« Je ferai exactement ce qu’a fait Donald Trump avec la Colombie. Plus aucun transfert d’argent vers l’Algérie, plus un seul visa, aucun visa non plus pour les dirigeants algériens ». Le 29 janvier sur LCI, Le Pen, prônait la manière forte, employée par Trump dans les relations internationales, à l’égard de l’Algérie contre laquelle l’État français multiplie les gestes d’hostilité depuis plusieurs mois. Et d’ajouter, sans doute ragaillardie par les hommages de Macron ou Retailleau -« une figure historique »- à son père, tortionnaire et fier de l’être dans les sales guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie : « Je peux comprendre que des peuples souhaitent obtenir l’indépendance. Mais je pense que venir dire globalement que la colonisation a été un drame pour l’Algérie, ce n’est pas vrai ».

L’onde fascisante venue des Etats-Unis après l’élection de Trump s’étend partout dans les vieilles puissances colonialistes, encourageant leurs gouvernements et partis réactionnaires à une politique brutale, ouvertement xénophobe et raciste à l’égard des peuples qu’ils ont réduits en esclavage, pillés et exploités pendant des siècles.

Tous les politiciens en rivalité pour la présidentielle entretiennent en permanence une campagne de préjugés, de haine, racistes, imbéciles avec la collaboration active des médias. C’est à qui stigmatisera le plus les travailleurs immigrés, boucs émissaires de ces vieux réactionnaires qui n’ont aucune réponse à la crise de leur système si ce n’est une offensive contre l’ensemble des travailleurs qu’ils cherchent à affaiblir en les dressant les uns contre les autres. Une politique à leur image, lâche et sans scrupule.

Guerre contre nos camarades immigré·es sur fond de surenchères entre rivaux du bloc réactionnaire

La politique répressive contre les travailleurs immigrés, qui est une constante de tous les gouvernements depuis plus de 40 ans, a franchi un nouveau seuil avec l’arrivée au pouvoir, juste avant celle décisive de Trump, de Bayrou-le menteur et ses propos sur le « sentiment de submersion migratoire » prononcés lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier dernier. Avec la même hypocrisie doucereuse que lorsqu’il fait semblant de n’avoir pas été au courant des violences, agressions sexuelles et viols dont ont été victimes les élèves de Notre-Dame de Bétharram, cet établissement privé catholique près de Pau où il a même placé ses enfants, Bayrou a soigneusement choisi ses mots, la « submersion » s’apparentant aux discours sur le « grand remplacement » banalisé dans l’extrême droite et une partie de la droite.

On assiste depuis à une surenchère d’agressions anti-immigrés, xénophobes, attisée par les ambitions présidentielles des Retailleau, Darmanin, Wauquiez, le Pen.

C’est le 23 janvier la circulaire que Retailleau a envoyée aux préfets « sur la maîtrise des flux migratoires en particulier par la lutte contre l’immigration irrégulière » dont l’objectif déclaré est de faire baisser d’un tiers le nombre de régularisations de personnes sans papier, de 30 000 par an à 20 000. Elle exige pour pouvoir obtenir un titre de séjour non seulement 7 ans de présence en France, mais également un diplôme de maîtrise de la langue française. Et encore faut-il en plus non seulement obtenir un rendez-vous en préfecture -une gageure aujourd’hui, avec parfois jusqu’à 3 ans d’attente-, mais surtout passer entre les mailles des obligations de quitter le territoire français (OQTF) dont la loi Darmanin de janvier 2024 a allongé la durée de validité d’un an à trois ans et qui peuvent être édictées sans que la personne contrôlée sans papiers ait commis le moindre délit.

Mais qu’importe, les personnes sous le coup d’une OQTF sont stigmatisées comme criminelles, les media mettant en lumière et grossissant systématiquement les délits commis par des « OQTF ».

Pour Bayrou, l’urgence est de faire appliquer ces OQTF, dont 7 % « seulement » seraient exécutées aujourd’hui par l’Etat français. Un argument pour Le Pen, dépassée sur sa droite par les propos de ses rivaux au gouvernement Retailleau, Darmanin, Bayrou… « Ils ne font que parler ».

Notre « identité », la classe des producteurs, notre patrie l’Humanité

A partir du 6 février, et du vote par l’Assemblée d’une loi LR qui restreint considérablement le droit du sol à Mayotte, exigeant que les deux parents résident régulièrement « sur le territoire français » depuis 3 ans pour que leur enfant né dans l’archipel obtienne la nationalité française -au lieu d’un parent actuellement y résidant 3 mois-, les déclarations xénophobes des Wauquiez, Retailleau, Ciotti and co en faveur de la suppression du droit du sol sur tout le territoire français se sont multipliées.

« Le débat public doit s’ouvrir sur le droit du sol dans notre pays », déclarait le jour du vote Darmanin qui a depuis affiché son ambition présidentielle en se prononçant pour une primaire à droite, des macronistes à LR. Dès le lendemain dans Le Parisien, il déclarait : « Aujourd’hui il n’y a pas d’effort à devenir français quand on est né quelque part par le hasard de la vie, et je pense qu’il faut un effort pour le devenir... »

Hypocritement, Bayrou répond en disant souhaiter un débat « plus large », « qu’est-ce qu’être français », « qu’est-ce que ça donne comme droit, qu’est-ce que ça impose comme devoir ? ».

Quant à Faure du PS, il tire en touche tout en laissant la porte ouverte : « Le débat sur l’identité nationale n’est pas tabou… Tout dépend de ce qu’on en attend ». Et de rassurer sur la motion de censure que veut mettre au vote le PS sur les propos de Bayrou parlant de « submersion migratoire », « elle ne peut pas faire tomber le gouvernement » car « elle ne peut pas être votée par le RN ».

A cette offensive xénophobe et réactionnaire dont l’objectif premier est de criminaliser et soumettre une partie de la population pour s’attaquer, comme Trump le fait aux Etats-Unis, à l’ensemble des travailleurs et de la jeunesse pour le compte de l’oligarchie capitaliste et financière qui ruine la société, il n’y a qu’une riposte possible. C’est le rassemblement le plus large de toutes celles et ceux qui subissent l’exploitation sociale et les oppressions raciste, sexiste, homophobe, transphobe qu’elle charrie, notre organisation démocratique à la base pour la défense des droits de toute la population et la préparation de l’affrontement que nos ennemis programment.

Les privilégiés passent à l’offensive parce qu’ils ont peur de notre force, ils cherchent à nous diviser parce qu’ils craignent notre union.

Galia Trépère

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