Samedi, pour la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, Macron, accompagné de Trump, le milliardaire ami des milliardaires, Musk, Zelensky et autres chefs d’Etat, a cru s’élever jusqu’au ciel ou au moins faire un miracle, réaliser autour de sa personne l’unité nationale au nom de la religion et de l’occident chrétien en guerre. Ce miracle bien éphémère relayé par les médias aux ordres, obséquieux, sous la protection de la police, n’a pas accouché d’un premier ministre. Ce ne fut qu’une cérémonie d’union entre l’Église et le pouvoir, un grand spectacle avec les grandes orgues pour subjuguer et dominer l’opinion, la soumettre à la folie qui s’empare des grandes puissances et de leurs dirigeants en guerre pour sauvegarder leurs profits, leur hégémonie mondiale. Zelensky, chef de guerre en Ukraine pour le compte des USA et de l’Otan, a été ovationné par tous les dirigeants du monde occidental.
Ces apôtres de « la paix par la force » selon la formule de Trump, c’est-à-dire par la guerre, la paix pour justifier leurs guerres, poursuivent leur guerre de classe ouverte contre les travailleurs, les migrants, les droits sociaux et démocratiques complément de leur guerre tout court contre les peuples, au Moyen-Orient et dans l’est de l’Europe.
L’effondrement en Syrie de la dictature sanglante, haïe, de Bachar Al-Assad, soutenue par Poutine, sous les coups de djihadistes, intégristes religieux que ces mêmes grandes puissances prétendaient combattre tout en s’apposant à la révolte des peuples du printemps arabe de 2011, participe de ce chaos capitaliste mondialisé. Il suscite un profond sentiment de libération et des espoirs dont rien ne laisse penser que ceux qui organisent la transition de pouvoir puissent y répondre. Les puissances locales comme la Turquie ou Israël restent les maîtres du jeu avec les USA et un régime respectueux des droits démocratiques et sociaux des classes populaires ne pourrait naître que d’un renouveau printemps arabe écrasé dans le sang par Assad et les intégristes religieux.
Macron manœuvre pour rester au pouvoir et ouvre la porte à Le Pen
Par cette démonstration d’unité des dirigeants des puissances occidentales, Macron espère renforcer sa position pour reprendre la main dans la bataille qu’il mène, ici, dans le marais parlementaire et ses luttes de pouvoir.
Jeudi dernier, le lendemain même de la chute de Barnier, de retour d’Arabie Saoudite où il avait négocié de juteux contrats pour EDF, Total-Energies, Véolia, Dassault et CMA-CGM, Macron avait commencé son show pour sortir de la crise politique qu’il a lui-même provoquée dans une allocution télévisée diffusée par toutes les chaînes d’information. Espérant s’élever au-dessus des rivalités parlementaires, il a attaqué « les extrêmes » et condamné le vote par les députés du RN de la motion de censure déposée par LFI suite au 49.3 du gouvernement, le choix du « désordre, qui est le seul projet qui les unit à l’extrême gauche [LFI] ». Comme ceux du NFP, avait-il accusé, « ils ne pensent qu’à une seule chose, à l’élection présidentielle. » Lui bien sûr ne veut que le bonheur du peuple…
L’hypothétique gouvernement à venir aura pour seule tâche de servir les classes possédantes en poursuivant la casse des services publics, Santé, Education, comme la protection sociale.
Président des multinationales et des riches, il ne veut pas leur faire payer « plus d’impôts », et défend un programme sécuritaire, contre le « laxisme face au narcotrafic », et militariste et guerrier. « Au moment où les guerres en Europe et au Moyen-Orient nous déstabilisent », le futur gouvernement devra « continuer de préparer nos armées mais aussi toute la société, et agir pour la paix. Avoir une France plus forte dans une Europe plus forte, plus indépendante et prête peut-être à de nouveaux conflits... ».
Face à la guerre de classe du futur gouvernement et des groupes capitalistes...
Mercredi dernier, le Crédit commercial de France, qui a été racheté par le fonds américain Cerberus en 2023, a rendu public un plan de restructuration prévoyant, d’ici à 2026, 1400 licenciements. Pas une semaine ne se passe sans que soient annoncés de tels plans. A cette vague de licenciements dans les grands groupes capitalistes s’ajoutent les faillites de dizaines de milliers de petites entreprises, comme aussi les suppressions de dizaines de milliers d’emplois dans l’Économie sociale et solidaire, conséquences de la réduction du budget des collectivités territoriales.
Le patron du Medef, Patrick Martin, ne cesse de le répéter, il y aurait trop d’impôts qui pèsent sur les entreprises -alors qu’ils n’ont pas cessé de baisser ces dernières années. Il avait évalué récemment à 300 000 le nombre de travailleurs menacés par des licenciements par suite des infimes diminutions des exonérations d’impôts prévues par Barnier avant sa chute. Et préconisé une « TVA sociale », l’augmentation du plus injuste des impôts, impôt indirect à la consommation qui pèse de la même façon sur un milliardaire ou un smicard, pour financer les dépenses sociales.
Par rapport à la « baisse à 20 % du taux d’impôt sur les sociétés » annoncées par Trump, l’écart va se creuser avec les Etats-Unis, avertissait-il, pour se plaindre de cette concurrence et surtout demander que l’État imite ce qui devient un modèle international.
Alors que la croissance industrielle est en berne, limitée par la baisse de la consommation et l’exacerbation de la concurrence, le protectionnisme, les groupes capitalistes ne peuvent pas se passer de la perfusion permanente d’argent public pour assurer leurs profits tandis que les marchés financiers exigent l’austérité, la baisse des dépenses publiques pour réduire le déficit et ainsi assurer les rentes qu’ils tirent de la dette française.
Le milliard de dividendes versés par Decathlon à la famille Mulliez qui en est propriétaire quelques jours après l’annonce de 2400 licenciements dans les supermarchés Auchan qui lui appartiennent aussi tout comme Kiabi, Boulanger, Leroy-Merlin, résume le cynisme des parasites qui dirigent l’économie dans le seul but du profit. Et d’après les statistiques publiées par ATTAC, les 46 milliardaires français posséderaient 576,5 milliards, que quoi combler le déficit budgétaire !
… les travailleurs ont toutes les raisons de postuler à gouverner
Quel nouveau Premier ministre Macron tirera de son chapeau et de ses tractations avec les forces de de « l’arc républicain », macronistes, droite et une partie du PS qui tourne déjà le dos à LFI, ou bien gouvernement encore plus à droite sur la ligne de Retailleau, « l’ordre, la reconnaissance du mérite et du travail », politique violemment sécuritaire et anti-immigrés, personne ne le sait, pas plus Macron que les postulants. Mais quel que soit le gouvernement à venir et dans quels délais il viendra, il se pliera aux impératifs exigés par le Capital et mènera une politique encore plus austéritaire, répressive, réactionnaire et belliciste, préparant le terrain, d’une façon ou d’une autre, à la venue au pouvoir du RN.
Le Pen attend son heure, une élection présidentielle anticipée par la démission de Macron du moins si elle n’est pas déclarée inéligible par les tribunaux. En votant la motion de censure du NFP, elle pense prendre l’ascendant sur son rival Mélenchon, bien en mal de lui opposer une alternative radicale capable d’entraîner les travailleurs et les classes populaires tellement il est prisonnier du jeu parlementaire et du système qu’il prétend changer.
Le monde du travail a raison de rejeter cette mascarade politicienne et les partis parlementaires dominés par les ambitions personnelles et leurs intérêts d’appareil. Il n’a rien à en attendre si ce n’est des reniements et des mauvais coups. Le NFP ne se dit-il pas prêt à gouverner avec Macron que tout le monde déteste et à négocier un gouvernement avec la droite !
Pour les travailleurs, confrontés au chômage, à la précarité, à la baisse du niveau de vie, à la misère, il n’y a et il n’y aura pas de « sauveur suprême ».
Leur système est condamné, les travailleurs ont la force, parce qu’ils ont un rôle irremplaçable dans la production et la vie sociale, de s’opposer à la régression sociale. Ils ont les moyens d’imposer leurs exigences et de mettre en place un pouvoir démocratique représentant et défendant les intérêts de la collectivité, une assemblée et un gouvernement des travailleurs sous le contrôle de la population, des ministres révocables.
Il n’y a pas d’autre alternative à la fuite en avant destructrice des capitalistes pour sauver leur domination et leurs profits quoi qu’il en coûte.
Les journées de grève et de manifestation à venir sont autant de moments pour nous regrouper, discuter de notre avenir, de celui de la société, pour construire notre solidarité et notre unité fondées sur la conscience de nos intérêts communs par-delà les différences de statut, d’origine, de croyance, contre la minorité richissime et parasitaire qui exploite et opprime toute la population, contre le chaos de la régression sociale, de la haine xénophobe et raciste, de la guerre.
Galia Trépère