La logique même des luttes de pouvoir au cœur de la campagne présidentielle amplifie l’offensive réactionnaire raciste et xénophobe dans laquelle Valls, soucieux de poser à l’homme d’Etat et de ne pas céder le terrain à la droite extrême et à l’extrême droite, n’est pas en reste. Les surenchères démagogiques se nourrissent de la politique du gouvernement. Le drame des migrantEs est cyniquement instrumentalisé pour développer une propagande xénophobe, entretenir les peurs et les fantasmes. Les dérives et panique politiciennes sont telles qu’Hollande n’a pas hésité une seconde à marcher dans les pas de Sarkozy pour prendre le chemin de Calais pour saluer sa police et afficher sa fermeté à vouloir démanteler le camp dénommé avec mépris « la jungle ».
A défaut d’avoir des réponses aux drames que leur politique, leurs guerres ont elles-mêmes engendrés, la gauche comme la droite ont trouvé un bouc émissaire tout désigné, l’étranger, « la poussière » comme ose en parler Marion Maréchal Le Pen, tout sourire.
Et naturellement les politiciens de la droite extrême et de l’extrême droite, de gauche, y compris Mélenchon qui tient à participer au concert cacophonique, chantent la patrie et leur vision mythique et mystificatrice de ce qu’ils appellent « le roman national » ou leur « idée de la France ».
Cette campagne chauvine, nationaliste désignant l’étranger à la vindicte populaire vise à faire diversion et à étouffer la voix de la classe ouvrière, des exploités et des opprimés au nom de l’unité nationale.
Ces politiciens discrédités voudraient subjuguer l’opinion, la soumettre à leur carcan idéologique, celui de la classe dominante, pour diluer les rapports de classe et mieux faire passer les politiques d’austérité, les licenciements, le chômage, la précarité, les bas salaires, l’aggravation des inégalités sociales.
Face à tous les provocateurs qui n’ont d’autres politiques que d’exacerber les tensions, de favoriser les affrontements, nous sommes aux côtés des migrants, ils sont nos frères et nos sœurs de classe. Nous dénonçons le nationalisme quel qu’il soit et quel que soit l’argument dont il se prévaut. Il est toujours associé à la méfiance ou à la peur de l’étranger. Nous nous battons pour l’ouverture des frontières et la solidarité entre les peuples.
C’est la seule politique qui soit en cohérence avec les exigences et les aspirations portées par le mouvement du printemps contre la loi travail dont la grande majorité de la population partageait les objectifs.
Résister, stopper la régression sociale, engager une contre-offensive qui rassemble les rangs de tous les travailleurs, quelles que soient leurs origines, leurs convictions philosophiques et religieuses, défendre les droits démocratiques de toute la population est aussi la meilleure réponse à la campagne raciste qui cherche à diviser les travailleurs et les exploités entre eux.
Patronat et gouvernement, de gauche aujourd’hui ou de droite demain, sont et seront à l’offensive contre les droits sociaux et les droits démocratiques. Pour maintenir leurs profits, ils multiplient les plans sociaux, licencient.
Ils se heurtent d’ores et déjà à une résistance inédite.
Le mouvement contre la loi Travail, même s’il n’a pas gagné, a ouvert une nouvelle période de contestation et de mobilisation. Il porte en lui de riches perspectives qu’il nous faut renforcer, consolider, faire vivre : la rupture avec le PS, la prise de conscience de l’inévitable affrontement avec le gouvernement et l’Etat, la rupture avec la politique du dialogue social, la nécessaire prise en main par les intéressés eux-mêmes de leur propre lutte, de la défense de leurs intérêts, la prise de conscience de la nécessité de transformer la société en rompant avec le capitalisme, la course au profit et la concurrence.
