« Nous demandons des réponses concrètes, précises, immédiates, et le lancement d’un plan d’urgence alimentaire » vient de dénoncer le président des Restos du cœur face à l’explosion des demandes et des factures.

Les riches ont sorti le chéquier : 10 millions versés par la famille de Bernard Arnault, 5 millions par TotalEnergies, mais aussi Carrefour, Les Mousquetaires, le groupe Altice… Les services de communication des grandes entreprises sont devenus les dames patronnesses d’aujourd’hui, affichant le même mépris social, comme cette chroniqueuse de RTL : « Quand quelqu’un donne 10 millions d’euros, on applaudit, on dit merci » !

Ces dons ne sont qu’une aumône pour ceux qui détournent les richesses produites par le travail collectif. Comme l’a calculé le site « DonneCommeBernard », comparés aux « revenus » d’Arnault ces 10 millions équivalent à 5,57 € pour un salaire moyen et économisent des millions de pub !

Ces aumônes sont d’autant plus indécentes que ces fortunes sont le produit du travail des classes exploitées et grossissent de l’appauvrissement des couches populaires par l’inflation. Une précarité aggravée par la dégradation des services publics, la fuite en avant pour soumettre à la loi du profit la santé, l’éducation, etc.

La situation n’empêche pas le gouvernement et ses commanditaires d’afficher leur autosatisfaction. Pour Darmanin, « Nous avons un bon bilan pour les classes populaires et moyennes, même s’il n’est pas toujours compris ». Quant à Le Maire, il se félicitait cet été de la « performance remarquable » de la croissance française sur le 2ème trimestre 2023, qui atterrit tout droit dans les poches des actionnaires !

Ce sont les mêmes qui affichent aujourd’hui leur compassion hypocrite face au drame qui frappe la population au centre du Maroc et à Marrakech, victime tout autant de la misère, de l’insécurité des logements que du séisme. Une misère sociale dont les capitalistes français sont largement responsables, eux qui depuis des décennies ont exploité les travailleur·e·s et pillé les richesses de cette ex-colonie française toujours soumises à leur avidité avec la complicité de la dictature du roi du Maroc.

Devant cet égoïsme de classe suffisant et cynique, la colère est bien présente après la lutte des retraites, même si elle ne trouve pas encore les moyens de s’exprimer, ni la force et la confiance en elle pour organiser la riposte, la prendre en main. La flambée des prix, les chiffres de la pauvreté révèlent l’explosion des inégalités et les mensonges des discours, y compris de la gauche syndicale et politique accrochée au dialogue social et à la comédie parlementaire. La suite dépend pour beaucoup du mouvement révolutionnaire lui-même, de sa capacité à faire vivre les acquis du mouvement contre la réforme des retraites.

La politique du patronat et du gouvernement responsable de l’explosion de la précarité et de la pauvreté...

D’après UFC Que Choisir, « se nourrir coûte 25 % plus cher qu’en janvier 2022 ». Une situation intenable alors que neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Les banques alimentaires ont accueilli 2,4 millions de personnes en 2022 contre 820 000 en 2011. Les Restos du cœur ont atteint 1,1 million de personnes en 2022 et ils en sont déjà à 1,3 million sur la moitié de 2023.

Le capitalisme enfonce des millions de travailleur.es dans une régression sociale de plus en plus profonde. « Cela a augmenté après la crise financière de 2008, puis avec le Covid, et il n’y a jamais de reflux. Les chiffres ont plus que triplé en une dizaine d’années » témoigne une responsable des banques alimentaires.

Au point d’avoir développé un véritable marché de la faim autour de ces fameux « dons » qui sont autant de niches fiscales. La grande distribution, l’agro-alimentaire écoulent leurs surplus par le biais des banques alimentaires en échange d’une généreuse défiscalisation. Charité bien ordonnée commence par la défense de leurs propres profits !

