Il ne se passe pas un jour sans que le pouvoir et ses alliés, leurs rivaux de droite et d’extrême droite, les médias aux ordres n’égrènent leur chapelet de propagande réactionnaire, cherchant à étouffer sans y réussir la contestation de la politique du gouvernement et de l’ordre social qu’il protège. Les 7, 8 et 9 mars, presque rien n’a transpiré sur les chaînes TV -et peu dans la presse écrite- de la mobilisation des femmes pour leurs droits et contre le patriarcat, de leur grève et de leurs manifestations, plutôt exceptionnelles en pleine journée le 8 mars, un jour de semaine. Sans doute les ministres et le gratin de la prétendue élite intellectuelle, directement incriminés comme Darmanin accusé de viol et Duhamel d’inceste, ou simplement soutiens par défaut d’un ordre machiste et sexiste qui juge normal par exemple que dans les grandes écoles, type HEC, EDHEC ou ESSEC on élise la « pute du mois » ou la « salope de la promo », craignent-ils d’être atteints à leur tour par de nouvelles révélations et usent de leur pouvoir pour tenter de faire taire la contestation et la révolte.

La campagne réactionnaire bat son plein...

La campagne contre « l’islamo-gauchisme » continue de plus belle, en se saisissant de l’affaire de l’IEP de Grenoble. Les étudiants qui ont « affiché » à l’entrée de l’institut les noms de deux professeurs pour « islamophobie » sont dénoncés, violemment et en boucle, par la plupart des médias qui n’ont même pas fait état des propos réellement discriminatoires à l’égard de la religion musulmane des deux professeurs en question qui ne cachent pas, par ailleurs, leurs opinions de droite extrême comme avant eux le professeur de philosophie de Trappes, Didier Lemaire.

Quand la violence explose, sous sa forme la plus brutale, meurtrière, dans des bagarres entre bandes de jeunes ou dans le conflit entre adolescents qui a provoqué la mort tragique d’Alisha à Argenteuil, ces drames sont autant d’occasions d’alimenter la chronique de la violence et de « l’insécurité », la perte d’autorité des parents, pour justifier des renforts d’effectifs policiers et une répression plus dure envers les jeunes. Rien n’est dit de la violence de la société, de la situation réelle de ces jeunes, l’impossibilité où ils sont de penser leur avenir, des drames du chômage, de la précarité et des conséquences des politiques de restrictions budgétaires, le tout aggravé par la crise sanitaire. Rien de dit non plus du maquis de l’orientation alors qu’il est impossible d’avoir une scolarité normale, du couperet de Parcoursup du fait du manque de places dans les universités, de l’insuffisance criante de personnel adulte dans les établissements scolaires et dans les quartiers, enseignants, surveillants, infirmières, animateurs et éducateurs dont on supprime des postes.

… à l’appui de leur politique de régression sociale

Le gouvernement, les responsables politiques des médias retournent les conséquences de leur politique de régression sociale contre les jeunes et leur famille comme ils osent retourner les conséquences de leur incurie face à la crise sanitaire contre les soignants sommés de se faire vacciner et plus largement contre la population chez qui ils cherchent à susciter un sentiment de culpabilité -chacun.e peut contaminer un.e proche. Ils n’ont pour ce faire pas le moindre scrupule alors que leur organisation de la campagne de vaccination tourne au fiasco avec 3 millions seulement de personnes vaccinées avec les deux doses ! C’est leur système, la folle course au profit à court terme qui est responsable de la survenue de cette épidémie, ce sont les décennies de restrictions budgétaires et de privilèges grandissants accordés aux actionnaires et dirigeants des sociétés privées qui font que le système de santé ne peut réellement y faire face. Sanofi a pu annoncer comme une victoire les 4 milliards de dividendes distribués aux actionnaires en 2020 et comme une nécessité la suppression de 400 postes de chercheurs alors qu’il a été encore incapable à ce jour de fournir un vaccin viable ! On transfère des malades d’Île de France vers d’autres régions alors qu’il n’est pas question de rouvrir comme cela avait été fait lors de la première vague les hôpitaux qu’ils continuent à vouloir fermer ni de réquisitionner des lits dans les établissements du privé.

