A propos de la fête de Lutte Ouvrière, des révolutionnaires, du mouvement, de ses suites, et si c'était la fête tous les jours...
« Comme chaque année, la Fête est l’occasion de rassembler tous ceux qui veulent dénoncer ce système capitaliste qui mène la planète à sa ruine, tous ceux qui veulent réaffirmer que l’humanité mérite d’être débarrassée de l’exploitation, de la misère et des guerres. » écrivent nos camarades de Lutte Ouvrière en préambule du très riche programme des débats politiques qui auront lieu lors de leur fête annuelle les 27, 28 et 29 mai à Presles
Alors que depuis 4 mois le mouvement des retraites a contribué à transformer les consciences de milliers de militant.es et ouvert une profonde crise politique, la fête de LO est, de fait, le seul cadre où l’ensemble des courants révolutionnaires vont pouvoir se retrouver, débattre des enjeux de ce mouvement inédit, de ses forces et de ses faiblesses ainsi que de bien d’autres thèmes dont la guerre en Ukraine...
Ce n’est pas à Matignon ni à l’Assemblée que nous ferons plier Macron et sa contre-offensive répressive et xénophobe mais avec nos armes de classe
Macron, de retour de Londres où il a affiché son admiration pour Charles III, a commémoré le 8 mai 45, la fin de Seconde Guerre mondiale, dans le vide, sur des Champs Élysées déserts protégés par sa police des concerts de casseroles. Une grande solitude qu’il cherche à meubler à travers un tour de France chaotique forme de remake du grand débat pour rien suite au mouvement des gilets jaunes...
Et en même temps, la police fait son sale boulot… Les cents jours d’apaisement de Macron ce sont les interdictions de manifs, des arrestations, des interpellations pour outrage au président de la République ou pour « outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique. » Cette outrance policière ridicule participe d’une offensive contre toutes celles et ceux qui ne veulent pas tourner la page, criminalisant la simple expression ironique de la colère, la caricature du pouvoir et flatte l’indignation stupide des bien-pensants. La censure et la répression visent à restaurer l’autorité d’un pouvoir rejeté et détesté, le sens même de l’apaisement vu par Macron, aussi, à plus long terme, intimider, faire taire pour façonner l’opinion au respect de l’ordre. C’est l’objectif de la loi « anticasseurs bis » en discussion, rassurer les tenants de l’ordre dans l’espoir d’affermir le pouvoir chancelant de Macron.
49.3, « crise de la démocratie », régime présidentiel, répression... La tyrannie de la finance nasse la démocratie...
« Monarchie républicaine », « démocratie illibérale », « en marche vers la dictature »... dans les manifestations comme dans la presse, les expressions fleurissent pour dénoncer l’évolution autoritaire du pouvoir.
Toutes les étapes institutionnelles pour imposer la loi sur les retraites se sont révélées comme autant de camouflets contre le mouvement et l’opinion majoritaire. Les « experts » ont eu beau marteler que tout était parfaitement démocratique et constitutionnel – comédie des amendements, navettes parlementaires interrompues, articles 49.3 et cie, décisions du Conseil constitutionnel – c’est une leçon accélérée sur la démocratie bourgeoise qu’ont reçue les classes populaires, jusqu’à la dernière innovation du RIP, ruinée avant même sa mise sur le marché.
« Même si Macron ne le veut pas, nous, on est là ! Pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur ! »
Les 300 manifestations qui ont eu lieu à travers tout le pays pour le 1er mai ont montré la force intacte de la mobilisation, sa détermination, la colère et la révolte ainsi qu’une radicalisation des esprits de plus en plus indépendants, distants voire méfiants à l’égard de la passivité de l’intersyndicale. Le chant des Gilets jaunes repris tout au long des cortèges ou face aux gendarmes et aux CRS s’affirme comme l’expression de ce refus collectif de tourner la page, de rentrer dans le piège de « l’apaisement » pour ne laisser aucun repos au pouvoir et à ses représentants.
Dégradation de la note de la dette française, faillites bancaires aux USA, inflation… Les banques et les Etats dans la tourmente
Vendredi 28 avril, l’agence de notation Fitch a baissé la note de la dette de la France de AA à AA-. Bien que AA- caractérise encore une dette de « haute qualité », cette dégradation est un avertissement des marchés financiers au gouvernement et à Macron. Alors que l’endettement du pays dépasse 3000 milliards d’euros, l’agence craint que « les pressions sociales et politiques illustrées par les manifestations contre la réforme des retraites [ne viennent] compliquer l’assainissement budgétaire »… comprendre le pillage des richesses sociales par l’Etat au profit des plus riches. Jugeant le gouvernement pris dans une « impasse politique », elle estime que « le blocage politique et les mouvements sociaux (parfois violents) posent un risque à l’agenda des réformes d’Emmanuel Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou un retour en arrière des réformes précédentes »…
De l’argent pour les retraites et les salaires, pas pour le CAC40 et la guerre ! Non à l’odieuse guerre coloniale de Macron-Darmanin à Mayotte ! Contre le nationalisme et la xénophobie, pour un 1er Mai internationaliste
Macron-Darmanin allient avec un sinistre talent le ridicule et l’odieux. La caravane de Macron qui parcourt la France avec son groupe électrogène, poursuivie par le bruit des casseroles et la colère, a échoué à Saint Denis pour la finale de la coupe de France et s’y faire chahuter après avoir voulu interdire les sifflets et les cartons rouges. Ridicule et odieux quand les mêmes affichent sans fard leur vrai visage dans la guerre coloniale qu’a engagée le ministre de l’Intérieur, le sinistre Darmanin, à Mayotte, le 101ème département français situé dans l’océan Indien à 8 000 kilomètres de Paris, au nom de la lutte contre « l’immigration illégale » et de « la restauration de la paix républicaine » selon ses propos. « La paix républicaine », c’est le démantèlement des bidonvilles habités par les plus pauvres et les migrants sans papiers pour expulser ces derniers manu militari vers les Comores !
Contre l’escalade militaire en Ukraine et l’engrenage meurtrier de l’état de guerre permanent, la fraternisation des travailleurs et des peuples par-delà les frontières
Toute la presse en parle, une contre-offensive de grande ampleur de l’armée ukrainienne serait en préparation pour une date indéterminée, d’ici à l’été peut-être, tandis qu’en Russie, Poutine et son régime martèlent sans relâche leur propagande mensongère et font assaut de répression pour imposer la continuation de la guerre et préparer une nouvelle offensive. Le fait que Zelensky se soit entretenu le 26 avril pour la première fois depuis le début de l’agression russe avec le dictateur chinois Xi Jinping qui, affirmant respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine, s’est proposé pour une médiation, ne traduit rien d’autre que la volonté de la Chine d’occuper sa place dans le monde. Poutine ne veut pas lâcher sa guerre, il sait qu’il risque d’y perdre son pouvoir tandis que les États-Unis n’approuveront jamais un plan de paix émanant de la Chine, leur principale rivale, d’autant que celle-ci a refusé de condamner l’agression de la Russie. Lors d’une conférence de presse au Luxembourg, le secrétaire général de l’Otan, Stoltenberg, a d’ailleurs déclaré le lendemain de l’entretien : « Si nous voulons une solution pacifique et négociée qui permette à l’Ukraine de s’imposer en tant que nation souveraine et indépendante, le meilleur moyen d’y parvenir est d’apporter un soutien militaire à l’Ukraine, exactement comme le font les alliés de l’Otan ».
Au son des casseroles, les cent jours de Macron vers… la déroute « Nous sommes le grand parti des travailleurs » (L’Internationale)
« Un consensus n’a pas pu être trouvé et je le regrette », déclarait Macron jouant de son registre préféré, le mensonge et l’hypocrisie, contraint de reconnaître qu’« à l’évidence » sa réforme n’a pas été « acceptée ». Qu’importe, elle sera appliquée dès l’automne. Et, continuant sur le même registre plus l’emphase, il a cherché à vendre un « grand projet » pour « retrouver l’élan de notre nation », le tout en « cent jours », « cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France ». Le 14 juillet viendra l’heure d’un « premier bilan ». Pas de référendum, pas de dissolution de l’Assemblée, même pas de remaniement, Borne reste là, comme pétrifiée, Macron « garde le cap », habité par l’esprit de Notre Dame, il choisit l’attaque. Il a bien compris que c’est « plus généralement de la colère qui s’exprimait. […] Colère face à un travail qui, pour trop de Français, ne permet plus de bien vivre, face à des prix qui montent […] Personne, et surtout pas moi, ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique en particulier exprimée par notre jeunesse ». Hypocrisie, mensonge et cynisme, l’imposteur n’a pas d’autre choix que de tenter de troubler les esprits, de semer la confusion, d’accentuer les tensions, pour espérer sauver sa mise tout en continuant de faire le job pour les classes possédantes.
« Crise de la démocratie », « crise de régime », la réponse est entre les mains du monde du travail, « C’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons ! »
La validation par le Conseil Constitutionnel de la loi sur la réforme des retraites et sa promulgation immédiate par Macron n’ont fait, en toute logique, qu’accentuer ce que la presse et les commentateurs qualifient de « crise de la démocratie », de « crise de régime ». Tous discutent de comment Macron et son gouvernement, les partis parlementaires d’opposition et l’intersyndicale pourraient sortir de l’impasse qui s’est refermée sur eux au cours de ces derniers mois, stérilisant le « débat parlementaire » et bloquant le « dialogue social ».
« Constitutionnelle ou pas, cette loi on n’en veut pas ! », après le 49.3 du Conseil constitutionnel, le combat continue...
Comme prévu, les neuf « sages » du Conseil constitutionnel aux ordres du pouvoir, barricadés derrière les murs anti-émeutes et une myriade de policiers, ont validé vendredi l’essentiel de la réforme des retraites dont le report de l’âge de départ à 64 ans... tout en rejetant la demande de Référendum d’initiative partagé. Et pour que les choses soient encore plus claires, ils ont retoqué les quelques mesures qui étaient censées atténuer les conséquences de la réforme : « l’index senior » et le « CDI senior ».
Macron s’est empressé, dans la nuit, de promulguer sa réforme, alors même que, nouvelle provocation, il avait convoqué l’intersyndicale pour mardi prochain. L’intersyndicale comme les principaux partis de la gauche parlementaire qui l’imploraient « solennellement » de ne pas le faire ont reçu leur réponse, une vraie leçon de choses… qui souligne l’impasse de leur stratégie respectueuse du cadre institutionnel. Et Macron nous annoncera lundi soir à la télé les nouvelles attaques qu’il concocte en guise « d’apaisement » !