Samedi prochain, 17 octobre, la Marche nationale des sans-papiers dont les différents cortèges venus de tout le pays se réuniront à Paris place de la République, avec aussi tous les collectifs de sans-papiers et leurs soutiens, plus de 270 organisations et associations, manifestera en direction de l’Elysée pour des papiers et le logement pour tou.te.s, la fermeture des centres de rétention. Ce 17 octobre, anniversaire du massacre de centaines d’Algériens par la police française en 1961.

Les chiffres le démontrent sans aucune ambiguïté, la pandémie frappe en premier lieu les personnes les plus fragiles socialement, les plus précarisées, et parmi elles les 600 000 sans-papiers estimé.e.s dans le pays, les plus exploité.e.s, qui en plus de survivre dans la plus grande insécurité sanitaire et sociale, vivent pour la plupart dans la peur du contrôle policier et de l’expulsion.

Ce sont elles et eux qui se sont trouvés en première ligne pendant le confinement, les plus exposés sur les chantiers du bâtiment, de nettoyage, dans la grande distribution, les transports… sans masques, sans protection sanitaire, sans distanciation pendant des semaines. Ils ont payé le prix fort de la précarité au travail, mais aussi sur leurs lieux de vie, les foyers surpeuplés, les squats insalubres, les bidonvilles où les taux de contamination ont largement dépassé la moyenne de la population. Plus d’un ou une travailleuse en grande précarité sur deux, pour l’essentiel des migrant.e.s, a été contaminé en région parisienne entre le début du confinement et fin juin, dans les centres d’hébergement, les distributions alimentaires ou les foyers de travailleurs, alors que le taux de contamination était en moyenne de 12 % à Paris et de 8 % dans l’ensemble du pays. Près de neuf résidents sur dix ont été testés positifs, selon une étude de Médecins sans frontières menée dans deux foyers parisiens, parmi les plus surpeuplés, dans lesquels l’association intervient.

Une répression et une indifférence criminelles

Le gouvernement ne cesse de durcir les conditions d’accueil pour les migrant.e.s qui fuient la misère, les dictatures, la guerre, dans lesquelles il porte avec ses prédécesseurs une lourde responsabilité de violence, de guerres et de pillage des richesses des peuples partout dans le monde.  Il refuse de régulariser migrant.e.s et sans-papiers qui pour beaucoup vivent et travaillent en France depuis de longues années. Leurs conditions de vie se sont tellement dégradées que des maires de Grandes villes comme Paris, Strasbourg, Lille, Nantes ou Saint-Denis, qui voudraient que l’État mette la main à la pâte, l’ont interpellé lundi 7 octobre, dans Libération : « Il y a des campements de rue, des squats, des installations sous des porches ou dans un bois… », la situation « ne cesse de se dégrader ». « La situation s’est beaucoup améliorée depuis trois ans », a répondu, cynique, le ministère de Darmanin qui considère les travailleurs migrants et sans-papiers comme indésirables.

Pendant le confinement, le gouvernement prétend avoir pris les mesures sanitaires pour limiter la circulation du virus mais, toujours selon Médecins sans frontières « C’était une politique de « mise à l’abri », contrainte et forcée, que nous avons essayé de combattre, une fois encore. C’était surtout une politique de mise à l’abri de la société vis-à-vis de ces personnes, considérées comme dangereuses. Elles ont été évacuées des campements, souvent sans ménagement et sans masques, elles ont été massées dans des gymnases, des hangars, dans des conditions indignes, si les associations n’étaient pas intervenues. »

Limiter la circulation du virus, c’est améliorer les conditions de vie des plus précaires et cela passe par un logement décent à loyer modéré, l’accès aux soins, à la protection sociale, aux services publics, un revenu et bien sûr des papiers, une nécessité absolue pour l’égalité des droits et la sécurité de toutes et tous.

Cela supposerait d’y mettre les moyens financiers nécessaires, mais les 100 milliards du plan de relance du gouvernement ne sont pas pour les plus pauvres, pour résorber la précarité, faire face à l’urgence sociale. Ils sont destinés aux intérêts privés des entreprises du CAC40 et autres multinationales qui en profitent pour mener à bien leurs plans de restructuration programmés bien avant la pandémie et qui se soldent par des centaines de milliers de licenciements et un avenir de précarisation pour de nombreux salarié.e.s.

La démagogie raciste et sécuritaire contre tous les travailleurs

A défaut de faire face aux drames que vivent les plus défavorisés le gouvernement déploie contre eux une campagne de haine de classe, qui s’est déchaînée cet été quand Darmanin a inauguré son nouveau titre de ministre de l’Intérieur avec ses propos haineux sur « les actes de sauvagerie », « un ensauvagement d’une partie de la société ». Il ciblait les jeunes des quartiers populaires et particulièrement les jeunes mineurs étrangers, systématiquement accusés de délits et d’actes de délinquance, avec la complicité de la plupart des médias et des politiciens de droite et d’extrême droite. « Une agression gratuite toutes les 44 secondes dans notre pays », (Dupont-Aignan), un « été “Orange mécanique” » (Xavier Bertrand)... les formules choc n’ont pas manqué, qui fantasment une flambée de la violence criminelle qu’aucune statistique, y compris officielle, ne confirme.

Le gouvernement retourne son incurie contre les classes pauvres, les jeunes des quartiers populaires désignés comme les responsables d’une délinquance et d’une insécurité grandissantes. La traque des dealers, le renforcement de la police dans les quartiers populaires, le recours aux compagnies de CRS sont sa seule réponse, la répression, à une insécurité qui est d’abord sociale.

Macron accuse de séparatisme, désigne des « ennemis de la République », flatte les préjugés racistes et les peurs réactionnaires pour détourner la colère et les révoltes des vrais responsables de la catastrophe sanitaire et de l’effondrement économique, les classes possédantes qu’il sert. 

Il désigne un ennemi intérieur fantasmé, le séparatisme islamiste. En faisant l’amalgame entre islamistes radicaux et tous les musulmans ou supposés, et en les désignant comme les ennemis de la République, il tente de nous diviser, d’affaiblir notre camp social.

Tous les travailleurs, hommes et femmes, avec ou sans-papiers, avec ou sans travail, avec ou sans religion, de toutes origines, nous avons les mêmes intérêts que nous ne pouvons défendre qu’en rassemblant nos forces, en développant nos solidarités.

Manifestons ensemble le 17 octobre à Paris

C’est pour l’exigence légitime de régularisation, d’égalité des droits, d’une vie digne, que le 30 mai dernier, des milliers de travailleur.se.s sans-papiers avaient bravé l’interdiction de manifester à Paris et dans plusieurs autres villes, et dans les semaines suivantes ont manifesté contre le racisme et les violences policières aux côtés de la jeunesse et de tous ceux qui contestent cet ordre social dominé par les intérêts égoïstes des classes dominantes. 

Samedi prochain, soyons le plus nombreux possible avec les sans-papiers et tous les militant.e.s du mouvement social, syndicalistes, politiques, des interpros et collectifs qui ont soutenu et accueilli les marcheurs à chacune de leur étape ! Des secteurs de la CGT appellent le même jour à une marche des précaires et chômeurs, pour l’emploi et contre la précarité.

Tous ensemble, manifestons pour porter les exigences de notre camp social, pour l’égalité des droits, la libre circulation, la fermeture des centres de rétention, pour la défense de tout.e.s les travailleur.se.s quelle que soit leur origine ou leur couleur de peau.

Christine Héraud

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to Twitter

 

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn