L’ignoble assassinat, trois ans après celui de Samuel Paty, vendredi à Arras d’un enseignant de 57 ans, Dominique Bernard, par un jeune de 20 ans d’origine tchétchène fiché S pour radicalisation, soulève la révolte et la colère. Le passé de ce jeune qualifié de « terroriste », brisé par la guerre, l’exil, la violence sociale, familiale, religieuse illustrent la misère que produit la folie de ce monde. Et comment s’étonner que le déferlement de fer et de feu sur Gaza, les propos de haine tenus contre les Palestiniens, les discours racistes d’extrême droite de Netanyahou et des intégristes religieux sionistes dont le gouvernement se dit totalement solidaire ne réveillent en retour les haines obscurantistes d’intégristes islamistes. La politique militariste du gouvernement français à laquelle l’ensemble des dirigeants des partis politiques ont donné, quant au fond, leur aval en participant à la réunion convoquée par Macron jeudi à l’Elysée, le soutien sans réserve ni retenue de celui-ci à l’État israélien et au siège de Gaza ne peuvent qu’accentuer les tensions.

Macron et Borne ont prétendu qu’ils voulaient éviter « l’importation du conflit » entre l’État israélien et les Palestiniens pour justifier l’ouverture d’enquêtes judiciaires et l’interdiction de toute manifestation pour motif de solidarité avec les Palestiniens. Il est évident que leur soutien inconditionnel à l’expédition punitive israélienne contre Gaza ne peut aboutir qu’à l’effet inverse.

Chacun comprend et partage la stupéfaction et l’effroi devant la violence aveugle et sanglante déchaînée par le Hamas le 7 octobre contre Israël et sa population mais quel aveuglement, quelle haine faut-il pour ne pas comprendre que cette violence surgit d’une violence, d’atrocités quotidiennes bien pires encore que subissent en permanence les Palestiniens condamnés à croupir à Gaza. Cette enclave côtière d’une superficie d’environ 300 km2 où sont regroupés plus de 2 millions de femmes, d’enfants, d’hommes, véritable camp de concentration soumis à un blocus aérien, maritime et terrestre depuis 16 ans. Violences quotidiennes que l’armée israélienne exerce aussi en Cisjordanie protégeant les colons et les terres arrachées aux Palestiniens, l’humiliation, l’indignité quotidienne d’un apartheid matérialisé par un mur.

Quel moyen le peuple palestinien a-t-il de faire entendre sa voix, de se battre pour son droit à une terre et un État alors que l’État théocratique et colonial d’Israël l’a privé par la guerre et la terreur de ses droits les plus élémentaires. Quel moyen le peuple palestinien a-t-il d’exister alors qu’Israël bafoue les résolutions de l’ONU et le droit international comme aujourd’hui encore en lançant des représailles sanglantes contre la population de Gaza assiégée, bombardée, privée d’eau, d’électricité, de gaz, dans le même temps qu’ils bombardent le Sud-Liban, et cela avec le soutien des États Unis, de toutes les puissances occidentales, de l’Otan. Ce soutien n’est pas que politique, il est militaire puisque Biden a dépêché le porte-avions US Gerald Ford au large des côtes israéliennes, se propose d’en envoyer un deuxième et s’apprête à envoyer des armes et des munitions à Israël dans la continuité de son soutien politique et militaire au sionisme qui a si bien servi ses intérêts contre le monde arabe au Moyen Orient.

Netanyahu, le Premier ministre israélien à la tête d’un gouvernement d’extrême droite soutenu par des intégristes religieux, a déclaré suite à l’offensive militaire du Hamas contre l’occupation des territoires palestiniens par l’armée d’Israël « Nous sommes en guerre et nous allons gagner » et il a annoncé des représailles sanglantes « Notre ennemi va payer un prix sans précédent », préparant l’opinion à « une guerre longue et difficile ».

Il ne fait aucun doute que Netanyahu entend renverser en sa faveur la situation aussi inédite qu’imprévue créée par l’offensive militaire du Hamas qui a, étrangement, pris l’armée et les services secrets d’Israël au dépourvu. Il veut poursuivre et accentuer la pression sociale, politique, militaire exercée contre les Palestiniens dans le but illusoire de briser la résistance palestinienne tout en sauvant son pouvoir en difficulté. Gaza est en réalité une prison à ciel ouvert. La population y est condamnée à des conditions de survie insupportables, victime d’une colonisation doublée d’un véritable apartheid.

Les médias aux ordres, la majorité des politiciens, tout en menant une odieuse campagne islamophobe, soutiennent l’État théocratique et colonial d’Israël. Biden a assuré ce dernier du « soutien gravé dans le marbre et inébranlable » des États-Unis face à ce qu’il a qualifié d’« horribles attaques terroristes du Hamas » et promis une assistance militaire. L’Otan, l’UE, Macron ont suivi le même chemin.

Macron tout à son obsession d’occuper le terrain pour conjurer sa peur du vide a saisi l’occasion du 65ème anniversaire de la Constitution adoptée le 4 octobre 1958, fondements de la V° République voulue par De Gaulle, pour ressortir des tiroirs ses velléités de réforme constitutionnelle. Sans doute y voit-il une façon d’améliorer son image en jouant au démocrate. Pas trop cependant, cette constitution instaurant un régime présidentiel lui convient parfaitement, garante de « stabilité » et, pour lui, d’espérer aller au bout de son quinquennat… Taillée sur mesure, à l’époque pour assurer le pouvoir personnel de De Gaulle, cette constitution a depuis parfaitement servi ladite République et les ambitions de ceux qui ont revêtu l’habit présidentiel.

La Vème République est un régime où le chef de l’exécutif est le premier législateur, au mépris de la séparation des pouvoirs. Où l’Assemblée nationale est réduite à une chambre d’enregistrement. Où l’article 16 donne les pleins pouvoirs au président et l’article 49.3 permet d’adopter, sans majorité parlementaire, envers et contre tous, des textes de lois comme la réforme des retraites. Pour Macron, le 49.3 est le symbole de l’équilibre que garantit la Constitution : « C’est un régime à la fois présidentiel et parlementaire, capable de pencher nettement pour le premier en temps de crise et nettement pour le second par temps calme. » Et comme lui, c’est plutôt temps de crise, vive le régime présidentiel !

Les conséquences et effets de la politique des États et des classes dominantes se font de plus en plus lourdement sentir dans la vie quotidienne des classes populaires brutalement impactées par la hausse des prix engendrée par l’inflation mondiale. En août, l’indice des prix à la consommation affiche, selon la note de l’Insee du 29 septembre, une accélération de l’inflation, 4,9 % sur un an, après 4,3 % en juillet. Cette hausse des prix est loin de ralentir contrairement à ce qu’annonçait il y a quelques semaines le gouvernement qui, à défaut de vouloir et pouvoir s’y opposer, joue d’expédients, de faux semblants et de bluff.

Les salaires restent derrière, à la traîne. Selon les données de la Dares et de l’Insee, l’indice des prix aurait augmenté depuis juillet 2021 de 13,42 %, tandis que le salaire moyen de base aurait, lui, augmenté sur la même période de 6,77 %, soit un décalage de 6,65 points.

Les revenus réels ont ainsi considérablement baissé depuis deux ans. Alors que le prix des carburants avoisine ou dépasse les 2 € le litre, les factures d’électricité s’envolent avec +15 % en février et +10 % en août. Et le gouvernement compte même récupérer 10 milliards sur le bouclier tarifaire sur l’électricité dans son budget 2024, bouclier qui sera supprimé progressivement d’ici fin 2024 après celui sur le gaz qui a pris fin en juillet.

Au moment où, à Versailles, Macron, avant de se croire habité par le Saint-Esprit, s’inclinait obséquieusement devant le vestige de la monarchie anglaise, partageant la suffisance autosatisfaite de dirigeants des deux plus vieilles puissances coloniales, à New York, devant l’Assemblée de l’ONU, Biden s’adressait au monde pour justifier la poursuite de la guerre en Ukraine. « Les États-Unis, avec leurs alliés et partenaires du monde entier, continueront à soutenir le courageux peuple ukrainien dans la défense de sa souveraineté, de son intégrité territoriale et de sa liberté ». Zelensky a évidemment surenchéri, appelant les hésitants à dépasser « la peur de la guerre » pour le soutenir, avant d’essayer d’obtenir du Congrès américain une nouvelle aide de 24 milliards, après les 114 milliards déjà fournis par les USA.

