pouvons construire un rapport de force, ce qui signifie gagner les masses, en particulier la fraction du monde du travail qui vote RN, à leurs propres intérêts, en formulant des réponses face à l’offensive capitaliste actuelle.
La place de tous les antifascistes que nous sommes est au cœur des luttes et mobilisations du monde du travail, des femmes, de la jeunesse pour œuvrer à rassembler les exploité.es autour d’un programme de contestation sociale qui ouvre une perspective progressiste à toutes les victimes de la faillite des classes capitalistes, la perspective de la conquête du pouvoir la prise en main de la société pour en finir avec le capitalisme prédateur et destructeur. Élaborer, formuler, populariser, rendre crédible ce programme doit être au centre de nos préoccupations, de notre activité.
Motion 3 : refonder le NPA, faire vivre la démocratie, reconstruire le lien programme et stratégie révolutionnaires pour œuvrer à notre unité
Face à l’essor international des luttes de classes en réponse à l’offensive tous azimuts des classes dominantes, face à l’impasse de la gauche réformiste et populiste ainsi qu’aux divisions du mouvement révolutionnaire, le congrès a pour enjeux de préserver le NPA, son projet de rassemblement des anticapitalistes et révolutionnaires, de nous donner les moyens de le renforcer, de lui donner une nouvelle dynamique. Il en est de l’intérêt de toutes et tous.
La fuite en avant de l’ancienne majorité qui prétend mettre au pas les tendances et fractions sous la menace d’une scission ne peut être que préjudiciable à l’ensemble du NPA, y compris aux camarades qui se reconnaissent dans l’orientation politique de cette dernière, préjudiciable à l’ensemble du mouvement.
Nous avons certes besoin de libérer notre fonctionnement du parlementarisme de fraction qui paralyse pour créer des relations vivantes, militantes, dynamiques, rétablir des relations de confiance. Militer ensemble, surmonter les habitudes des uns et des autres liées à nos histoires différentes, accepter nos divergences tactiques est un défi pour nous toutes et tous.
Tentative de surmonter ces difficultés, le NPA est un acquis auquel nous sommes toutes et tous attaché.es. Faire fructifier cet acquis est d’abord et avant tout une question d’orientation comme le sont les questions organisationnelles et de fonctionnement. Mettre en œuvre une politique de construction, c’est comprendre qu’il n’y a pas de raccourci sur le chemin de la construction d’un parti révolutionnaire des travailleur.ses.
C’est bien pourquoi surmonter la crise du NPA, c’est trancher la discussion entre deux orientations.
La dérive sectaire à l’égard de sa gauche, opportuniste vis-à-vis de sa droite, de l’ex-majorité a franchi une étape lors des municipales sur Bordeaux avec l’accord entre Philippe Poutou et LFI, puis aux régionales en Nouvelle Aquitaine et en Occitanie sans réel débat démocratique préalable. La campagne présidentielle, même si nous étions toutes et tous favorables à une candidature du NPA mise à part une minorité de la majorité, a eu pour orientation la construction d’une « gauche de combat », positionnant le NPA comme aile anticapitaliste de ce qui allait devenir la Nupes. L’appel à voter Nupes aux législatives a renforcé cette évolution y compris sur le plan organisationnel. La politique de scission mise en œuvre sur Bordeaux et en Aquitaine est devenu la politique nationale de l’ex-majorité.
Il aurait été possible d’enrayer cette évolution il y a deux ans, en mettant en œuvre la décision quasi unanime du CPN de juillet 2020 de s’atteler à la tâche d’élaborer un document programmatique qui définisse le NPA et ce qui nous rassemble. L’ex-majorité n’en a pas voulu. Cela demeure la seule méthode pour dépasser nos divisions et nous rassembler démocratiquement dans un cadre commun. Nous avons besoin, après des années de recul et de division, de reconstruire le lien entre stratégie révolutionnaire et programme révolutionnaire plutôt que nous opposer sur des questions tactiques du fait de notre incapacité à y parvenir.
LFI, la Nupes, constituent une machine électorale, parlementaire et à vocation gouvernementale cimentée sous la houlette de Mélenchon par les seuls intérêts des appareils de gauche qui s’y regroupent. C’est bien cette politique qui constitue un « obstacle » à la construction d’un parti pour l’émancipation et non le NPA.
Plus que jamais du fait de l’évolution du capitalisme financiarisé mondialisé, le réformisme fût-il relooké par les influences populistes n’a aucun avenir.
Une nouvelle génération militante émerge. Nous devons lui offrir un cadre ouvert et démocratique pour s’éduquer et agir, un cadre rompant avec le sectarisme, unitaire vis à vis du mouvement révolutionnaire pour œuvrer à la construction d’un front des révolutionnaires en mesure d’influencer le cours des choses, de donner force à leurs aspirations.
L’indépendance de classe vis à vis des réformistes, des appareils parlementaires et syndicaux en est la condition comme elle est la condition pour mettre en œuvre une orientation politique réconciliant stratégie et programme révolutionnaire.
En conclusion des orientations qui se définiront à travers nos discussions et décisions, les différents courants constitués à l’issue du congrès devront décider en toute transparence de leurs relations et du fonctionnement de la direction et de l’ensemble du NPA afin de mettre en œuvre une orientation et une direction soucieuse d’associer l’ensemble du NPA à sa construction, d’un faire un cadre militant ouvert et dynamique capable d’accueillir celles et ceux qui regardent vers nous.
C’est le défi que nous devons relever.