Ouvrier, candidat anticapitaliste et révolutionnaire, internationaliste
Ce sont ces perspectives, ces idées qui définissent le sens de la campagne présidentielle du NPA autour de Philippe Poutou, ouvrier, militant politique, syndicaliste, militant actif du mouvement, pour redonner confiance aux travailleurs dans leurs propres forces, dans l’idée qu’ils peuvent être leur propre porte-parole, qu'ils sont capables de diriger la société, les convaincre de la légitimité de leurs propres exigences, de leurs luttes ; reconstruire une conscience de classe, la conscience que les solutions politiques, la défense des droits sociaux et démocratiques, ne peuvent venir que de la lutte des classes et de l’union de tous les exploités.
La lutte pour les droits sociaux, une vie digne pour toutes et tous est indissociable du combat pour les droits démocratiques, contre les discriminations et les stigmatisations en particulier des personnes musulmanes ou supposées telle, pour l’égalité des sexes.
Nous défendons un plan d’urgence sociale et démocratique, écologique.
Ce plan pose la question du pouvoir. La réalisation des exigences les plus élémentaires, un salaire décent, un travail, le droit au logement, à la santé, à l’éducation, à la culture pour toutes et tous sont incompatibles avec la loi du profit, la propriété capitaliste, la domination des banques.
La démocratie est incompatible avec la soumission de l’Etat aux financiers par le biais de la dette publique.
Nous militons contre toute forme de repli national, de chauvinisme. La réponse à la faillite de l’Europe capitaliste n’est pas la sortie de l’Euro mais la construction d’une Europe fondée sur la coopération des travailleurs et des peuples.
Nous militons pour l’ouverture des frontières, seule façon de mettre un terme au drame des migrants, et pour l’arrêt des interventions militaires des Etats impérialistes dont la France au Moyen-Orient ou en Afrique.
L’Europe que nous voulons construire sera un facteur de paix dans le monde en travaillant à la coopération des peuples pour mettre fin aux ravages de la concurrence capitaliste et son corollaire, le militarisme, la guerre.
Les solutions à la crise écologique sont incompatibles tant avec la propriété privée capitaliste qu’avec les frontières nationales, elles supposent nécessairement une action coordonnée des peuples, une planification de la production et de la distribution.
L’ampleur de la crise économique, sociale, politique, écologique met à l’ordre du jour la nécessité d’une transformation révolutionnaire de la société, c’est-à-dire la conquête par le plus grand nombre du droit de décider de la marche de la société, de la contrôler pour en finir avec la domination d’une minorité qui concentre toujours plus de richesses entre ses mains au détriment de la majorité de la population, au prix d’inégalités croissantes insupportables.
Le développement des sciences et des techniques rend plus que jamais possible la coopération entre les travailleurs et les peuples, il rend possible et nécessaire la construction d’une nouvelle société, socialiste, communiste.
Aujourd’hui nous assistons à l’aboutissement de la liquidation des partis qui sont issus des luttes de la classe ouvrière, des classes populaires, le Parti socialiste et le Parti communiste. Le premier s’est totalement intégré à l’ordre capitaliste avant de se liquider lui-même, le second a suivi le même chemin après s’être fait le champion de la dictature stalinienne. Mais les idées dont ils étaient porteurs à leur origine reprennent tout leur sens avec la crise globale du capitalisme mondialisé, libéral et impérialiste.
Le double mouvement contradictoire, radicalement antagoniste, de la montée des idées réactionnaires et du renouveau du mouvement ouvrier conduit nécessairement à un affrontement dont dépend l’avenir de l’humanité, de la planète elle-même. Droite-extrême, extrême-droite fascisante, intégrismes religieux, terrorisme se nourrissent les uns les autres réciproquement pour tenter de dresser les classes exploitées les unes contre les autres, aggraver les tensions. Les Sarkozy, Le Pen, Trump, Poutine, Erdogan sont tout aussi dangereux que Daesh qu’ils prétendent combattre. Leurs concurrence et rivalités menacent la paix dans le monde.
L’avenir de la société, de l’Humanité même, dépend de la capacité des classes exploitées à prendre conscience de leur rôle, de leurs possibilités révolutionnaires pour sortir le monde du chaos capitaliste.
Yvan Lemaitre