Macron à la Lanterne ! Petite ironie de l’histoire, le donneur de leçon si prompt à dénoncer « l’incivisme » du commun des mortels est non seulement touché à son tour, mais aussi coupable d’avoir contribué à la diffusion du virus en organisant, le 16, un repas qui ne respectait ni le couvre-feu ni la limite des 6 à table…

Parmi la dizaine de convives, Castex qui nous expliquait la veille que, la baisse des cas de contamination étant insuffisante, on ne pouvait supprimer les contrôles sur la circulation qu’au prix de l’instauration d’un couvre-feu général de 20h00 à 6h00, un confinement des familles sous contrôle policier tout aussi pesant sinon plus que les mesures précédentes. Cette mesure ne s’applique bien évidemment pas à celles et ceux qui travaillent et qui continueront à s’entasser dans les transports en commun. Et elle sera levée dans la nuit du 24 mais pas du 31, histoire certainement de ne pas fâcher le petit monde des chrétiens. Quant à la vaccination, elle « sera organisée dès cette fin décembresi les conditions en sont réunies », dixit le premier ministre incapable de masquer qu’il n’a prise sur rien.

De fuite en avant en fuite en avant…

L’« affaire » du repas sape encore un peu plus la crédibilité de Macron confronté à une contestation sociale qui monte de partout, mais aussi aux conséquences « d’initiatives » qui se retournent contre lui.

En octobre 2019, il avait cru bon d’initier une Convention citoyenne sur le climat, croyant ainsi répondre aux manifestants qui lui reprochaient son inaction dans ce domaine. Mais parmi les 150 personnes qui avaient accepté de se prêter au jeu en toute bonne foi, beaucoup n’ont pas tardé à comprendre l’imposture et à le faire savoir, en particulier lors de la séquence finale de la convention, le 14 décembre. Macron, qui la présidait, n’a alors rien trouvé de mieux que de promettre un referendum sur l’introduction de la défense de l’environnement dans le premier article de la constitution, une manœuvre dont personne n’est dupe et qui prépare un nouveau fiasco.

Il a tenté, avec le « Beauvau de la sécurité », le même genre de manœuvre pour tenter de désarmer la grogne de la police : organiser dans tout le pays des rencontres entre représentants des policiers, élus et citoyens en vue d’« améliorer les conditions d’exercice des forces de l’ordre et de consolider leurs liens avec les Français ». En réalité, une mise en scène pour céder aux demandes des policiers et de leurs syndicats qui n’ont pas hésité à organiser des manifestations pour aider Darmanin à faire ce... qu’il voulait faire… Et ce dernier s’est empressé de les recevoir, leur assurant que « l’article 24 du projet de loi Sécurité globale ne serait pas enterré »…

Macron déclarait lors de l’annonce du « Beauvau », « la France tient par sa police et sa gendarmerie […] nous leur devons soutien et protection ». A bon entendeur ! Et pas question de reculer dans son offensive contre les droits sociaux et démocratiques, ni sur la répression policière, ni sur la loi sur la Sécurité globale. Quant à celle contre le prétendu séparatisme, désormais « confortant les principes républicains », elle vise, en flattant les préjugés racistes antimusulmans, non seulement à capter l’électorat de Le Pen, mais aussi à tenter de dévoyer une partie de la révolte sociale.

L’une et l’autre de ces lois, tout comme le soutien politique aux forces de répression, participent d’une même politique. Macron et le gouvernement, discrédités comme jamais, se préparent à l’affrontement dans la panique parce qu’ils savent qu’ils sont mis à nu et que s’approfondit la conscience que leur Etat policier a comme seule fonction de protéger l’enrichissement des plus riches au détriment du reste de la société.

L’empressement auprès des patrons et des riches...

