Juillet 2016
A l’issue du mouvement contre la loi travail notre tâche essentielle est d’aider à l’approfondissement des évolutions de conscience en formulant une politique de classe en rupture tant avec le dialogue social qu’avec son corollaire, le débouché politique institutionnel, parlementaire et présidentiel.
Une telle rupture va bien au-delà de la simple indépendance du PS. Elle signifie élaborer une stratégie révolutionnaire, internationaliste, donner à cette dernière crédibilité.
Il ne s’agit pas d’affirmer sa foi révolutionnaire pour condamner tout ce qui ne l’est pas !
Il s’agit de montrer concrètement les possibilités révolutionnaires qui naissent des contradictions du capitalisme, de son évolution, de la politique des classes dominantes, de leurs Etats et des forces politiques bourgeoises. En quoi le monde d’aujourd’hui est gros d’une révolution, en quoi le socialisme et le communisme écrivent l’avenir de l’humanité ? En quoi la classe ouvrière en est la force motrice ?
De ce point de vue un triple constat s’impose : le NPA a été incapable de se saisir de cette discussion, il n’offre aujourd’hui ni le cadre politique ni le cadre militant répondant aux besoins du moment à la fois parce que sa politique est confuse et, que, en corollaire, son fonctionnement n’est ni efficace ni accueillant pour de nouveaux militants.
Il y a urgence à prendre à bras le corps l’ensemble de ces questions pour être en mesure d’y répondre, nous donner les moyens de développer les acquis du mouvement tout en menant la campagne présidentielle, enrayer le processus d’implosion du NPA.
Les questions d’orientation et de stratégie
Le point de départ est la rupture avec les conceptions du « parti large » défendue par les camarades de la majorité de la IV qui a conduit à la crise du NPA, la scission de la GA d’abord, ensuite la crise chronique qui se poursuit.
Au-delà des justifications ou des critiques, des bilans d’échec, les conditions politiques qui ont conduit à cette politique sont aujourd’hui dépassées.
Il est évident que la situation actuelle est radicalement différente de celle du lendemain de la chute du Mur et de la fin de l’URSS en 1991. Même pour celles et ceux qui défendaient cette orientation il n’est plus possible de la reproduire sans la moindre critique ni correction.
Ceci étant dit, la critique de cette orientation ne règle rien. Force est de constater qu'aucune des tendances tant françaises qu'internationales n'a réussi à l'issue de la période qui va de l’effondrement de l’URSS à la crise de 2008-2009 à franchir un seuil significatif.
Si nous prenons l'exemple de la France, il nous est impossible de ne pas nous interroger sur les raisons pour lesquelles l'extrême gauche n'y est pas parvenue alors qu’en 1995 Arlette Laguiller réalisait plus de 5% des voix à l’élection présidentielle, puis en 2002 AL et OB réalisaient ensemble plus de 10%, des voix. Pour au final que Nathalie Arthaud et Philippe Poutou fassent, ensemble, moins de 2% des voix en 2012.
Comment expliquer que Lutte ouvrière et la LCR aient obtenu, en 1999, 5 députés au Parlement européen sans en faire quoi que ce soit.
Dire, ce sont les rapports de force, les conditions objectives serait un mensonge à nous-mêmes. Les directions ont une lourde responsabilité dans cet échec. Aucune n’a été à même de formuler une perspective capable d’unifier le mouvement révolutionnaire. Ceux qui s’y sont attelés comme le courant exclu de LO en 97, Voix des travailleurs, étaient par trop minoritaires pour pouvoir y parvenir.
Le NPA a été une tentative de réponses à cet échec dans un contexte nouveau mais deux grandes différences d’appréciation s’opposaient. L’une restait marquée par les idées de la recomposition à la gauche de la gauche, les partis larges, l’autre par l’unité des révolutionnaires pour résumer. Seule une direction ayant une cohérence de vision stratégique aurait pu permettre de dépasser ces contradictions à travers une politique démocratique acceptant les expérimentations, les courants et tendances, pour dégager collectivement les bilans et enseignements, rassembler et convaincre, éduquer.
Les effets désorganisateurs des ambiguïtés stratégiques
L’absence d’une telle direction a conduit à l’échec de ce processus de construction d'un parti pour la transformation révolutionnaire de la société.
