Il ne faut pas « politiser le sport » a déclaré Macron devant le tollé suscité par la coupe du monde de football au Qatar, alors que la France a été le meilleur soutien de l’Emirat dans cette affaire… jusqu’à l’envoi de 220 gendarmes pour épauler les flics de cette dictature féroce contre les migrants, les femmes, les LGTBI !

Un soutien qui a commencé dès le vote pour la candidature du Qatar en 2010 : lobbying, corruption, voilà les méthodes du football du fric, mêlant Sarkozy alors président, Platini patron de l’UEFA, sur fond de reprise du PSG par un fonds d’investissement Qatari !

Une profonde colère s’exprime au travers du boycott de ce Mondial, tant il apparaît comme le symbole même du parasitisme du capitalisme financier, exploitation sans limite où tout s’achète, s’exploite, se gaspille et se sacrifie à la démence du capital, les hommes comme la nature.

Un étalage du fric tiré de l’esclavage salarié

« Le Qatar construit des stades verts » affirmait la FIFA, reprenant à son compte « la neutralité carbone » mise en avant par l’Emirat. Mensonges évidents devant l’absurdité de ces stades climatisés, ces autoroutes, hôtels, golfs et même une « place Vendôme ». Sans parler des 160 vols quotidiens supplémentaires pour emmener les spectateurs des Etats voisins ou des 50 000 litres d’eau quotidiens pour arroser les pelouses des stades chaque été. Qu’importe la crise climatique que subissent les peuples pour ces jeux du cirque modernes !

Un étalage de fric révoltant sur fond de capitalisme vert le plus cynique, reposant sur l’esclavage salarié, au propre sens du terme, de millions de migrants venus d’Asie du Sud ou d’Afrique.

Les témoignages affluent pour dénoncer les conditions de travail inhumaines, dans la chaleur suffocante, 12 à 14h par jour, 6 jours et demi par semaine, pour des salaires de 300 €, parfois moins ! D’après le Guardian, 6 500 ouvriers d’Asie y seraient morts au travail depuis 2010. Un chiffre sous-évalué vu l’absence de statistiques de certains pays. Rien que pour le Népal, le ministère de l’emploi à l’étranger annonce 1958 morts durant la même période. Quant aux autorités qataries, elles déclarent… 37 décès en lien avec les travaux pour la coupe du Monde, avec la complaisance et la complicité de la Fifa !

C’est tout le système qui est gangrené, à commencer par les agences de recrutement qui endettent massivement les migrants et leurs familles restées au pays, pour les enfermer dans les chantiers de Doha et les entasser dans des « camps de travail » sordides, bien à l’abri des regards. « Nous sommes comme des rats qui ne doivent approcher ni la caste des Qataris ni celle des expatriés occidentaux » dénonce l’un d’entre eux !

Les travailleurs n’ont aucun droit, les syndicats sont interdits et les pratiques féodales restent monnaie courante : confiscation des passeports, chantage des employeurs qui ont le pouvoir d’autoriser ou non un travailleur à partir, voire même à quitter le pays. Une situation encore plus violente à l’encontre des travailleuses domestiques, maltraitées au domicile même de leur patron !

L’envers du décor de cette « fête du football » s’étale au grand jour et met en lumière la folie du capitalisme partout dans le monde.

Partout, la même violence contre les travailleurs, les femmes et les migrants

Les délires de ces jeux du cirque participent de la même mégalomanie que celle qu’exhibent les rois fous de la finance tel Musk, qui vient de s’offrir Twitter pour 44 milliards de dollars. Sitôt arrivé, il a licencié la moitié du personnel par e-mail, s’amusant à tweeter « il est viré » contre un salarié qui l’avait contredit… méthodes cyniques à la Trump de ce milliardaire qui vante la liberté d’expression des préjugés les plus crasses sur Twitter, en disant redonner « le pouvoir au peuple » !

Leur idéologie libertarienne est bien à l’image de ces classes dominantes, pour qui la liberté sans limite est celle d'exploiter, de sacrifier les intérêts collectifs à leur délire capitaliste, cupide, individuel.

Quant à la situation des migrants, ils sont la cible partout des démagogies les plus réactionnaires, à commencer par la France. Plus de la moitié des 234 migrants de l’Ocean Viking viennent de faire l’objet d’un « refus d’entrée sur le territoire », quant aux autres, ils doivent être « partagés » avec 9 autres pays européens ! Darmanin demande aux préfets d’accélérer la mise en œuvre des OQTF, répétant en boucle l’amalgame entre « étranger » et « délinquant »… Une politique responsable chaque année de la mort de milliers de migrants aux frontières européennes, comme celle de 27 migrants dans la Manche en novembre 2021, où les garde côtes français ont ignoré les appels de détresse attendant qu’ils passent dans les eaux anglaises.

« Les travailleurs n’ont pas de patrie »

Le nationalisme exacerbé est une arme aux mains des classes dominantes. De Macron à Le Pen, tous rivalisent sur ce terrain de l’égoïsme national. Mais la gauche institutionnelle entretient elle aussi les préjugés nationalistes, passant du « produire français » à la défense du protectionnisme, de « nos » entreprises, de « nos » fleurons !

Une propagande destinée à nous détourner de notre ennemi commun, le capitalisme, le CAC40 comme le montre le dernier bilan de l’Observatoire des multinationales.

En 2021, ces 40 entreprises ont atteint 156,7 milliards de bénéfices, quatre fois ceux de 2020 et deux fois ceux de 2019. Comment ? En augmentant leurs marges, leur « taux de profitabilité » qui passe de 3,1 % en 2020 à 10,9 % en 2021. Ce ne sont pas les salaires qui provoquent l’inflation, mais bien les profits !

Profits censés « ruisseler » dans l’économie et assurer « les emplois de demain »… Foutaises ! 80 milliards d’€ sont allés directement aux actionnaires et les records de bénéfices de Stellantis ou d’ArcelorMittal sont directement liés aux dizaines de milliers de licenciements et suppressions d’emplois décidés par ces multinationales !

Leur société capitaliste est en pleine décadence, incapable de satisfaire les besoins les plus élémentaires de l’humanité. Il n’y a pas d’autre issue que de briser les chaînes de l’esclavage salarié, renverser ce système, par les armes de la lutte de classe, de la solidarité entre travailleurs.es, quelles que soient leurs nationalités.

Produire autrement ne peut passer que par l’expropriation de cette classe parasitaire. L’avenir est à la coopération et la solidarité internationale, la mise en commun des progrès techniques, produits du travail humain collectif, la planification démocratique pour produire en fonction de nos besoins en respectant la nature.

Laurent Delage

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