Texte de discussion dans le cadre du NPA

Dérive réactionnaire et offensive capitaliste contre les travailleurs et les classes populaires 

La décomposition politique et la dérive réactionnaire qui pavent le terrain à l’extrême-droite trouvent leur source dans l’explosion des contradictions de classe, le pourrissement du capitalisme. Les superprofits et les dividendes records exigent l’appauvrissement continu des classes populaires et des travailleur.es.

La dette publique a dépassé les 3 000 milliards € (111,7 % du PIB) assurant aux banques 51,7 milliards € d’intérêts en 2023, prélevés dans les caisses publiques alors que les hôpitaux eux-mêmes surendettés et l’ensemble des services publics manquent du minimum !

La révolte des agriculteurs a gagné tout le pays, dans la foulée des mouvements qui ont secoué l’Europe, de l’Allemagne aux Pays-Bas et à la Roumanie, en passant par la Pologne. Parti de la base, le mouvement a rapidement gagné toutes les régions, tracteurs et engins agricoles bloquant les autoroutes, envahissant des centres ville ou des parkings de grandes surfaces. Excédés, les agriculteurs revendiquent d’être payés pour leur travail et de pouvoir en vivre dignement. Ils dénoncent une politique qui sacrifie leur vie à la défense des industriels de l’agro-business et de la grande distribution, fondée sur la compétitivité et la rentabilité financière, donnant tout son sens au slogan des Jeunes agriculteurs qui ces dernières semaines ont retourné les panneaux à l’entrée des villages, « On marche sur la tête ».

Tous les agriculteurs ne subissent pas de la même façon la mainmise du capital, des banques et de l’agrobusiness qui se déploient depuis trente ans et ont ruiné de nombreuses petites exploitations mais la dégradation des conditions de vie, de travail, est générale. Sur 400 000 paysans, un quart gagne moins de 1000 € par mois et pour la moitié autour de 2000 €.

« Lénine n’est plus, mais nous avons le léninisme. Ce qu’il y avait d’immortel dans Lénine, son enseignement, son travail, sa méthode, son exemple vit en nous, dans ce Parti qu’il a créé, dans ce premier des Etats ouvriers, à la tête duquel il s’est trouvé et qu’il a dirigé.

Nos cœurs sont frappés, en ce moment, d’une si profonde affliction parce que, tous, nous sommes les contemporains de Lénine, nous avons travaillé à côté de lui, nous avons étudié à son école. Notre Parti, c’est le léninisme en action ; notre Parti, c’est le chef collectif des travailleurs. En chacun de nous vit une parcelle de Lénine, ce qui constitue le meilleur de chacun de nous. »[1].

Ces mots prononcés par Trotsky en Gare de Tiflis, le 22 janvier 1924, au lendemain de la mort de Lénine, loin de participer au culte de la personnalité qui étouffa et liquida la pensée du « chef collectif des travailleurs » sous la pression de la dictature de la bureaucratie, donnent une mesure du génie auquel Trotsky a consacré son Lénine dans lequel est reproduit ce discours et les conditions historiques dont Lénine s’est nourri.

Toute la semaine, Macron a multiplié les apparitions pour tenter de donner du crédit à la fable du « nouveau souffle » de ce gouvernement Attal, après le vote de la loi immigration qui ouvre la voie au RN.

Cette agitation ne peut masquer le fait que sa majorité relative est explosée, alors que près d’un quart des députés Renaissance ont voté contre ou se sont abstenus sur cette loi. Quant aux nominations au gouvernement, de Rachida Dati mise en examen pour corruption à Vautrin militante de la manif pour tous en passant par Oudéa-Castéra et ses accointances avec le très catholique collège Stanislas, elles accentuent la crise du parti présidentiel dans une fuite en avant réactionnaire.

Jeudi dernier, le général américain Christopher Cavoli, chef d’état-major suprême des forces de l’Alliance en Europe, annonçait les plus grandes manœuvres de l’Otan « depuis des décennies ». L’exercice baptisé « Défense inébranlable » fera intervenir pendant plusieurs mois 90 000 soldats, 1100 véhicules de combat, 80 avions et 50 navires « contre un adversaire de taille comparable », à savoir, sans la nommer, la Russie.

Le dimanche précédent, le quotidien allemand « Bild » avait publié une note classée « secret-défense » de l'armée allemande, qui imagine entre autres scénarios celui d’une escalade militaire provoquée par une Russie victorieuse de l’Ukraine et conduisant dans l’année 2025 à un affrontement direct entre l’Otan et celle-ci. Une hypothèse sans fondement qui ne vise qu’à accréditer la seule responsabilité de Poutine dans la guerre actuelle pour justifier de nouveaux plans dans l’offensive militaire de l’Otan.

Le Forum économique mondial de Davos qui vient de s’achever s’est tenu cette année sur fond d’inquiétude des maîtres du monde sur la situation mondiale dont la crise globale ne cesse de s’approfondir et perturbe leurs affaires. L’intitulé de ce forum, « Restaurer la confiance » témoigne de cette inquiétude, tout comme celui de son rapport introductif, « Rapport sur les risques mondiaux », qui constate dès son introduction -grand scoop !- que Davos se tient cette année « dans un contexte d’accélération des changements technologiques et d’incertitude économique, alors que le monde est en proie à un duo de crises dangereuses : le climat et les conflits ».

Macron a donc choisi Gabriel Attal pour son entreprise de « réarmement », le jeune loup aux dents longues héraut de l’interdiction de l’abaya, chargé de rivaliser avec le RN à cinq mois des Européennes. Sur les 14 ministres annoncés, 8 sont issus de l’UMP dont, au Travail et à la Santé, Catherine Vautrin, ancienne ministre de Chirac, opposée au mariage pour tous et à la PMA, désormais numéro 3 du gouvernement. Avec aussi, dans ce paquet réactionnaire, la désormais connue Amélie Oudéa-Castéra (Renaissance) à l’Education, faisant pour sa première sortie la promotion du lycée privé réactionnaire, homophobe et sexiste de ses enfants.

« Je ne conçois pas de société sans ordre et sans règles » expliquait Attal aux côtés de Darmanin qui promettait de « finir le travail » de la loi immigration sur laquelle le conseil constitutionnel doit se prononcer le 25 janvier.

Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, vient de terminer sa quatrième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre. De la Turquie à l’Égypte en passant par les Émirats arabes unis, Israël et l’Arabie saoudite, il voulait, selon la propagande officielle, convaincre Netanyahou de prendre en compte la « tragédie » des civils, de faire le moins de victimes possible parmi eux et d’éviter l’élargissement du conflit qui pourrait « aisément se métastaser » dit-il. Des déclarations de bonnes intentions, si l’on peut dire, pour masquer, dans le vain calcul de sauver la mise à Biden alors que la campagne pour l’élection présidentielle a commencé, une politique belliciste qui s’oppose à tout cessez-le-feu.

Dans ses vœux pour 2024, Macron s’est posé en chef du « réarmement » de la France, ridicule posture qui ne pouvait masquer le discrédit, la crise politique profonde accentuée par le vote de la loi Immigration, « victoire idéologique » de l’extrême-droite dont Le Pen espère bien encaisser les dividendes.

Forme de lucidité sur ses moyens, il tente surtout et d’abord le réarmement de son gouvernement, affaibli par les menaces de démission en son propre sein, quelques ministres ayant manifesté lors du vote de la loi des velléités contestataires, vite oubliées, et la démission bien réelle du ministre de la santé Aurélien Rousseau.

Il tente de faire du remaniement ministériel son cheval de bataille pour poursuivre son offensive contre le monde du travail et les classes populaires. Il aura bien du mal à résoudre la quadrature du cercle pour réussir à manœuvrer la nouvelle majorité qui s’est constituée autour de la loi Immigration à l’Assemblée avec la droite et l’extrême-droite, pour l’essentiel contre lui. La concurrence avec l’extrême-droite pour le pouvoir s’exacerbe… sur les mêmes bases politiques, la même instrumentalisation du nationalisme et du racisme au service des intérêts et des profits des classes dominantes. Quel que soit le résultat des calculs et tractations à venir autour du remaniement, Macron est sans majorité, le pouvoir affaibli et sans attendre quoi que ce soit des élections, obsession du microcosme politicien, le monde du travail a l’avenir entre ses mains pour défendre ses droits et renvoyer l’extrême droite dans les cordes.

Hier soir, 13 jours après que le Sénat puis l’Assemblée nationale ont adopté la loi Macron-Darmanin-Ciotti-Le Pen sur l’immigration, Macron s’est livré à son habituel étalage d’autosatisfaction, hors sol, drapé dans le tricolore pour se vanter « du réarmement » de la nation, appeler à une unité nationale dont il se voudrait le chef. Il entend poursuivre et accentuer l’offensive contre les classes populaires en manœuvrant entre les forces du bloc réactionnaire nationaliste majoritaire à l’Assemblée nationale qui s’est regroupé autour de la loi xénophobe qui se revendique de la « préférence nationale », cheval de bataille de Marine Le Pen et du RN. Au-delà des convulsions internes qui ont secoué les différents partis dont la majorité, ce tournant était inscrit dans l’évolution réactionnaire du microcosme politicien parlementaire sous la pression de l’exacerbation des tensions sociales et internationales engendrées par la politique des classes dominantes, les guerres.

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn