Une même logique dicte sa loi aux capitalistes et aux politiciens, une économie de prédation, la lutte pour maintenir les profits, éviter le krach en transférant toujours plus de richesses des producteurs aux parasites du capital, par la dette, la surexploitation, la marche à l’économie de guerre et à la guerre…

Le Maire avec son plan de 10 milliards d’euros de coupes budgétaires et Macron défendant la perspective d’envoi de « troupes au sol » en Ukraine s’inscrivent dans cette logique. Tout en se livrant à son irrésistible penchant à jouer les « grands hommes », ce dernier prend acte sur le fond des évolutions possibles d’une situation que personne ne peut contrôler. Il tente aussi, en reprenant sa rhétorique de « l’économie de guerre », de jouer sur les peurs, déporter sur la guerre en cours et son coupable désigné Poutine la responsabilité de sa propre politique de régression sociale tout en masquant son véritable but, garantir les intérêts des classes dominantes dans une économie en plein marasme. 

C’est à cette tâche que se livre Le Maire avec des restrictions budgétaires qui visent en premier lieu les classes populaires : - 950 millions sur les dispositifs d’aide aux ménages, - 300 millions sur l’aide à l’accès au logement, - 70 millions sur la santé, - 691 millions sur l’enseignement scolaire, etc.  Une autre coupe est envisagée en cours d’année et un coup de rabot de 20 milliards est annoncé pour le budget 2025. A cela s’ajoutent d’autres menaces : nouveaux reculs des droits des chômeurs, mise de l’assurance chômage sous le contrôle direct de Bercy, suppression de l’indexation des retraites et des minima sociaux sur l’évolution du coût de la vie…

Les fausses justifications comptables d’une offensive de classe

Le Maire a ses « bonnes raisons » pour justifier ses mauvais coups. La prévision de 1,4 % de croissance sur laquelle était construit le budget 2024 (qui intégrait 16 milliards d’économies) s’avère surestimée et doit être réduite à 1 %. Du fait de la baisse d’activité économique en 2023, les recettes fiscales ont été inférieures aux prévisions : - 4,4 milliards sur l’IS (impôt sur les sociétés) ; - 1,4 milliards sur la TVA, conséquence de la baisse de la consommation ; - 1,4 milliards sur l’impôt sur le revenu, conséquence de la baisse… des revenus !

Le déficit budgétaire s’élève à 4,9 %, bien au-dessus des 3 % fixés par les règles de l’UE… Pour le compenser, l’Etat n’a pas d’autre choix que de s’endetter encore plus, 285 milliards en 2024, un record. Cela alors que le montant de la dette en cours dépasse 3000 milliards (112 % du PIB), que ses intérêts seront de 51,7 milliards pour l’année.

Il faut « rétablir les finances publiques » nous dit Le Maire, et pour cela avaler sans broncher les reculs sociaux qu’il voudrait nous imposer. Il ment pour masquer le véritable but de sa politique, nous faire payer le coût du maintien en fonctionnement d’un système économique qui s’enfonce dans sa déroute. Une offensive d’autant plus révoltante qu’elle tombe au moment même où les entreprises du CAC40 affichent leurs milliards de profit.

La fuite en avant d’un capital sous perfusion

« Des milliards d’euros de profits et de dividendes, une année record pour les entreprises du CAC40 » titrait Le Monde. Le bénéfice net cumulé de 38 d’entre-elles pour 2023 s’élève à 153,6 milliards d’euros, 9,7 % de plus qu’en 2022. Profits dont 67,8 milliards ont été distribués en dividendes, et 30,1 milliards sous forme de rachat d’actions. Portés par ces résultats mirobolants, la valeur des actions atteint des sommets, gonflant les bulles spéculatives, préparant le krach.  

Ces résultats sont pour une bonne part dus à la position de monopole qu’occupent les grandes multinationales et qui leur garantit des marges jusqu’à deux fois supérieures à celles considérées comme « normales », ce qui en fait les premières responsables de l’inflation. Leur position à la tête de tout un réseau de filiales et de sous-traitants leur permet d’accaparer la plus grosse part de la plus-value extorquée aux travailleurs de monde entier. Une part de leurs profits vient également de pratiques spéculatives. Engie se félicite, par exemple, que 35 % de ses profits de 2023 aient été générés par ses activités de trading sur les marchés de l’énergie. Autrement dit par l’achat et la vente de pétrole, de gaz, d’électricité en fonction de l’évolution des cours et sans autre considération que d’essayer de gagner de l’argent dans la transaction.

Par ailleurs, le « quoi qu’il en coûte », prétendument terminé, se poursuit, avec le plan France 2030 consacré au financement de la « réindustrialisation verte » de Macron, avec la politique d’armement qui s’emballe au grand profit des marchands de canons…

La fiscalité des entreprises est un autre vecteur de leur enrichissement. En moins de dix ans, leur taux d’imposition moyen est passé de presque 40 % à quasiment 25 % tandis que les crédits d’impôts qui leur sont accordés augmentent plus vite que l’impôt sur les sociétés, que des dizaines de milliards sont détournés vers les paradis fiscaux. Quant à la dette publique qui ruine la société, elle constitue une véritable pompe à fric qui transfère vers ses grands détenteurs les intérêts payés par l’argent public.

Marche à la guerre, exacerbation de la guerre de classe, explosion de la richesse d’une infime minorité sont les signes de la faillite dans laquelle s’enfonce le mode de production capitaliste sous le diktat des grandes multinationales qui dominent l’économie mondiale. Alors que des fortunes invraisemblables s’accumulent dans les sommets de la finance, le fonctionnement de la machine à profit ne peut être maintenu, les krachs évités, que si les Etats et les grandes institutions financières entretiennent la circulation du capital, en accentuant l’exploitation, en épuisant les ressources naturelles, en ruinant les équilibres écologiques, en plongeant le monde dans la guerre.

Non à la marche à la guerre et à l’austérité

Il n’y a pas de fatalité dans cette fuite en avant vers la catastrophe. Les reculs sociaux, les inégalités qui se creusent rendent l’affrontement inévitable et nécessaire. La révolte sociale est le meilleur antidote pour se dégager de la pression idéologique entretenue par le camelot de « l’économie de guerre » Macron et les médias aux ordres et passer outre la paralysie de la gauche institutionnelle et des organisations syndicales engluées dans la politique d’union nationale. La réponse est dans les mobilisations du monde du travail et de la jeunesse, pour refuser la militarisation de l’économie et des esprits, refuser l’austérité, imposer notre droit à vivre décemment, nous préparer à changer le monde.

Daniel Minvielle

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