L’incendie du plus grand camp de réfugiés en Europe sur l’île grecque de Lesbos, ses suites, sont une nouvelle expression de la violence, de la sauvagerie du capitalisme. 12 700 personnes y étaient prises au piège des politiques xénophobes des gouvernements européens, de leurs rivalités et tractations sordides alors qu’elles fuient la misère, la guerre, les geôles. Des conditions de vie insoutenables aggravées par la pandémie, provoquant des révoltes. Malgré les ravages de l’incendie, plus de 5 500 femmes, hommes, enfants y sont encore maintenus prisonniers dans le plus grand dénuement. Après trois jours de « négociations » cyniques, l’Europe a fini par annoncer vendredi que 10 pays allaient « accueillir » un total de… 400 jeunes mineurs !

Alors que la faillite du capitalisme qu’accélère la pandémie plonge les travailleurs, la jeunesse, les classes populaires du monde entier dans une catastrophe sans précédent, les classes dominantes, la finance, les multinationales et leurs gouvernements n’ont d’autre politique que l’intensification de l’exploitation et de la guerre faite aux travailleurs et aux pauvres du monde entier.

Les annonces de plans sociaux tombent en cascade. En quelques jours, le constructeur naval Beneteau a annoncé 1390 suppressions d’emplois dans le monde, le groupe américain 3M 1500, le constructeur de poids lourds MAN, filiale du groupe Volkswagen, 9500 soit un quart de ses effectifs, General Electrics 1 225 rien qu’en Europe. Continental vient de revoir son plan à la hausse, passant de 20 000 à 30 000 suppressions d’emplois, dont 13 000 en Allemagne…

En France, l’Insee a enregistré 715 000 destructions d’emplois sur le premier semestre. Et la machine s’emballe : Auchan, Alinéa, une multitude d’entreprises du commerce, de l’aéronautique, de l’automobile, multinationales et sous-traitants, entreprises grandes et petites annoncent des licenciements par centaines ou milliers alors même que leur sont distribués les centaines de milliards d’euros des plans d’urgence et de « relance » qui n’ont d’autre objectif que de relancer les profits. Les services publics, l’éducation, la santé, tous les services utiles à la population croulent eux sous le manque de personnels et de moyens.

Offensive sécuritaire et identitaire décomplexée contre l’unité du monde du travail

La rentrée a été faste pour Darmanin, petit soldat sarkozyste et macroniste qui, il y a peu, conversait avec Zemmour dans Valeurs actuelles… Après avoir asséné que « Le pays est malade de son communautarisme et désormais d'un islam politique qui veut renverser les valeurs de la République », dénonçant la « guerre civile, celle née des religions », il ouvre aujourd’hui, avec sa zélée associée Schiappa, le débat autour de la « loi sur les séparatismes ». Il entend « réaffirmer l’autorité de l’État […] remettre du “bleu” dans la rue, car cela rassure les honnêtes gens ». Le nouvel ennemi a un nom : le « séparatisme musulman » ! Macron dénonce la « banalisation de la violence », Le Pen, elle, « la barbarie qui s’installe »…

Fantasmagories, stigmatisations, grossièretés et provocations se multiplient contre le monde du travail et sa fraction la plus opprimée d’origine immigrée. Une surenchère qui vise à raviver et instrumentaliser les préjugés, tenter de diviser les exploité.e.s, les opprimé.e.s alors que les ravages du capitalisme font mûrir les conditions de profondes explosions sociales, de situations révolutionnaires. Les prises de conscience des rapports de classe s’accélèrent parmi les travailleurs, l’ensemble de la jeunesse, les classes populaires.

De Macron à son mentor Sarkozy qui étalait cette semaine son racisme minable à la télé… la parole se libère. L’ensemble des serviteurs des classes dominantes glissent vers la droite extrême et l’extrême-droite.

Les réactionnaires de tous poils gonflent leurs baudruches, laissent déborder leur crasse raciste. Valeurs Actuelles insultait il y a quelques semaines en Une Danièle Obono, députée LFI d’origine africaine, quelques jours plus tard un responsable RN postait sur twitter des menaces de mort à l’égard d’Anasse Kazib, camarade militant SUD Rail et NPA d’origine maghrébine.

Une offensive grossière et nauséabonde qui révolte largement et provoque en retour nombre de réactions de solidarité militante et ouvrière, antiraciste, internationaliste.

