Samedi, alors que se terminaient les manifestations combatives, joyeuses et festives malgré de nouvelles violences policières, Edouard Philippe a fait connaître ses propositions de prétendu « compromis », une vraie farce ! «[…] pour ne pas préjuger de l’issue de leurs [les partenaires sociaux] travaux concernant les mesures à prendre pour atteindre l’équilibre en 2027, je suis disposé à retirer du projet de loi la mesure de court terme que j’avais proposée, consistant à converger progressivement à partir de 2022 vers un âge d’équilibre de 64 ans en 2027 », affirme-t-il dans la lettre qu’il a adressée aux directions des confédérations syndicales après avoir reçu celles-ci, en bilatérale durant toute la journée de vendredi. Et toute la presse aux ordres de s’exclamer, comme si le gouvernement avait reculé : « le gouvernement renonce à l’âge-pivot ! ».

Non aux négociations bidon, retrait de la réforme !

Quelle blague ! L’âge pivot ou âge d’équilibre est réaffirmé dans le projet de loi qui a été transmis au conseil d’État comme une variable d’ajustement permettant de financer le système. C’est seulement la mesure à court terme, avant l’application de la réforme, de l’âge pivot, qui est suspendue, et encore provisoirement, le temps que les partenaires sociaux, dans le cadre de la « conférence sur le financement du système de retraite » trouvent des mesures pour rétablir l’équilibre du système de retraite. Mais au cas où il n’y aurait pas d’accord sur ces mesures d’équilibre, le gouvernement les imposera « par ordonnance », c’est ce que Philippe affirme d’ores et déjà.

 

Il saisit l’occasion, aussi, de réaffirmer, au mépris des centaines de milliers de manifestants, de grévistes, que son système de retraite à points est un « grand projet de justice sociale », un système « plus fort, plus simple, plus juste que le système actuel ».

Une véritable provocation, mais cela n’a pas empêché la CFDT, l’UNSA et la CFTC de s’en féliciter ! Toute honte bue, Laurent Berger s’est même empressé de twitter : « Nous avons obtenu le retrait de l’âge pivot, une victoire pour la CFDT ! Nous allons maintenant poursuivre notre action pour un système de retraite plus juste et solidaire ! » Autrement dit, accepter la réforme avec d’éventuels aménagements à la marge.

La CGT, la CFE-CGC, FO, la FSU, Solidaires ont dénoncé l’entourloupe dans un communiqué commun : « Suite aux annonces d’aujourd’hui, non seulement l’âge pivot n’est pas retiré, mais en plus le Premier ministre confirme sa détermination à reculer l’âge de départ à la retraite en refusant toute augmentation de cotisation sociale. »

Dans un jeu de rôle cousu de fils blancs, Macron et Philippe se sont saisi de la perche que leur a complaisamment tendue Berger en réclamant une conférence sur le financement du système de retraite.

Et quelles que soient leurs positions, il faut bien dire que le défilé de toutes les directions des confédérations syndicales à Matignon pour en discuter a contribué à accréditer l’idée qu’il y aurait bien, à l’origine de la réforme, un problème de déficit des caisses de retraites !

Pour financer les retraites, augmenter les salaires et mettre fin au chômage

Oui, il y a un problème, c’est que le CAC40 et le capital pillent les richesses produites par les travailleurs.

Et c’est bien pour cette raison que le gouvernement veut baisser les pensions grâce à la retraite à points, reculer l’âge de départ en retraite et allonger la durée de cotisation. Il s’agit d’alimenter les fonds de pension par capitalisation pour le plus grand bénéfice des Blackrock et autres compagnies d’assurances. Aux inquiétudes du Medef qui refuse toute hausse de cotisation car c’est du salaire, le gouvernement s’est empressé de répondre qu’il n’en était pas question.

Il faut le dire très clairement, il n’y a qu’un moyen de résoudre le problème du financement des retraites, c’est l’augmentation des salaires qui sont bloqués ou quasiment depuis des années, en particulier dans la fonction publique, c’est faire en sorte que les salaires des femmes rattrapent leur retard accumulé par rapport à ceux des hommes, c’est l’embauche massive de titulaires de leurs postes dans les services publics et les entreprises privées de façon à éliminer le chômage et la précarité.

Le second souffle du mouvement, la contestation globale du système

Il n’y a que les médias et les godillots LREM aux ordres de Macron et des grands groupes de presse, les Bouygues, Lagardère et Bolloré, pour continuer à nous bassiner avec la propagande mensongère du gouvernement. Il n’y a pas grand monde, parmi les travailleurs, qui est dupe. Les dizaines de milliers de grévistes et de militants du mouvement qui ont refusé la trêve de l’hypocrisie sociale et ont popularisé le mouvement par tous les moyens possibles, ont pu constater à quel point, malgré les difficultés quotidiennes supplémentaires causées, en particulier dans la région parisienne, par la grève des transports, une majorité de la population soutient la mobilisation contre la réforme et comprend que celle-ci s’inscrit dans l’offensive générale du gouvernement et du patronat contre les droits des travailleurs, contre leurs salaires, contre la protection sociale afin d’accroître encore les fortunes des plus riches.

En fin de semaine sont tombées les estimations des profits des sociétés du CAC 40 pour 2019. Ils atteignent des sommets, 90 milliards d’euros dont 60 milliards sont reversés sous formes de dividendes (49, 2 milliards d’euros, 15 % de plus qu’en 2018) et de rachats d’actions pour 11 milliards d’euros.

Ces profits sont inversement proportionnels au blocage des salaires, aux licenciements, aux « coûts » de plus en plus faibles du travail.

Un acte II de la mobilisation a commencé à la fin de la « non-trêve » de Noël. Les clés de l’élargissement du mouvement sont dans son audace à contester radicalement la propagande gouvernementale et patronale, à s’affranchir de la tutelle politique des directions des appareils syndicaux, dans son indépendance de classe. La mobilisation s’enracine et s’approfondit grâce à toutes les initiatives pour permettre son organisation démocratique, à travers les AG, les comités et collectifs de lutte et de mobilisation, les coordinations. Elle surmonte les barrières et les clivages, crée des liens entre les différents secteurs, professions, entreprises, développe la coordination de toutes les initiatives.

Retrait de la réforme !

Pour une retraite à 60 ans, et 55 ans pour les métiers les plus pénibles, au bout de 37,5 annuités pour tous, privé comme public, avec 75 % du meilleur salaire brut !

Augmentation des salaires !

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