« Nouvel ordre mondial. Vous êtes bon pour Guantanamo. L’amour d’un monde meilleur l’emportera. Vive la liberté », « la solidarité rend la police inutile ». Samedi des dizaines de milliers d’opposants à la loi LSG auxquels s’étaient joints de nombreux jeunes protestant contre l’emprisonnement et les condamnations encourues par 4 raveurs de Lieuron ont manifesté un peu partout dans le pays. L’imposition du couvre-feu à 18 heures offre un contraste saisissant avec la mise au point rapide de plusieurs vaccins qui montre les possibilités gigantesques que représentent les progrès techniques, scientifiques et le travail des chercheurs. Les ratés de la campagne de vaccination sont à mettre au compte de l’incurie du gouvernement qui oscille entre souci des intérêts privés, politique de com et injonctions insupportables et de la défiance que suscitent les grands groupes pharmaceutiques bien connus pour leur rapacité, l’absurdité de la concurrence qui les oppose dans un secteur aussi vital, leur opacité.

Il n’en reste pas moins que la vaccination massive ouvre le seul espoir de sortir de l’épidémie au moment où celle-ci se prolonge et gagne en gravité à cause en particulier de la nouvelle souche du virus plus contagieuse apparue en Grande Bretagne. La crise sanitaire est loin d’être finie et elle risque bien de n’être que la première d’une série d’autres à venir comme en avertissent de nombreux spécialistes.

La pandémie montre à quel point le capitalisme a fait son temps. Non seulement il est responsable de son apparition du fait de la surexploitation anarchique des ressources naturelles mais les classes dirigeantes, après avoir détérioré pendant des années les services publics de santé dans les pays les plus riches de la planète, ont été incapables d’y faire face de manière efficace. Leur domination est aujourd’hui l’obstacle essentiel à la résolution des grands problèmes de l’humanité.

La faillite des classes dirigeantes à la lumière de la crise sanitaire...

La crise sanitaire fait partie intégrante de la crise écologique provoquée et aggravée ces dernières années par la fuite en avant effrénée des multinationales et des sociétés financières pour dénicher de nouvelles sources de profits à court terme aux dépens de la nature, déforestations accélérées pour les besoins des monocultures intensives et de l’élevage industriel, urbanisations anarchiques dictées par les seuls intérêts de promoteurs immobiliers, dévastations d’énormes superficies pour l’exploitation des gaz de schiste et des métaux rares… La disparition de vastes étendues de nature sauvage augmente les risques de maladies infectieuses en mettant plus fréquemment les êtres humains au contact d’animaux sauvages.

La crise sanitaire a fait apparaître à quel point les pouvoirs en place, entièrement au service de l’enrichissement de classes possédantes parasitaires sont incapables de prendre et mettre en œuvre les décisions qui répondent à l’intérêt collectif. Là où il faudrait des surcapacités hospitalières permanentes, un service public de santé incluant unités de soins, médecine de ville et laboratoires pharmaceutiques et permettant une coordination et une mobilisation de tous ses acteurs, c’est l’inverse qui est fait afin de favoriser les intérêts privés. On continue de fermer des services et des hôpitaux, il n’y a eu aucun recrutement de personnel au point que des soignant-e-s démissionnent en grand nombre, épuisés par la surcharge de travail dans des hôpitaux débordés et gagnés par un sentiment d’impuissance.

Et voilà qu’on apprend que le gouvernement Macron fait appel à des sociétés de consultants privées pour organiser la campagne de vaccination. Cela fait plusieurs années à vrai dire, avant même Macron, que l’État, l’administration font appel à ces cabinets privés dans lesquels se recyclent nombre d’anciens hauts fonctionnaires ou politiciens, des sociétés telles que McKinsey, bien connue des salariés du privé parce que leur rôle est d’aider les multinationales à maximiser leurs profits en dégraissant les effectifs.

L’État, instrument du parasitisme capitaliste

L’administration, l’État, et tous les services sociaux sont gérés de la même manière que n’importe quelle entreprise privée, à la recherche permanente d’une rentabilité supérieure, c’est-à-dire comment mobiliser l’argent public pour faire fructifier des capitaux privés.

Comme le dit l’Observatoire des multinationales, il y a un « ruissellement d’argent public vers le CAC40 ». Outre les subventions déjà existantes comme le CICE et le crédit impôt-recherche, les grands groupes capitalistes ont empoché des dizaines de milliards d’euros depuis le début de la pandémie grâce aux aides de l’État pour payer le chômage partiel, à la baisse de l’impôt de production, grâce aux aides sectorielles et aux exonérations ou reports de paiements de cotisations sociales. Les mêmes qui ont reçu ces milliards annoncent des milliers de licenciements dont le dernier en date, Michelin qui supprime en France 2300 postes après Renault, Sanofi, Airbus, Total, Schneider Electric…

L’État et les groupes capitalistes poursuivent les mêmes objectifs, augmenter la « compétitivité » de l’entreprise ou de l’économie, faire suer plus de profits à des salariés moins nombreux à qui on impose une intensité de travail épuisante, dégager le plus de liquidités afin d’alimenter le casino boursier et y prendre sa part de la plus-value extraite dans le monde entier.

Bruno Le Maire n’a pas un haussement de sourcil à propos des licenciements dans les entreprises qui ont reçu les aides de l’État, mais il dit un « NON » ferme au RSA pour les jeunes de moins de 25 ans, jeunes travailleurs, étudiants, dont beaucoup connaissent une situation désespérée parce qu’ils ont perdu les petits boulots grâce auxquels ils survivaient tant bien que mal. Et pour leurs familles, quand elles veulent et peuvent les aider, c’est une perte de revenus supplémentaires qui s’ajoute à celle, considérable, du chômage partiel et pire de la suppression de leur emploi.

Un capitalisme de dépossession

Le gouvernement creuse la dette de l’État et des organismes de protection sociale, assurance-chômage qui paie une partie du chômage partiel, Sécurité sociale qui paie l’exonération des cotisations et cette dette publique est déjà mise en avant pour justifier la diminution des budgets des services publics et la poursuite des réformes abaissant la protection sociale comme celle des retraites et de l’assurance chômage.

La recherche de « compétitivité » n’a pas de fin et elle tire les salaires toujours plus vers le bas. Même les cadres ne sont pas à l’abri. Selon le journal Les Echos, le développement du télétravail, des visioconférences fait entrevoir d’énormes possibilité d’économies pour les grands groupes qui pourront restructurer leurs sièges sociaux à coup de « plans de performance », réduire leurs effectifs de cadres, se passer d’immenses locaux en centre-ville très coûteux, faire appel ponctuellement aux compétences de tel ou tel cadre travaillant dans une des entreprises du groupe.

La logique capitaliste, la mainmise des grands groupes capitalistes sur l’économie et l’ensemble des ressources naturelles et humaines conduisent à une régression sociale sans fin, une croissance insupportable des inégalités, le ravage des milieux naturels, le réchauffement climatique générateur de catastrophes dont les incendies, les invasions de criquets ou les accidents météorologiques de cette année dans le monde donnent un aperçu. Les classes possédantes et dirigeantes sont incapables d’y faire face, elles ne songent qu’à se prémunir des explosions sociales par la répression.

L’avenir commence aujourd’hui

Les travailleurs, toutes celles et tous ceux qui ne peuvent vivre que de leur travail, ont les moyens de faire prévaloir une autre logique fondée sur les intérêts et les besoins collectifs, parce que ce sont elles et eux qui produisent, transportent, distribuent toutes les richesses et font d’ores et déjà fonctionner toute la société. L’avenir est à la gestion démocratique de l’économie pour le bien-être de tous et la sauvegarde de la planète, une planification démocratique de l’économie mondiale par les travailleurs eux-mêmes en liaison avec l’ensemble de la population, un monde de solidarité, de coopération dirigée et organisée par la classe des producteurs. Les idées socialistes, communistes, peu importe le mot, sont plus que jamais d’actualité.

Il n’y a pas de troisième voie, de compromis possible. Face à l’offensive des classes capitalistes, l’heure est à l’unité, au regroupement des classes exploitées, de tout ce qui vit encore du socialisme et du communisme autour d’une compréhension commune de la nouvelle époque dans laquelle est entrée l’humanité, des possibilités révolutionnaires dont elle est riche.

Ce combat n’est pas l’attente d’un grand soir, il commence aujourd’hui dans les mobilisations actuelles, dans nos efforts pour construire des liens démocratiques, prendre en main nos luttes, formuler nos revendications. Parallèlement aux mobilisations contre le volet répressif de la politique de l’État, le 30, les journées du 21 janvier dans le secteur du médico-social, du 23 contre les licenciements à l’appel des TUI, du 26 dans l’Education nationale peuvent être l’occasion, avant la journée interprofessionnelle du 4 février, de poser clairement la question du chômage et des services publics, recenser les besoins en emplois dans chaque secteur et populariser l’idée de bureaux d’embauche par les travailleurs eux-mêmes.

Non aux licenciements et au surcroît de travail pour ceux qui restent ! Oui au partage du travail entre tous en le réduisant autant que nécessaire ! Augmentation générale des salaires et des minimas sociaux !

Galia Trépère

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