Le gouvernement Bayrou donne à la mascarade parlementaire une allure de farce ridicule et pathétique où s’agitent de vieux pantins manipulés par Macron dont la chute annoncée réjouit Le Pen. Une farce symbole de leur vieux monde qui croule sous les déficits et la dette sans cesse aggravés pour que prospèrent les banques et le patronat, les bourses et les spéculations financières. Si ce piteux spectacle qui tourne en ridicule les parlementaires et ruine le crédit des institutions inquiète les classes dominantes, l’Etat et sa police veillent à la défense de leurs intérêts et à la perpétuation de cet ordre pourri et corrompu. Il poursuit les attaques contre les travailleurs et la population. Que leur importent la régression sociale, le désarroi et la détresse, la pauvreté et la misère, la tragédie que vit la population de Mayotte abandonnée au mépris colonial, à la misère, à la xénophobie et au racisme, tant qu’ils repoussent l’explosion sociale inévitable. L’arrogance de ce gouvernement de pitres discrédités, les Retailleau, Darmanin et autres Valls pourrait bien accélérer les choses...

Cette crise sociale et politique est une des expressions de la déroute globale du capitalisme financiarisé mondialisé qui concentre toujours plus de richesses entre les mains de quelques milliardaires au détriment des hommes, des peuples, de la nature surexploités pour permettre au Moloch de la finance d’assouvir ses appétits inépuisables.

Cette fuite en avant du vieux monde capitaliste hors contrôle engendre une crise politique qui, des USA à la France en passant par l’Allemagne, déstabilise l’ordre bourgeois, nourrit l’extrême droite. Avec l’exacerbation de la concurrence mondialisée et l’escalade guerrière provoquée par la politique de la première puissance mondiale et de ses alliés de l’Otan, la menace de mise en place de dictatures populistes est, après l’élection de Trump-Musk, de plus en plus présente.

En effet, la bourgeoisie a peur, peur de l’effondrement de son système, d’un krach, d’une récession mondiale, peur des révoltes et insurrections populaires, peur des soulèvements à venir porteurs de révolutions.

Face aux évolutions et bouleversements en cours, il serait indispensable que les différentes fractions qui composent le mouvement révolutionnaire, soucieuses d’offrir une perspective aux travailleurs, à la jeunesse, prennent des initiatives pour structurer, rassembler notre mouvement divisé, encourager toutes celles et ceux qui ont à juste titre perdu toute confiance dans les appareils de la gauche syndicale et politique à prendre leur place dans ce processus pour prendre en main la défense de leurs propres intérêts, la construction de leur propre organisation.

Rêve naïf, nous diront de sages esprits réalistes mais les révolutionnaires ne sont-ils pas les militants d’un rêve collectif ?

Loin d’être un rêve, c’est pour nous une perspective, ce que dit l’intitulé de notre plateforme pour ce 1er congrès[1] du NPA-R, « Pour un pôle démocratique des révolutionnaires ». Dès le lendemain du congrès de la scission-exclusion-explosion du NPA organisée il y a plus de deux ans par la section française de la IVème Internationale, nous proposions d’organiser au plus vite un congrès de refondation afin de redonner au projet du NPA son dynamisme original en rompant avec les ambiguïtés et confusions qu’illustrait la campagne présidentielle de Philippe Poutou. La direction, l’alliance de AetR et de L’Etincelle, s’y est opposée.

Les deux fractions étaient restées jusqu’au Vème congrès du NPA prisonnières de politiques d’autoconstruction parallèles, elles la poursuivent depuis ensemble.

Ce 1er congrès aurait pu permettre de surmonter cette situation, ce qui, à nos yeux, était possible et nécessaire au regard de la nouvelle période et de la situation d’échec du mouvement révolutionnaire. Il était possible de tourner la page de l’exclusion/scission et des deux ans qui ont suivi pour ouvrir une autre étape du projet que portait le NPA.