L’absence de stratégie a conduit aux « problèmes de fonctionnement ». L’incapacité de la direction à faire vivre une réelle démocratie militante a cédé la place à cette idée absurde d’un parti à l'image de la société qui est venue accentuer la confusion. Du projet d’un parti militant, le NPA est devenu un parti d'adhérents au sein duquel s’est développée la crise de direction.
A défaut d’avoir consciemment une politique démocratique visant à convaincre, à élaborer à partir des expériences communes, des pratiques antidémocratiques, se sont imposées parallèlement aux instances et structures du parti, autour des porte-parole, renforçant, en retour, les tendances ensuite désignées comme la cause de tous les maux !
Cette dérive a rendu irréversible la scission de la GA, c’est sa survivance qui continue de nous paralyser.
Une direction démocratique doit assumer les divergences, mener la discussion tout en permettant le plus large travail collectif en fonction des réalités du partis.
Il n'y a ni modèle ni type de « parti que nous voulons », ni parti de type « bolchévique », ni de modèle large, mais il y a un débat sur les voies et moyens de faire émerger des bouleversements que connaît le monde des partis pour la transformation révolutionnaire de la société en fonction des nécessités et besoins du moment comme des possibilités.
Une situation sociale et politique inédite
Les réponses que nous pouvons apporter doivent partir du fait que nous sommes devant une situation inédite qui nous impose d'une certaine façon de tout oublier pour tout réapprendre. Les coordonnées à partir desquelles le mouvement révolutionnaire pensait son activité, ses perspectives sont bouleversées. De nouvelles coordonnées émergentes, instables, à partir du désordre de la mondialisation capitaliste financière créent les conditions nouvelles pour une intervention directe des travailleurs et des peuples sur le terrain politique mais sont dominées par l’offensive des forces réactionnaires.
Le recul, les capitulations politiques, idéologiques ont laissé la place à ces dernières. La liquidation du PS par ses propres dirigeants, la lente agonie du PC qui ne sait plus à qui se donner pour sauver ses élus, son appareil, le dialogue social, laissent un champ de ruines politique au moment où l’arrogance du gouvernement Hollande-Valls a poussé à la rupture une large fraction des forces militantes qui ont animé, porté le mouvement contre la loi travail.
Possibilités nouvelles et recul politique sont les deux termes de l’équation que nous avons à résoudre.
La réponse ne peut pas être celle de la P1, discuter avec les forces du mouvement de construire une nouvelle représentation politique en opposition au PS en maintenant l’ambiguïté d’une unité possible avec des forces non révolutionnaires, qui n’ont pas d’autre perspective que le terrain institutionnel.
La PA, part du problème, part de la solution ?
Elle ne peut être non plus celle ou celles des différentes composantes de la PA si ces dernières ne font pas le choix de se dégager ensemble des comportements de chapelles qui raisonnent en fonction d’eux-mêmes pour collectiviser leurs compétences et expériences afin de les mettre au service de l’ensemble du NPA.
Sans sursaut collectif, dans sa forme actuelle, le NPA risque bien d’être condamné à une lente implosion. Enrayer ce processus ne peut venir que de notre capacité collective à formuler des réponses politiques globales face à la situation actuelle. Formuler une stratégie n’est pas une proclamation mais une analyse des contradictions à l’œuvre, des réponses nécessaires et de pourquoi ces réponses ne peuvent être apportées que par le prolétariat, comment et pourquoi c’est aussi possible. Ce dont il s’agit aujourd’hui c’est de formuler une orientation, une politique, une stratégie pour faire fructifier les acquis du mouvement, construire des liens démocratiques avec les travailleurs, les jeunes, intervenir dans la campagne présidentielle, nous en donner les moyens organisationnels.
Cette orientation s’appuie sur quelques points essentiels, l’impossibilité d’un nouveau réformisme à l’heure où les travailleurs sont mis en concurrence à l’échelle mondiale, la liquidation des séquelles caricaturales du campisme anti-impérialiste pour comprendre que la montée des forces réactionnaires et des fondamentalisme religieux se nourrissent les uns les autres d’où qu’ils viennent, l’affirmation d’une politique internationaliste en particulier au niveau européen, la nécessité d’une démocratie révolutionnaire dans la perspective du socialisme et du communisme face à la nouvelle époque du capitalisme mondialisé, libéral et impérialiste.