Lors de l'hommage rendu aux policiers assassinés, il y a dix jours, à la préfecture de Paris, Macron s’est dit en guerre contre « l'hydre islamiste ». Il a appelé à une « une société de vigilance » où, non pas les institutions, « qui seules ne suffiront pas », mais chacun de nous, serait appelé à « repérer à l'école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi, les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement d'avec les lois et valeurs de la République » il a promis un « combat sans relâche » « face au terrorisme islamiste », appelant « la nation toute entière » à « se mobiliser »... Certes Macron s’est cru obligé de préciser « Ce n’est en aucun cas un combat contre une religion. Mais contre son dévoiement, qui conduit au terrorisme ». Réserves toutes formelles comme celle qui dénonce le « soupçon qui corrode »… Ce qui n’empêche pas la ministre de la Santé de pratiquer la politique du soupçon quand elle déclare que « lutter contre les fraudes est un acte de justice » pour remettre en cause l’aide médicale d’État (AME) aux immigrés. Que leur importe, puisque l’objectif est de caresser les préjugés dans le sens de l’extrême droite…

Le Pen double la mise

Marine Le Pen n’espérait pas une telle aubaine. Macron lui a offert sur un plateau ce débat pervers sur l’immigration à l’Assemblée nationale que vient envenimer la tuerie de la préfecture de police de Paris. Une nouvelle occasion de faire le lien entre « immigration anarchique » et « fondamentalisme islamiste » : « Une immigration anarchique, sans conditions, sans critères, sans exigences, fait le lit de la venue sur notre territoire de gens qui ne sont pas animés de bonnes intentions, fait le lit du communautarisme au sein duquel se développe le fondamentalisme islamiste ». Le « danger islamiste » est « un danger mortel que le gouvernement aggrave chaque jour davantage avec sa politique insensée d'immigration », et de réclamer un « moratoire » sur l'immigration pour « résister à la submersion » !

L’escroquerie du « grand remplacement »

En écho à Zemmour, elle cherche à susciter la peur. La France et l’Europe feraient face à une « invasion » venue de l’étranger et du monde arabe en particulier qui devrait nous faire craindre un « grand remplacement ». Ce délire est purement et simplement une escroquerie. Les chiffres sont là pour le démontrer. Le taux de migrants internationaux est le même depuis vingt-cinq ans. Le nombre de personnes vivant dans un autre pays que celui où elles sont nées augmente au même rythme que la population mondiale. Et 90 % des réfugiés dans le monde sont accueillis dans des pays en développement. L’Europe, les États-Unis, le Canada et l’Australie n’en voient arriver que 10 %. Au plus fort de la prétendue « crise des réfugiés », quand 1,2 million de personnes sont venues chercher refuge au sein de l’Union européenne (UE), cela représentait 0,52 % de la population européenne. Que dire, en comparaison, d’un pays comme le Liban où on compte 1 million de réfugiés pour 4 millions d’habitants ? Entre 2014 et 2018, la France se situe à la quatorzième place des pays de l’UE par le nombre de statuts de réfugié accordés par habitant. Elle reste en dessous de la moyenne européenne…

Cette invention absurde du « grand remplacement » vise à faire peur pour susciter la haine des étrangers, la haine de l’autre, fonds de commerce des forces réactionnaires flattant l’égoïsme national afin d’étouffer le mécontentement, dévoyer la colère.

Si des femmes et des hommes, des enfant quittent leur pays, c’est parce qu’il y sont contraints par la misère, les dictatures, les guerres dans lesquelles les puissances occidentales dont la France ont une grande responsabilité et ici ils sont traités comme des parias surexploités. L’immigration coûte cher à celles et ceux qui en sont les victimes mais elle rapporte à la bourgeoisie qui en profite.

Un gouvernement discrédité, le moment pour les travailleurs de prendre l’initiative

En lançant le débat sur l’immigration puis en appelant à la mobilisation contre « l’hydre islamiste », Macron espère reprendre la main et préparer son propre avenir politique. Loin de faire échec à Le Pen, il cherche à occuper le même terrain pour tenter de prendre la tête d’un vaste mouvement national-libéral intégrant souverainistes et patriotes de tous bords autour d’une même démagogie chauvine et nationaliste, élitiste et raciste, pour défendre l’ordre capitaliste. Macron se rêve à la tête d’un grand parti populiste.

Sauf qu’il y a loin de la coupe aux lèvres ! Le gouvernement ne cesse de se discréditer que ce soit face à la catastrophe de Lubrizol, à Rouen, la tuerie de la préfecture, il soulève mécontentements et révolte chez les pompiers, dans l’Education nationale, aux urgences, dans les hôpitaux, chez les agriculteurs et y compris dans sa propre police ! Depuis la révolte des Gilets jaunes et les mobilisations des derniers mois, Macron et son gouvernement sont détestés. La mobilisation contre le réchauffement climatique leur échappe totalement et ne peut que s’approfondir alors que les attaques contre les retraites dressent contre lui non seulement les salariés mais aussi le professions libérales.

La démagogie réactionnaire et raciste de Macron-Le Pen pas plus que le monologue du grand blabla ne pourront empêcher le monde du travail de prendre la mesure des enjeux de la bataille qui s’engage entre tous les travailleurs français ou immigrés, avec ou sans papier, avec ou sans boulot, embauchés ou précaires et les gros actionnaires, les riches, les multinationales et leurs serviteurs politiques. Leur système fondé sur l’exploitation, le profit et la concurrence est menacé de faillite à cause de l’avidité et de la soif de pouvoir de la minorité capitaliste. Il ne tient qu’au prix de l’accentuation de l’exploitation, de la répression et de la montée du militarisme. Face à eux, tous les travailleurs partagent les mêmes intérêts. Les défendre ensemble, c’est faire taire la bêtise raciste, chauvine et xénophobe, nous unir pour défendre nos conditions de travail et de vie.

Macron et Le Pen défendent les mêmes intérêts, ceux des riches et des possédants, des gros actionnaires. Pour défendre nos intérêts de classe, unissons nous au nom de la solidarité internationale de tous les exploités.

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn