Texte de discussion dans le cadre du NPA
Dérive réactionnaire et offensive capitaliste contre les travailleurs et les classes populaires
La décomposition politique et la dérive réactionnaire qui pavent le terrain à l’extrême-droite trouvent leur source dans l’explosion des contradictions de classe, le pourrissement du capitalisme. Les superprofits et les dividendes records exigent l’appauvrissement continu des classes populaires et des travailleur.es.
La dette publique a dépassé les 3 000 milliards € (111,7 % du PIB) assurant aux banques 51,7 milliards € d’intérêts en 2023, prélevés dans les caisses publiques alors que les hôpitaux eux-mêmes surendettés et l’ensemble des services publics manquent du minimum !
Le CAC 40 a connu de nouveaux records, près de 100 milliards de dividendes versés à leurs actionnaires en 2023 par les plus grosses entreprises, alors que d’après la Banque de France, 55 492 sociétés ont été concernées dans le même temps par une procédure de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire, + 34,4 % en un an. Parmi elles Casino, Habitat, Lejaby, Naf Naf, Camaïeu, Kookaï, Chauss’expo, Minelli…
Oxfam révèle que les 42 milliardaires français ont empoché 230 milliards supplémentaires depuis 2020, soit l’équivalent des dépenses de santé en France en 2022.
La consommation des ménages a diminué de 7,8 % en deux ans, tous niveaux de vie confondus, et donc de bien plus au sein des classes populaires et des plus pauvres. 20 % des étudiant.es ne mangent pas à leur faim. Des centaines de milliers de personnes dont des milliers d’enfants vivent dans la rue.
L’explosion de colère des agriculteurs contre la dégradation de leurs conditions de travail et de vie que la FNSEA voudrait canaliser et le RN instrumentaliser contre l’Europe est bien un nouvel acte d’accusation contre une politique qui sacrifie la vie des petits agriculteurs à la défense des banques et des circuits de grande distribution ainsi qu’aux intérêts de l’agro-business, politique fondée sur la compétitivité et la rentabilité financière incompatible avec une agriculture respectueuse des contraintes écologiques.
La réponse ne pourra venir que de l’alliance des producteurs des villes et des campagnes pour contrôler la production et la répartition des biens nécessaires à la population.
Le « réarmement » et la « préférence nationale » contre le monde du travail, les femmes et la jeunesse
La Macronie, née sur les ruines des partis de droite et de gauche discrédités par des décennies d’alternance au pouvoir et de cohabitation, est, à son tour, déstabilisée par les mêmes mécanismes. Confronté à la contestation sociale, à sa radicalisation et sa politisation depuis les Gilets jaunes, les luttes pour les retraites, contre les violences policières, les mobilisations de la jeunesse, Macron « ni de droite ni de gauche » a intensifié les passages en force, les politiques réactionnaires et sécuritaires, jusqu’à la loi « asile immigration » reprenant à son compte la « préférence nationale », considérée comme « une victoire idéologique » par l’extrême-droite qui postule désormais à prendre le relai au service des classes dominantes.
L’absurde campagne pour « le réarmement démographique » contre la « dénatalité » n’a d’autre raison d’être que de flatter les catégories sociales les plus réactionnaires du pays contre le mouvement féministe, sorte d’écho lointain et ridicule du pétainisme.
Le nouveau gouvernement s’affirme comme le parti de l’ordre, de « l’identité nationale », du « réarmement » au service des classes dominantes. Marseillaise et uniforme à l’école, généralisation du SNU, soutien à la guerre génocidaire d’Israël contre les Palestiniens, accélération de la production d’armements et propos va-t-en-guerre contre la Russie… Tout est fait pour préparer les opinions publiques à l’idée que la guerre serait inéluctable et qu’il faudrait s’y préparer.
Faillite du capitalisme et tournant majeur dans la situation internationale
Après la guerre par procuration d’Ukraine menée par les USA et l’Otan contre les ambitions grand russes de Poutine, la guerre génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien, la constitution par les USA et le Royaume uni d’une coalition internationale contre les Houthis avec en ligne de mire l’Iran, ainsi que les tensions avec la Chine autour de Taïwan constituent un tournant majeur dans la situation internationale. L’Otan organise de grandes manœuvres (« Défenseur inébranlable ») qui doivent mobiliser pendant plusieurs mois 90 000 soldats, 50 navires de guerre, 80 avions de l’Atlantique à l’est de l’Europe en perspective d’une guerre directe contre la Russie.
