C’est aux riches, au grand patronat du CAC40, à tous ceux qui profitent du système que Macron a adressé ses vœux, en récitant sa litanie libérale. Il a ignoré, avec un mépris affiché, le monde du travail, les classes populaires, les grévistes et leurs exigences. Le bilan dont il s’est félicité, c’est cette politique qui permet au CAC40 de battre des records, aux riches de s’enrichir au détriment de l’immense majorité de la population dont les intérêts sont sacrifiés à ceux de la finance.
C’est sans doute ça l’acte II de Macron, plutôt que l’insulte, le déni et le mépris qui imprègnent sa personne et surtout sa politique. Et, comme s’il y avait besoin de mettre les points sur les i, Jean-François Cirelli, président de la société de gestion d’actifs, en particulier de fonds de pensions, BlackRock France, vient d’être promu officier de la Légion d’honneur par le Premier ministre ! BlackRock est le premier gestionnaire d’actifs au monde, 6300 milliards d’euros, et il gère la plupart des fonds de pension. Nos retraites ou celles des plus aisés l’intéressent...
Le plan de bataille de Macron et du CAC40
Sans doute Macron espère-t-il conjurer le sort en ignorant les grévistes et leurs exigences. Il ne peut en parler, parce qu’en fait il a peur dès qu’il sort de son univers social, du monde de préjugés qui l’habitent et l’entourent. Il a peur de se confronter à la vie des classes exploitées et encore plus quand elles redressent la tête, à leur révolte et à leurs luttes.
Il a peur mais il a fait le choix politique pour sa classe de rester droit dans ses bottes. La réforme des retraites aura lieu, Philippe est chargé de trouver « un compromis » et, pour celles et ceux qui auraient pu douter de sa détermination, il entend maintenir le rythme jusqu’à la fin du quinquennat et… après...
« D’habitude, c’est le moment du mandat où on renonce à agir avec vigueur, pour ne surtout plus mécontenter personne à l’approche des futures échéances électorales. Nous n’avons pas le droit de céder à cette fatalité. C’est l’inverse qui doit se produire. [...] Je veux vous assurer que je ne céderai rien au pessimisme ou à l’immobilisme », a-t-il insisté. En clair, la réforme des retraites prépare de nouvelles attaques que Macron a énumérées, en première ligne l’éducation, la santé… « Nous entamerons la revalorisation et la transformation des carrières des enseignants, des professeurs, des soignants ». En résumé, « Plus que jamais il sera essentiel de mettre le travail et le mérite au cœur de notre action », c’est-à-dire travailler plus pour gagner moins et avec moins de droits !
Macron croit pouvoir ignorer le mécontentement et la grève pour anticiper sur la suite et annoncer son plan contre le monde du travail. Il souligne ainsi que dans la bataille sur les retraites, c’est bien un rapport de force global qui se construit, la possibilité de mettre en échec la politique du CAC40 et de son commis.
S’il était besoin de se convaincre des vraies intentions du gouvernement, il suffit de voir l’augmentation, le 1er janvier, du salaire minimum, 1,2 %, le minimum légal, soit 15 euros. Pas le moindre coup de pouce tout comme les années précédentes, soit au final 1 219 euros net ! Il s’agit d’éviter tout geste qui irait dans le sens de la hausse des salaires. Pourtant cette dernière, comme l’embauche et le partage du travail, serait le moyen le plus sûr d’assurer l’équilibre des caisses de retraite. Pas question pour le patronat pour qui la réforme est faite.
« Notre lutte ira jusqu’au bout, notre détermination est entière... »
De débat en débat, de mensonges en mensonges gouvernementaux, l’évidence fait son chemin dans la conscience des travailleurs et de la population. L’objectif de Macron est bien de faire baisser les pensions et d’obliger à travailler plus, il est aussi d’imposer une défaite à l’ensemble du monde du travail afin d’avoir les mains libres pour continuer son offensive. Cela concerne l’ensemble des salariés mais aussi les professions libérales, les infirmiers libéraux, orthophonistes, avocats, kinésithérapeutes, experts-comptables… qui bénéficient de régimes autonomes et appellent à la grève.
Oui, le moment est venu de faire ravaler son arrogance à Macron en l’obligeant à remballer sa réforme.
A la SNCF et à la RATP, les pressions et chantages à la trêve sont restés sans effets, partout la solidarité s’est manifestée, la grève continue, et reprendra plus forte dès lundi. Les raffineries, dont deux sont déjà bloquées, vont rejoindre le mouvement.
« Dès lundi, on appelle à faire des assemblées générales et à rediscuter de la mobilisation, il faut des grèves partout, dans le public, dans le privé, il y a que comme ça qu'ils peuvent nous comprendre », a déclaré Philippe Martinez pour la CGT. Il a raison mais il faut choisir entre la généralisation de la lutte et les négociations à la marge. Discuter de la pénibilité alors que de toute façon tout le monde sera contraint de travailler plus longtemps, c’est rentrer dans le jeu du gouvernement qui, le 7 janvier, reprend des négociations sans autre enjeu que de faire croire qu’il y a quelque chose à négocier. Le retrait de la réforme ne se négocie pas et c’est l’objectif du mouvement. Le 9 janvier, quatrième journée de grèves et de manifestations à l’appel de la CGT, de Force ouvrière, de la FSU, de Solidaires et des organisations de jeunesse, sera un nouveau moment vers la généralisation de la grève et de son indispensable prise en main par les grévistes eux-mêmes devenant des militants de la lutte, de son extension, de son organisation démocratique en dépassant les clivages des appareils pour rassembler leur classe.
2020, une année sous le signe de la révolution
Le 9 janvier puis la journée de manifestations du 11 sont une nouvelle étape dans l’affrontement avec le pouvoir et le grand patronat, une nouvelle étape qui donnera tout son sens à ce qui est en route dans le pays. Macron ne pourra plus faire semblant d’ignorer les grévistes ni Marine Le Pen croire qu’elle pourrait avoir intérêt à soutenir le monde du travail. Il faut renvoyer dans les cordes Macron et son arrogance, Marine Le Pen et sa démagogie réactionnaire, anti-ouvrière.
La lutte est une lutte politique, dans la continuité de la révolte des gilets jaunes, pour inverser le rapport de force entre les classes dominantes et les classes salariées, entre le capital et le travail, une lutte politique contre toutes celles et ceux qui aspirent à les servir, contre leur État. Elle rassemble celles et ceux qui ne supportent plus l’injustice et les inégalités, les privilèges sans limite d’une minorité au détriment du plus grand nombre, le mépris de la démocratie, cette politique de classe qui conduit la société dans le mur.
Elle participe des mobilisations qui, tout au long de l’année passée, ont secoué le monde en Algérie, à Hong Kong, au Chili, en Haïti, au Liban, en Irak ou en Iran… L’année 2019 a été aussi celle de la vague du mouvement des femmes pour leurs droits et du mouvement de la jeunesse pour le climat.
Dans ces mobilisations se rassemblent la classe ouvrière, les classes populaires, les sans-travail, les jeunes, les femmes à travers toutes les formes de lutte, par en bas, dans le rejet des vieilles forces politiques institutionnelles, pour contester le pouvoir des classes capitalistes qui s’approprient tous les progrès pour renforcer l’exploitation de la population et concentrer entre leurs mains toujours plus de richesses qu’elles gaspillent et dilapident.
Depuis la grande crise mondiale de 2007, le capitalisme montre son incapacité à éviter la faillite autrement qu’en exploitant toujours plus les hommes et la planète. Il repousse sa propre faillite, un krach financier, en plongeant la société dans une régression sans fin malgré les énormes possibilités qu’offre le monde moderne. Il provoque ainsi la révolte des peuples et des opprimés, leur prise de conscience que ce sont eux qui ont en main leur avenir, celui de la société et de la planète, leur volonté de se constituer en parti face au monde capitaliste, ses institutions et ses partis voués à la défense de l’ordre établi.
Une nouvelle révolution est à l’œuvre ici et dans le monde entier...