Le budget 2025 de Barnier est en discussion à l’Assemblée et fait se lever un vent de contestation toute parlementaire, un budget choc, 60 milliards d’économies soit 20 milliards de coupes dans les dépenses de l’État, près de 15 pour celles de la Sécurité sociale, 5 milliards pour celles des collectivités locales. Le gouvernement aggrave la ruine des services publics et s’attaque directement aux salariés, baisse du remboursement de la consultation médicale pour 1,5 milliard, coup de rabot sur les indemnités journalières, gel des pensions de retraite pendant six mois, pour près de 4 milliards d’économies, suppression de 4 000 postes d’enseignants… Et il poursuit sa politique en faveur du capital qu’il égratigne à peine, pas plus que les plus riches.
La commission des finances a décidé de pérenniser la surtaxe prévue sur les ultra-riches censée rapporter 2 milliards, une goutte d’eau. L’année dernière, les entreprises du CAC 40 ont versé 70 milliards de dividendes.
Cette attaque brutale contre les travailleurs et les classes populaires est justifiée par une prétendue dérive budgétaire, le déficit atteindrait 6,1 % du PIB en 2024 alors que la prévision du gouvernement était de 4,4 %. En réalité, elle est surtout la conséquence d’années et d’années de cadeaux aux riches qu’on s’apprête à nous faire payer, la conséquence aussi de la hausse des dépenses militaires.
Le vrai débat que n’aborde pas le parlement, c’est l’utilisation des finances publiques soumise aux intérêts du capital au mépris de ceux de la population, y compris des besoins vitaux des plus démunis auxquels le pouvoir fait payer le déficit, la dette que l’État a contractée auprès de ceux qu’il engraisse, les financiers : double profit pour le capital, double peine pour le monde du travail !
Le gouvernement intérimaire de Barnier, sans majorité et sans avenir, dont le budget est contesté même par certains ministres dont celui de la justice Migaud, voudrait utiliser sa position de faiblesse pour passer… en force. Il sait qu’il sera contraint d’utiliser le 49.3 et que le RN lui sauvera la mise en ne votant pas de motion de censure. Donc autant laisser libre cours à la comédie parlementaire animée par les ambitions et rivalités pour marquer l’opinion et contraindre les députés, moyennant quelques concessions à la marge, à se plier au cadre imposé de l’austérité tout en en discutant les modalités.
Pour en finir avec la dette, rente pour la finance et les riches, et les subventions au capital
Ce qui ne se dit pas au parlement, c’est qu’il serait bien facile de résoudre la question du déficit simplement en supprimant les cadeaux aux capitalistes, en puisant dans les 1 200 milliards accumulés en 2023 par les 500 plus grandes fortunes de ce pays ou dans les 153 milliards de profits réalisés par les entreprises du CAC 40 en 2023. Il suffirait de faire valoir les droits de la population contre la minorité parasite qui dirige le pays et impose sa volonté. Ce serait en fait une révolution que seuls les travailleurs·es sont en mesure de réaliser, mettre en place un gouvernement qui serve les intérêts du monde du travail et de la collectivité.
La dette trouve son origine dans l’augmentation des aides aux entreprises qui sont passées d’environ 2,6 % du PIB en 1979 à 8,5 % du PIB en 2022, soit plus de 200 milliards d’euros. Un transfert de richesses dans les coffres du capital auquel tous les gouvernements de droite ou de gauche ont participé. La dette publique se monte à 110 % du PIB, 3.200 milliards d'euros, la charge des intérêts est d’environ 50 milliards d’euros par an.
La politique des classes dominantes, leur fuite en avant, l’aggrave en permanence ainsi que les déficits et menace d’un krach. Résoudre cette crise permanente de la dette serait d’abord refuser de la payer à la place de ceux qui en sont les bénéficiaires, ce qui signifie contester radicalement le fait que l’État se plie à la volonté des multinationales pour se donner un gouvernement démocratique des travailleurs s’appuyant sur leur mobilisation pour annuler la dette de l’État au capital. Nous n’avons aucune raison non seulement de payer mais de reconnaître cette dette. C’est l’État des capitalistes qui a emprunté cet argent aux capitalistes pour le leur redonner, pas nous, nous avons toutes les raisons de répudier leur dette.