La menace d’une mondialisation de la guerre est bien réelle en particulier du fait de la politique des vieilles et anciennes puissances coloniales et impérialistes. Elle est la conséquence de l’exacerbation de la concurrence entre puissances et Etats capitalistes sur le marché mondial. Elle s’accompagne d’une montée des nationalismes, de la xénophobie et des forces d’extrême-droite.
Au nom de l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme, les forces réactionnaires, associant à leur propagande la gauche parlementaire, déploient une politique répressive contre le soutien et la solidarité aux Palestiniens combinée à une police des esprits et une censure contre toute politique de solidarité internationale flattant les préjugés racistes, xénophobes et militaristes invoquant leur « Guerre de civilisation », affabulation idéologique qui désigne en fait la guerre des grandes puissances occidentales pour maintenir leur hégémonie contre le reste du monde.
Contre le nationalisme et la xénophobie, notre solidarité internationaliste
Les surenchères démagogiques et le renforcement des politiques xénophobes ici, en Europe et dans le monde entier, l’offensive réactionnaire, les attaques contre les migrants, contre l’ensemble des travailleurs pour faire baisser le coût du travail au profit du capital, l’inflation et la spéculation sur les prix, les horreurs de la guerre, la montée du nationalisme et du militarisme à travers le monde sont le résultat des convulsions d’un capitalisme qui, ayant conquis toute la planète, soumis toute l’humanité à la loi du profit et de la concurrence, a atteint ses limites tant historiques que géographiques et ne perpétue son règne que par la surexploitation du travail et de la nature.
Les prodiges inventés et créés par le travail humain, les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle qui défraie la chronique et alimente des fantasmes de milliardaires à la Musk and Co ne servent qu’à asservir toujours plus les salarié·e·s, la classe des producteurs, asservi·e·s à la machine, asservi·e·s à l’organisation mondialisée du travail en fonction de la seule rentabilité financière.
C’est bien pourquoi notre solidarité avec les populations d’Ukraine et de Russie, avec le peuple palestinien ainsi qu’avec les populations qui, à travers le monde, souffrent quotidiennement de l’exploitation et de l’oppression capitaliste est une solidarité internationaliste qui met au premier plan la lutte contre notre propre bourgeoisie, notre propre État.
Contre la menace militariste et guerrière, l’inflation, la crise écologique et la montée des forces réactionnaires, la perspective du socialisme international
L’ensemble de nos exigences sociales, économiques, démocratiques, écologiques, pacifistes convergent dans une même lutte pour en finir avec le pouvoir de la minorité capitaliste, pour le socialisme.
Pour sortir de la catastrophe où conduit inévitablement le développement du capitalisme financiarisé mondialisé, il n’y a pas d'autre issue que la conquête du pouvoir par la classe des producteurs, la socialisation des moyens de production. La façon dont les hommes produisent, les techniques qu’ils mettent en œuvre pour cela ont besoin d’une nouvelle organisation fondée sur la solidarité et la coopération internationales.
C’est à travers sa propre expérience, à travers les bouleversements de ses propres conditions d’existence, de vie et de travail que la classe des producteurs prend conscience de la nécessité de transformer le monde pour empêcher la catastrophe en cours de tout détruire sur son passage. Elle a besoin de s’organiser, de se constituer en parti, son propre parti en rupture avec les directions de la gauche parlementaire et syndicale.
Rompre avec le sectarisme et l’opportunisme au sein du mouvement, surmonter les divisions vers un pôle des révolutionnaires
Les révolutionnaires sont les seuls en mesure de répondre à ces besoins du monde du travail, à pouvoir contribuer à la naissance d’un parti des travailleurs en se liant à cette fraction du mouvement social qui, depuis le mouvement des Gilets jaunes, manifeste son indépendance vis à vis du jeu institutionnel, en fusionnant avec elle, en accélérant et armant les prises de conscience politique.