Ils poursuivent leur offensive contre les services publics, contre les droits sociaux et démocratiques des travailleurs et de la population. La ministre du Travail, Élisabeth Borne, a annoncé que la réforme de l’assurance-chômage s’appliquerait dans sa totalité -sauf les malus pour les patrons sur les contrats courts- le 1er juillet prochain. A cette date, plus de 800 000 travailleurs verront leurs indemnités baisser.

Face aux succès de la réaction, indépendance de classe et internationalisme

Quoi d’étonnant à ce que Le Pen se voit déjà remporter l’élection présidentielle, chose difficilement imaginable il y a trois mois ! Elle peut dérouler tout son programme ultra-réactionnaire dans les pas de Darmanin, Macron et de LR, contre l’immigration, le droit du sol, le port du voile et le prétendu laxisme de la justice tout en ayant l’air de s’opposer au gouvernement sur sa gestion de la crise sanitaire, la réforme de l’assurance chômage et la réforme des retraites. Le Pen se voit présidente à la tête d’un gouvernement d’union nationale dont elle connaît déjà quelques noms pour la bonne raison que cette union nationale autour d’une politique destinée à assurer les profits des groupes capitalistes et les privilèges des plus riches, à étouffer toute contestation et à tenter de diviser les travailleurs entre eux existe déjà, mise en œuvre par le bloc incarné par les Macron, Darmanin, Blanquer, Le Maire, Ciotti, Retailleau, Le Pen, Dupont-Aignan, Philippot quelles que soient leurs rivalités électorales…

Macron s’est élevé sur la ruine des partis traditionnels de gauche et de droite, du PS et de LR mais l’évolution va jusqu’au bout, le « en même temps » de Macron se retourne contre lui, se révèle ce qu’il est, un simple opportunisme politicien. Les derniers sondages indiquent que le Front républicain est fissuré, de plus en plus d’électeurs de droite comme de gauche n’ont pas soit la volonté de faire barrage à Le Pen, soit l’illusion qu’ils pourraient y arriver en faisant confiance à des politiciens dont ils ont déjà expérimenté la politique.

Face au bloc réactionnaire qui arme la minorité privilégiée contre les classes populaires vues par celle-ci comme des « classes dangereuses », il est illusoire de se croire protégé par une force institutionnelle, par le jeu des élections. Toutes les forces politiques qui s’inscrivent dans la gestion du capitalisme alors que celui-ci ne peut plus se survivre que par la dépossession des classes populaires et dans la République bourgeoise qui en est le cadre sont condamnées à faire la même politique, à s’aligner à plus ou moins long terme sur les exigences du capital.

Cette conscience fait son chemin, elle anime les mobilisations qui se construisent à la base, à travers les multiples coordinations, collectifs, associations, équipes syndicales combatives. Comme, avec tant d’autres, les femmes qui manifestaient le 8 mars, « fortes, fières et en colère », comme les intermittents du spectacle et les autres métiers de la culture qui occupent les théâtres de l’Odéon, de Pau, Marseille, Besançon en en faisant des bases d’un combat plus global contre le chômage et la précarité. Leurs actrices et acteurs, militantEs, jeunes, travailleur.ses ne comptent que sur leurs propres forces, leur organisation, leur solidarité. Il serait utile qu’elles et ils trouvent la possibilité d’exprimer une perspective révolutionnaire, socialiste, internationaliste, y compris dans les élections à venir, régionales et présidentielle. Une perspective que les organisations d’extrême gauche, en particulier LO et le NPA pourraient et devraient concrétiser dans des campagnes communes.

Galia Trépère

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