A l’heure où nous écrivons, nous ne connaissons pas les résultats des élections régionales si ce n’est que, sans surprise, les abstentionnistes sont les grands vainqueurs de ce scrutin dont la campagne s’est déroulée dans l’indifférence générale. Personne n’attend rien de ces joutes électorales très éloignées des préoccupations du monde du travail à travers lesquelles les politiciens se disputent postes et sinécures pour eux et leurs amis, multipliant des promesses auxquelles personne ne croit. Les uns comme les autres sont au service de l’ordre établi, celui de la propriété capitaliste, du fric qu’ils baptisent la République.

Si nous ne savons pas encore comment s’opérera la répartition des places, les rapports de force entre les partis institutionnels, nous connaissons la tendance générale qui, elle, est déterminée par la réalité des rapports de force entre les classes, entre les commanditaires et mentors des politiciens et la classe travailleuse, entre ceux qui s’approprient les fruits du travail humain et ceux qui les produisent.

Force est de constater que ce rapport de force se dégrade au profit des premiers, les détenteurs du capital, de la finance, des usines, des chaînes de commerce et de distribution au détriment de la majorité de la population. L’offensive qu’ils mènent sur le plan social s’accompagne d’une offensive politique réactionnaire visant à étouffer la révolte et la colère du monde du travail et qui profite à l’extrême droite, qui, probablement, pour la première fois pourrait, au deuxième tour, gagner la tête d’au moins une région.

Droite extrême et extrême droite

De LREM au RN en passant par LR, les politiciens de droite et d’extrême droite se disputent le titre des meilleurs représentants de cette offensive. Tous ont mis en tête de leur campagne la « sécurité » qui serait devenue aux dires des instituts de sondage et des grands médias, la préoccupation n°1 de la population. Pas l’insécurité sociale, la vie au jour le jour à cause du manque d’argent, du chômage, de la précarité, l’angoisse pour son avenir ou celui de ses enfants ! Non, l’insécurité créée par une petite délinquance, les trafics de drogue, les « incivilités », les règlements de comptes entre bandes rivales dans les cités de banlieue, une violence certes réelle mais fantasmée à coups de titres à sensation dans la presse écrite et radiotélévisée. Le remède selon les candidats de l’ordre et du rétablissement de l’autorité ? Le renforcement des forces de police ou assimilées, des dispositifs accrus de surveillance, des sanctions plus lourdes… Qui serait responsable de la délinquance, des vols à la tire dans les gares et métros en Ile de France ? « Les mineurs isolés, le plus souvent étrangers », répond sans sourciller Valérie Pécresse, qui préconise de les renvoyer dans leur pays. Il ne leur vient pas à l’idée que ladite insécurité dont ils nourrissent leur propagande xénophobe et raciste, leur mépris social aussi, se développe sur le terreau de la régression sociale généralisée dont leur politique au service des puissances de l’argent est seule responsable.

La décomposition de la gauche

LREM subit, du fait du discrédit de Macron, une défaite beaucoup plus douloureuse que la gifle reçue par leur patron la semaine dernière, au profit de LR et du RN qui pourraient faire à eux deux plus de la moitié des suffrages exprimés. Face à leur campagne réactionnaire, sécuritaire et xénophobe, la gauche, quand elle ne leur emboîte pas le pas comme lors de la manifestation des policiers, est inaudible, qu’elle soit divisée ou non ou un peu moins en intérêts politiciens rivaux. Elle est, au mieux, impuissante parce qu’elle s’inscrit dans le même cadre politique de la République des riches et des possédants que la droite et l’extrême droite. Cette gauche ne veut surtout pas être taxée d’« angélisme » et prend prétexte des légitimes inquiétudes de la population pour capituler et rentrer dans le rang des défenseurs de l’ordre établi. C’est bien sûr l’inverse qu’il faut faire, rompre avec des politiques faillies pour remettre en cause la mainmise des groupes industriels et financiers sur l’économie et la société, la propriété privée capitaliste, condition indispensable pour répondre aux besoins de bien-être et de démocratie de la majorité de la population.

Ne soyons pas abstentionnistes pour nous organiser et préparer l’affrontement avec le pouvoir économique et social

Il est impossible en effet d’espérer obtenir la satisfaction des revendications les plus fondamentales sans que les travailleurs prennent en main leurs propres affaires, leurs luttes, et imposent leur contrôle démocratique sur tous les secteurs de l’économie, exproprient les banques et les sociétés de finance pour les réunir en un seul monopole public bancaire, posent autrement dit la question du pouvoir, de qui dirige la société pour en finir avec un ordre social injuste, inégalitaire qui conduit la société à la catastrophe.

Galia Trépère

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to Twitter

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn