Hier soir, après la déroute de sa majorité Macron a décidé de répondre positivement à la demande de Bardella de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives pour le 30 juin et le 7 juillet prochain. Ce coup de force électoral prétend raviver un axe républicain face à la vague d’extrême droite, il ne fait que renforcer le RN.

Le discrédit de la droite et de la gauche gouvernementale avait accouché de Macron prétendant faire barrage à Le Pen pour finir par rivaliser avec elle en faisant sa politique. D’Attal à Bardella, il n’y avait plus qu’un pas... Le pas est franchi, du moins pour Macron qui poursuit sa politique de caméléon opportuniste prétendant dans la même intervention vouloir s’opposer au RN et défendre l’Europe face à la régression populiste en convoquant des élections à marche forcée dont l’issue la plus probable est une cohabitation, une alliance gouvernementale avec le RN.

Au-delà, de la farce macronienne qui atteint un degré pour le moins caricatural et inattendu s’exprime dans cette pantalonnade une logique politique et sociale que Macron saisit pour son propre intérêt, l’évolution réactionnaire des partis parlementaires et, sous la pression de la politique du CAC 40 et des guerres d’Ukraine et d’Israël, d’une large fraction de l’opinion, dont la gauche se fait aussi le relais tant sur l’immigration qu’à propos de la guerre.

Macron poursuit ainsi sa politique bonapartiste d’union nationale qu’il essaye de mettre en place depuis qu’il a perdu sa majorité qu’il vient maintenant de liquider !

Il espère que les tensions européennes, les pressions de la guerre, du krach financier à venir profiteront à sa politique et qu’il pourra gouverner avec Bardella comme premier ministre en attendant l’élection de Le Pen ou autre à la présidentielle.

La fuite en avant suicidaire de Macron pourrait bien avoir l’effet inverse et le séisme annoncé pourrait bien provoquer le soulèvement de la jeunesse et du mouvement ouvrier.

Là est la seule perspective crédible pour défendre les droits sociaux et démocratiques, combattre le racisme et pour les droits des migrants, le droit des kanak à disposer d’eux-mêmes, lutter pour en finir avec les guerres et les ravages du capitalisme.

Les différentes composantes de la gauche gouvernementale qui porte de par ses reniements et son intégration à l’ordre bourgeois et à ses institutions, au nationalisme et au militarisme, une lourde responsabilité dans la vague brune dans le pays, ne vont pas manquer d’appeler à l’union électorale pour tenter de faire revivre la Nupes, un Front populaire, sous une forme ou une autre.

Une telle politique n’a rien changé et ne changera rien !

La seule union capable de changer le cours des choses est l’union des travailleurs, des exploité.es et des opprimé·es en toute indépendance des partis institutionnels.

Ces élections pour sceller l’alliance Macron-Bardella ne sont pas un rendez-vous pour les révolutionnaires, elles sont une duperie, une mascarade, il convient de les dénoncer comme telles.

Comme nous l’avons déjà largement développé, comme nous le disions dans notre lettre hebdomadaire de dimanche, l’urgence est de rassembler nos propres forces pour œuvrer à l’unité, au rassemblement de notre classe sur des bases internationalistes et révolutionnaires.

Répondre au coup de force de Macron ne se fera pas sur le terrain électoral.

Nous sommes toutes et tous candidat·es pour riposter à l’offensive réactionnaire et à l’extrême droite.

Nous avons besoin pour cela de nous regrouper pour discuter partout autour de nous du programme et des perspectives pour faire face à ce tournant politique qui annonce un véritable danger d’un nouveau fascisme répondant aux besoins de la grande bourgeoise.

Nous avons besoin de préparer l’affrontement de classe en gestation. Cela veut dire travailler à constituer un pôle, un front des révolutionnaires en clarifiant les divergences et délimitant ce qui nous réunit et pourrait constituer les bases d’un mouvement démocratique et révolutionnaire instrument pour les luttes de classes et de l’émancipation des travailleurs.

Sur ce chemin, les élections piégées de Macron sont une impasse.

Partout où nous le pouvons, sur nos lieux de travail, nos quartiers dans nos syndicats et associations, nos collectifs et interpros, nous avons besoin de nous réunir toutes tendances confondues pour préparer la riposte sur notre propre terrain en toute indépendance des jeux et manœuvres institutionnels.

Démocratie Révolutionnaire, le 10 juin 2024

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