Instrumentalisation de la peur… et profond discrédit des classes dominantes et de leurs institutions

Le gouvernement tente dans une même logique d’instrumentaliser les inquiétudes légitimes liées à l’épidémie et à l’accélération de la circulation du virus. Communication anxiogène, stigmatisation de la population, de la jeunesse accusée de comportements « à risques » alors que les pouvoirs publics, les classes dominantes ont une seule obsession : la sauvegarde des profits.

Le dernier « conseil de défense » réuni en fanfare par Macron et Castex vendredi a accouché… d’un élargissement du pouvoir des Préfets dans 42 départements au lieu de 28 et d’un « appel au sens des responsabilités » !

Alors que les centres de dépistage sont débordés, certains obligés de fermer à cause de manque de réactifs ou d’épuisement des salariés, alors qu’il faut plus d’une semaine d’attente pour un RV… Castex, droit dans ses bottes, promet de « dépister massivement ».

Depuis 6 mois, le gouvernement navigue à vue, adaptant sa communication, ses exhortations à ses besoins politiques et à ceux de ses donneurs d’ordres. Mensonges, pénurie de matériel, de tests, de médicaments de réanimation, de lits, vétusté des hôpitaux, des Ehpads, manque criant de personnels, recherche soumise aux intérêts des groupes pharmaceutiques… la propagande gouvernementale, les mises en scène, la complaisance des médias ne peuvent masquer l’incurie des classes dominantes et leur profond discrédit.

Le désaveu, la colère sont grands parmi les classes populaires, le monde du travail, la jeunesse. Une colère qui a d’autant plus besoin d’être armée d’une conscience de classe que nombre de démagogues, avec ou sans religion, se pressent pour tenter de l’instrumentaliser.

L’urgence d'aider à l'organisation autour d'une perspective de transformation révolutionnaire de la société

Les manifestations de ce samedi à l’appel de Gilets jaunes ont, malgré leurs limites, permis à des militants des luttes, gilets jaunes, syndicalistes, jeunes, de se retrouver, de reprendre contact pour dire leur colère face à l’injustice, à la politique gouvernementale et à ses violences, aux attaques patronales et aux oppressions. Dans certaines villes, des jonctions ont eu lieu avec les cortèges contre les violences sexistes appelés par le collectif « Je te crois ». Avec, une nouvelle fois, un déploiement provocateur de flics, en particulier à Paris, qui ne pouvait que déboucher sur des affrontements. Voire, à Toulouse, l’interdiction pure et simple de la manifestation au nom… du Covid !

Jeudi prochain, 17 septembre, la journée nationale à l’appel de la CGT, de Solidaires et de la FSU sera elle aussi l’occasion de faire entendre nos exigences, notre rejet de l’insécurité sociale, de leurs politiques nauséabondes, et de continuer les débats autour des perspectives pour nos luttes, indépendamment de l’atonie des directions des centrales syndicales qui n’ont d’autre horizon qu’institutionnel. Celles qui appellent jeudi à la « mobilisation […] pour imposer le changement nécessaire » ne discutent nulle part des voies et moyens pour y parvenir.

Philippe Martinez a cette semaine regretté dans l’Humanité que Castex confonde « dialogue social et monologue social » : « il n'y a pour l'heure ni échanges formels ni calendrier établi […] le plan de relance s'est fait sans nous »…. Tout en affirmant « on ne veut pas un plan de relance mais un plan de rupture ». Certes, mais quel « plan de rupture » sans… rupture avec le dialogue social, avec les illusions institutionnelles et nationalistes ? Il ne peut y avoir de rupture sans un plan pour que les travailleurs prennent eux-mêmes le contrôle de l'économie et de la société.

De nouvelles générations s’éveillent à la contestation du capitalisme, éprouvent le besoin de s’approprier les données de la période pour penser leur avenir, celui de l’ensemble de la société, pour construire les mobilisations, agir pour que les travailleurs, les femmes, les jeunes s‘organisent, se regroupent pour décider par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Les révolutionnaires ont une responsabilité pour aider aux prises de conscience en liant les exigences immédiates portées par chaque révolte, lutte et mobilisation à la perspective d’une transformation révolutionnaire de la société, pour que les travailleuses et travailleurs, les opprimé.e.s prennent leurs affaires et leurs luttes en main pour contester le pouvoir des capitalistes.

Isabelle Ufferte

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