Quelques 300 000 manifestants sur 2000 points de rassemblement ont participé samedi 17 à la journée de blocage des « gilets jaunes », malheureusement marquée par de nombreux accidents qui ont fait un mort et plus de 400 blessés. Au moment où nous écrivons, les blocages se poursuivent en divers endroits, signe de la détermination et de la profonde révolte sociale qui s’exprime sur les barrages, comme l’ont montré de multiples témoignages relayés par les médias.

Dimanche soir, Philippe, le premier ministre, n’a eu que mépris et arrogance face à la révolte, le mépris et l’arrogance de classe de ce gouvernement des riches.

Parti de pétitions sur internet, relayé souvent par des petits patrons et recevant rapidement le soutien de la droite et de l’extrême-droite, le mouvement s’est transformé en véritable mouvement populaire dans lequel se sont reconnus nombre de « ceux qui ne manifestent jamais ». Travailleurs que les salaires misérables contraignent à habiter de plus en plus loin de leur lieu de travail, dans des endroits totalement dépourvus de transports collectifs, petits artisans, travailleurs indépendants, paysans, pour qui l’utilisation d’un véhicule est partie intégrante de leur activité professionnelle, retraités, tous crient leur ras-le-bol des offensives à répétition du gouvernement qui se traduisent, dans la vie quotidienne, par l’impossibilité de joindre les deux bouts, d’élever dignement ses enfants, de s’offrir le moindre loisir…

Le 14 novembre, depuis le pont du Charles de Gaulle, Macron était monté au créneau alors que le mouvement prenait de l’ampleur, lui opposant un pitoyable « Il y a beaucoup de gens qui sont dans l’addition des colères et des blocages. Cela ne fait pas un projet pour le pays »… Comme si tout le monde n’avait pas compris que son prétendu « projet pour le pays » n’était qu’un projet pour une poignée de gens richissimes dont il fait payer la facture à l’ensemble de la société, des plus pauvres aux classes dites « moyennes » !

Les cadeaux de Macron aux plus riches ne relèvent cependant pas de simples orientations personnelles. Sa politique lui est dictée par ceux qui détiennent le véritable pouvoir, les grands patrons des banques et des grandes entreprises, celles du CAC40, tel le pétrolier Total qui annonce pour cette année une nouvelle augmentation de ses profits (10,6 milliards de dollars en 2017 dont il a distribué les 2/3 en dividendes)… C’est pourquoi s’en prendre seulement à Macron et à ses taxes, à sa politique, sans désigner ceux qui en sont les véritables donneurs d’ordres, c’est s’enfermer dans une impasse. Et c’est ouvrir la voie aux Le Pen et Wauquiez, qui n’ont pas d’autre objectif, en disant soutenir le mouvement contre Macron, que de détourner la colère sociale à leur profit électoral, tentant à l’occasion d’entretenir les préjugés xénophobes et nationalistes… pour mieux poursuivre ensuite, en pire, la même politique. Car si Macron et son gouvernement s’inscrivent dans la continuité de la guerre de classe menée par leurs prédécesseurs pour le compte du grand patronat, leurs successeurs n’auront pas d’autre choix que de s’y plier à leur tour. Y compris Mélenchon qui s’émouvait dans un tweet, au soir du 17, de « La clameur d’une Marseillaise face à l’Élysée » !

Si aujourd’hui les politiciens de droite et d’extrême droite peuvent se prévaloir de la révolte populaire et tenter de la capter au profit de leurs intérêts électoraux, la responsabilité en revient pour beaucoup aux directions syndicales qui se sont avérées incapables, par leur passivité et leur complicité avec le jeu pervers du dialogue social, de construire une véritable riposte aux offensives gouvernementales malgré de puissantes mobilisations sociales. Et elles sont encore passives, sans propositions ni initiatives devant l’explosion de colère du 17 et ses suites.

Pourtant, le mécontentement croissant qui traverse le pays met bien à l’ordre du jour la nécessité de construire l’affrontement contre Macron et ses mandataires. Contre la vie chère les travailleurs reprennent à leur compte les exigences des gilets jaunes contre la hausse des prix du carburant, contre les taxes indirectes qui frappent les plus pauvres. Ils exigent une augmentation générale des salaires, pensions et minima sociaux. C’est Total et le CAC 40 qu’il faut taxer, pas le monde du travail comme il faut en finir avec une dette publique dont les intérêts ont drainé cette année dans les coffres des grandes institutions financières plus de 40 milliards d’argent public payé par nos impôts et nos taxes. Face à la crise climatique, c’est le tout automobile qu’il faut remettre en cause par la gratuité des transports et leur développement alors que le gouvernement se propose de supprimer 9000 kms de chemin de fer. Il faut restaurer les services publics détruits par des années de régression.

Le moment est venu pour le monde du travail de reprendre l’offensive pour envoyer Macron et l’extrême droite dans les cordes.

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