Le journal Les Echos annonçait, ce jeudi, la prochaine introduction en bourse, à Wall Street, de la société Coinbase, spécialisée dans la vente et l’achat de cryptomonnaies comme le Bitcoin. Portée par la folie qui règne sur les marchés de ces devises – la valorisation du Bitcoin a été multipliée par 4 en 2020, elle a encore doublé en ce début d’année, pour atteindre aujourd’hui plus de 50 000 euros le BTC -, le chiffre d’affaire de Coinbase, qui perçoit sa commission sur chaque transaction, s’est envolé de 137 % pour atteindre 1,14 milliards de dollars. Selon Les Echos, « Coinbase a enregistré des profits de 322 millions de dollars en 2020 […]. A la fin de l'année dernière, la plateforme recensait 43 millions d'utilisateurs particuliers. ». Son « introduction en Bourse,la première pour une entreprise de devises virtuelles, pourrait être la plus grosse de l'histoire de la tech après celle de Facebook. »

Cette « ruée sur les cryptomonnaies » est une des nombreuses manifestations, poussée à l’extrême, de la folie qui règne sur tous les marchés financiers, bourses des actions, pétrole, etc. alors que l’économie mondiale, confrontée à une pandémie dont on ne voit pas le bout, continue de s’enliser dans ses contradictions. Les spéculateurs sont soumis à un paradoxe inextricable : ramasser tout ce qui est possible à travers un trading frénétique tout en sachant qu’à tout moment leur casino peut faire faillite et en cherchant une « valeur refuge », un placement qui pourrait mettre l’argent ainsi accumulé à l’abri de la « catastrophe imminente »… Mais si certains voient dans les cryptomonnaies, dont le Bitcoin n’est que la plus connue, des valeurs refuge, elles sont surtout un nouvel objet de spéculation. Elles poussent jusqu’à leurs limites extrêmes les évolutions en cours, dématérialisation de la monnaie, rupture de toute amarre reliant la monnaie au travail productif, à la production des richesses.

Elles participent de cet « argent magique » dont les banques centrales et les États inondent le marché. Mercredi dernier, Christine Lagarde, patronne de la BCE, déclarait : « Les marchés peuvent nous tester autant qu'ils le souhaitent ». En clair, ils n’ont aucune raison de s’inquiéter, l’argent est non seulement magique mais sans fin… Et effectivement la BCE a consacré un montant hebdomadaire de 20 milliards d'euros à son programme d'urgence d’achats d’actifs, c’est-à-dire de distribution d’argent. Et Lagarde laissait entendre qu’elle est prête à faire plus : « Nous devons faire face à des circonstances exceptionnelles, mais nous avons des outils exceptionnels à utiliser. Une pleine batterie ». Cela sans limite de dates au-delà de mars 2022 échéance initialement prévue.

Face aux inquiétudes et aux incertitudes, il s’agit de rassurer à tout prix et quoi qu’il en coûte les marchés, ou plus précisément les capitalistes, c’est-à-dire leur donner les moyens d’investir où bon leur semble pour faire du profit. Et comme les investissements productifs sont bien trop peu rentables, la spéculation atteint des sommets jusque dans les folies du Bitcoin.

Paradoxe, cette débauche de moyens pour financer le capital ne suffit pas à garantir la confiance, d’une certaine façon elle alimente les inquiétudes des milieux financiers pris entre euphorie spéculative et crainte que leur folie ne débouche sur un krach.

Cette folie qui menace l’humanité et la planète est l’aboutissement d’une longue histoire qui a vu le capitalisme devenir de plus en plus parasitaire, le capital financier de plus en plus toxique.