Les camarades d’AetR et de L’Étincelle ne l’ont pas voulu. Ils font ainsi de ce congrès celui de l’aboutissement de leur fusion par en haut, ce qu’ils appellent « fusionner par la construction », à défaut d’avoir voulu en faire celui d’une refondation démocratique du NPA.

Une telle démarche tourne le dos aux besoins de la période engendrés par la faillite du capitalisme, le besoin de rompre avec le passé de la gauche intégrée à l’ordre établi et du mouvement révolutionnaire sectaire pour travailler à la construction d’un parti des travailleurs.

L’évolution du capitalisme financiarisé mondialisé ouvre une nouvelle période qui rend cette perspective urgente et réalisable, inscrite dans l’évolution explosive des rapports de classes.

Un texte de compromis sans orientation si ce n’est construire… le NPA-R

Le texte du CE, des deux fractions fusionnées, est de toute évidence le produit d’un compromis long et sans axe qui ne définit aucune orientation ni stratégie, ni analyse de la période ni de nos tâches. Une accumulation de faits et d’appréciations sans lien entre eux si ce n’est la condamnation de l’impérialisme, de tous les impérialismes, qui déclare l’urgence révolutionnaire sans que soient explicitées les conditions tant objectives que subjectives qui constituent les prémices des mouvements révolutionnaires à venir. Il nous est pourtant indispensable de comprendre ce qui différencie notre époque du passé d’échecs et de reculs ainsi que les conditions objectives et subjectives qui façonneront les luttes de classes à venir, les perspectives révolutionnaires.

De ce fait, le texte de la direction relève d’une vision manichéenne de la politique et des rapports de classe, voire d’indignation ou de condamnation morale, qui n’éclaire pas sur la logique interne qui détermine les choix des classes dominantes, leurs contradictions et absurdités criminelles ainsi que les possibilités et perspectives révolutionnaires qui surgissent du nouveau stade de développement du capitalisme.

Le marxisme, explication et compréhension matérialiste et dialectique de la lutte de classe du point de vue des luttes d’émancipation, laisse la place à une pensée politique, morale et volontarisme, que résument en une phrase AetR et L’Étincelle : « Prendre appui sur ce que nous sommes déjà pour construire le parti que nous voulons », en un mot la définition d’une politique de secte qui part d’elle-même pour revenir à elle-même et non d’une réalité sociale et politique extérieure à nous-même dans laquelle nous sommes sujet et objet.

AetR et L’Étincelle poursuivent donc leur politique d’auto-construction… ensemble. Leur texte en définit le dénominateur commun, un anticapitalisme qui réduit la stratégie révolutionnaire, communiste à des proclamations.

Capitalisme financiarisé mondialisé, lutte de classe et guerres, nouvelle époque de crises et de révolutions

Le texte de la direction sur la situation internationale surprend dès l’abord en centrant la discussion autour de la possibilité ou pas d’une troisième guerre mondiale : « Le spectre des deux guerres mondiales passées plane et la question est posée : l’impérialisme nous mène-t-il vers un nouveau conflit militaire généralisé ? » Nous sommes vite rassurés : « La reconfiguration des rapports de force qui se joue depuis plus d’une dizaine d’années, marquée par une conflictualité accrue, y compris militaire, n’exprime pas aujourd’hui une volonté programmée des bourgeoisies mondiales d’entrer en guerre à un terme et selon des camps définis. » Il pourrait exister ainsi une volonté programmée des bourgeoisies d’entrer en guerre, avec un calendrier et des camps définis ! Comme si la politique mondiale dépendrait de leur libre arbitre et non de la logique interne des contradictions du capitalisme qui dictent leur politique à ses serviteurs.