Travailler à créer les conditions pour que se forge dans les luttes à venir contre l’offensive capitaliste, la guerre et l’extrême-droite, la crise écologique, une force révolutionnaire implique de rompre avec les politiques sectaires et/ou opportunistes qui ont engendré les divisions du mouvement révolutionnaire dont la scission-explosion du NPA fut un nouvel épisode.
Il s’agit de rompre avec les routines élitistes qui se protègent derrière les frontières d’organisations toutes entières mobilisées par leurs besoins internes, leur propre construction, portées par l’illusion de devenir un jour un parti révolutionnaire parce que, un jour, la classe ouvrière s’y mettra et trouvera en eux sa direction ! L’attitude de Lutte Ouvrière tant dans les mobilisations que par sa politique pour les élections européennes contribue à entretenir ces rapports sectaires et antidémocratiques au sein du mouvement révolutionnaire alors qu’elle serait en mesure d’impulser une dynamique démocratique dépassant largement les organisations existantes pour s’adresser à un large milieu et l’aider à s’organiser.
Il y a dans l’acceptation des divisions et rivalités au sein du mouvement révolutionnaire une façon d’abdiquer de l’ambition de répondre aux besoins de la période, un conservatisme d’organisation incapable de prendre la mesure des bouleversements en cours.
Un congrès de refondation pour lever les confusions et définir un programme et une stratégie pour un parti des travailleurs
Le NPA, dans la continuité de son projet fondateur, a pour objectif de rompre ces routines pour engager la lutte pour construire un pôle révolutionnaire, une dynamique unitaire et offrir un cadre large, ouvert, démocratique à toutes celles et ceux qui entendent prendre la direction de leurs luttes sociales et politiques eux-mêmes, en toute indépendance de classe de la gauche parlementaire et syndicale. Nous devons nous engager dans une refondation démocratique et révolutionnaire du NPA, pour être un facteur actif de celle de l’ensemble du mouvement révolutionnaire.
Reprenant l’orientation que nous portions ensemble lors du 5ème congrès contre la scission voulue par la direction animée par les militants·e·s de la majorité de la section française de la IV° Internationale, nous devons préparer un congrès de refondation pour formuler une orientation, une stratégie pour dépasser les divisions et jeter les bases à partir de la réalité du mouvement révolutionnaire d’un parti des travailleurs.
Une telle refondation veut dire une rupture avec l’ancien NPA, assumer la séparation conséquence de la politique décidée par l’ancienne direction d’alliance avec LFI depuis les élections municipales de 2020 et donc un changement de nom répondant à sa refondation démocratique et révolutionnaire dont le congrès décidera.
Plutôt que de s’engager à poursuivre un cours sectaire pour garder le nom NPA qui entretient des confusions opportunistes, nous devons assumer la séparation et le changement de nom qu’implique la refondation du NPA accompagnés d’un partage des moyens de militer répondant à la réalité des uns et des autres en refusant d’aller sur le terrain des tribunaux bourgeois.
Une telle orientation implique, tout en ouvrant une discussion publique sur les bases programmatiques d’unification du mouvement révolutionnaire, de saisir toutes les occasions d’agir ensemble avec les autres courants tant dans les cadres de mobilisation pour définir et appliquer les points de convergence que pour développer notre propre propagande révolutionnaire et de rompre tout rapport de concurrence.
Pour les élections européennes, il n’est peut-être pas trop tard pour revenir sur la démarche unilatérale en direction de LO invitée à discuter par le biais d’un communiqué de presse puis d’une adresse, sorte d’interpellation dépitée, pour développer une politique unitaire vis à vis de l’ensemble du mouvement révolutionnaire en particulier vis à vis de RP ignorée jusque-là tant par sectarisme que pour ne pas déplaire à LO. Au regard des résultats de cette démarche publique, nous discuterons de la façon dont notre organisation interviendra dans la campagne électorale et avec qui.
Le congrès de refondation aura pour tâche de définir les éléments communs d’analyse de la période et des tâches qui nous réunissent dans la même organisation et, au regard des divergences, codifiera les rapports entre les différents courants, tendances et fractions qui pourraient se constituer.
Il définira concrètement nos tâches pour avancer vers une refondation démocratique du mouvement révolutionnaire vers la construction d’un parti des travailleurs révolutionnaires.
Démocratie révolutionnaire
Le 24 janvier 2024