« Nous ne sommes pas du même camp » a déclaré, agressif, le préfet de Paris Lallement lors de l’acte 53 des gilets jaunes face à une dame qui l’interpellait, lui disant « je suis gilet jaune ». C’est clair, nous ne sommes pas du même camp !

Le préfet, comme l’ensemble de l’appareil d’État, de sa police, la haute administration comme le gouvernement ont choisi leur camp, celui des possédants, des riches, des classes dominantes, et, même s’ils n’en ont pas toujours la même conscience que le préfet de Paris, les policiers sont enrôlés dans ce camp. La violence de l’État est indissociable de la violence sociale, morale, physique que génèrent les inégalités et l’injustice sociale inhérentes à l’exploitation capitaliste. Ils ne sont pas neutres, au-dessus des classes, ils sont au service de la classe dominante qui confond ses intérêts privés avec l’intérêt général.

Cet appareil d’État est engagé dans une véritable guerre sociale contre la population laborieuse pour perpétuer la domination et les privilèges d’une petite minorité. C’est ce qui conditionne tant leur politique économique, sociale que leur propagande ou leur politique dite du maintien de l’ordre.

Les attaques contre les retraites visent l’ensemble des travailleur.e.s

Dans cette bataille tantôt Macron fait donner ses flics tantôt ses chiens de garde médiatiques toujours prêts à relayer la propagande officielle et il manœuvre en permanence pour tenter de donner le change, de désamorcer le mécontentement croissant, de le désarmer et de diviser les classes exploitées.

La veille du 5 décembre, il durcit le ton au prétexte d’un rapport du COR qu’il a lui-même demandé pour confirmer ce que tout le monde savait déjà. « Il faut dire aux Français, clairement, tranquillement, qu’on va travailler plus longtemps », affirme son premier ministre. En fait, ce rapport ne dit rien de neuf, un déficit du système de retraites de 8 à 17 milliards en 2025, les mêmes chiffres qu’en juin 2019. Il est mis en scène pour nous faire croire qu’il n’y aurait pas le choix. Et demain, le pouvoir nous expliquera qu’il n’y a pas le choix que de diminuer la valeur du point, donc de baisser les pensions…

Macron voudrait opposer les travailleurs qui ont des régimes spéciaux à l’ensemble des salariés, il manœuvre pour nous diviser. Et lui-même démontre que sa réforme est bien une attaque contre l’ensemble du monde du travail et la jeunesse. Et elle n’est pas une fatalité.

Il y a une autre politique possible, répartir autrement les richesses, garantir à toutes et tous un travail, mettre fin à la précarité et au chômage, prendre sur les profits et le capital accumulés entre les mains d’une minorité parasite. Et c’est bien là l’enjeu de la bataille.

Petites manœuvres et grande panique du pouvoir

Un an après le début du mouvement des gilets jaunes, Macron n’a pas réussi à reprendre la main.

Le plan dit d’urgence annoncé le 20 novembre face à la révolte de tout le personnel hospitalier, toutes catégories confondues, qui a démarré il y a huit mois, est loin de répondre à leurs demandes qui concernent le manque de personnel, les fermetures de lits et de services, la surcharge des urgences, l’épuisement des soignants, les bas salaires. Il est dans la continuité d’une politique qui sacrifie l’hôpital à la médecine du profit où s’investit le capital privé.

L’enveloppe budgétaire hospitalière annuelle passe de 2,1 à 2,5 % quand il en faudrait… 4,4 % pour que les hôpitaux puissent maintenir leur activité au niveau actuel. Quant aux rémunérations, le gouvernement concède quelques miettes, sous forme de primes pour certaines catégories, très loin des 300 € par mois pour toutes et tous, un simple rattrapage du blocage des salaires imposé depuis 10 ans !

C’est la même politique des faux-semblants face à la révolte des étudiants issus des milieux populaires victimes de la précarité auxquels Macron n’a que des mots creux à donner.

Répartir autrement les richesses, remettre en cause la domination du grand patronat et des riches

L’Insee (l’Institut national de la statistique et des études économiques) vient de publier un rapport très officiel qui montre que les cadeaux fiscaux du président des riches ont principalement profité à… ces derniers. Les inégalités sont reparties à la hausse depuis la crise de 2008. La suppression de l’impôt sur la fortune a permis au « 1 % les plus aisés » d’augmenter leur revenu de « 3,44 milliards d’euros », soit une hausse moyenne de 9 770 euros. À cela s’ajoute 1,4 milliard d’euros de la mise en place du prélèvement forfaitaire unique qui vise à plafonner la fiscalisation des revenus de placement à 30 %. Et le CAC 40 se porte à merveille !

À cette hausse des inégalités, s’ajoute la progression de la pauvreté. Au total, pas moins de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en 2018.

Cela n’a pas empêché la Cour des comptes de publier, pour satisfaire le gouvernement, juste à la veille de la mobilisation du 5 décembre, un rapport qui dénonce les prétendus privilèges… des cheminots !

Ayons une vision positive de la France, celle des travailleurs !

Et Macron a été expliquer aux jeunes étudiants victimes de la précarité que les Français avaient une vison trop négative ! Il se fiche du monde et surtout se trompe lourdement. Le monde du travail a une vision et compréhension très positives des choses. Tout le monde comprend bien que les acquis sociaux qui demeurent malgré l’offensive menée par la droite et la gauche pour les liquider ont été gagnés et imposés par nos luttes. Et nous savons bien que seuls la mobilisation, l’affrontement avec le pouvoir pourront empêcher de nouveaux reculs et permettre de reprendre l’offensive.

La grève du 5 décembre s’annonce massive y compris dans le privé et de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui discutent des modalités de sa reconduction ou de la poursuite de la lutte. Macron, le patronat et la finance, les sommets de leur État ne comprennent que le rapport de force. Nous avons les moyens d’imposer notre volonté contre une minorité de privilégiés dont la seule fonction sociale est de gérer leurs intérêts égoïstes et parasitaires. Ceux et celles qui font réellement tourner la société, ce sont les travailleurs. Si nous nous donnons les moyens de faire de la politique, notre politique, celle des 99 %, tout peut changer.

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