Cette vision manichéenne du monde nous apprend que : « Les États-Unis et leurs alliés de l’Otan ne s’affrontent pas directement sur le sol ukrainien ; les États-Unis et la Chine non plus, autour de Taïwan. Mais il ne faudrait pas prendre à la légère l’augmentation sensible et mondiale des budgets militaires – au détriment des budgets sociaux – et les tentatives d’embrigadement nationaliste ». Les USA n’auraient pas été conduits à une guerre par procuration contre la Russie du fait de leur politique expansionniste à l’Est après l’effondrement de l’URSS, une politique dont ils ont perdu le contrôle de la même façon qu’ils ont perdu le contrôle de leur politique dans l’ex-Yougoslavie, puis en Afghanistan et en Irak et au Moyen-Orient ? La guerre d’Israël au Moyen-Orient ne s’inscrit-elle pas dans ce déploiement militaire des USA et de l’Otan, le camp des vieilles puissances impérialistes quelles que soient leurs contradictions et rivalités ?

Nos camarades ont bien du mal à se dégager du suivisme opportuniste qu’ils ont eu vis à vis de la politique de Poutou sur l’Ukraine lors de la campagne présidentielle qui, de fait, mettait le NPA à la remorque de la propagande de soutien à la guerre par procuration des USA contre la Russie sous couvert de la défense des droits des peuples.

Et ils nous mettent en garde, « Mettre excessivement l’accent sur le danger, réel, de guerres interétatiques à venir, dites de «haute intensité» dans le jargon militaire, entre puissances impérialistes expose au risque de minimiser les guerres de classe et guerres contre les peuples qu’elles mènent aujourd’hui sous nos yeux, parfois conjointement ».

Étrange conception marxiste qui dissocie la politique internationale de la lutte de classe, comme si la politique des États n’était pas soumise à un seul impératif, la lutte pour l’accumulation du capital dans le cadre de la concurrence mondialisée, la lutte contre la baisse du taux de profit contre le prolétariat, les rivaux capitalistes et les peuples. Cette façon de voir se retrouve quand nos camarades discutent de la politique intérieure, tout n’est que choix de la bourgeoisie sans que l’on comprenne ce qui détermine ces choix et surtout en quoi cette dernière en a la maîtrise. Il est pourtant évident qu’il y a un lien direct entre la lutte de classe à l’intérieur et sa continuation sur le marché mondial, en particulier par l’emploi de la force, y compris militaire, la guerre.

Ces raisonnements hors sol sont le produit du refus d’intégrer l’idée que nous sommes entrés dans une nouvelle période. Nous serions toujours au stade suprême du capitalisme décrit par Lénine en 1916. Certes il y a des réorganisations, mais aucun saut qualitatif qui nous permettrait à la fois de comprendre l’échec du mouvement révolutionnaire dans le passé, les longues années de recul et ce qui autorise à penser qu’aujourd’hui nous sommes entrés dans une nouvelle ère de crises, de guerres et de révolutions.

Nos camarades se limitent à des proclamations dénonçant le mal absolu qu’est l’impérialisme : « Ce système est totalement défaillant à assurer le bien-être voire la survie des milliards d’habitants de la planète. L’urgence est bien à la révolution mondiale pour retirer le pouvoir des mains de la poignée d’exploiteurs qui mènent l’humanité dans le mur ». Oui, certes, mais cette urgence ne dépend pas que du volontarisme militant mais bien des conditions objectives et subjectives façonnées par le développement du capitalisme financiarisé mondialisé qui rendent possible ce qui a échoué dans le passé et portent la perspective révolutionnaire.

