« Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme... », c’est par ces mots que s’ouvre le Manifeste du Parti communiste, rédigé par Karl Marx et Friedrich Engels à la fin de l’année 1847 et publié en février 1848, quelques jours avant l’insurrection parisienne qui débuta la révolution en France et en Europe. Il s’agissait d’une œuvre militante, le programme de la première organisation ouvrière communiste internationale de l’histoire, la Ligue des Communistes.

Comment dire mieux que Trotsky l’éloge qu’il écrivit à l’occasion des 90 ans du Manifeste. « Ce manifeste, le plus génial de tous ceux de la littérature mondiale, surprend aujourd’hui encore par sa fraîcheur. Les parties principales semblent avoir été écrites hier. Vraiment, les jeunes auteurs (Marx avait vingt-neuf ans, Engels vingt-sept) ont su regarder vers l’avenir comme personne avant eux et, peut-être bien, après ». 80 ans plus tard, ces mots sonnent juste.

Dans son film Le jeune Karl Marx, Raoul Peck a restitué avec bonheur les quelques années de la vie des deux jeunes intellectuels allemands qui ont abouti à la rédaction de ce Manifeste, leur engagement dans le camp de la classe ouvrière naissante, leurs discussions passionnées avec les militants ouvriers de leurs temps, la part pleine et entière, souvent ignorée, qu’y ont prise leurs compagnes et amies Jenny Marx, Hélène Demuth, Mary Burns et sa sœur. Il montre de manière salutaire que, loin d’avoir inventé le communisme, Marx et Engels avaient rejoint un mouvement qui existait avant eux, le mouvement ouvrier et ses diverses tendances dont le courant communiste qui prônait la mise en commun des biens. Ils contribuèrent de façon oh combien féconde à lui donner ses bases théoriques.

Au cœur des combats sociaux et politiques de leur temps

Comme beaucoup de jeunes intellectuels allemands de leur époque, Marx et Engels s’étaient d’abord engagés, l’un comme l’autre, sans se connaître encore, aux côtés des Jeunes Hégéliens qui critiquaient la philosophie de Hegel devenue philosophie officielle dans leur pays. Mais lorsqu’ils se rencontrèrent à Paris en août 1844, ils avaient déjà rompu avec cette philosophie idéaliste et ils décidèrent d’écrire ensemble un livre pour clarifier les raisons de cette rupture, La Sainte Famille ou Critique de la Critique critique contre Bruno Bauer et consorts qui parut en février 1845. Cet ouvrage, qu’ils destinèrent à la « critique rongeuse des souris », n’avait pas d’autre utilité que de faire le clair en eux-mêmes. Ils étaient déjà devenus matérialistes et s’étaient engagés dans le mouvement ouvrier de leur temps, Marx à Paris, Engels à Manchester où il travaillait dans une des usines de son riche industriel de père. Raoul Peck a plaisamment mis en scène la rencontre des deux amis, un véritable coup de foudre, avec entre autres, leur déclaration, complètement ivres, qu’il « ne suffit pas d’interpréter le monde, il faut le transformer », une des conclusions de leur critique du matérialisme de Feuerbach dont ils avaient adopté le point de vue tout en le complétant.

Avant sa rencontre avec Marx, Engels avait fréquenté à Londres Karl Schapper, Heinrich Bauer et Joseph Moll, des militants de la Ligue des Justes. Cette société secrète avait été créée en 1836 à Paris et avait noué des relations étroites avec les sociétés révolutionnaires françaises, en particulier blanquistes. « C’est en 1843, raconte Engels, que je les connus tous les trois à Londres. C’étaient les premiers prolétaires révolutionnaires que j’eusse vus. Et bien que, sur des points de détail, il y eût alors une grande divergence entre nos idées, -à leur communisme égalitaire borné, j’opposais encore une bonne part d’orgueil philosophique non moins borné,- je n’oublierai jamais l’impression imposante que ces trois hommes véritables firent sur moi qui n’étais encore qu’en train de devenir un homme. »

Un des fondateurs de cette Ligue était Whilelm Weitling, dont Engels, en 1885 dans Quelques mots sur l’histoire de la Ligue des communistes, souligne « l’importance qu’il revêt en tant que première manifestation théorique indépendante du prolétariat allemand » et rappelle l’admiration que Marx avait exprimée pour son œuvre en 1844.

En 1847, l’idée que le temps des tentatives insurrectionnelles minoritaires était fini avait fait son chemin. Il apparaissait nécessaire de propager largement les nouvelles conceptions théoriques auxquelles Marx et Engels avaient abouti.

C’est dans cet objectif que Joseph Moll vint trouver, au printemps 1847, Marx à Bruxelles et Engels à Paris pour les inviter à entrer dans la Ligue des Justes avec la possibilité d’y développer leurs conceptions lors d’un prochain congrès. Celui-ci se tint à l’été 1847 et Engels y fut délégué. « Toutes les anciennes appellations mystiques datant du temps des conspirations furent supprimées, et la Ligue s’organisa en communes, cercles, cercles directeurs, comité central et congrès, et prit dès lors le nom de "Ligue des communistes" », raconte Engels.

"Le but de la Ligue, c’est le renversement de la bourgeoisie, le règne du prolétariat, la suppression de la vieille société bourgeoise fondée sur les antagonismes de classes et la fondation d’une nouvelle société sans classes et sans propriété privée." Tel en est le premier article. »

Le deuxième congrès qui dura une dizaine de jours, fin novembre-décembre de la même année, donna l’occasion à Marx, qui put cette fois y assister, de développer et de clarifier ses conceptions et tous les points qui faisaient encore litige. Les délégués, au final, demandèrent aux deux amis de rédiger le programme de la nouvelle organisation communiste, son Manifeste.

Au moment de sa publication, « l’ancienne devise de la Ligue, "Tous les hommes sont frères" fut remplacée, raconte encore Engels, par le nouveau cri de guerre : " Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" qui proclamait le caractère international de la lutte ».

La lutte de classes moteur de l’histoire

« L’histoire de toute société, jusqu’à nos jours, est l’histoire de la lutte de classes, débute ainsi le premier chapitre du Manifeste, Bourgeois et Prolétaires. […] Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l’époque de la bourgeoisie, est d’avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat. » Quelle anticipation géniale ! Ce qui n’était manifeste qu’à l’échelle de quelques pays d’Europe seulement s’est imposé dans le monde entier aujourd’hui, alors que la mondialisation capitaliste a gagné l’ensemble de la planète en prolongeant une courbe dont le mouvement était déjà décrit par le Manifeste : « Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. » La classe ouvrière est devenue une force incomparablement plus puissante, potentiellement, qu’elle ne l’était en 1917 et a fortiori à l’époque de Marx.

Cette idée s’était imposée aux deux jeunes militants à travers l’expérience du mouvement chartiste en Angleterre qu’Engels avait connu avant sa rencontre avec Marx.

Les chartistes anglais avaient été tenus à l’écart de la Ligue des Justes parce qu’ils n’avaient pas de liens internationaux, contrairement aux militants de celle-ci, des réfugiés allemands qui avaient créé des sections dans plusieurs pays d’Europe où ils s’étaient installés. C’était cependant le premier mouvement ouvrier de masse moderne né de la révolution industrielle et ayant mené des combats à l’échelle de tout un pays.

Engels qui collaborait au Northern Star, leur journal, avait pris la mesure du rôle historique de la classe ouvrière telle qu’elle s’était développée en très peu de temps en Angleterre alors qu’il travaillait à Manchester dans une des usines de son père. Au moment de sa rencontre avec Marx en 1844, il avait déjà bien avancé son étude, La Situation de la Classe laborieuse en Angleterre, qui parut l’année suivante.

Il avait pu se rendre compte concrètement que les faits économiques étaient à l’origine des luttes de classes et que celles-ci déterminaient à leur tour toute l’histoire politique.