Répudier la dette, l’annuler implique de construire de nouveaux moyens de financement de l’activité économique et sociale, c’est-à-dire d’exproprier les banques pour réorganiser les institutions financières en un monopole public bancaire.
Il n’y a pas d’issue sans remise en cause radicale de la propriété capitaliste.
L’absurdité d’un capitalisme financiarisé en marche vers la faillite
L’affaire Sanofi illustre l’absurdité de leur politique, le gâchis qu’elle représente. Sanofi bénéficie depuis des années, par le biais du crédit impôt recherche, d’une subvention permanente de l’État dont il fait ce qu’il veut, sans être soumis au moindre cahier des charges, et agit en fonction des seuls impératifs de la rentabilité financière. C’est la logique de la soumission de l’État au parasitisme de la finance qui empoche des milliards qu’elle investit dans le seul but de réaliser des opérations financières en jouant au casino de la finance mondiale les usines et instruments de production, qui ne sont plus qu’une simple mise dans les opérations spéculatives.
La politique d’austérité, de plus, mise en œuvre à l’échelle européenne, ne résout en rien le mal, elle l’aggrave. Alors que l’investissement des entreprises est au plus bas, que la consommation des ménages stagne ou régresse, baisser les dépenses publiques aura un effet récessif qui aggravera la situation des finances publiques.
Cette politique d’austérité n’est pas un remède mais un symptôme du mal profond qui ronge le capitalisme. La concentration des richesses entre les mains d’une minorité qui exige, sans fin et sans limite, de nouveaux profits, ruine la société et prépare un krach financier, une faillite économique.
Le capitalisme est confronté aux limites du marché planétaire, limites qu’il aggrave en accumulant des richesses par une exploitation sans cesse accrue des travailleurs et des peuples, de la nature. Il lui faut trouver sans arrêt de nouveaux marchés, de nouvelles sources de profits. La crise actuelle de l’industrie automobile est significative. Le marché est saturé, la production d’automobiles obéit à une logique absurde, un gaspillage considérable aux conséquences écologiques inquiétantes tant par l’organisation de la production que par la production de voitures pour le seul profit sans aucune rationalité répondant à de réels besoins humains et sociaux. Les plans de licenciements se multiplient détruisant 100 000 emplois pour que les profits continuent d’exploser jusqu’à la faillite.
La lutte contre l’austérité et les licenciements pose la question d’une réorganisation complète du mode de production, de l’abolition de la propriété capitaliste pour lui substituer la propriété collective des moyens de production, des institutions financières, des moyens de transports et d’échange.
Pour les droits sociaux et démocratiques en finir avec la dictature du capital
On nous parle démocratie mais leur système ne respecte pas plus les droits sociaux que démocratiques. Le Parlement discute, amende, enquête, censure mais sans jamais contester le cadre imposé de la propriété capitaliste, ses institutions et la rente que l’État verse au capital par la dette.
La démocratie est un vain mot quand les finances de l’État sont entre les mains d’une minorité capitaliste qui empoche la rente des intérêts de la dette qui leur permet de faire marcher leurs affaires et de réaliser leurs profits en investissant l’argent que l’État leur prête…
C’est cette démocratie dite républicaine qui réprime aux Antilles ou en Kanaky et mène une campagne permanente xénophobe et raciste contre les migrants boucs-émissaires désignés comme responsables de tous les maux, y compris du déficit de l’Etat !
En promettant de mettre sur la table, dès le « début 2025 », l’examen d’une nouvelle loi immigration, le gouvernement donne bien sûr des gages au RN mais Barnier-Retailleau font tout simplement leur politique, celle qui partout en Europe accompagne les politiques d’austérité, la démagogie contre les migrants pour rassurer le petit bourgeois qui se sent menacé. Pour faire passer leur politique de régression sociale et démocratique, ils flattent les fantasmes et les préjugés, la peur et l’obscurantisme pour les retourner contre l’ensemble des travailleurs.
Combattre l’austérité est un combat de classe contre les classes dominantes parasites qui se revendiquent du nationalisme pour mieux défendre leurs intérêts dans la concurrence mondialisée, contre leurs guerres, auquel nous opposons la lutte internationaliste des travailleurs d’Europe et du monde.
Yvan Lemaitre