L’indignation et la condamnation, la dénonciation ne font pas une politique : « S’il nous semble du devoir de révolutionnaires prolétariens d’exiger que les troupes de l’impérialisme russe quittent le sol de l’Ukraine, au nom du droit du peuple ukrainien à décider de son sort, il nous semble tout aussi important de dénoncer les responsabilités de l’impérialisme américain qui a saisi l’occasion de donner une nouvelle vie à l’alliance militaire de l’Otan, prétendument en « défense de l’Ukraine ». Les camarades, dans le compromis réalisé entre eux, condamnent les deux camps en oubliant que l’ennemi principal est dans notre propre pays, lequel fait partie du camp des USA, de leurs alliés et de l’Otan qui sont les principaux fauteurs de guerre. Certes, « Nous dénonçons, écrivent AetR et L’Etincelle, la façon dont la guerre en Ukraine a été la justification de l’augmentation du budget militaire, c’est-à-dire du magot que peuvent empocher les marchands de canons français qui arrivent désormais au deuxième rang des exportateurs mondiaux (et Barnier ne compte pas réduire leur poste)... Nous dénonçons aussi l’occasion qu’a saisie Macron de sonner du clairon nationaliste et de mettre en chantier un SNU (Service National Universel), nouvelle mouture de service militaire pour tenter d’embrigader la jeunesse… ». « Nous dénonçons » et la lutte contre la guerre devient une politique pacifiste qui dénonce les uns et les autres… La guerre par procuration d’Ukraine n’est pas une justification ni une occasion saisie ! Elle est une politique des grandes puissances impérialistes, des USA et de l’Otan, pour défendre leur hégémonie mondiale révolue, politique dans laquelle l’impérialisme français aussi faible soit-il cherche à trouver sa place pour conserver ce qu’il lui reste de colonies ou jouer son rôle au Maghreb.

Sur cette question aussi, nous avons besoin de nous réapproprier concrètement la politique de Lénine du défaitisme révolutionnaire plutôt que de répéter les formules tout faites d’impérialisme, nous la réapproprier pour lui donner un contenu concret, militant, actuel.

Prendre au sérieux la menace de l’extrême droite, de dictatures populistes

Nos camarades minimisent ou relativisent l’arrivée au pouvoir de Trump ainsi que le développement de l’extrême droite. Rien n’est mis en perspective, la bourgeoisie s’attaque aux travailleurs pour faire toujours plus de profits !

Crise de la démocratie bourgeoise ? Pourquoi ? Simple choix de la bourgeoisie dans un monde manichéen ? Une absence de compréhension qui réduit la lutte contre l’extrême droite à la lutte contre le racisme, la xénophobie, le nationalisme, une lutte idéologique en quelque sorte. Or la montée de l’extrême droite ici, en Europe comme aux USA, est inscrite dans la militarisation du monde, la menace de mondialisation de la guerre, la menace de dictature populiste, d’un nouveau fascisme et ne peut être combattue que par la combinaison de la lutte pour les droits sociaux, démocratiques, contre la guerre autour d’un programme pour la conquête du pouvoir, la transformation révolutionnaire de la société.

La marche à la faillite du capitalisme financiarisé mondialisé conduit à une maturation des conditions objectives et subjectives qui préparent une nouvelle période de révolutions. Nos camarades écrivent : « ces facteurs objectifs pourraient converger et déboucher sur de véritables révolutions sociales. Ce qui rend indispensable le renforcement du facteur «subjectif», par la construction de directions, de partis révolutionnaires capables de comprendre, de se lier et d’intervenir dans ces contestations politiques et sociales, avec l’objectif de transformer les révoltes en révolutions sociales qui ne renversent pas seulement un dictateur ou un régime, mais mettent fin à la dictature du capital et établissent une situation de double-pouvoir débouchant sur un gouvernement des travailleurs et des travailleuses. » Ils touchent du doigt le problème sans aller jusqu’au bout et en tirer les conclusions.

Toute la question est le lien entre l’évolution des conditions objectives -rapports de production et d’échange, développement des techniques, conditions de la reproduction et des échanges, institutions- et la conscience des masses, l’évolution des consciences sociales, politiques, des idées y compris révolutionnaires. La question subjective ne peut être réduite à la « construction de directions, de partis révolutionnaires » desquels dépendraient la transformation de révoltes en révolutions sociales.

