Nous voici entrés dans le 3ème confinement jusqu’à la mi-mai d’après Macron, qui ne s’est pas risqué à donner le moindre objectif chiffré de seuil de contamination à atteindre. Le bluff et la méthode Coué continuent, au point que 61 % de la population ne croit même pas au calendrier annoncé.

Face à la progression de la Covid, Blanquer a dû faire machine arrière sur la fermeture des écoles. Mais pendant des mois, rien n’a été fait pour dédoubler les classes ou mettre en place un véritable protocole dans les cantines scolaires, avec du personnel supplémentaire et la réquisition de bâtiments inutilisés. Les écoles devaient rester ouvertes pour que les parents continuent d’aller faire tourner la machine à profit !

Aujourd’hui, quand il répète après Macron que la réouverture des classes le 26 avril est une « date ferme », il est clair qu’il n’en sait rien. Il n’a même pas mis en place une politique de vaccination des enseignants, contrairement au choix d’une vingtaine de pays de l’OCDE ! Quant au fiasco de l’enseignement à distance, complètement saturé dès le 1er jour, ses déclarations mensongères sur « l’attaque informatique de l’étranger » ajoutent le ridicule à ses préjugés crasse.

Une fois de plus, le pouvoir ne sait que pratiquer la police sanitaire… sauf dans les beaux quartiers, comme l’a révélé le scandale des dîners de luxe clandestins.

Réanimations, vaccins … l’incurie du gouvernement et de Big pharma

« Il ne faut pas céder à la panique (…) nous avons conservé la maîtrise de la situation à l’hôpital », a déclaré cyniquement Macron, annonçant une augmentation des lits de réanimation de 7000 à un peu plus de 10 000.

Mais la situation est pire que lors de la 1ère vague, où les personnels des hôpitaux avaient réussi à installer 10 707 lits de soins critiques, dans une situation dégradée par des années de politique d’austérité. Il n’y a plus de médecins, d’infirmières ou d’aides-soignantes pouvant venir d’autres régions, tellement la situation est devenue critique partout, les déprogrammations d’hospitalisation pour d’autres pathologies sont dramatiques. Les suppressions de postes continuent comme avant… Un total mépris des salariés de l’hôpital, où démissions et burn-out se multiplient.

Quant à la vaccination, là encore, la politique du gouvernement se résume aux coups de Com’, comme l’inauguration du « vaccinodrome » du Stade de France. Mais cela ne suffit pas à masquer les retards de livraison des doses, alors que l’OMS vient de dénoncer le rythme de vaccination en Europe, « d’une lenteur inacceptable » !

Tout cela ne fait que révéler l’anarchie capitaliste de la production de vaccins concurrents, comme la soumission du gouvernement aux intérêts privés des trusts pharmaceutiques qui s’approprient les brevets, comme le travail de la collectivité. Rien d’étonnant à ce que parmi les 4 milliardaires français qui viennent de rentrer au Top 20 des plus grandes fortunes de « Forbes » figure le PDG de… Moderna !

Pas d’austérité… pour les riches

« Nous refusons l’austérité » a déclaré Le Maire cette semaine, en présentant le « programme de stabilité » pour les 5 ans qui viennent qu’il va envoyer à Bruxelles. Pas question d’augmenter les impôts des grandes fortunes !

Par contre, il prévoit un train d’économies sans précédent, en annonçant une progression de 0,7 % seulement des dépenses publiques sur la période 2023-2026, soit la plus brutale politique d’économies en 20 ans. Le gouvernement se prépare à amplifier les coupes claires dans les hôpitaux, les écoles, les services publics… Une véritable fuite en avant.

La même semaine, il met 4 milliards sur la table pour la recapitalisation d’Air France. Pour les actionnaires, l’argent magique coule à flots et la spéculation financière jubile : le CAC40 vient de battre un record depuis 2000, comme le Dax allemand ou le S&P 500 américain qui vient de franchir un record depuis sa création en 1957 !

Leur système est en faillite, prenons les affaires en main

Les directions syndicales engluées dans leur routine du « dialogue social », anesthésiées, n’ont d’autre politique que la passivité face à la faillite en cours. Mais des luttes éclatent malgré la pression politique du confinement. Plus nombreuses qu’il y a un an, mais aussi plus politiques.

Les salariés de la culture continuent leurs occupations et leur lutte contre la réforme de l’Assurance-chômage et pour imposer une « année blanche » pour l’ensemble des intermittents. Ils prennent des initiatives, organisent des AG inter-luttes pour construire la convergence, s’adressent à l’ensemble des travailleurs.

Des conflits éclatent sur les salaires, comme à Carrefour, où des centres commerciaux ont été bloqués le samedi de Pâques, par des salariés dénonçant l’aumône de 0€42 par jour de la direction, alors que le PDG Bompard, touche 1 000 € toutes les 32 minutes ! La grève a aussi éclaté quelques jours plus tard dans les entrepôts logistiques du groupe.

Après les « merci », les « bravo », les bas salaires sont toujours là et la colère monte. Ces salariés en 1ère ligne lors du 1er confinement en ont assez, comme les nombreux salariés de La Poste qui ne verront pas de prime d’intéressement cette année, alors que le groupe a fait 2,5 milliards de bénéfice sur l’ensemble de ses branches.

Les annonces de licenciements se poursuivent à Accor, Akka, SFR, dans l’automobile… Le 8 avril, les salariés de Renault, rejoints par ceux de la fonderie MBF dans le Jura, dénonçaient les 4 600 suppressions de postes prévues devant le siège du groupe.

Une politique pour répondre à cette offensive ne peut se laisser enfermer sur le terrain des promesses de « relocalisations », des « projets industriels » avec les « collectivités locales », défendues par exemple dans la CGT qui lance une campagne sur le thème de la « reconquête de l’industrie » … Elle pose nécessairement le problème de qui dirige, qui contrôle. Comment contraindre les capitalistes si ce n’est par la réquisition dans l’intérêt collectif ? Il s’agit de donner leur dimension politique aux différentes luttes, en faisant de chacune d’elles un élément d’une lutte globale, pour l’intervention directe des travailleurs, leur contrôle sur la marche de la société.

Laurent Delage

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