« Que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment [de Noël] » a menacé Philippe alors qu’un sondage révélait que 68 % de la population sont solidaires de la grève.

Le même jour, après une succession de scandales, Delevoye listait finalement les 13 mandats illégalement conservés au gouvernement… « Une erreur » , « je ne savais pas », « un oubli »… comme sans doute la bagatelle de 123 000 euros indûment perçus qu’il s’est engagé à rembourser. Philippe a assuré de sa « bonne foi », parole de connaisseur lui qui a continué à percevoir 200 000 euros annuels d’Areva alors qu’il était député.

Ces provocations, arrogance et mépris de classe cherchent à faire taire, discréditer, faire plier le mouvement. Sauf qu’une fraction du monde du travail, les militant.e.s de la grève, sont au contraire renforcé.e.s dans leur détermination à enraciner et étendre le mouvement qui rencontre une large sympathie. Non seulement la nouvelle journée nationale de grève mardi 17 sera énorme, mais un peu partout des acteurs du mouvement se regroupent, discutent et s’organisent à la base pour construire le mouvement et ses prochaines étapes.

Grandes manœuvres pour tenter de diviser

C’est une des premières préoccupations des militant.e.s de la lutte : face aux manœuvres du gouvernement, affirmer la solidarité de notre camp social, dénoncer et combattre leur politique de division. Tentatives de division entre travailleurs du privé et du public, entre régimes « spéciaux » ou non, entre salariés, chômeurs et retraités, entre hommes et femmes, entre enseignants et élèves… et entre les différentes générations, avec les prétendues concessions sur la date de naissance à partir de laquelle s’appliquerait totalement la réforme, 1963-1970-1976…

Comme si les travailleurs nés avant 1975 pouvaient se moquer de ce qu’il adviendra de leurs collègues plus jeunes ou de leurs propres enfants ! Comme si les cheminots en grève reconductible, les enseignants, les travailleurs de l’énergie, des hôpitaux…, tous ceux qui entrent en lutte n’avaient pas conscience que ce qui se joue est bien au-delà de leur régime de retraite et de leur statut particulier, que c’est bien un rapport de forces global qu’il s’agit de construire. C’est une lutte interprofessionnelle et intergénérationnelle, politique, une réponse globale face à une offensive globale.

La question du partage des richesses produites par les travailleurs

La question des retraites pose celle du partage des richesses produites par les travailleurs. C’est la même question que celle des salaires, de l’emploi, de la précarité, des services publics, de l’assurance maladie et chômage, de l’égalité homme-femmes… ou que celle de l'austérité à l’hôpital public que dénoncent depuis des mois urgentistes, personnels hospitaliers et médecins (660 d'entre eux menacent dans une tribune dans le Monde de démissionner) 

C'est la question de qui décide de la répartition de ces richesses, qui la contrôle, quelle justice sociale et quelle démocratie. Ces questions portées par les Gilets jaunes depuis plus d’un an prennent une dimension nouvelle posées au sein des entreprises, discutées dans les collectifs de lutte. Elles portent la contestation de tout le système, du pouvoir de la finance et des multinationales et la nécessité pour les travailleurs de prendre eux-mêmes le contrôle de ce qu’ils produisent.

Philippe, Macron, Delevoye and Co ont le culot de prétendre faire du social, « tendre la main », « dialoguer pour améliorer le projet » alors qu’ils veulent imposer une nouvelle défaite.

La secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie a ainsi expliqué à propos de l’âge pivot à 64 ans : « le Premier ministre dit c’est une proposition, c’est négociable et notre porte est ouverte ». Philippe vise à réintégrer des syndicats dans son jeu, en particulier la CFDT à qui s’adressent les ouvertures sur l’âge pivot ou la pénibilité. Les directions syndicales subissent la pression de leur base – jusqu’à Berger qui a annoncé qu’il sera dans la rue le 17 ! – mais se sont pliées à des dizaines de rounds de « négociations » sur les retraites, un jeu de poker menteur dans lequel les travailleurs ne peuvent que perdre.

A ceux qui font tourner la société de décider et de diriger !

Le gouvernement et le patronat s’offusquent des travailleurs en grève qui bloquent les transports, la production, les raffineries, qui arrêtent les cours et refusent de faire passer les examens. Il menace et crie à l’égoïsme… semblant découvrir que ce sont les travailleurs qui font tourner la société. Une des choses importantes du moment, c’est cette conscience et cette confiance qui se renforcent, cette fierté d’être un.e travailleur.se face à ceux qui voudraient masquer l’exploitation, voulant substituer le « citoyen » au travailleur.

Sans le travail, la coordination, la solidarité de dizaines de millions de salariés, du privé comme du public, pas de production, pas de transport, pas de service. Alors oui, c’est à celles et ceux qui produisent les richesses, sur lesquels repose la société de décider, décider du mouvement en prenant eux-mêmes les choses en main, en s’organisant pour l’étendre et l’approfondir, le coordonner démocratiquement dans des comités de grève et de mobilisation, syndiqués et non syndiqués, et décider de son développement en toute indépendance des intérêts et calculs des appareils. Et en postulant à décider de la marche de la société, de la répartition des richesses en contestant le pouvoir des multinationales et des financiers, le capitalisme.

C’est de cela que nous discutons en préparant le 17 décembre… et un Noël de lutte !

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn