Contribution aux discussions au sein du NPA-R

1) L’effondrement de Macron depuis sa déroute électorale jusqu’à la nomination de Barnier comme Premier ministre avec la bienveillance du RN avant que l’échec de la manœuvre ne le contraigne probablement à la démission à moins que lui-même ne réussisse à réaliser l’union des droites est un moment d’une crise politique chronique. Du discrédit de la droite et de la gauche, qui avaient cohabité ou s’étaient succédé au gouvernement pour mener l’offensive des classes dominantes contre le monde du travail, à la montée de l’extrême-droite en passant par le ni droite ni gauche de Macron, il y a la continuité du discrédit des partis parlementaires et de la démocratie parlementaire bourgeoise instrument docile de la politique du capital.

Le processus de la crise est sous-tendu par le processus de régression économique et sociale, il est directement la conséquence de l’accentuation constante des inégalités dont on a aussi pu juger des effets en Grande Bretagne à travers les émeutes racistes provoquées par l’extrême-droite et la politique anti-immigration du gouvernement ou en Allemagne avec les résultats électoraux de l’AFD en Thuringe et en Saxe et la décision du gouvernement de réinstaurer les contrôles aux frontières.

Les deux processus directement interdépendants ne peuvent que s’aggraver si le prolétariat ne s’en mêle pas et indiquent la tendance dominante de la vie politique bourgeoise qui se construit dans le soutien à la guerre d’Israël et à celle d’Ukraine au nom de la défense de « nos valeurs », celle de l’occident capitaliste façonné par le colonialisme et l’impérialisme.

L’accentuation des inégalités, la concentration sans limite de richesses au détriment de toute la société au sein des vieilles puissances impérialistes, en particulier européennes, est une conséquence inéluctable de l’évolution du capitalisme financiarisé mondialisé dont la crise d’accumulation du capital ne trouve de réponse que dans une exacerbation de l’exploitation de l’homme et de la nature, une exacerbation de la concurrence mondialisée, de la guerre économique combinée à la mondialisation de la guerre comme mode de gestion des rapports de force dans laquelle s’inscrivent tant la guerre d’Israël que celles d’Ukraine ou d’Afrique.

Le mécanisme des surprofits impérialistes décrit par Lénine qui a permis à la bourgeoisie des vieilles puissances occidentales de contenir, avec la collaboration de la social-démocratie, la montée révolutionnaire de 1917 puis celle des lendemains de la seconde guerre mondiale, a épuisé ses possibilités. L’intégration des anciens pays coloniaux au marché mondial en concurrence avec les vieux pays impérialistes et la mondialisation du marché du travail, la mise en concurrence des prolétaires de tous les pays, a accéléré la concentration parasitaire du capital au détriment de l’ensemble de la population du globe.

2) La décomposition sociale sous la pression de l’offensive libérale, de la recherche de la rentabilité financière sans limite s’exprime dans toutes les dimensions de la vie sociale. Dégradation des conditions de travail, asservissement croissant de l’ouvrier à la machine, baisse du niveau de vie, chômage et précarité, dégradation des services publics...L’hôpital public en est la plus dramatique manifestation, conséquence de la politique visant à faire de la santé une source de profits rentables pour les capitaux privés, de la même façon, le scandale des crèches qui éclate sur la place publique. Ce sont des illustrations de la faillite du capitalisme, de la politique des classes dominantes et de l’État à leur service de tout transformer en source de profits, en marchandises. L’Éducation nationale est une autre victime de cette politique au service des intérêts privés des possédants au détriment de l’ensemble de la société.

Cette dégradation des conditions de vie est la source de la dégradation des relations sociales et humaines, la montée de la violence auxquelles l’État n’a d’autres réponses que policières, répressives, sécuritaires.

Les femmes en sont les premières victimes. La morale dominante, l’offensive idéologique réactionnaire renforcent le machisme, le mépris des dominé·es, des femmes comme en témoignent les violences sexuelles dont le procès d’Avignon des violeurs criminels de Gisèle Pélicot est un dramatique et insupportable concentré qui ne peut exister que sur le terrain de la culture du viol, de la domination du patriarcat, indissociable de la domination capitaliste dont la pédophilie est aussi la conséquence en particulier au sein de l’Église pilier de l’ordre établi.

La portée révolutionnaire du combat des femmes est une composante essentielle des luttes d’émancipation de toute l’humanité. En s’émancipant de la domination masculine, en la brisant, en l’extirpant des rapports sociaux les femmes se libèrent elles-mêmes mais elles libèrent aussi les prolétaires dominés par les préjugés que nourrissent les rapports d’oppression et d’exploitation y compris parmi ses victimes.

3) La marche à la faillite du capitalisme financiarisé mondialisé explique l’effondrement des vieux partis issus de l’histoire du mouvement ouvrier, le PS et le PC. Le réformisme social-démocrate et stalinien, qui vivait de ces surprofits, n’a plus eu d’autre choix que de participer à la gestion de l’offensive libérale et impérialiste de la fin du siècle dernier pour se discréditer, complètement impuissant à apporter la moindre réponse à la régression sociale, sa démagogie nationaliste ouvrant la voie et cédant la place à la politique xénophobe de l’extrême droite.

Le réformisme n’a plus de bases matérielles. Il est condamné à négocier les reculs et concessions pour, sur le fond, abdiquer de toute velléité réformiste et s’intégrer au consensus national.

LFI essaie de préserver une indépendance politique au prix d’une grande confusion et d’une crise interne permanente. Sous-produit sans avenir de la décomposition de la gauche gouvernementale et de l’échec d’une fraction du mouvement révolutionnaire, elle reste dépendante du PS et de la gauche parlementaire sans laquelle Mélenchon ne peut imaginer réaliser son rêve de devenir président.

Cet effondrement de la gauche laisse le terrain libre aux forces réactionnaires, à l’extrême droite voire à un nouveau fascisme auquel les lignes de force à l’œuvre tant sur le plan économique et social que politique conduisent à plus ou moins long terme.

L’alternative à l’extrême droite ne peut naître que de la volonté de s’attaquer à la racine du mal, d’un profond mouvement de contestation de l’ordre existant postulant au pouvoir pour mettre en place un gouvernement démocratique des travailleurs pour en finir avec la politique des classes dominantes, les exproprier pour construire un mode de production socialiste.

L’enjeu de la période est d’armer politiquement la rupture du monde du travail avec la gauche institutionnelle et gouvernementale pour jeter les bases d’un parti des travailleurs capable de rendre crédible cette alternative démocratique et progressiste, de lui donner vie dans les luttes de classes.

4) Les nouvelles coordonnées ouvrent une nouvelle phase de développement du mouvement ouvrier confronté à la crise globale du capitalisme mondialisé, terrain d’une prise de conscience de masse que le système ne marche plus, qu’il faut radicalement changer les choses, la façon dont les hommes produisent et échangent pour satisfaire leurs besoins collectifs et individuels.

La lutte à l’échelle internationale et au cœur des vieilles puissances impérialistes entre un mode de production fondé sur la propriété privée, le profit et la concurrence capitalistes, dépassé depuis des décennies déjà, et une nouvelle façon de produire et d’échanger, fondée sur la coopération et la planification en fonction des besoins humains et des nécessités écologiques, définit le contenu de la période.

Cette alternative est au cœur des contradictions qui minent le système, elle s’inscrit dans l’histoire des luttes d’émancipation et ses bases matérielles se sont renforcées, ses prémices objectives et subjectives ont mûri avec le développement d’un nouveau prolétariat mondial produit de la mondialisation capitaliste.

5) C’est à travers ce combat que se forme la nouvelle génération, force motrice du parti de la révolution à venir. En anticiper les étapes nous conduit à revisiter le passé pour comprendre ce qui s’achève et prolonger la courbe pour avoir une stratégie. La construction d’un parti n’est pas une simple question de volonté, de proclamation communiste révolutionnaire, elle passe par la compréhension des évolutions sociales et politiques en cours qui conditionnent les évolutions de la lutte de classe et des consciences.

Le long recul du mouvement ouvrier a contraint le mouvement révolutionnaire à trouver des formes d’organisation et de luttes qui rappellent la forme de sectes au sens où ses différentes fractions se définissent par rapport à des différences d’appréciation de leur propre continuité historique, idéologique, du trotskysme, du « communisme révolutionnaire » en opposition et concurrence réciproques, privées de la possibilité de se définir démocratiquement au sein même d’un mouvement ouvrier réel par rapport auquel les révolutionnaires restent marginaux, soit sectaires soit suivistes. A défaut de pouvoir mener une politique révolutionnaire au sein d’un mouvement ouvrier passif, la révolution a pris le contenu d’une proclamation, le parti celui de groupes sectaires autoproclamés confondant leur propre vie avec celle du mouvement ouvrier, s’illusionnant sur leur capacité à donner naissance à un parti de masse, voire une internationale, par leur propre développement ou en association avec d’autres groupes sectaires.

6) Les perspectives démocratiques et révolutionnaires du mouvement ouvrier puisent leur force dans la puissance du nouveau prolétariat qui l’incarne ainsi que dans son histoire, ses expériences accumulées, une source d’inspiration et de culture de classe pour l’action vivante.

Le marxisme ne connaît aucun dogme, aucune vérité toute faite, sa méthode est historique et dialectique, elle s’applique à nous-mêmes, à la compréhension de notre propre histoire condition nécessaire, même si elle n’est pas suffisante, pour écrire la suite.

Le mouvement ouvrier, jusqu’à l’effondrement de l’URSS, a connu une première longue phase de son histoire qui a profondément bouleversé le monde à travers un processus révolutionnaire démontrant sa capacité à conquérir le pouvoir pour changer la société sans avoir encore la force de mener le travail à terme, laissant le pouvoir au capital et à son œuvre destructrice.

Aujourd’hui, pour la première fois de l’histoire, les conditions objectives et subjectives rendent possible la réalisation pratique des anticipations de Marx, une transformation révolutionnaire mondiale.

La première phase du développement du mouvement ouvrier a débouché sur un recul du marxisme caricaturé par les dictatures staliniennes et les dirigeants des dictatures nationalistes des anciens pays coloniaux qui avaient usurpé le drapeau du communisme pour mieux duper les masses. C’est la question majeure qui définit nos tâches aujourd’hui d’autant qu’elle rentre en pleine contradiction, paradoxe, avec l’autre caractéristique essentielle de la période, jamais dans l’histoire les conditions objectives et subjectives d’une transformation révolutionnaire mondiale n’ont été si développées en proportion inverse de la faillite du capitalisme.

Redonner leur crédit et leur dimension démocratique et émancipatrice aux idées du socialisme et du communisme combine l’explication de leurs échecs relatifs dans le passé pour leur redonner leur potentiel réel, pouvoir expliquer l’époque moderne et les nouvelles possibilités révolutionnaires qu’elle ouvre.

Dit autrement, il s’agit de prendre en compte l’évolution du capitalisme depuis la formation de l’impérialisme et de son analyse au début du XXème siècle par le courant marxiste, en particulier par Lénine, pour décrire en quoi le capitalisme aujourd’hui, les évolutions dont il est l’aboutissement confirment les analyses marxistes malgré les échecs du mouvement ouvrier, donc, préparent les conditions d’une nouvelle montée révolutionnaire et, en conséquence, en quoi ces évolution ont mûri les prémices objectives et subjectives du socialisme et les implications stratégiques, programmatiques qui en découlent.

7) Le trait dominant du capitalisme se définit par l’incapacité de l’oligarchie financière de répondre à sa crise d’accumulation, cette maladie chronique qui au stade du capitalisme sénile semble sans issue.

L’actualité fait de l’apport de Rosa Luxembourg dans son livre L’accumulation du capital[1] un élément déterminant pour comprendre les limites historiques atteintes par le capitalisme en mettant en évidence les limites, voire l'impossibilité de l'accumulation dans un monde entièrement dominé par la production capitaliste. Rosa Luxembourg mettait le doigt sur la nécessité pour le capitalisme d’intégrer des territoires non capitalistes pour étendre le marché et la production, lutter contre la baisse tendancielle du taux de profit.

Cette question qui alors apparaissait annexe au regard des enjeux de la discussion portée par Lénine, en pleine guerre mondiale, nous permet de mieux comprendre comment l’évolution du capitalisme se heurte aujourd’hui au fait que la mondialisation l’a étendu et imposé à l’ensemble du globe, aggravant la maladie de la crise d’accumulation du capital qui atteint ses limites ultimes tant économiques, sociales que géographiques.

La crise écologique dont les ravages frappent l’ensemble des populations de la planète est la manifestation globale de cette faillite.

Le capitalisme financiarisé mondialisé a renforcé et globalisé les traits du parasitisme de l’impérialisme décrit par Lénine, la mise en concurrence des travailleurs à l’échelle internationale a ruiné les surprofits impérialistes à l’origine du réformisme. La nature autoritaire, autocratique du capitalisme qui s’exprime dans la montée de l’extrême droite, voire dans une menace d’un nouveau fascisme donne toute sa puissance au marxisme, à la théorie de la lutte de classe et de la révolution permanente. 

La démarche transitoire formulée dans le programme de transition, trop souvent et trop longtemps réduite à des revendications transitoires, prend aujourd’hui toute sa portée révolutionnaire en construisant le lien entre toutes les questions sociales, démocratiques, écologiques et la lutte pour la conquête du pouvoir, la lutte pour le socialisme, le communisme. Notre propagande et notre agitation doivent lui redonner toute sa place, nos revendications et exigences contiennent un ordre politique, économique et social nouveau, condition de leur réalisation. 

8) La renaissance du mouvement ouvrier révolutionnaire pose aussi en termes nouveaux les questions d’organisation le plus souvent abordées de façon dogmatique, réduites aux principes du centralisme démocratique, pierre philosophale du parti dit « de type bolchevique », néanmoins à géométrie variable… Les différents courants révolutionnaires, chacun à sa façon, leurs directions se considèrent comme dépositaires de l’expérience du Que Faire ? de Lénine dont Trotsky aurait été le continuateur. Centralisme qui s’est vidé en réalité de tout dynamisme démocratique et en interne et en externe dans les relations entre les différents courants et le reste du mouvement ouvrier.

Cette conception réduit l’expérience du mouvement révolutionnaire à des conclusions figées formulées en réponse au stalinisme mais ainsi vidées de l’essentiel, la richesse des débats au sein du mouvement international en plein essor.

Lénine ne prétendait pas écrire une bible organisationnelle mais bien discuter des modalités d’organisation en fonction des besoins du mouvement réel qui se développait dans la Russie tsariste combinant les questions sociales et démocratiques.

Il n’y a pas plus de répétition du processus historique que de transfert de son contenu vivant. Loin de prétendre ériger l’expérience en recette, nous avons besoin d’assimiler son contenu dans la pratique. La relation entre développement du mouvement réel du prolétariat et son organisation n’est pas une question formelle mais bien une question pratique et militante qu’il nous faut remettre sur l’établi en fonction de la période, du mouvement des masses et de l’état du mouvement révolutionnaire, faire vivre le marxisme.

9) C’est dans ce sens que nous militons pour une refondation démocratique du mouvement révolutionnaire, refondation qui exige pour reprendre la formule de Gramsci « la conscience critique de soi » qui commence par la prise en compte du gâchis que représente notre propre histoire d’exclusions, de scissions, de sectarisme qui alimente mécaniquement l’opportunisme et réciproquement. La scission-exclusion-explosion du NPA est la déplorable illustration de cette logique d’échec. 

Notre tâche première est de rompre avec elle en inscrivant notre politique dans les transformations en cours du fait de l’accentuation de la décomposition du capitalisme.

Aujourd’hui, le renouveau du mouvement ouvrier révolutionnaire est en gestation au cœur de la crise chronique, de la marche à la faillite du capitalisme financiarisé mondialisé qui rend impossible l’intégration sociale et politique du prolétariat et de ses organisations au monde bourgeois, à la nation autrement que par leur capitulation. La lutte de classe porte en elle l’émergence de nouveaux partis de la classe ouvrière du simple fait que les conditions de la phase de décadence du capitalisme en route vers son effondrement ne laisse pas d’autres possibilités qu’un affrontement de classe.

La période ouverte par la crise de 2007-2008 et les révoltes arabes de 2011 est celle d’un affrontement mondialisé entre l’oligarchie financière qui veut dominer le monde et le prolétariat mondialisé dans sa riche diversité pour imposer une nouvelle façon de produire et d’échanger en liquidant la propriété capitaliste pour mettre en place un mode de production et d’échange fondé sur la planification démocratique, socialiste.

Il nous faut parler aujourd’hui de renaissance du socialisme et du communisme au sens où les vieux partis nés des différentes phases passées du mouvement ouvrier se sont effondrés et intégrés à l’ordre bourgeois sans retour possible. Cette renaissance vise à répondre aux besoins nés de la nouvelle période, c’est-à-dire par l’élaboration d’une stratégie pour, à partir du mouvement existant, tracer la perspective d’un parti révolutionnaire des travailleurs, rompre avec le sectarisme pour avancer vers le parti, et donc aborder les questions organisationnelles pour répondre à l’exigence du regroupement démocratique des révolutionnaires.

10) L’axiome de départ de toute politique de refondation du mouvement révolutionnaire est de considérer que les révolutionnaires démocratiques n’ont pas d’intérêts différents de l’ensemble du mouvement et que les différentes tendances qui le composent sont des courants d’un même parti qui n’ont d’autre vue que de représenter les intérêts généraux du mouvement comme ceux des travailleurs dans une politique unitaire et démocratique.

Le combat pour l’unité de la classe ouvrière contre les forces réactionnaires passe par le combat pour l’unité des forces du marxisme, pour unifier les militant·es des différentes fractions révolutionnaires, lier les différents groupes locaux entre eux en particulier au niveau de l’intervention locale, réunir dans le même cadre organisationnel toutes celles et ceux qui veulent mener la bataille pour les droits sociaux et démocratiques, lutter contre la guerre et pour le socialisme et le communisme et se considèrent donc comme les membres d’un même parti. Le développement du mouvement révolutionnaire au sein du monde du travail ne se résume pas à « aller à la porte des entreprises », il est d’abord et avant tout une bataille politique d’agitation et de propagande pour gagner une fraction de la classe ouvrière à sa propre politique.

Il ne s’agit pas de prétendre construire un pôle des révolutionnaires qui serait une simple alliance entre groupes sectaires, un groupe sectaire plus gros. Une politique pour la construction d’un parti des travailleurs est indissociable de la lutte au sein de chaque courant et fraction pour un fonctionnement interne démocratique en réponse au conservatisme inhérent à tout appareil qui secrète sa propre routine, fonctionnement qui est la condition de la capacité à créer avec les autres courants ainsi qu’au sein de la classe ouvrière des relations démocratiques.

Le centralisme démocratique n’a jamais signifié pour Lénine et Trotsky un quelconque monolithisme, caricature issue du stalinisme. Il inclut au contraire une riche vie démocratique, un droit de tendance et de fraction vivant, suscite la discussion et la confrontation des idées, ne craint pas l’affirmation de personnalités ni de politiques différentes dans le cadre de l’orientation générale et du programme du parti, fruit de l’élaboration collective.

La principale leçon de l’histoire du mouvement révolutionnaire pour nous aujourd’hui est que tout commence par l’analyse concrète du développement du capitalisme, du mouvement de masse pour formuler une politique, une stratégie répondant aux besoins de la période. Il n’est pas possible de répéter les formules toutes faites du passé, de se contenter de dénonciations plus ou moins radicales associées à des proclamations « communistes révolutionnaires » hors du temps. Nous avons besoin de prendre à bras le corps la discussion sur la période et nos tâches et pour cela de rompre avec le conservatisme inhérent à la perpétuation de chaque fraction.

C’est ce dont ont besoin celles et ceux qui souhaitent participer à la naissance d’un mouvement de masse de contestation du capitalisme, qui ont le sentiment et la conscience de participer à un mouvement collectif d’émancipation qui répond tout autant aux besoins de l’humanité, à une nécessité historique inscrite dans l’évolution des sociétés humaines qu’à ses propres besoins humains de liberté, de solidarité, de capacité à prendre sa part dans un combat collectif.

11) Nous connaissons une nouvelle étape d’un affrontement qui se déploie ici depuis 2016.

Nous ne connaissons pas les rythmes de l’histoire mais nous savons que l’issue de cet affrontement s’organisera autour de l’opposition irréductible entre socialisme ou barbarie.

La tâche de construire un parti démocratique, révolutionnaire des travailleuses et des travailleurs ne peut être l’œuvre de telle ou telle tendance ou fraction mais l’œuvre collective de l’ensemble des militant.es décidé.es à agir pour que le monde du travail se donne les moyens, l’instrument de son émancipation.

Pour notre part, nous discutons en tant que militant.es du mouvement révolutionnaire. Nous ne prétendons nullement avoir de réponse toute faite, celle-ci se construit collectivement, mais nous pensons que nous devons définir notre place et notre stratégie au sein du mouvement révolutionnaire, ce qu’aurait dû faire un congrès de refondation plutôt que d’engager une bataille confuse pour s’attribuer la continuité et la légitimité du NPA.

Le 20/09/2024

Démocratie révolutionnaire

[1] https://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1913/index.htm



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