La dématérialisation de la monnaie, développement des échanges et parasitisme du capital

Les cryptomonnaies sont la forme la plus absurde et achevée que prend la dématérialisation de la monnaie. Avec le développement des outils informatiques et des réseaux, les livres de compte des banques se sont transformés en fichiers informatiques, la monnaie en signaux électroniques se déplaçant à la vitesse de la lumière, sur toute la planète. Cette évolution est concomitante de celle des modes de production, le développement du capitalisme fictif moderne, parasitaire. La monnaie, les systèmes monétaires, rouages intrinsèques des économies marchandes, se transforment au rythme des évolutions des modes de production et du développement de leurs contradictions.

Dans les économies marchandes, la monnaie est, fondamentalement, l’« équivalent général » de toutes les marchandises du point de vue de leur valeur d’échange, dont le prix est l’expression monétaire. Partant du constat que les marchandises, quelles que soient leur nature, leur valeur d’usage, ont en commun d’être le produit d’un travail humain, Marx a montré qu’elles s’échangent proportionnellement à la « quantité de travail social moyen » consommée pour les produire. C’est la loi de la valeur-travail, qui décrit un des mécanismes « régulateurs » de l’économie marchande. Pendant des siècles, les monnaies en argent et or ont joué le rôle d’équivalent général dans les échanges parce qu’elles contenaient elles-mêmes, dans leur propre matière, une grande quantité de « travail social » cristallisé. Cela n’empêchait pas le développement à leur côté d’une monnaie scripturale, « billets de banque » émis par les banques et que le détenteur pouvait échanger contre la quantité d’or ou d’argent qui y était inscrite. Mais même si les banquiers émettaient plus de monnaie papier qu’ils n’avaient d’or dans leurs coffres, c’était dans des proportions telles qu’une certaine stabilité restait assurée.

Mais à partir de la fin du 18ème siècle, avec le développement du capitalisme industriel, le développement des échanges marchands entre pays et à l’intérieur de ces derniers a contraint les systèmes monétaires à évoluer. Les stocks d’or détenus par les banques ne pouvaient suivre l’augmentation de la masse monétaire nécessaire à assurer les échanges en plein développement dans les pays industriels. Cela s’est traduit par la généralisation de l’usage de monnaie fiduciaire.

1971, les États unis renoncent à la convertibilité du dollar

L’or a continué à s’imposer comme étalon monétaire dans les échanges internationaux jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Les USA, devenus première puissance économique et militaire du monde dit « libre », possédaient alors 80 % des réserves mondiales d’or, résultat en particulier de la vente d’armes à la Grande Bretagne au cours des deux guerres. La mise en place d’un nouveau système monétaire international s’imposait et était rendu possible par l’hégémonie acquise par les USA. Ce sera fait lors de la conférence de Bretton Woods, en juillet 1944. Un nouvel étalon monétaire était défini pour les échanges internationaux, le dollar-or. La parité entre le dollar et l’or était fixée à 35 dollars l’once d’or (28,3 grammes) et le dollar allait désormais constituer les réserves des banques centrales des pays signataires de l’accord, dollars qui pouvaient être convertis en or auprès du Trésor américain. A cela s’ajoutait la création du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), ancêtre de la Banque mondiale. Ces deux institutions constituaient l’ébauche d’un système de gouvernance international des politiques monétaires. Fondé sur l’hégémonie économique des États-Unis, il a fonctionné pendant toute la période des « trente glorieuses ».

Mais le système de Bretton Woods ne pouvait, pas plus que les systèmes monétaires précédents, résister aux évolutions économiques et géopolitiques. En 1971, alors que les dollars s’étaient accumulés au Japon et dans les pays d’Europe de l’Ouest, que la guerre du Vietnam était un gouffre financier, Nixon décrétait la fin de la convertibilité du dollar en or, évitant ainsi le risque qu'une demande massive d'or en échange de dollars ne déstabilise les finances des USA. Le lien qui se distendait depuis bien longtemps entre la valeur de la monnaie et son fondement sur la valeur-travail, matérialisée par l’or se rompait, conséquence des évolutions technologiques et économiques, des modes de production, des rapports de force internationaux et des rapports de classe.

Le dollar restait la monnaie de réserve mondiale servant aux échanges internationaux, conséquence des rapports de force économiques et militaires mondiaux, totalement dominés par les Etats-Unis. Depuis, le dollar est confronté à la concurrence de l’Euro, de la livre sterling, du yen japonais et surtout, aujourd’hui, du yuan chinois. Mais le dollar garde une suprématie absolue : 64 % des réserves de change des banques centrales mondiales sont constituées en dollars, 20 % en Euro, 4,5% en yen et en livre, 1,12 % en yuan.

La fin de Bretton Woods, c’était aussi la fin du pouvoir souverain des États membres de fixer la valeur de leur monnaie par rapport au dollar-or. Avec la création en 1973 du FOREX, le marché des changes, la valeur relative des monnaies, leur convertibilité, allait désormais se jouer à travers la spéculation, l’achat et la vente de monnaies entre elles, au mépris de tout fondement économique rationnel, et des conséquences sur les populations. La frénésie spéculative y est telle que le marché des changes est de loin, avec le marché de la dette, le plus gros marché financier de la planète. Le volume des échanges peut dépasser 6600 milliards de dollars par jour, 100 fois le volume des échanges mondiaux de biens et de services !

Le capitalisme financiarisé, un système sans boussole

Comme sur tous les autres marchés financiers, la croissance du marché des changes et l’ampleur du capital fictif qui s’y manipule ont pour moteur la recherche de terrains d’investissements pour des capitaux de plus en plus excédentaires dans une économie mondiale dont la croissance est freinée par la baisse des taux de profit et de la productivité. Au cours des dernières décennies, un gigantesque casino financier s’est mis en place, le capitalisme financiarisé, accompagnant la globalisation du mode de production capitaliste.

Tandis que la convertibilité des monnaies est laissée au gré de la spéculation, l’essentiel de la création monétaire est entre les mains des banques privées par le biais du crédit. La monnaie scripturale qu’elles et les banques centrales émettent et qui n’a pas d’autre réalité que des lignes d’écriture dans des livres de compte électroniques, représente plus de 90 % de la monnaie circulant dans le monde, les 10 % restants étant composés des billets et pièces émises par les banques centrales. Cette masse monétaire scripturale n’est en fait qu’un océan de dettes que les fonds propres des banques sont censés couvrir en cas de défaut des emprunteurs. Mais outre qu’elles émettent bien plus de crédit qu’elles ne disposent de fonds propres, les banques, comme les fonds d’investissements, compagnies d’assurances et autres holdings financières sont exposés à une multitude d’autres risques, liés à leurs activités spéculatives tout azimut. En 2007-2008, l’effondrement des subprimes aux Etats-Unis a provoqué la chute en vrille de l’ensemble du système financier international. Le système bancaire n’a évité la faillite que grâce à l’injection massive d’argent par les États, au prix d’une récession économique généralisée, d’une crise du crédit, puis de la dette publique en Europe… Ainsi s’achevait, dans une crise mondiale et globale, une trentaine d’années de cavalerie financière débridée, nourrissant l’illusion que le capitalisme avait trouvé sa potion magique, la capacité de produire de l’argent en jouant de l’argent.

Depuis, tout s’est aggravé et accéléré. Le système a été mis sous perfusion financière, des milliards et des milliards émis par les banques centrales au profit direct des banques privées, sous forme de prêts à taux extrêmement bas, voire négatifs, et de rachats massifs de titres de dette publique ou de grandes entreprises. Cet argent s’est engouffré dans la spéculation financière et l’industrie de la dette. Avec pour conséquence l’aggravation des contradictions qui avaient conduit le capitalisme financiarisé à la crise de 2007-2008, le tout accentué par la pandémie et ses conséquences sur le fonctionnement de l’économie.