Marx de son côté était arrivé à la conclusion, comme le raconte Engels dans Quelques mots sur l’histoire de la Ligue des communistes, que « ce n’est pas l’Etat qui conditionne et règle la société bourgeoise, mais la société bourgeoise qui conditionne et règle l’Etat, qu’il faut donc expliquer la politique et l’histoire par les conditions économiques et leur évolution, et non inversement. » Quand ils se rencontrèrent à Paris, les deux hommes purent constater leur accord total sur leur conception matérialiste de l’histoire. Et bien plus, comme l’explique Engels un peu plus loin dans le texte déjà cité :

« Mais cette découverte […] était d’une importance directe pour le mouvement ouvrier de l’époque. Le communisme chez les Français et les Allemands, le chartisme chez les Anglais, n’avaient plus l’air de quelque chose de purement accidentel qui aurait pu tout aussi bien ne pas exister. A dater de ce moment, ces mouvements se présentaient comme un mouvement de la classe opprimée des temps modernes, le prolétariat, comme les formes plus ou moins développées de la lutte historiquement nécessaire du prolétariat contre la classe dirigeante, la bourgeoisie ; comme les formes de la lutte de classe, mais différentes de toutes les anciennes luttes de classe par ce point spécial : la classe opprimée actuelle, le prolétariat, ne peut réaliser son émancipation sans émanciper en même temps toute la société de la division en classes, sans l’émanciper par conséquent des luttes de classe. Par communisme, on n’entendait plus la construction, par un effort d’imagination, d’un idéal social aussi parfait que possible, mais la compréhension de la nature, des conditions et des buts généraux adéquats de la lutte menée par le prolétariat ».

Cette conviction que la lutte de la classe ouvrière pour son émancipation déboucherait sur la fin de la division de la société en classe ne reposait pas sur un quelconque messianisme, sur une foi irraisonnée dans un progrès conçu comme un principe idéal auquel on voudrait plier la réalité, mais sur la compréhension de ce qui détermine l’évolution et la transformation des sociétés, l’évolution des forces productives et des rapports de propriété. La classe ouvrière parce qu’elle ne peut débarrasser la société du carcan de la propriété privée bourgeoise qu’en socialisant ou collectivisant les moyens de production est la première classe sociale exploitée qui peut mettre fin à toute exploitation.

Le capitalisme mis à nu

Un des apports révolutionnaires de Marx et Engels est d’avoir mis en évidence le fait que le capitalisme est un stade déterminé de l’évolution de la société à l’encontre de tous ceux qui en proclament le caractère prétendument éternel et incontournable. L’une des raisons en est qu’il ne peut se maintenir et se développer qu’en intensifiant l’exploitation des salariés alors même que les progrès technologiques permettraient comme jamais d’alléger le travail humain. Aujourd’hui comme à leur époque, les capitalistes mènent une offensive sans précédent pour abaisser le « coût du travail » afin de faire face à la concurrence mondialisée et la multiplication des robots dans l’industrie et la logistique ou des caisses automatiques dans les supermarchés ne sert qu’à licencier les uns et accabler de tâches nouvelles ceux qui restent.

Cette tendance en même temps provoque régulièrement des crises qui s’abattent sur la société comme une « épidémie […] La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance; l’industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce. » Et ajoute le Manifeste, « Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives ; de l’autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens. A quoi cela aboutit-il ? A préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir ». Ces mots résonnent encore juste après la crise de 2007-2008 dont les responsables ont préparé par leurs expédients un nouvel épisode aigu de la crise financière.

La bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs

« Le progrès de l’industrie, dont la bourgeoisie est l’agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l’isolement des ouvriers résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l’association. Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d’appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables ».

Sans doute Marx et Engels pensaient-ils que cette victoire serait plus rapide et encore n’ont-ils même pas connu la grande vague révolutionnaire des années 1917-20. Mais la tendance qu’ils dessinent ainsi permet, plus que jamais, de décrire les possibilités révolutionnaires de la classe ouvrière internationale dont les conditions d’exploitation, dans le cadre de la socialisation de la production, créent une communauté d’intérêts entre tous les salariés et conduisent immanquablement à la lutte.

Les communistes, les révolutionnaires travaillent à l’unification des luttes de la classe ouvrière, la convergence de tous ses mouvements en une lutte de classe contre la bourgeoisie. « Toute lutte de classe, rappelle le Manifeste, est une lutte politique ». Elle pose, de fait, la question du pouvoir et de la transformation révolutionnaire de la société.

Un parti pour l’émancipation des travailleurs par eux-mêmes

Sans définir précisément encore quelle attitude par rapport à l’État serait celle des travailleurs, le Manifeste affirme déjà : « Le gouvernement moderne n’est qu’une délégation qui gère les affaires communes de toute la classe bourgeoise. » Comment dire plus clairement que n’importe quel gouvernement, dans le cadre de l’ordre social bourgeois, n’a comme seul rôle quelle que soit son étiquette, que d’être un exécutant au service des intérêts des classes possédantes ? N’est-ce pas cette expérience qui a été faite à grande échelle par des millions de travailleurs, en France et dans le monde après des décennies d’alternance au pouvoir de la droite et de la gauche ? A moins de croire en de bons sentiments et non à la réalité des rapports sociaux et d’exploitation, il n’y a pas d’issue autre que la révolution, « le renversement violent de tout l’ordre social passé », « la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie ». C’est la Commune de Paris, en 1871, qui montrera dans les faits ce que serait le pouvoir des travailleurs. Marx en tira les leçons dans La Guerre civile en France : « la classe ouvrière ne pouvait pas se contenter de prendre tel quel l’appareil d’État et de le faire fonctionner pour son propre compte », elle mit en place son propre pouvoir, « un gouvernement de la classe ouvrière », antithèse du pouvoir d’État de la bourgeoisie, « mille fois plus démocratique, dira plus tard Lénine dans l’État et la Révolution, que n’importe quelle démocratie bourgeoise » et appelé lui-même à dépérir en tant que pouvoir distinct de la population.

Les auteurs du Manifeste avaient eux-mêmes dit que le détail des mesures transitoires qui terminent la partie « Prolétaires et communistes » était déterminées par les circonstances de chaque pays et de l’époque de rédaction du programme communiste. Mais comment ne pas souscrire, pour aujourd’hui même, à la plupart de ces mesures qui reposent sur l’expropriation des grands propriétaires et des capitalistes.

Quant aux principes qui définissent l’attitude des communistes par rapport aux autres partis ouvriers, ils restent toujours vrais à condition toutefois de donner à « partis ouvriers » le sens que lui donnaient Marx et Engels, de partis qui se considèrent opposés à la société bourgeoise et disent vouloir son renversement, à la différence des partis de la gauche syndicale et politique, aujourd’hui, dont l’objectif n’est au mieux qu’aménager la société dans un sens un peu moins défavorable aux travailleurs : « Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers. Ils n’ont point d’intérêts qui les séparent de l’ensemble du prolétariat. Ils n’établissent pas de principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier.

Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points :

  1. 1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat.
  2. 2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité ».

Ces principes restent fondamentalement vrais et ils guident encore notre attitude, aussi bien dans notre action quotidienne que dans notre intervention dans les mobilisations, à l’égard de tous les travailleurs. Ils définissent notre recherche permanente de l’unité pour la lutte.

Les ouvriers n’ont pas de patrie

Toute la personne de Marx, ses combats, son œuvre scientifique et ses écrits, ses relations, sont liés à ce point aux progrès de la classe ouvrière que lui-même et ses idées ont connu, de son vivant, les mêmes vicissitudes que celle-ci : toujours calomniés et haïs par la bourgeoisie et ses représentants, reconnus pendant les périodes d’essor de la révolution sociale et du mouvement ouvrier, tombés dans un relatif oubli et isolement pendant les périodes de réaction.

C’est encore plus vrai après sa mort, mais d’une manière que lui-même ne pouvait prévoir. Quand à la fin du XIXème siècle, la classe ouvrière devint une véritable puissance, menaçante pour la bourgeoisie car organisée dans des partis socialistes et révolutionnaires, celle-ci comprit qu’il était préférable de consacrer une partie des profits qu’elle tirait de l’esclavage des peuples coloniaux à tenter de la domestiquer. Une fraction des appareils syndicaux et politiques adaptèrent alors le « marxisme » à leur nouveau mode de vie et leur nouvelle conception de la lutte de classe, le réformisme. Ce que les révolutionnaires comme Lénine ou Rosa Luxembourg pensaient n’être qu’une tendance minoritaire s’avéra avoir gangrené la quasi-totalité des sommets dirigeants du mouvement ouvrier qui sombrèrent dans le chauvinisme en août 14, au moment de ce choc énorme entre les deux classes de la société que fut la Première guerre mondiale. « La Faillite de la deuxième Internationale », dira Lénine, quand Rosa parlait du « cadavre puant de la social-démocratie ».

Cela n’empêcha pas la révolution ouvrière de triompher en octobre 1917 dans le maillon le plus faible du capitalisme, en Russie, et d’entraîner à sa suite tous les peuples d’Europe, créant, sur l’initiative des bolcheviks et sur la base du prodigieux essor qu’avait connu le mouvement ouvrier précédemment, de nouveaux partis, les Partis communistes, et une nouvelle Internationale, la Troisième.

Cependant la réaction bourgeoise et la contre-révolution se déchaînèrent contre la classe ouvrière dans le monde entier, le fascisme en Italie puis en Allemagne et, par contrecoup, la contre-révolution bureaucratique et stalinienne en URSS.

La dictature et la terreur qui furent employées contre les travailleurs et les militants révolutionnaires en URSS et dans toute l’Internationale communiste, puis dans les pays du bloc soviétique, pour sauvegarder le mensonge et l’usurpation qui garantissaient les privilèges de la bureaucratie furent exercées au nom des idées de Marx. Une défiguration tellement monstrueuse que ce même drapeau put aussi servir les dictatures de Mao en Chine ou de Kim Jong Un aujourd’hui encore. Le meilleur épouvantail qui soit pour la bourgeoisie.

C’est tout l’héritage du mouvement ouvrier révolutionnaire qui a été monstrueusement nié et caricaturé. Le plus grave a été le reniement de cette phrase du Manifeste : « Les ouvriers n’ont pas de patrie ». Pas de patrie ou de « nation », dirait-on aujourd’hui, à l’heure où nous sommes abreuvés de flots de propagande nationaliste destinés à laisser croire que travailleurs et capitalistes auraient les mêmes intérêts. Pas d’indépendance de classe sans internationalisme et réciproquement.

« Le développement international du capitalisme, écrivait Trotsky à l’occasion des 90 ans du Manifeste, implique le caractère international de la révolution prolétarienne. Son action commune, dans les pays civilisés tout au moins, est une des premières conditions de son émancipation. Le développement ultérieur du capitalisme a si étroitement lié les unes aux autres toutes les parties de notre planète, "civilisées" et "non-civilisées", que le problème de la révolution socialiste a complètement et définitivement pris un caractère mondial. La bureaucratie soviétique a essayé de liquider le Manifeste dans cette question fondamentale. La dégénérescence bonapartiste de l’État soviétique a été l’illustration meurtrière du mensonge de la théorie du socialisme dans un seul pays ».

Cette période historique s’est achevée il y a près de trente ans et nous sommes entrés de plain pied aujourd’hui dans une nouvelle époque d’essor de la classe ouvrière, de ses combats et de la révolution dont nous avons du mal à voir encore les contours. La mondialisation capitaliste a colonisé l’ensemble de la planète, l’industrialisation a donné naissance à de nouveaux contingents du prolétariat mondial et jamais la contradiction n’a été aussi forte entre les possibilités offertes à l’humanité par les progrès techniques, scientifiques et culturels, les aspirations démocratiques, les responsabilités qui nous incombent pour sauvegarder la vie sur notre planète et le degré d’arriération des relations sociales engendrées par le maintien de la propriété privée capitaliste et les frontières.

Loin d’avoir disparu, le spectre du communisme est encore là ! Il est l’avenir...

Galia Trépère

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