Dans le même temps, sur la base américaine de Ramstein, devant une cinquantaine d’Etats, le chef d’Etat-major et le secrétaire à la Défense des USA confirmaient leur « soutien à long terme à l’Ukraine … aussi longtemps qu’il le faudra », expliquant que « les guerres sont une interaction entre deux volontés politiques concurrentes qui veulent imposer leur volonté à l’autre par le recours à la violence organisée. C’est l’essence même de la guerre ».

« Ce soir, pour la première fois de notre histoire, nous allons faire grève chez les Big Three » déclarait le 14 septembre le dirigeant de la centrale syndicale des ouvriers de l’automobile, l’UAW (United Auto Workers), Shawn Fain. Le vendredi 15, à minuit, alors que le contrat -l’équivalent d’une convention collective- venait d’expirer, 12 700 travailleurs débrayaient dans 3 usines d’assemblage, une pour chaque compagnie, à Wentzville (Missouri) pour GM, à Toledo (Ohio) pour Stellantis et à Wayne (Michigan) pour Ford, 3 sur près de 70. La grève décidée par 97 % des 150 000 syndiqués à l’appel de la direction du syndicat, la première dans le secteur depuis 2019, exige de nouveaux contrats de travail collectifs pour les 4 années à venir.

Face à la catastrophe climatique, Elisabeth Borne a présenté lundi dernier, la dérisoire « planification écologique » du gouvernement Macron : 10 milliards d’euros saupoudrés en direction des entreprises du transport, du bâtiment, de l'industrie. Derrière le bluff écologique, c’est dans la continuité de leur « transition écologique », un détournement de l’argent public pour financer, à coup de subventions et autres primes à l’achat, les multinationales. Toutes comme par exemple celles de l’automobile sont sur les rangs pour l’énorme marché que représente cette transition quitte au passage à utiliser l’argument écologique avec des primes sélectives pour faire du protectionnisme contre les constructeurs chinois de voitures électriques !

Dans la nuit de mardi à mercredi dernier, plus de 7000 migrant·e·s sont arrivé·e·s depuis les côtes de Tunisie et de Libye sur la petite île italienne de Lampedusa. Les distributions de nourriture et de vêtements, assurées par les habitants et des bénévoles, n’ont pas suffi à satisfaire même les besoins minimums des nouveaux arrivants, exténués et affamés. Le maire de Lampedusa a décrété l’état d’urgence mercredi soir, réclamant de l’État italien et des pays européens des « soutiens et des évacuations rapides ».

Au mois de juin, plus de 650 migrants avaient perdu la vie dans le naufrage du chalutier qui les transportait au large de la Grèce et, à Lampedusa, c’est une enfant de cinq ans qui s’est noyée. Depuis le début de l’année, près de 120 000 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes et 2325 sont mortes ou ont été portées disparues en Méditerranée alors qu’elles tentaient de rejoindre l’Europe pour fuir l’enfer de leur pays.

Séisme au Maroc, inondations en Libye, afflux sans précédent de migrants à Lampedusa…, depuis une semaine les drames s’enchaînent tandis que la guerre poursuit ses massacres et ses destructions en Ukraine, que l’inflation et les dérèglements climatiques continuent leurs ravages.

Face à cela, au sommet du G20 qui se tenait en Inde au moment même du séisme au Maroc, les brigands qui dirigent le monde n’ont pas de réponse. Au-delà de quelques larmes de crocodile, leur seule préoccupation était la négociation de leurs propres intérêts dans un monde marqué par l’exacerbation des rivalités. Et si le premier ministre indien ultra-nationaliste Modi, tout à la préparation de sa réélection aux prochaines élections générales, a pu se glorifier que le sommet ait accouché d’une déclaration commune… c’est parce que les sujets qui fâchent avaient été glissés sous le tapis : rien sur la lutte contre l’inflation, rien sur la guerre, sinon des formules creuses. Quant aux nécessités de la lutte contre la crise environnementale, elles ne faisaient pas le poids face aux intérêts de chacun à développer l’exploitation et le trafic des énergies fossiles.

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