Cryptomonnaie, valeur refuge ou nouvel ovni spéculatif ?

C’est dans ce contexte qu’explose le marché des cryptomonnaies. Leurs zélateurs voudraient voir dans cette folie spéculative, la confiance que leur donnerait l’indépendance de ces monnaies des États, des banques centrales et des banques privées, le fait qu’elles ne dépendent que des choix de la communauté de leurs utilisateurs selon des protocoles librement consentis. Des systèmes monétaires privés, en quelque sorte, idée que n’ont pas manqué de reprendre des sociétés comme Facebook avec son projet de Libra.

Derrière leur façade ésotérique pour le commun des mortels, ces monnaies ne sont guère différentes des monnaies scripturales classiques désormais dématérialisées. Leur utilisation repose sur l’inscription sur un registre électronique des diverses transactions auxquelles elles participent, registre mis à jour à chaque transaction et enregistré sous une forme codée qui en garantit, en principe, l’inviolabilité. Les banques ne font pas autre chose, même si c’est de façon différente. On peut acheter de la cryptomonnaie en la payant avec une monnaie traditionnelle dans des officines de change spécifiques, comme on échange des euros contre des dollars.

On peut aussi en fabriquer soi-même, en « miner » selon le langage consacré… Ce « minage » consiste à lancer un processus informatique particulier qui, lorsqu’il se termine, met en circulation une nouvelle quantité de monnaie dont le mineur est propriétaire. Mais ce processus informatique exige des ordinateurs de plus en plus rapides, au fur et à mesure que la masse monétaire en circulation augmente. « Miner du bitcoin » demande ainsi plusieurs ordinateurs travaillant en commun, regroupés dans des « fermes de minage » qui consomment énormément d’énergie. Selon l’université de Cambridge, la consommation électrique annuelle du système bitcoin (minage plus codage des transactions) vient juste avant celle de l’Argentine, placée au 29ème rang des pays les plus énergivores de la planète ! Ce mode de création ne confère évidemment pas la moindre vertu magique aux cryptomonnaies susceptible de les mettre à l’abri d’un effondrement.

De grandes banques comme JP Morgan et bien d’autres, des institutions monétaires comme Mastercard, Visa, PayPal, etc. acceptent maintenant les transactions en cryptomonnaies ; certaines, comme Goldman Sachs, se sont lancées dans le trading haute fréquence. Cela dit à quel point les cryptomonnaies s’inscrivent dans le système monétaire actuel et ses délires, nouveaux objets de spéculation offrant aux traders de juteuses perspectives de gain. « Ces sources de profits, les banques et tout Wall Street (courtiers, traders, gérants) ne veulent plus les laisser à d'autres » écrit Les Echos

Pas de retour en arrière possible, il faudra s’attaquer à la banque...

Confrontés à la fièvre spéculative du système monétaire international, conscients que les menaces de krach se font de plus en plus pressantes, les économistes y vont de leurs solutions. Pour certains, il faudrait restaurer le pouvoir monétaire souverain des Etats, à travers le contrôle de leurs banques centrales. D’autres préconisent un retour à l’étalon-or…

Ces retours en arrière sont impossibles. Penser que le retour à l’étalon-or comme monnaie de référence internationale serait possible relève du fétichisme, l’idée que l’or posséderait en soit une vertu magique lui conférant le statut d’équivalent en toute circonstance. Quant à la souveraineté monétaire des États, elle ne peut en aucun cas, dans le monde globalisé d’aujourd’hui, assurer la stabilité monétaire, comme cela fut relativement le cas pendant les « trente glorieuses ». Mais c’était alors dans le cadre des accords de Bretton Woods, le FMI jouant le rôle de prêteur international en dernier ressort, puisant dans des réserves constituées par la participation des divers États membres pour apporter à ceux qui en avaient besoin les dollars-or leur permettant de contrôler la valeur de leur monnaie. Mais le dollar-or a disparu, et le FMI a cessé de jouer ce rôle avec la fin du système de Bretton Woods, ravalé au rang de garant de créanciers privés et de promoteur des plans d’ajustement économiques, acteur central du pillage du Tiers-Monde par la dette.