… Pour nourrir les dividendes

L’inflation est alimentée par les marges grandissantes que s’assurent les capitalistes de la grande distribution, de l’énergie, de l’agro-alimentaire… La boucle prix-profits tourne à plein pendant que l’ensemble des salaires, des allocations et des pensions reculent.

Quant à la dette de l’Etat, qui vient de passer les 3000 milliards, elle est creusée par la politique de défense des profits « quoi qu’il en coûte » : 54 milliards pour le plan « France 2030 », 413 milliards pour l’armement. Depuis 2017, Macron a réduit de 30 milliards par an les impôts des entreprises. Les exonérations de cotisations patronales devraient atteindre 88 milliards cette année, elles ont plus que triplé en 10 ans. Un « pognon de dingue » qui manque pour les hôpitaux, les écoles, les dépenses sociales.

Le bilan est sans appel : si le PIB a progressé de 0,5 % en France au 2ème trimestre, les dividendes ont bondi de 13,3 % par rapport à l’an dernier, alors que la progression est de 9,7 % en Europe et 4,9 % dans le monde !

Pas d’union nationale xénophobe et raciste, union de tous les travailleurs

Cette régression se double d’une offensive idéologique destinée à dominer les cerveaux, par le nationalisme, la xénophobie et à dresser les travailleurs les uns contre les autres.

Interviewé sur YouTube, Macron a soutenu Attal sur l’interdiction de l’abaya, dénonçant ceux qui « viennent défier la République et la laïcité (…). Ça a parfois donné le pire. On ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas eu d’attentat terroriste et Samuel Paty ». Un amalgame crasse doublé d’une imposture : la laïcité qui définit l’indépendance de l’État envers les religions et les Églises vient justifier l’intervention de l’État, de sa police et de ses tribunaux pour réglementer les choix individuels.

Leur laïcité, qui laisse l’État financer les écoles privées catholiques, entend légiférer sur les convictions religieuses des citoyens et leurs comportements vestimentaires ! Une politique raciste qui vise et stigmatise les musulmans mais aussi tous les travailleurs, toute la population. Le racisme, les discriminations sont des fléaux pour toute la société.

Macron fait la politique de Le Pen, en reprenant à son compte « la tenue unique » pour les élèves qu’Aliot et Ménard veulent mettre en place à Perpignan et Béziers. Il le fait aussi sur le terrain du référendum sur l’immigration, en ouvrant la porte à la demande de la droite et du RN après la farce des « Rencontres de Saint-Denis ».

Lui et Darmanin veulent prendre la tête du bloc réactionnaire, sur fond d’une politique belliciste pour le compte des classes dominantes. Ils voudraient nous entraîner dans leur « guerre des civilisations » au nom de l’occident, de l’union nationale, ce nationalisme ridicule qu’ils ont tenu à afficher lors de la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby au chant du coq gaulois !

L’Intersyndicale et la gauche ont tourné la page, pas nous, organisons-nous sur nos propres bases

Après les 6 mois de luttes inédites contre la réforme Macron, les directions syndicales reprennent leur routine du dialogue social. Elles appellent le 13 octobre à une journée « contre l’austérité » sans même un appel à la grève et toutes se préparent à participer à la conférence sociale sur « les carrières et les branches situées en dessous du smic ».

Une nouvelle farce, alors que Le Maire explique déjà que réévaluer l’ensemble des 80 grilles de salaires concernées serait une « erreur économique » ! Pour Macron et ses commanditaires, il n’est pas question d’indexer les salaires sur l’inflation. C’est précisément cette politique qui assure cette si bonne « performance » des profits.

La lutte pour les salaires est une lutte politique contre le système, indissociable de la lutte contre l’explosion de la précarité, contre le saccage des services publics, contre l’offensive réactionnaire des classes dominantes et contre la guerre.

Face au capitalisme de prédation, organisons-nous à la base dans nos interpros, nos AG, nos syndicats, faisons de la politique, rejoignons le mouvement révolutionnaire pour préparer les affrontements à venir.

Laurent Delage

 

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