« Hold-up » sur les consciences ! Contre les manipulations complotistes et obscurantistes, la lucidité de la lutte de classe démocratique
Le pseudo-documentaire « Hold-up » prétendant révéler un « plan caché » derrière la pandémie de Covid-19 a connu un certain succès, avec près de trois millions de vus sur différents supports en une semaine, suscitant de nombreuses interrogations et discussions et déclenchant toute une campagne dans les médias contre le complotisme.
En spéculant sur la défiance qui existe, à juste titre, vis-à-vis du gouvernement et de son traitement policier de la pandémie comme vis-à-vis des multinationales qui ont fait de la santé un business, ce film essaie de faire passer à coups de contrevérités et de manipulations grossières, l’idée absurde que la Covid-19 aurait été créée volontairement de toutes pièces pour servir les intérêts des puissants. Il reprend les thèses les plus délirantes de l’extrême droite américaine, et fait la part belle à des intervenants proches de la nébuleuse QAnon, un mouvement qui depuis quelques années se développe rapidement à travers les réseaux sociaux en soutenant que Donald Trump mène une guerre secrète contre une secte libérale mondiale composée de pédophiles satanistes…
Représentons-nous nous-mêmes pour défendre nos droits et l’intérêt collectif, soyons nos propres porte-parole !
Bridgestone a annoncé jeudi la fermeture définitive de l’usine de pneus de Béthune, dans le Pas-de-Calais, après 5 mois de pseudo « discussions » avec les pouvoirs publics et les syndicats dont le seul but était de détourner les travailleurs de la lutte. Les gesticulations du gouvernement et de la Région Haut-de-France (dont le président, Bertrand, s’est réjoui que les travailleurs aient « fait preuve d’un extraordinaire sang froid » !) n’y ont sans surprise rien fait. Ils n’en avaient pas moins promis de nouvelles « aides » pour moderniser le site, à hauteur de… 100 millions d’euros, en plus des autres financements publics (dont 1,8 million sur la seule année 2018 au titre du CICE, 170 000 euros versés par la Région au titre de la formation, entre autres). La multinationale japonaise avait décidé bien avant de « sauvegarder la compétitivité des opérations de Bridgestone en Europe » et, pour cela, de relocaliser en Estonie et en Pologne à l’image de la plupart des équipementiers, dont le français Michelin, qui ont déjà transféré l’essentiel de leur production dans les pays à « bas coût », en Europe de l’Est ou en Turquie, au Maghreb, en Espagne… A Béthune, 863 travailleurs perdent brutalement leur travail alors que de très nombreux emplois qui en dépendaient sont menacés de disparaître à leur tour dans une région ravagée par le chômage.
« Si vous ne voulez pas entendre, sortez d’ici ». Face à la panique du pouvoir, l’intérêt collectif, l’organisation des travailleurs
« Je suis rentré dans deux chambres dans ce service de réanimation, a expliqué Véran au retour d’une visite à l’hôpital Sud-Francilien de Corbeil-Essonnes, mardi dernier. Dans la première chambre, il y avait un jeune homme de 28 ans dans le coma. Dans la deuxième chambre, il y avait un homme en surpoids âgé de 35 ans [...] C’est ça, la réalité Mesdames et Messieurs les députés, si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ! » a-t-il explosé. Auparavant, aux soignants du même hôpital, Castex avait lâché : « Vous allez souffrir, je le sais, c’est comme ça ».
Les hôpitaux sont déjà engorgés, les capacités en lits et en réanimation bientôt saturées, des interventions chirurgicales ou des hospitalisations pour d’autres maladies ont été déprogrammées, les médecins à nouveau en situation de devoir faire des choix entre les patients… Une situation pire qu’au printemps parce que toutes les régions sont touchées en même temps, que les personnels sont épuisés et que rien depuis mars n’a été fait pour augmenter les capacités hospitalières.
Un manque d’anticipation, une incurie qui ne tiennent pas à un manque de clairvoyance -Castex le dit bien, « je le sais, c’est comme ça »- mais à des choix politiques dictés par un choix social fondamental, l’intérêt des grands groupes capitalistes et de la finance pour qui toute dépense dans des services publics utiles à la population, dépenses « improductives » à leurs yeux, est à proscrire.
Joe Biden et Kamala Harris élus après que les mobilisations populaires ont viré Trump, ce sont elles qui portent l’avenir
Chacun se réjouit de la défaite de Trump et de l’échec du sinistre show complotiste qu’il produit, « on m’a volé ma victoire ». Dans tout le pays, un joyeux soulagement plus qu’un enthousiasme populaire a accueilli l’élection de Joe Biden et de Kamala Harris, première femme noire et fille d’immigrée vice-présidente. Cette élection ne constitue cependant en rien un retour au monde d’avant Trump dont la victoire en 2016 n’était pas un simple accident électoral favorable à un réac de série américaine. Nous écrivions au lendemain de cette élection dans un article intitulé « Trump, enfant monstrueux de la mondialisation libérale et impérialiste et des années Obama » :« Tous ceux qui pensaient que Trump jouerait le rôle de l'idiot utile pour permettre à la détestée Hilary Clinton de gagner, se sont trompés. C'est l'inverse qui s'est produit, le rejet, la haine de l'arrogance du camp Clinton a nourri l'abstention et le vote Trump. Le show médiatique qui a tenu lieu de campagne entre les deux candidats de la bourgeoisie comme son issue donnent un aperçu du mal profond qui ronge la prétendue démocratie américaine. [...] Le vrai choc dont Trump et tous les courants réactionnaires d'extrême droite, populistes, sont nés ce fut bien la crise de 2007-2008. La politique de sauvetage des banques puis la politique de relance à crédit que les États ont fait payer aux travailleurs et à la population ont entraîné le discrédit des partis qui les ont mis en œuvre ici, dans toute l'Europe. Aux USA, ce furent les années Obama ». Depuis la situation n’a cessé de se dégrader.
Face au fanatisme islamiste, le piège sanglant des surenchères racistes et guerrières
L’horreur de l’attaque au couteau qui a eu lieu jeudi à Nice et fait trois morts, 15 jours après l’assassinat de Samuel Paty, suscite la même stupéfaction, la même révolte mais aussi l’inquiétude, un engrenage mortifère dont chacun a du mal à imaginer l’issue. A Lyon un homme d’origine afghane en possession d'un couteau a été arrêté en plein centre-ville tandis qu'à Sartrouville, dans les Yvelines, un homme qui voulait « faire comme à Nice » a été appréhendé à proximité de l’église. Une tentative d'attaque a été déjouée au consulat de France à Djeddah, en Arabie saoudite, où un vigile a été blessé.
Ce nouvel acte de fanatisme islamiste vient accentuer le climat d’inquiétude, les peurs latentes qu’entretiennent la pandémie et la déroute économique en cours. La décomposition de la société dominée par la concurrence et la loi du profit capitaliste, les tensions guerrières internationales provoquent effroi et interrogations. Sans réponse ni issue les démagogues politiciens de tout bord tentent d’en tirer profit dans des surenchères attisées par leurs ambitions rivales et leur commune volonté de dominer les consciences. Ce qu’ils voulaient faire passer pour une guerre de civilisation prend des allures de guerre de religion. Jeudi, le glas a sonné dans toutes les églises du pays à 15 heures, heure à laquelle le Christ serait mort selon les chrétiens. Une résonance sinistre au déploiement policier ordonné par Macron.
Travaille et tais-toi ou la cohérence de classe de la police sanitaire de Macron
Après quelques jours de faux suspense, mercredi 28, Macron annonçait un nouveau confinement, jusqu’au 1er décembre au moins. Dans un « mode allégé » a-t-il précisé : comprendre que les travailleurs travailleront, que les écoliers iront à l’école ainsi que les enseignants, mais que les endroits recevant du public seront fermés et que, sauf pour aller au travail, nos sorties seront strictement limitées, sous contrôle policier. Dès le lendemain, Castex et cie précisaient les modalités de ce nouveau tour de vis d’autant plus pesant qu’il survient alors que le plan vigipirate a été porté à son niveau le plus élevé suite aux meurtres de Nice.
La nécessité vitale d’un plan d’urgence pour les services de santé
Contre tous les fanatismes religieux ou d’extrême-droite, combattre le rassemblement national de Macron, l’oppression, la misère et la guerre
« La vraie guerre, c’est celle-là » tel est le titre d’un éditorial du 19 octobre des Echos qui résume l’état d’esprit des classes dirigeantes et des sommets de l’État, y compris de sa fraction qui se veut moderne et rationnelle: « L’expression "nous sommes en guerre" employée par Emmanuel Macron le 16 mars dernier n’était sans doute pas la plus appropriée pour désigner la bataille engagée depuis le printemps dernier contre la covid-19. Qu’est-ce qu’une guerre sans ennemi visible, sans idées revendiquées, sans terrain à gagner et à perdre, sans armes pour le combattre au début sinon le lavage des mains et la distance physique ? En revanche, le mot est le bon contre l’hydre de l’islamisme radical.[...]c’est une guerre à mener avec des décisions fermes (pour ne pas dire radicales) à prendre parce que les mots de condamnation, presque toujours les mêmes, lassent et que les manifestations place de la République à Paris ou ailleurs ne suffisent plus. C’est une guerre à mener contre un certain nombre d’esprits faibles qui considèrent depuis trop longtemps qu’évoquer l’islamisme c’est faire preuve d’islamophobie et que dire de tous ceux, d’autres, qui ont un discours à géométrie variable ? […] C’est une guerre à mener contre les petites et grandes lâchetés des uns des autres. Celles d’élus qui cèdent quelques centimètres dans les piscines, dans les écoles. Celle de l’Éducation nationale parfois parce qu’elle est en première ligne et dieu sait que c’est compliqué. Celle des commentateurs qui par facilité cèdent à la culture de l’excuse sociale alors qu’on est bien incapable et que rien n’autorise d’expliquer par la désespérance sociale les barbaries rappelées ci-dessus. ». Depuis l’assassinat odieux de Samuel Paty, déferle sur le pays un feu nourri et continu de propagande appelant le bon peuple de France à se considérer en guerre pour la république. Une véritable panique s’empare du pouvoir qui sent, de crise en crise alors que s’annonce la débâcle économique, le sol se dérober sous ses pieds, les consciences lui échapper. Elle s’empare de tous les politiciens emportés dans l’hystérie de leurs rivalités et leur crainte de voir leur rivale séculaire, Marine Le Pen, tirer bénéfice de cette honteuse campagne raciste et sécuritaire.
Notre solidarité contre un crime abject, contre le fanatisme religieux et pour la liberté, c’est dénoncer la démagogie du pouvoir et le fanatisme d’extrême droite
L’ignoble assassinat par décapitation de Samuel Paty, un enseignant prof d’histoire-géographie au collège du Bois d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, a bouleversé, stupéfié et suscité l’effroi et la colère. Dans tout le pays, l’indignation s’est manifestée à travers des rassemblements de solidarité, malheureusement dans une grande confusion « républicaine » et d’union nationale dans laquelle les directions syndicales se sont laissées noyer et qui laisse la place à Castex, Blanquer et autres, même si bien des participants aux rassemblements ne s'y reconnaissaient pas.
La victime avait, le 5 octobre, dans un cours d'EMC, enseignement moral et civique qui a pour but d’éveiller l'esprit critique des élèves, exposé des caricatures de Mahomet. Suite à ce cours une plainte avait été déposée et des menaces de mort avaient circulé sur les réseaux sociaux.
Le couvre feu contre la population, des milliards pour le capital, incurie de l’État et débâcle capitaliste
Une pseudo interview télévisée de Macron était complaisamment mise en scène mercredi 14 par TF1 et France 2. Il y a annoncé des mesures censées faire face à la remontée des cas de contamination qui menace de submerger de nouveau les services de réanimation. Après les restrictions mises en place il y a quelques jours par les préfets dans certaines grandes villes, un couvre feu entre 21 h et 6 h est désormais imposé dans la région parisienne et 8 métropoles pour une durée de 4 semaines, 6 si le Parlement l’autorise. Le lendemain, c’était au tour de Castex et de quelques ministres de présenter à la presse la mise en musique des annonces du Président… dont Darmanin qui a expliqué que 12 000 policiers et gendarmes seraient mobilisés pour faire respecter la loi.
Nouveau signe de leur incurie, Macron et son gouvernement accentuent le traitement policier de la crise sanitaire faute d’avoir un minimum pallié les carences profondes du système hospitalier révélées par la première vague de l’épidémie. Faute d’avoir répondu, lors de la mascarade du Ségur, aux revendications que portent les personnels hospitaliers depuis des années sur les immenses besoins de recrutement, les équipements, l’amélioration des conditions de travail, des salaires, etc., comme ils sont venus le rappeler dans la rue jeudi 15.
Nouvelle PAC, productivisme, ravage de l’agrobusiness… ou l’urgence de libérer les travailleurs de la mer et de la terre de la dictature du capital
Alors que la pandémie du Covid19 comme la crise sociale et économique n’ont fait qu’aggraver la situation des petits agriculteurs et des marins-pêcheurs, la nouvelle réforme de la PAC (la politique agricole commune) devrait être votée au Parlement européen cette semaine. Cette nouvelle version est dénoncée à juste titre par nombre d’associations ou de syndicats paysans car, selon une représentante de la Plateforme « Pour une Autre PAC », « elle soutient toujours massivement l’industrialisation de l’agriculture ». Cette « industrialisation » dénoncée par les défenseurs d’une agriculture paysanne c’est d’abord et avant tout la conséquence de l’intégration de l’agriculture et de la pêche à la folie de la mondialisation financière capitaliste qui soumet toutes les activités humaines, dont celle fondamentale de « nourrir l’Humanité », à la seule logique de la course au profit.
La crise récurrente de l’agriculture et de la pêche révèle toute l’incapacité du capitalisme mondialisé non seulement à garantir une vie décente à tous les travailleurs de la terre et de la mer, mais aussi à fournir une alimentation de qualité à l’ensemble de la population mondiale et même tout simplement à éradiquer la faim alors que le nombre de personnes menacées de famine a doublé depuis le début de la pandémie.