Les statistiques du ministère du travail (Dares) donnent la mesure des conséquences sociales du coup de frein brutal qui touche l’économie depuis le début de l’épidémie. Entre le 1er mars et le 6 décembre, 700 PSE (« plans de sauvegarde de l’emploi… ») ont été initiés, visant à la suppression de 76 100 emplois, trois fois plus que dans la même période en 2019. Sur ce nombre, 338 ont été approuvés, pour 30 510 licenciements, les autres sont en cours. Ces chiffres concernent les salariés en CDI et ne disent rien du nombre, plusieurs dizaines de milliers, d’intérimaires, de travailleurs précaires qui ont été renvoyés dès le début. Ils ne disent rien des innombrables jeunes à la recherche d’un premier emploi ou d’un simple job pour payer leurs études. Sans oublier les travailleurs indépendants, petits commerçants, artisans, agriculteurs qui ont déjà mis la clé sous la porte ou en sont menacés, jusqu’à 30 % d’entre eux selon certaines estimations.

Les chiffres de la Dares portent sur la période passée, mais tout indique que la situation ne peut hélas que se prolonger, pire s’aggraver. La pandémie a révélé et précipité une situation déjà contenue en germe dans la période précédente, une situation de stagnation chronique, de perte de productivité du système capitaliste, associée à la menace d’un krach financier et boursier sans précédent.

Cette menace sur la situation financière n’a fait que s’aggraver. Les centaines de milliards dépensés par l’Etat au nom du sauvetage de l’économie et de l’emploi ont surtout donné un répit à la machine à profit. Le CAC40 a continué de prospérer comme si de rien n’était, symbole du séparatisme, bien réel celui-là, d’une poignée d’ultra-riches et de la grande masse de la population. Des milliards ont été distribués en dividendes, les capitalisations boursières atteignent des montants sans commune mesure avec la valeur réelle des entreprises. Le risque d’effondrement boursier ne cesse ainsi de croître, comme croît celui d’une nouvelle crise de la dette, corollaire de la générosité sans limite de l’État avec les grandes entreprises qui a porté l’endettement public à 120 % du PIB. Et ce qui vaut pour la France vaut pour l’ensemble de l’économie mondiale. Un krach financier ne respecterait pas les frontières qui ne sont dressés que contre les peuples, il se propagerait à toute la planète comme une traînée de poudre.

Face à cette réalité, combattre pour une autre répartition des richesses, pour ne pas « payer les frais de leur crise », signifie postuler à prendre en main nous-mêmes l’organisation de la société que les classes dirigeantes et leurs larbins mènent à la faillite. Autrement dit, préparer la révolution.

Donner un contenu de classe à la révolte et aux résistances

Face à eux, en réaction à leurs offensives comme aux licenciements qui se précipitent, la révolte et les résistances sourdent de partout. C’est le cas dans l’Éducation, dans la santé, dans de multiples entreprises où les travailleurs se mobilisent contre les attaques sur les salaires et les conditions de travail, contre les suppressions d’emploi, Derichebourg, Bridgestone, General electric et bien d’autres, comme TUI. Les travailleurs de ce voyagiste, dont 583 sont menacés de licenciement, ont constitué un collectif d’organisations qui a lancé, le 15 décembre, un appel [1] à manifester le 23 janvier à Paris, une manifestation nationale contre tous les licenciements. L’organisation d’une journée d’action interprofessionnelle début février est également en discussion. Ces initiatives pourraient constituer un pas important vers un indispensable regroupement des forces qui peut appuyer sur de profondes évolutions de conscience, le développement de la solidarité et les mille formes de résistances des travailleurs à travers le pays. Refuser de se laisser entraîner dans l’effondrement de l’économie capitaliste passe nécessairement par la contestation de leur pouvoir, la prise de conscience qu’une autre société est possible, basée sur la coopération des travailleurs et débarrassée des parasites qui la ruinent.

Daniel Minvielle

[1] Appel des TUI : https://lanticapitaliste.org/sites/default/files/exp-commune-v2.pdf

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