Aujourd’hui, alors que les taux de profits continuent de stagner, tout comme la productivité du travail, les capitaux s’engouffrent toujours plus dans les activités spéculatives, une fuite en avant que seul un effondrement généralisé semble capable d’arrêter…

Certains rêvent, pour y mettre fin, d’un nouveau Bretton Woods planétaire, l’instauration d’un système financier international solide, évitant la domination d’un pays ou d’un autre, mettant fin en particulier au règne du dollar comme monnaie de réserve et des échanges internationaux, qui pourrait être remplacé par un panier des principales monnaies, comme les DTS (droit de tirages spéciaux) du FMI.

Mais si les USA ont pu mettre en place les accords de Bretton Woods à la fin de la deuxième guerre mondiale, c’est parce que leur hégémonie garantissait un certain ordre mondial et des échanges dominés par le dollar, accepté et recherché par les Etats et les banques. Le capitalisme n’a jamais connu d’autre régulation que la puissance des Etats et de leurs armées, les crises qui ruinent la société soumise au parasitisme du capital et au désordre permanent de la concurrence.

La situation est bien différente aujourd’hui. L’exacerbation de la concurrence entre les grandes puissances participe de la marche du capitalisme financier à la faillite, rendant impossible une entente sur la mise en place d’une telle institution, comme sur la définition d’une unité monétaire de référence acceptée par tous.

La mise en place d’une telle institution monétaire internationale ne pourra se réaliser qu’avec la prise de contrôle collective et démocratique par la population de la production, des échanges et de la finance, seule façon de mettre un coup d’arrêt aux nuisances du capital toxique qui nous entraîne dans sa faillite. Disposer d’un système monétaire reconnu de tous à l’échelle mondiale est une condition pour remettre sur ses pieds le système de production et d’échanges dont le fonctionnement est totalement perverti par son assujettissement aux lois de la concurrence et du profit. Il sera alors possible, plutôt que les mettre au service de folles spéculations, d’utiliser les nouveaux moyens de production que le travail humain a développés, en particulier les nouvelles technologies, pour contrôler la production et les échanges, de façon transparente et démocratique, de les planifier afin qu’ils répondent enfin à la satisfaction des besoins de toutes et tous. Un pas aura été fait pour en finir avec l’or, avec le fétichisme de la monnaie ou des cryptomonnaies, sous toutes leurs formes.

Dès aujourd’hui, la révolution des technologies de l’information est un atout pour les classes exploitées, un moyen pour prendre conscience des ravages du capitalisme et unir leurs forces contre lui comme le fut en son temps l’invention de l’imprimerie contre le féodalisme. Elle prépare une autre révolution, l’avènement d’un nouvel ordre social. Trotsky écrivait, en 1936, dans la Révolution trahie :« La contrainte étatique et la contrainte monétaire appartiennent à l'héritage de la société divisée en classes qui ne peut déterminer les rapports entre les hommes qu'à l'aide de fétiches religieux ou laïcs, et qu'en mettant ces fétiches sous la protection du plus redoutable d'entre eux, l'Etat — un grand couteau entre les dents. Dans la société communiste, l’État et l'argent auront disparu. Leur dépérissement progressif doit donc commencer en régime socialiste. On ne pourra parler de victoire réelle du socialisme qu'à partir du moment historique où l’État ne sera plus un Etat qu'à demi et où l'argent commencera à perdre sa puissance magique. Cela signifiera que le socialisme, se libérant des fétiches capitalistes, commence à établir des relations plus limpides, plus libres et plus dignes entre les hommes. [1]»

Daniel Minvielle

 

[1] https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/revtrahie/frodcp.htm

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