L’équipe de France en finale du Mondial a aussitôt stimulé ces politiciens qui « tricolorent », prêts à flatter le chauvinisme pour occuper le terrain.

Macron a lancé aux joueurs : « la France chavire de bonheur grâce à vous ». Le Maire s’est félicité « d'un moment de bonheur national ». Wauquiez, pas en reste, a posé pour la photo avec tous les parlementaires LR sous le titre : « Fiers d’être Bleus »… Autant de réactions qui permettent à Marine Le Pen de saluer « l'élan patriotique, l'attachement à la nation de tous ceux qui sont descendus hier avec leurs drapeaux français », pendant que l'élu RN Odoul dénonçait « Non la victoire de l'Equipe de France n'est pas celle du métissage et de l'immigration, nos Bleus n'ont rien à voir avec les migrants » !

Le nationalisme et le chauvinisme sont un réel poison pour les classes populaires, destinés à les diviser, à dévoyer leur colère, leur révolte. Ce sont ces mêmes préjugés sur lesquels s’appuie Macron, prêchant l’union sacrée aux travailleurs pendant qu’il sert les financiers et les patrons.

Devant le Congrès à Versailles, avec un faste rétrograde, il s’est payé notre tête : « Si l'on veut partager le gâteau, la première condition est qu'il y ait un gâteau. Et ce sont les entreprises rassemblant actionnaires, dirigeants et travailleurs, ce sont les producteurs qui font ce gâteau, et personne d'autre »… Ce sont les travailleurs qui le produisent et ce sont patrons et actionnaires qui le mangent !

Malgré cette propagande et cette mise en scène dispendieuse, les travailleurs ne sont pas dupes, comme le confirment les luttes de ces derniers mois, à commencer par celle des cheminots qui n’ont pas dit leur dernier mot.

Mondial ou pas, la contestation est toujours là…

Même si la grève des 6 et 7 juillet a été moins suivie, l’envie de se battre est bien présente. Elle s’est vue dans les cortèges de cheminots le 28 juin, en particulier à Paris. Elle s’est vue le 30 juin à Bordeaux, lors de la manifestation des Ford, avec la présence remarquée des cheminots et de militants de la convergence des luttes.

Dans la volonté d’une forte minorité de continuer cet été, s’expriment à la fois la fierté d’avoir tenu jusque-là, mais aussi la volonté de maintenir la contestation, jusqu’à la rentrée, de dire « Macron n’a pas gagné ». S’expriment aussi, parmi la fraction la plus déterminée des grévistes, les critiques de la stratégie des directions syndicales. Leur politique de la grève « perlée » a maintenu le mouvement dans le calendrier parlementaire, refusant l’affrontement et la lutte pour le retrait pur et simple de la loi ferroviaire.

Mais la ténacité des cheminots oblige les directions syndicales à annoncer de nouvelles dates. La CGT cheminots appelle à la grève le 19 juillet pour « négocier » la convention collective. Pavageau, pour FO, annonce une journée interprofessionnelle en septembre-octobre.

Mais avec quelle politique ? Poursuivre le « dialogue social » et la « négociation » avec un pouvoir qui ne négocie pas, ou construire l’affrontement face à Macron et à ceux qu’il sert ?

… face aux mauvais coups du gouvernement

L’Assurance-Maladie annonce 2 milliards d’économies sur le dos des patients.

Sur les retraites, Macron veut instaurer un système à points qui ne garantit plus un âge de départ et un taux plein. Les salariés avec les plus bas salaires et les conditions de travail les plus pénibles devront travailler plus longtemps, pour toucher une retraite à la baisse. Les annonces de remise en cause des pensions de réversion qui concernent un quart des retraités, pour l’essentiel des femmes, sont révélatrices de l’ampleur de l’attaque.

Le budget 2019 annonce d’autres coupes sombres : réforme des APL qui doit rapporter 1,3 milliard au gouvernement, suppression de 100 000 emplois aidés et de 70 000 postes de fonctionnaires.

Macron veut aussi s’en prendre aux chômeurs, visant en particulier les dispositions qui permettent à un intérimaire qui n’a travaillé qu’un mois incomplet de toucher une maigre indemnisation de l’assurance chômage… alors que la part d’emplois précaires a atteint en 2017 son chiffre le plus haut depuis que cette statistique existe en 1982 !

Au Congrès, Macron a appelé à un sommet social le 17 juillet, destiné à entériner et légitimer sa politique. Incapables de mener une politique offensive, toutes les directions confédérales y accourent, réclamant un « agenda social ».

FO vient même de prendre l’initiative de réunir les « partenaires sociaux » le 11 juillet, pour se faire entendre de Macron. Martinez s’est réjoui de cette « très bonne idée ». Tous comptent sans doute sur le tout nouveau patron du Medef, Roux de Bézieux, soutenu par Kessler et les barons du CAC40 !

De toute évidence les directions syndicales ne veulent pas apprendre, c’est aux travailleurs de prendre eux-mêmes les affaires en main.

S’appuyer sur les acquis du mouvement

Macron, même en jouant les supporters de football, est affaibli politiquement. Il pensait isoler et vaincre les cheminots facilement, il n’a pas réussi et c’est lui, le « président des riches », qui est isolé des travailleurs, des jeunes, des retraités...

A partir des équipes de grévistes, collectifs de lutte, de mobilisation, des convergences entre différents secteurs, des expériences se sont faites qu’il s’agit de poursuivre, approfondir, de politiser.

Cela signifie tirer les bilans de l’étape actuelle du mouvement pour préparer la suite, en rompant avec la politique de dialogue social menée par les directions syndicales. Cela pose la nécessité de prendre en main nos luttes, démocratiquement, pour les objectifs déterminés par les travailleurs eux-mêmes et pas ceux des appareils.

Personne ne sait comment se passera la rentrée, ni ce que sera l'état d'esprit des travailleurs, mais la coupure s'accroit... mettant à l’ordre du jour la question d’un parti accumulant ces expériences pour préparer la prochaine étape et mener la lutte à un niveau supérieur.

Laurent Delage

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