La grève, partie le 18 mars d’hôpitaux de l’AP-HP, a fait tâche d’huile à travers le pays. Plus de 100 services ont aujourd’hui rejoint le mouvement et tout indique que les annonces de Buzyn sont en train de renforcer la conviction de celles et ceux qui y sont engagés et d’aider à son extension. Les grévistes viennent de faire la démonstration que la lutte déterminée et l’organisation démocratique paient, Buzyn a été obligée de remballer ses phrases hostiles et méprisantes et le gouvernement a commencé à reculer. Mais ces annonces n’en demeurent pas moins une nouvelle provocation. Depuis trois mois les personnels des Urgences exigent l’arrêt des fermetures de services et la réouverture de lits, 10 000 embauches et des moyens immédiats pour faire face à l’engorgement des Urgences ainsi qu’une prime mensuelle de 300 euros pour tou.te.s. La ministre vient d’annoncer la somme dérisoire de 15 millions pour un « recrutement d’effectifs en cas de situation exceptionnelle », ce qui équivaut à… un demi poste par service d’urgence pour cet été, et une prime de 100 euros mensuels net aux conditions d’attribution vagues, tout en relevant le plafond des heures supplémentaires alors que les personnels disent leur épuisement et que les arrêts maladie tombent en rafale !

Le collectif inter-urgences, qui regroupe les grévistes syndiqué.e.s et non syndiqué.e.s des différents hôpitaux, prépare une nouvelle journée nationale de mobilisation et travaille à l’extension du mouvement, poussant les directions des centrales syndicales à sortir de leur léthargie.

Les infirmiers, aides-soignants, médecins urgentistes confrontés au quotidien à la violence des politiques d’austérité, à la « baisse de la dépense publique », à la précarité et à la détresse sociale, dénoncent depuis des années le manque de personnels et de moyens, les fermetures de lits alors que le nombre d’entrées aux Urgences a plus que doublé en 20 ans. Un énième geste violent d’un malade à cran a mis le feu aux poudres, et le mouvement a essaimé en s’organisant à la base, de façon démocratique. Les grévistes ont pris leurs affaires en main, mènent la bataille de l’opinion devant et dans les hôpitaux, dans la presse, sur la place publique avec localement le soutien de groupes de gilets jaunes.

Une première assemblée nationale des services en grève a eu lieu le 25 mai, suivie d’une manifestation devant le ministère le 6 juin, regroupant près de 1000 personnes, et la lutte a un écho dans l’ensemble du secteur de santé où des conflits éclatent localement, pour le moment de façon dispersée…

Les centrales syndicales, elles, semblent paralysées alors même que le « plan Santé » est en cours d’adoption au Parlement qui, sous couvert de répondre à la crise, prévoit de nouvelles attaques. Les fédérations de la Santé ont certes formellement appelé à une journée nationale de grève dans les hôpitaux le 11 juin, mais sans l’organiser ni essayer d’en faire un point d’appui pour élargir la lutte. Les seules initiatives prises l’ont été par des équipes militantes de base et par les grévistes des urgences.

Face à la régression sociale globale, l’acte II des mobilisations

Dans le prolongement des Gilets jaunes, le mouvement des Urgences, comme celui des enseignants, est l’expression d’un profond ras le bol, de la crise sociale globale.

Le gouvernement, obligé à des concessions partielles, entend les faire payer au monde du travail et amplifier l’offensive pour le compte des grands actionnaires et de la finance. Le discours de Philippe, traçant la feuille de route de l’acte II, ne laisse aucun doute : baisse du seul impôt proportionnel aux revenus, baisse de la dépense publique, attaques contre les retraites et remise en cause de l’âge de départ, mesures contre les chômeurs, les assurés sociaux… sans oublier la démagogie anti-immigrés, la promesse d’un débat annuel sur « l’immigration », d’une nouvelle loi de sécurité intérieure et du renforcement des frontières de l’espace Schengen…

Au sein des équipes syndicales, dans tous les collectifs de lutte, nombre de militants prennent la mesure des possibilités et des obstacles alors que les directions syndicales sont comme jamais embringuées dans le dialogue social, aspirées par les relations institutionnelles, et les partis de « gauche » en pleine déconfiture.

A travers la mobilisation des gilets jaunes qui se poursuit, celle des hospitaliers, les luttes contre les licenciements, se prépare une riposte d’ensemble contre la politique de Macron et du patronat. Elles ouvrent la voie pour l’ensemble du monde du travail et ses militants, elles sont un point d’appui pour préparer les prochaines étapes de la mobilisation. La nécessité de prendre en main la lutte fait son chemin, se renforce. La nécessité aussi de se coordonner, de s’organiser démocratiquement. La nécessité de nous donner les moyens de mener notre propre politique de classe en toute indépendance des jeux politiciens, en nous organisant, en nous regroupant à l’échelle du pays pour développer une politique visant à mobiliser l’ensemble du monde du travail contre les classes dominantes et leur État, nous donner notre propre parti pour changer le monde.

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