Ce 8 mai a vu les chars israéliens rentrer dans Rafah, tandis que Tsahal continue à en bombarder les quartiers d’habitation, causant des centaines de morts et de blessés supplémentaires, contraignant la population à un nouvel exode criminel. Les espoirs d’une trêve seraient encore à l’ordre du jour, nous dit-on, alors même que Netanyahou et les autorités israéliennes ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils n’en voulaient pas. L’annonce par Biden qu’il se préparerait à bloquer un envoi de bombes de 900 kg prévu pour Israël si son armée rentrait dans Rafah, ce qui est déjà fait, ne fait que souligner et l’ampleur de l’aide américaine et l’hypocrisie cynique de Biden.
Ici, pendant que le pouvoir réprime les opposants à ce génocide, militants et jeunes des facs et des lycées, Macron a expédié la commémoration de l’armistice du 8 mai 1945 à Paris pour se rendre à Marseille afin de participer à la mise en scène fastueuse de l’arrivée de la flamme olympique. La propagande officielle se concentre sur l’Olympisme, la compétition entre les peuples pour glorifier là encore le nationalisme en célébrant la flamme... une invention de Goebbels pour les jeux de Berlin en 1936 alors que se préparait la deuxième guerre mondiale.
La propagande officielle des puissances occidentales, défense de la démocratie et du droit des peuples, est un mensonge dont le prétendu idéal olympique inventé par le très réactionnaire et colonialiste, misogyne Coubertin fait partie. Leur domination, leur puissance économique sont le fruit de l’exploitation de la classe ouvrière et des peuples, du pillage de leurs richesses par la domination militaire et la guerre dans la continuité desquelles s’inscrit l’offensive militariste actuelle.
Derrière le mythe de la lutte contre le fascisme, la guerre pour le partage et la domination du monde
La commémoration de l’armistice du 8 mai 1945 est célébrée comme une victoire de la démocratie et un symbole de la libération des peuples. C’est une mystification. Ce même 8 mai 1945, l’armée française fit plusieurs dizaines de milliers de morts en réprimant dans le sang à Sétif, Kherrata et Guelma des manifestants algériens qui réclamaient l’indépendance et dans les jours qui suivirent toute la population de la région.
Il en est de même de la capitulation de l’Allemagne nazie. Quoi qu’en dise la propagande, les puissances victorieuses de la guerre n’avaient pas l’objectif de libérer les peuples. La plupart des villes allemandes avaient été détruites jusqu’à leurs fondations par les bombardements des aviations anglaises et américaines et les camps de concentration nazis ne furent libérés de juillet 1944 jusqu’en mai 45 qu’au hasard de la marche des armées russe et occidentales. Au Japon, les B29 de l’armée américaine avaient rasé un tiers de la ville de Tokyo faisant en une nuit, du 9 au 10 mars 45, 95 000 morts avant que, le 6 août, puis le 9, deux bombes atomiques d’une puissance de destruction inégalée soient lâchées sur les villes de Hiroshima et Nagasaki et leur population.
Cette politique de terreur contre les populations civiles s’inscrivait dans la politique de l’alliance qu’avaient conclue en février 1945 à Yalta, Roosevelt, Churchill et Staline pour se partager le monde et prévenir tout risque de révolution lors de l’effondrement des Etats vaincus, l’Allemagne, le Japon et leurs alliés.
En 1914, les puissances européennes avaient déclenché la guerre pour obtenir ou refuser un nouveau partage du monde, des colonies, la mise en esclavage de leurs populations pour en piller les richesses. La deuxième guerre mondiale en fut la suite logique, pour les mêmes raisons. Elle fut poursuivie par les sales guerres coloniales pour maintenir par les bombes et le napalm le monde barbare de l’esclavage colonial emporté par l’immense vague révolutionnaire des peuples pour leur indépendance.
Impérialisme US, de la prétendue libération des peuples à la guerre du Vietnam et la domination du monde
Vaincues par la révolte des peuples, les vieilles puissances coloniales, les puissances européennes furent reléguées au second rang derrière la toute-puissance de l’impérialisme américain. L’armée française, avant de devoir quitter l’Algérie en 1962, dut se retirer d’Indochine après sa déroute à Dien Bien Phu, le 7 mai 1954, il y a tout juste 70 ans, et laissa la place à l’impérialisme américain. Au Moyen-Orient, la fondation en 1948 de l’État d’Israël au prix de la Nakba y assurerait la présence des grandes puissances, présence militaire dans une région où la guerre n’a jamais cessé.
Les Etats-Unis qui s’étaient présentés comme les champions de la liberté et de la défense des peuples alors qu’ils avaient depuis longtemps imposé leur tutelle sur une grande partie de l’Amérique latine, occupèrent après la guerre le Japon où ils ont encore plus de 50 000 soldats, s’engagèrent dans plusieurs guerres en Asie, en Corée d’abord en menaçant directement la Chine où le parti communiste de Mao venait d’arriver au pouvoir porté par une formidable révolution paysanne, puis en Indochine, dans la guerre du Vietnam dont ils furent chassé en 1975.
Le temps de l’esclavage colonial, de l’administration directe des deux tiers de la planète par les puissances impérialistes avait pris fin, laissant les plaies béantes de leur domination et de leur pillage, sous-développement économique, misère des populations, frontières artificielles et divisions meurtrières, guerres.
La victoire et la réunification du Vietnam mettait fin, au prix d’immenses souffrances et sacrifices, à la domination coloniale et impérialiste alors que la dynamique capitaliste après la fin de la guerre s’épuisait. Une nouvelle phase de l’histoire du développement du capitalisme s’ouvrait.
De l’Otan de la guerre froide à l’Otan bras armé des puissances occidentales et des guerres par procuration à la mondialisation de la guerre
Les Etats-Unis, suivis de leurs alliés européens, se lancèrent alors pour faire remonter les taux de profit, dans une offensive mondiale pour abattre toutes les barrières qui faisaient obstacle à la libre circulation et à la rentabilité du capital, monopoles et marchés nationaux, contrôles des capitaux, services publics, droits sociaux... Une fois encore les armes furent un puissant agent économique pour ouvrir les marchés. La mondialisation libérale et impérialiste fut la mondialisation armée, le déséquilibre de la terreur pour reprendre la formule de Claude Serfati.[1]
Le triomphe du marché et du commerce après la « chute du communisme » devait amener au monde la paix et la démocratie ! Ce triomphe fut une fois encore l’enfant monstrueux de la guerre.
Au Moyen-Orient, les Etats-Unis menèrent la première guerre de cette nouvelle ère, au début de l’année 1991, à la tête d’une coalition mondiale sous mandat de l’ONU, contre l’Irak qu’ils avaient soutenu et armé auparavant pour qu’il mène contre l’Iran une guerre destructrice pour les deux peuples. L’installation permanente de troupes américaines en Arabie saoudite et dans d’autres Etats du Golfe entraîna une déstabilisation de toute la région dont le retournement contre les USA des combattants islamistes qu’ils avaient financés et armés auparavant. Suite au 11 septembre 2001, Bush engagea sa guerre contre l’Axe du mal, dont l’occupation de l’Afghanistan puis de l’Irak, créant un état de guerre et de chaos permanent dans tout le Moyen-Orient. Plus que jamais, les Etats-Unis financèrent et armèrent l’État d’Israël, leur seul allié sûr dans la région, et apportèrent à ses dirigeants un soutien inconditionnel.
Suite de la guerre dans l’ex-Yougoslavie démembrée par les nationalismes ravivés par les rivalités entre Etats européens, l’Otan, bras armé des Etats-Unis, mena une intense campagne de bombardements contre la Serbie en juin 99 dans le cadre d’une offensive contre la Russie qui aboutit, après l’encerclement de celle-ci par ses anciens satellites intégrés à l’Otan, à la guerre d’Ukraine, à partir de 2014 puis février 22.
L’Otan fondée en 1949 dans le cadre de la politique de « containment » des Etats-Unis à l’égard de l’URSS et, à partir de 1955, contre le Pacte de Varsovie, loin de disparaître au lendemain de la chute du Mur, de l’effondrement de l’URSS et du bloc de l’Est, s’est renforcée. Elle est devenue sous la houlette des USA une coalition militaire permanente des vieilles puissance impérialistes occidentales pour exercer en permanence leur pression militaire alors que les USA détiennent plus de 800 bases militaires à travers le monde.
La mondialisation financière c’est aussi une mondialisation du militarisme comme jamais dans l’histoire.
Pour les droits des peuples et la paix, la lutte pour le socialisme
La guerre génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien suscite partout dans le monde des mouvements de solidarité et la révolte de la jeunesse. Elle révèle au grand jour la barbarie de la colonisation israélienne qui porte à son comble l’oppression qu’elle fait subir aux Palestiniens depuis 75 ans et elle désigne aussi des commanditaires de cette guerre, les Etats-Unis en premier lieu et leurs alliés occidentaux, dont la France, qui veulent conserver leur mainmise sur les richesses du Moyen-Orient. Les mêmes grandes puissances qui se servent de la population ukrainienne pour mener leur guerre par procuration contre la Russie et qui ont créé de multiples foyers de guerre en Afrique et en Asie, sur les plaies laissées par le colonialisme.
L’histoire le démontre et dément la propagande officielle, soulignant la vérité proclamée par Jaurès, le capitalisme, c’est la guerre, sa mondialisation en élargit et aggrave la menace jusqu’à la menace d’une guerre nucléaire mettant en cause l’existence même de l’humanité.
Combattre pour la paix, pour les droits et la liberté des peuples, c’est combattre pour en finir avec ce système failli, c’est combattre pour le socialisme.
Galia Trépère
[1] La mondialisation armée : le déséquilibre de la terreur, Claude Serfati, Textuel