Macron s’enlise dans le marais du grand débat. Il croyait endormir la population, étouffer la colère et la révolte, noyer la contestation dans les eaux boueuses de sa logorrhée et de ses mensonges mais c’est lui qui s’y enfonce alors que le mouvement perdure comme la sympathie qu’il a suscitée. De plus en plus Gilets jaunes et militants syndicalistes se retrouvent au coude à coude. Une fraction du mouvement cherche à se coordonner comme en témoigne la deuxième « assemblée des assemblées » qui s’est tenue ce week-end. Les nouvelles attaques annoncées par le gouvernement contre les retraites, les fonctionnaires, l’école, les vagues de licenciements amplifient et étendent la colère. Et il y a tout lieu de penser que les conclusions du grand débat, aussi diluées et étalées dans le temps soient-elles, ne feront que l’exacerber. Macron s’isole lui-même, fait le vide autour de lui au point que son « ami » Sarkozy lui promet que « ça va mal finir ». Certes, un « ami » tel que Macron peut en avoir mais néanmoins connaisseur !

L’illusionniste n’a plus beaucoup de tours dans son sac. L’escroquerie politique du grand débat va se révéler dans tout son cynisme aux yeux des gilets jaunes, du monde du travail et des classes populaires, un nouveau geste de mépris, une nouvelle agression.

Faire de la politique, se faire entendre y compris dans les élections

Bien des gilets jaunes se sont posé ou se posent à juste titre la question d’intervenir dans les élections européennes, voire les prochaines municipales, pour y porter leurs aspirations mais tout le problème est de savoir le contenu qu’on leur donne. La confusion ambiante, l’absence du mouvement ouvrier ont laissé libre court à toutes les formes de populisme réactionnaire, parfois dits de gauche mais tout aussi réactionnaires. La droite et la droite extrême se nourrissent de ces confusions pour étouffer les aspirations à la justice sociale, à l’égalité, la démocratie sous les mythes de la nation et du peuple, le bleu-blanc-rouge.

Il est non seulement légitime mais nécessaire que les acteurs des mobilisations occupent le terrain politique pour faire entendre leur voix, aider aux convergences, aux prises de conscience en toute indépendance des institutions et des partis qui les monopolisent pour servir les intérêts des classes dominantes. Ces derniers font d’ailleurs tout pour empêcher qu’existe une liste des GJ. Ils défendent leur monopole politique, leur système et censurent la démocratie. Il est symptomatique, et scandaleux, que pour le débat où France 2 a été obligée d’inviter 12 candidats déclarés, elle ait exclu Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière, la seule porte-parole du mouvement anticapitaliste et révolutionnaire.

Pour le rassemblement des anticapitalistes et révolutionnaires

Nous regrettons que Lutte ouvrière ait refusé la proposition du NPA de présenter une candidature commune et il est dommageable pour l’ensemble du mouvement que le NPA n’ait pas réussi à se donner les moyens d’être présent dans l’arène électorale.

Les arguments de LO pour refuser une candidature commune limitent sa propre campagne. Tenir le raisonnement comme quoi « Le problème, ce n’est pas les traités européens, car ce sont des bourgeois qui les créent, ce n’est pas rester ou sortir de l’Union… La crise actuelle, ce n’est pas celle de l’Europe, c’est celle du capitalisme » enferme dans une attitude proclamatoire. La crise du capitalisme, c’est aussi la crise de l’Europe capitaliste menacée d’explosion. Quelles que soient les confusions qui peuvent exister au sein du NPA, sa direction n’a jamais proposé à LO de faire campagne pour la sortie de l’UE. Mais combattre la bourgeoisie, « le grand capital » ce n’est pas combattre une abstraction mais son État, ses institutions, nationales et européennes, poser la question du pouvoir tant au niveau national qu’européen, tracer la perspective d’une Europe des travailleurs.

Reprocher, comme le fait LO, au NPA de vouloir porter « une série de revendications sur le terrain social, démocratique et écologique, [...]. Or nous, ce qui nous intéresse, c’est la défense des intérêts des travailleurs. Nous avons donc conclu que ces campagnes étaient très différentes » est absurde. LO sera bien obligée de porter « une série de revendications », y compris de montrer que le prolétariat représente aussi les intérêts d’autres couches sociales, petites bourgeoises face au capital. Et tant mieux ! Et nous aurions pu mener la bataille ensemble.

Nathalie Arthaud, Jean Pierre Mercier, Olivier Besancenot, Philippe Poutou ensemble auraient eu un écho supérieur, d’autant plus si LO et le NPA avaient su inscrire notre campagne dans la perspective de la construction d’un parti des travailleurs.

La concurrence sectaire, les rivalités sont étrangères aux intérêts du mouvement, elles affaiblissent tout le monde et tournent le dos aux intérêts du monde du travail.

Nous nous félicitons qu’une majorité du NPA ait su surmonter le sectarisme pour soutenir la liste de LO et appeler à voter pour elle.

Face à l’offensive réactionnaire, face à toutes les forces institutionnelles, le monde du travail a besoin de rassembler ses forces pour construire son propre parti, internationaliste. La mobilisation va s’engager dans une nouvelle étape à travers laquelle la priorité des militants du mouvement ouvrier qui veulent préparer l’affrontement avec le capital et l’État est de se regrouper, d’unir et de coordonner leurs forces.

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