Macron a saisi l’occasion du centenaire de la fin de cette terrible boucherie que fut la guerre de 14-18, guerre pour le partage du monde entre grandes puissances, pour recevoir les maîtres du monde. La vedette du jour en était Trump venu parader et étaler son arrogance, sa suffisance au lendemain des élections américaines de mi-mandat, le 6 novembre dernier. « Un immense succès » selon lui, coup de bluff afin de masquer le camouflet qu’il a reçu en s’appuyant sur la complaisance de la plupart des médias ou de l’establishment politique tout disposé, à l’image de Macron, à se faire les complices de sa propre promotion.

D’une certaine façon, Trump n’a pas tort, il a réussi à s’imposer tant aux USA que sur la scène internationale. A New York, il garde le contrôle du Sénat dont le tiers à renouveler était acquis aux Républicains. Il assure sa mainmise sur son parti dont il est d’ores et déjà le candidat pour la prochaine élection présidentielle, en 2020. Il limoge ceux qui lui déplaisent comme son ministre de la justice et peut se féliciter d’avoir imposé sa brutalité, son agressivité raciste, misogyne, son mépris des classes populaires et de la démocratie comme politique. Pour s’imposer au pouvoir il entretient les tensions et crée un climat qui encourage les racistes les plus arriérés à passer aux actes. La tragédie de la synagogue de Pittsburgh, crime antisémite, en a été la sanglante illustration en pleine campagne électorale.

Mais en réponse il y a bien un réel mouvement de fond de rejet du démagogue brutal, raciste, sexiste et de sa politique d’agression contre les classes populaires. Ce mouvement a donné la majorité aux démocrates à la Chambre des représentants, le parlement. Il n’avait pas d’autre choix, dans le système du bipartisme, que le vote Démocrate mais ce vote a d’abord été un vote pour le droit à la santé, contre la politique d’immigration, contre la violence et la régression sociale, contre le sexisme, pour les salaires et contre les inégalités…

Une menace pour la société et le monde entier

L’élection de Trump en 2016 n’a pas été un accident électoral. On le voit aujourd’hui. Il est bien l’homme des classes dominantes américaines. Il est reconnu par tous les chefs d’Etat, impose son style et sa marque à tous ceux qui, tel Macron, se proclament ses amis. Le slogan America great again est le slogan de l’offensive de Wall Street pour perpétuer sa domination sur le monde, d’une guerre commerciale, économique qui met en danger l’économie sur toute la planète. Si aujourd’hui Wall Street et les multinationales affichent une santé insolente, cette euphorie repose sur les cadeaux fiscaux de Trump -140 milliards de dollars en 2018-, sur la force du dollar qui draine et pille les richesses du monde entier au détriment des travailleurs et des peuples. Cette politique conduit les USA et l’ensemble de la planète vers une régression sans fin qui sacrifie les immenses progrès réalisés par l’humanité au profit d’une minorité.

Le rassemblement du monde du travail

La force de Trump est qu’en réalité, sur le fond, les Démocrates n’ont pas d’autre politique que celle qu’il met en œuvre pour défendre la domination de Wall Street dans un monde déchiré par une concurrence acharnée et une instabilité financière croissante. Hier, Obama lui a préparé le terrain et aujourd’hui, dès le soir du 6 novembre, Nancy Pelosi, la dirigeante Démocrate, a annoncé sa volonté de collaborer avec lui.

Certes les Démocrates mèneront une bataille d’escarmouches au congrès, empêcheront la poursuite de la construction du mur avec le Mexique, l’abrogation de la réforme de la santé d’Obama, limiteront les coupes dans les programmes sociaux… Ils chercheront à lancer des enquêtes sur les nombreux scandales qui entourent la Maison blanche. Mais sur le fond, comme la gauche ici, ils n’ont pas d’autre politique à proposer.

Mais l’impuissance des Démocrates et les vociférations de Trump ne peuvent masquer les profonds bouleversements qui s’opèrent au sein de la société américaine dont témoignent en particulier les mobilisations des femmes, le renouveau des luttes des afro-américains ou de nombreux conflits sociaux. En réponse à l’offensive réactionnaire qui joue des peurs de la bourgeoisie et de la petite bourgeoise blanches, à la politique de Wall Street qui conduit le monde dans le mur, commence le rassemblement de celles et ceux qui ont entre leurs mains l’issue.

« Les deux Amériques opposées », l’Amérique coupée en deux peut-on lire dans la presse. Oui, c’est vrai, mais la véritable coupure n’est pas entre Républicains et Démocrates mais bien entre les 99 % et les 1 %, entre le monde du travail, les classes populaires, les minorités et le pouvoir de Wall Street.

Ce clivage, c’est celui de la lutte des classes, l’affrontement qui se prépare entre le capital financier mondialisé et le travail, aux USA, ici et dans le monde entier, contre Trump et ses amis… C’est le clivage entre le nationalisme, le patriotisme que les maitres du monde célébraient le 11 novembre et le monde du travail dont le drapeau est celui de la solidarité internationale par-delà les frontières.

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