Le marxisme n’est pas un dogme ou une idéologie mais la science des luttes d’émancipation qui évolue nécessairement en fonction de la société elle-même… Le parti de l’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes est à la fois sujet et objet de ces bouleversements, instrument de la prise du pouvoir. La conscience communiste n’est pas une conscience abstraite mais bien la conscience du mouvement réel qui abolit l’état de choses existant et du rôle du prolétariat du fait de sa position dans les rapports de classe, les rapports de production.

De l’échec du NPA à la politique pour un pôle démocratique des révolutionnaires en passant par le bilan des fractions

Discuter de nos tâches sans aborder la situation concrète et réelle du mouvement révolutionnaire dont nous sommes une composante relève d’une démarche sectaire très largement partagée. La fierté que nous pouvons éprouver d’avoir maintenu le NPA ne nous aveugle pas sur son échec ni sur nos responsabilités dans cet échec ni sur notre propre réalité et celle du mouvement révolutionnaire pour évaluer nos tâches.

De ce point de vue, la concentration sur « la fusion à travers la construction du NPA-R » développe un esprit autocentré. « A cette étape, nous sommes donc au début d’une phase de transition. Une transition politique orientée par la boussole du «pôle des révolutionnaires», qui imprime notre politique. Elle prend d’ores-et-déjà deux aspects : d’un côté la fusion des anciens courants et militants sans courant que nous étions, par la construction du NPA Révolutionnaires. De l’autre, la volonté de s’adresser aux autres courants révolutionnaires en France et dans le monde. »

Donc un congrès de fusion et tout le monde est invité à rejoindre le processus de fusion des deux fractions dont par ailleurs il n’est rien dit ! « Une transition politique », une transition vers quoi ? Et cette « boussole » du « pôle des révolutionnaires » mériterait un peu plus de contenu que la simple fusion « par la construction du NPA Révolutionnaire »

Nous serions « au début d’une phase de transition », si on comprend bien vers un parti communiste révolutionnaire, ni plus ni moins ou « un petit parti prolétarien ». Il y a là plus de proclamation volontariste que de contenu politique pour une raison simple, l’absence d’analyse et d’appréciation de la situation du mouvement révolutionnaire, de l’échec que représente la scission/exclusion ainsi que des responsabilités des différentes fractions.

Sans le formuler clairement et en tirer les conséquences, les camarades comprennent bien que le NPA-R est le produit du double échec de la LCR et de LO, un double échec historique au sens où aucune des deux organisations n’a les moyens, par elle-même, de relancer une dynamique, l’une s’est effondrée, l’autre est prisonnière d’elle-même.

Produit de ce double échec et des occasions manquées auxquelles elles n’ont pas su formuler de réponse, les deux fractions, s’engageant dans une fusion au mépris de toute idée de refondation, restent elles-mêmes prisonnières de cet échec, le perpétuent.

Le bilan d’échec du NPA n’est pas le bilan d’un projet ni même des confusions qui ont présidé à sa fondation, il est le bilan des courants et tendances qui y ont participé. L’échec du NPA, c’est ce que nous en avons fait.

Le projet de regrouper les anticapitalistes et révolutionnaires était en soi un pas en avant qui visait à créer un cadre ouvert permettant d’associer tous les courants qui le souhaitaient.

Les principes fondateurs formulant un projet de « transformation révolutionnaire de la société » laissaient ouvertes bien des questions stratégiques mais aucun courant, à l’exclusion de Démocratie révolutionnaire, ne s’est battu pour que ces questions soient traitées et tranchées.

A l’opposé même, AetR et L’Étincelle ont boycotté la discussion, tout comme la fraction IVème Internationale, y compris après en avoir voté le principe !

Prétendre que l’échec du NPA est une chance ressemble à une vantardise sectaire, c’est surtout une grande incompréhension de ce qui s’est passé, de nos responsabilités.

La majorité de la section française de la IV ayant pris une voie détournée pour construire un parti large, confrontée à son échec, a organisé la scission. Les autres courants, RP, AetR, L’Etincelle n’ont à aucun moment eu d’autres objectifs que de se construire, politique qu’ils poursuivent, ensemble ou séparément. A aucun moment, ils n’ont imaginé et pensé une politique qui puisse dépasser ce qu’ils étaient eux-mêmes pour s’intégrer dans la direction et les responsabilités collectives, quand cela était possible, tout en gardant leur indépendance de tendance.

La dernière campagne de Poutou a été le point culminant de cette contradiction entre les politiques d’autoconstruction et la nécessité de se battre pour une direction et une orientation alternatives. AetR et L’Etincelle ont préféré un compromis impossible avec la majorité en train de préparer la scission.

Deux orientations en dispute et une motion qui pourrait rassembler

Nos tâches s’organisent autour de deux axes indissociables : se dégager des pratiques sectaires et opportunistes en développant une politique pour un pôle démocratique des révolutionnaires, en recherchant activités et interventions communes, unitaires, mais aussi et surtout une discussion large et publique avec l’ensemble des courants visant à refonder le mouvement révolutionnaire au regard de la nouvelle période que nous connaissons.

Les deux sont intimement liés, pas plus le processus de construction d’un parti qu’un processus révolutionnaire ne dépendent de la seule volonté d’une avant-garde et surtout d’une avant-garde en mille morceaux qu’est aujourd’hui le mouvement révolutionnaire.

Nos limites actuelles, celles du mouvement révolutionnaire s’expliquent, au-delà des erreurs et faiblesses des uns et des autres, par les conditions historiques tant objectives que subjectives qui elles-mêmes se combinent, une longue période de recul du mouvement ouvrier alors que le capitalisme connaissait une nouvelle période de développement. Le bilan critique du mouvement révolutionnaire part de l’idée que nous n’échappons pas aux conditions objectives et subjectives qui définissent le cadre dans lequel nous militons pour dégager nos acquis des faiblesses majeures inhérentes aux longues années de recul. Ce bilan est d’autant plus nécessaire que les conditions objectives et subjectives ont profondément changé.

Nous sommes confrontés aujourd’hui à des évolutions accélérées du fait de la crise globale du capitalisme financiarisé mondialisé et de la fin des partis nés de l’histoire des luttes de classes, le PC et le PS, et de l’impossibilité de la formation de nouveaux partis ouvriers réformistes au sens où le furent ces derniers. A l’opposé, les possibilités de l’émergence, de la construction d’un parti des travailleurs se renforcent. Y contribuer, faire du neuf, passe par la rupture avec la logique de divisions et d’échec de notre propre passé pour construire notre unité dans la perspective de la construction d’un parti des travailleurs révolutionnaires.

La priorité est d’œuvrer à une dynamique unitaire.

C’est pourquoi nous portons avec les camarades de Socialisme ou barbarie et des camarades hors courants la motion « Pour un pôle des révolutionnaire, faire vivre la démocratie ». Elle est initiée par des camarades qui ne sont pas d’accord sur tout, mais elle définit ce qui nous semble aujourd’hui essentiel, ce sans quoi toutes les belles phrases, bonnes intentions ou déclarations deviennent des proclamations ou incantations.

C’est pourquoi il nous semble que même si les divergences d’analyses n’étaient pas surmontées à ce stade, il devrait être possible de nous rassembler autour d’un texte définissant une démarche commune pour contribuer à ce que se constitue un pôle des révolutionnaires, une politique combinant la recherche de convergences stratégiques à travers la discussion sur la période et les tâches de construction et d’intervention pour faire entendre la voix des travailleurs, défendre nos perspectives, aider à l’organisation démocratique des travailleurs et de la jeunesse.

Démocratie Révolutionnaire

[1] https://npa-revolutionnaires.org/congres2025/

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